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Les Doazitiens de la RÉVOLUTION

Ph.DUBEDOUT

[ Sommaire DOAZIT] - [Table des articles de Ph. D .]

 

 

  • "Cette révolution sous le nom de république que chaque commune pourroit faire un ouvrage complet des circonstances qui se sont passées, a offert dans celle-cy un caractère ordinaire par rapport aux autres communes rurales."*1
  • A la veille de la Révolution, Doazit était composé de quatre quartiers ou mandes: le Mus, Doazit ou le Bourg, Aulès Paradère et Bosc Saubon ou Maylis. Ces communautés dépendaient de la juridiction de Doazit, sénéchaussée de Saint-Sever, élection des Lannes.

    Au religieux, la paroisse d'Aulès, englobant le bourg de Doazit, était le siège de l'archiprêtré de Chalosse*2, comprenant 27 paroisses et dépendant de l'évêché d'Aire. Le Mus formait une paroisse annexe d'Aulès et Maylis était annexe de Larbey.*3

    Le 8 mars 1789, les Principaux de chacune des communautés se réunirent en assemblée, par devant Pierre Poységur, lieutenant de juge de la baronnie de Doazit, afin de nommer les députés qui seront chargés de porter à Saint-Sever les cahiers de doléances pour la tenue des Etats Généraux.

    Furent nommés: Jean Diris dit de Mora et Arnaud Lailheugue pour Aulès; Pierre Poysegur, lieutenant de juge, et Jean-Pierre Darcet, avocat en la cour, pour Doazit; Salomon Dubroca Mondinat et Jean Cascail dit Arriet, pour le Mus; Jean Dartiguelongue et Jean Fescaux Massey, pour Boscq Saubon. Nous n'avons malheureusement plus aucun de ces cahiers de doléances.

    Aulès comptait alors 100 feux; Doazit 100 feux; Le Mus 93 feux; Bosc Saubon 74 feux.*4

     

     

    Création et administration de la commune

    L'une des premières mesures de la Révolution qui toucha Doazit fut le décret du 12 décembre 1789, prévoyant une municipalité dans chaque paroisse ou communauté de campagne. Ainsi, chacun des quartiers de Doazit fut érigé en municipalité, avec un maire à la tête de chacune: Jean Diris, de Mora, maire d'Aulès Paradère; Pierre Barbe, de Joandic, puis Pierre Poysegur, de Plantier, pour Doazit; Jean Lanevère, d'Ayliot, puis Thomas-Casimir Laborde, de Péboué, maires du Mus.

    Du 8 au 15 août 1790 se tinrent les assemblées primaires du département des Landes. L'assemblée de la IIIe section du canton de Mugron, district de Saint-Sever,  se tint à l'église du bourg de Doazit. Cette section était composée de 7 paroisses ou municipalités, avec pour chacune, le nombre de citoyens actifs : Doazit (98), Maylis, Bos & Saubon (92), Aulés (111), Le Mus (79), Marquebielle (35), Royaux de Larbey (17), Larbey (68). Soit un total de 500 citoyens actifs.
    Les autres sections du canton étaient : Ière Mugron (555 citoyens actifs) ; IIe Toulouzette (482) ; IVe Caupenne (451).

    La loi du 20 septembre 1792 prévoyait que l'on nommât dans chaque municipalité un officier public "pour recevoir les actes destinés à constater les naissances, mariages et décés des citoyens". A cet effet, Dubasque, curé constitutionnel de Doazit, remit les registres paroissiaux à Pierre Poységur, le 4 janvier 1793.

  • A Aulès: Jean Peyroux, de Peyrous, cy-devant membre de la municipalité d'Aulès Paradère, fut nommé officier public par la délibération du 26 novembre 1792.
  • A Doazit: l'officier public précédemment élu ayant démissionné, on nomma à cette fonction, le 17 février 1793, Pierre Poységur, qui cumula ainsi les fonctions de maire et d'officier public.
  • Au Mus: le citoyen Junca (probablement Jean-Antoine), de Brouca, fut élu officier public du Mus le 3 mars 1793. Ayant démissionné en suivant, il fut suppléé par le maire, ou par Bernard Cascail, d'Arriet, officier municipal du Mus.*5
  • Ces municipalités furent éphémères, puisque le 9 mai 1793, le Mus et Aulès Paradère furent réunis à Doazit. Ce 9 mai 1793, on nomma Pierre Dupouy, du Coy, officier public provisoire, et probablement à la même date, le nouveau maire: Pierre Barbe, de Joandicq.

    Il eut comme officiers publics: Estienne Beyris, de Méron, nommé par le conseil général de la commune le 26 messidor an 2, puis Jean Peyraube, de Ségnou, élu le 30 fructidor an 2.

    Depuis environ le 10 pluviôse de l'an 4, la commune est administrée par un agent municipal. Nous trouvons successivement, avec la date du premier acte d'état civil qu'ils ont signé: Pierre Poységur (14 pluviôse an 4); Jean Darcahute, d'Angoumau (8 germinal an 4); Pierre Barbe (4 floréal an 5); Jean Darcahute (1er brumaire an 6); Jean Tachouères, dit de Pédaulès (8 floréal an 6); Jean Diris (14 floréal an 7); Martin Lanevère, du Pilon (28 pluviose an 8).

    Vers le 20 prairial an 8, c'est à nouveau un maire qui sera à la tête de la commune. Martin Lanevère, qui était jusque là agent municipal, poursuit ses fonctions comme maire provisoire. Il est remplacé le 18 thermidor an 8 par Ambroise Poységur, père de Pierre Poységur et ancien juge de la baronnie de Doazit.

    Les maires suivants seront Jean Tachoires en 1802, puis De Foix Candale en 1808.

     

     

    Les prêtres

    En 1789, il y avait à Doazit un curé archiprêtre, secondé par deux vicaires.

    Les revenus de la cure de Doazit en 1790, étaient : 2200 livres d'afferme. Une barrique vin rouge. 40 nauliers paille. Au Mus, 20 mesures froment. 25 sacs milloc. 14 livres lin. Une barrique vin piquepoulx et une barrique un quart vin échalas. 2797 livres, dont 1400 pour vicaires.*6

    Le presbytère se trouvait alors, dans le bourg de Doazit.*7

  • Simon de Mora, archiprêtre, en poste depuis 1754, refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé le 30 janvier 1791, et fut suspendu de ses fonctions le 28 février 1791 par l'assemblée électorale réunie à St-Sever. On nomma à sa place Pierre Darcet (voir plus bas), qui refusa le poste*8. De Mora reste donc en place, et il signe encore un acte sur les registres paroissiaux le 8 août 1791. Il fut prisonnier à Ste-Claire à Mont-de-Marsan entre mars 1793 et 1795*9. Il se retira ensuite dans sa famille à St-Sever, et mourut peu après*10.
  • Lamarque, vicaire, en place depuis 1786, signe son dernier acte le 6 décembre 1789, pour être nommé à Pujo-le-Plan, où il signe dès le 20 décembre 1789. Il était de la famille des Lamarque de Sort à St-Sever, qui dressèrent une imprimerie clandestine au moyen de caractères en bois faits à la main*11.
  • Dominique Darbo, qui remplaça Lamarque, fit un bref passage à Doazit en tant que vicaire (17 décembre 1789 - 14 mai 1790). Il resta caché dans le pays, de mai 1792 à septembre 1795*12.
  • Jean-Pierre Dubasque remplace Darbo, le 7 juillet 1790. Né en 1765 à St-Sever, il fut vicaire, puis curé de Doazit jusqu'en 1800*13. Il partit alors pour Mant, où il décéda en 1843.
  • Antoine Nalis, l'autre vicaire, à Doazit depuis 1787, resta en poste jusqu'au 15 septembre 1791. Il serait passé en Espagne en 1792*14, mais d'après Jean-Baptiste Barbe*15, pendant tout le trouble, il se cacha dans les maisons de la paroisse, principalement à Lèbe, où une cachette était aménagée derrière l'armoire de la cuisine, dans une cloison à double fond*16. Le calme revenu, il succéda à Dubasque comme curé de Doazit où il fut officiellement installé le 21 brumaire an XII (13 novembre 1803)*17. Il décéda à Lèbe en 1816, où il résida faute de presbytère jusqu'en 1813, date à laquelle la commune acheta la maison Ferré pour en faire l'actuel presbytère. Il était né à Grenade en 1750.
  • Delaur fut vicaire de l'abbé Nalis. Il se cacha dans la paroisse une grande partie de la Révolution. Il y resta jusqu'en 1812, où il fut nommé à Salespisse, son pays natal*18.
  • Jean-Jacques Lamarque (oncle du général Maximilien Lamarque), supérieur du séminaire d'Aire, scolain de Doazit*19, vicaire général du diocèse et archidiacre de Chalosse le 14 février 1790*20 (archidiacre et non archiprêtre comme il a souvent été écrit par erreur). Il fut pourchassé pendant la Terreur. Il était considéré comme le chef des réfractaires de la région. Il se cacha tantôt à St-Germain, ou à Larréieste à Maylis*21, tantôt à Aire, à Mugron, à St-Sever, à St-Aubin ou à Doazit*22. En juin 1794, il avait diffusé sa "lettre ecclésiastique aux prêtres catholiques", qui émanait de l'imprimerie des Lamarques de Sort*23.
  • Un autre prêtre se tenait caché au Sourbé (Horsarrieu). Un jour qu'il allait porter les secours de la religion à un malade à Doazit, il fut sur le point d'être surpris par une troupe de sans-culottes; il se cacha dans le bois de Pessabathé, et les révolutionnaires allèrent faire une visite domiciliaire à Haudauga, sans soupçonner son voisinage. Quand ils eurent tout fouillé et bien bu, ils s'amusèrent à tirer à la cible et les balles allaient siffler aux oreilles du prêtre. Aucune ne la toucha*24.

    Citons encore, parmi les prêtres originaires de Doazit*25:

  • Jean-Pierre Laloubère, né en 1740 à Garipau. Curé du Vignau, passé en Espagne pendant la Terreur. Décédé au Vignau en 1822.
  • Jean-Baptiste Laborde, né en 1745 à Péboué. Archiprêtre d'Ossages, il prêta serment à la constitution. Il résida sans interruption à Ossages de 1770 à 1803*26. Décédé en 1817, curé de St-Cricq-du-Gave.
  • Pierre Darcet, né à Labarrère en 1745; demi frère du chimiste Jean-Darcet. Vicaire de St-Sever, puis curé de Labastide d'Armagnac. Prêtre assermenté, il refusa l'archiprêtré de Doazit en 1791. Décédé à Labastide d'Armagnac le 18 brumaire an X*27.
  • Jean Diris, du Camenger, né en 1747. Passé et mort en Espagne en 1793.
  • Jean Dulau, né en 1754 à Joandicq. Pro-curé de Bahus-Soubiran en 1787, où il se cacha pendant la Révolution. Curé de St-Loubouer en 1803, puis de Doazit en 1816 où il mourut en 1827.
  • Bernard Poységur, né en 1755 à Coudas, frère de Pierre Poységur déjà cité.Vicaire d'Audignon en 1787, puis de St-Loubouer en 1790. Il fut pris par les patriotes, jugé en 1793, enfermé à Mont-de-Marsan, puis au fort du Hâ à Bordeaux, et enfin embarqué à La Rochelle sur le ponton "Le Républicain"*28. Il en réchappa toutefois, et mourut à Doazit en 1824.
  • François de Cès-Caupenne, né en 1757, à la maison "Caupenne" à Doazit. Curé de Caupenne en 1784. Pendant la Révolution, il se cache à Horsarrieu*29, ou à St-Sever, où il sera archiprêtre après le concordat. Il meurt en 1849.
  • Après le concordat, par ordonnance de l'évêque de Bayonne (Joseph-Jacques Loison) du 20 fructidor an 11 (7 septembre 1803), la commune de Doazit est érigée en succursale, et Antoine Nalis en est nommé desservant. Celui-ci prendra possession de l'église le 21 brumaire an 12 (13 novembre 1803)*30. Le siège de l'archiprêtré sera officiellement transféré d'Aulès à St-Sever le 8 décembre 1827*30bis.

     

     

    Les révoltes

    L'élection constitutionnelle des curés se déroula en septembre 1791, à St-Sever. A partir du 20 septembre 1791, Dubasque, qui contrairement aux autres avait prêté serment, est nommé curé de Doazit. Il se retrouve seul à la tête de la paroisse. Nous ne savons pas s'il fut personnellement rejeté par ses paroissiens. Il est vrai qu'il ne fut pas "parachuté" à Doazit, mais en était déjà vicaire peu avant. Ceci, en tous cas, n'empêcha pas les réactions. Fin octobre 1791, des troubles éclatent à Doazit, Audignon, Horsarrieu, Ste-Colombe, Philondenx*31.

    D'après une lettre de Saurine du 29 mai 1792, "on avait vu quelques attroupements de fanatiques fomentés par des émigrés et des prêtres, principalement du côté de Doazit et d'Arcet, mais ces attroupements avaient été très facilement dissipés sans effusion de sang". L'évêque minimise la situation, "il ne dit pas que de véritables émeutes avaient éclaté à Montaut, Banos, Montgaillard, St-Aubin, Le Mus, Doazit, Arcet, Eyres, etc..."*32.

     

     

    Pillage des églises

    "Le gouvernement faisoit enlever à cette époque tout ce que les églises avait de plus précieux; à l'église du bourg, on prit un calice, l'ostensoir, le ciboire, une croix en argent, une lampe d'argent et une autre de composition, et on était à même d'enlever les ornements et les reliques, sans le courage de trois femmes qui s'introduisirent le soir dans l'église et pendant la nuit les enlevèrent; quelque personne d'Aulès enleva aussi leur lampe d'argent que depuis on a transporté à l'église du bourg; sept cloches furent aussi enlevées, une du bourg, trois d'Aulès et trois du Mus qui pesait ensembles de 45 à 50 quintaux; les patriotes brisèrent presque par tout, statuts, vases, chandeliers qui tombait sous leur main, et celui qui faisait plus de ravages était le plus estimé; il fut enlevé d'autres objets précieux au Lès et au Mus, mais leur nombre m'est totalement inconnu."*33

    Les métaux précieux saisis dans les églises furent remis au district de St-Sever le 20 nivose an 2. Doazit en fournit 15 marcs, 4 onces, 5 gros*34; soit environ 3,8 Kg d'argenterie.

     

     

    Les fêtes de la déesse Raison

    "Le gouvernement établit au commencement de la Révolution des fêtes qu'on appelait décades, qu'on célébrait de dix jours en dix jours avec défence de travailler, et ordonnait en même temps de travailler le dimanche, cet ordre de travailler fut très peu exécuté, mais les décades furent mieux quelques tems observées, il était ordonné ce jour là, de choisir trois filles qu'on appellait déesses et qu'on plassait à l'autel de l'église, celle du milieu avait un sabre à la main, et elles restait là, tout le temps de l'assemblée, ou pour mieux dire du club, où les patriotes montait en chaire, pour manifester leur opinion sur le gouvernement présent et futur, après cette cérémonie on allait à la place publique dancer et chanter des chansons patriotiques, autour d'un arbre qu'on appellait l'arbre de la liberté, et on fit même de repas civiques sur la place pour y donner plus de réjouissance, mais au dépens des convives."*35

     

     

    Liberté

    L'arbre de la Liberté fut planté probablement en septembre 1793. En effet un premier arbre avait été planté en mai 1793 par "la troupe armée qui révoltée de ne pas trouver dans cette commune aucun signe de liberté & d'égalité, le planta à la hâte"; mais il se dessécha, et ce fut le Conseil Général des Landes, qui, dans sa délibération du 9 septembre 1793*43, imposa à la municipalité de "Douazic" de planter l'arbre de la liberté avant le 1er octobre 1793.
    Cet arbre devait être le tilleul qui fut abattu par la tempête du 24 janvier 2009 (les tilleuls peuvent vivre plus de 500 ans). Un autre tilleul a été planté au même emplacement au début de l’année 2010.

    C'est certainement suite à cette plantation de 1793 que la place fut baptisée "Place de la Liberté". On en trouve mention sur les registres de l'an 7 à l'an 9, où les publications des bans de mariage étaient faites sur "la place de la Liberté".

    Ce concept devint même un prénom: "Le seize décembre mil sept cens quatre vingt douze et l'an premier de la république est née et a été ondoyée une fille de père et mère inconnus. (...) et avons imposé à la susdite fille le surnom de Liberté.
        Dubasque curé de Doazit"

     

     

    Contribution patriotique des communes

    Les sommes déclarées "par offrande libre et volontaire", et payables de 1790 à 1792, se montaient pour la commune d'Aulès Paradère, à 301 livres 9 sols. Pour la commune de Doazit, à 416 livres 5 sols, et pour la commune du Mus, à 190 livres 1 sol.*36

    La contribution se fit aussi en hommes, et plusieurs Doazitiens la payèrent de leur vie:

  • Raimond Barbe, de Joandic, soldat au 5ème bataillon des Landes, décédé en 1793 (18 ans).
  • Léon Dangoumau, de Camenger, soldat au 2ème bataillon des Landes, décédé en 1793 (19 ans).
  • Joseph Dulau, de Bernadon, volontaire au 6ème bataillon des Landes, décédé l'an 3 (21 ans).
  • Louis Camguilhem, de Toumas, volontaire au 4ème bataillon des Landes, appelé "colonne infernale"*37,décédé l'an 3 (23 ans).
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    Les Candale

    En 1790, Doazit avait pour seigneur le baron François-Henry de Foix Candale, né en 1758. Il émigra en 1792. Sa soeur, Hyppolite-Euphrosine de Foix Candale, dite Mademoiselle de Doazit, fut incarcérée*38, et le château de Candale fut saisi révolutionnairement. Euphrosine le racheta le 27 messidor an 4, avec la métairie de Laplante pour la somme de 26 988,48 fr.

    François-Henry profita de l'amnistie pour revenir en France, et fut nommé maire de Doazit en 1808.

    Sa cousine germaine, Jeanne-Sophie de Candale de Foix, épousa en 1795, le conventionnel Pierre-Arnaud Dartigoeyte, né à Mugron, élu député au suffrage universel. Il siège à la Convention parmi les Montagnards. Il fut envoyé dans les Landes en tant que commissaire investi des pouvoirs dictatoriaux.

     

     

    Jean Darcet

    Né le 7 septembre 1724, le grand chimiste dont la famille résidait à Labarrère, fut mêlé aux événements de la Révolution. L'an 3, il fut chargé de travaux directement utiles à la Révolution, tels que le perfectionnement de l'art du fer, pour la fabrication des armes, ou "l'art de séparer le cuivre du métal des cloches"*39.

    Jean Darcet soutint toujours la Révolution de ses voeux. Cependant, il existait au comité de salut public, plusieurs dénonciations contre lui, dont la plus grave était d'avoir été lié avec le duc d'Orléans, ce qui équivalait à-peu près à un arrêt de mort. Il fut sauvé par le citoyen Fourcroy, membre de la convention, qui prit sa défense, expliquant la nature des rapports entre Darcet et le duc d'Orléans. Ce dernier, avant la Révolution avait financé certains travaux de Darcet.

    En 1799, il fut nommé membre du sénat conservateur, et décéda à Paris le 13 février 1801.

     

     

    Bernard Dabadie-Despaunic

    Né en 1736 à Hagetmau, chevalier de St-Louis, Bernard Dabadie habitait à Doazit, à Pessabathé, d'où est originaire sa famille, mais il résidait le plus souvent à St-Sever.

    Il fut impliqué dans l'affaire de Samadet: un huissier de Samadet, Arnaud Dumartin aurait adressé à l'abbé Juncarot, émigré en Espagne, une lettre dans laquelle il invite les Espagnols à profiter du désordre qui règne dans l'armée française pour passer à l'attaque. A la découverte de ce complot, on pense que la Chalosse est à la veille d'un soulèvement, on parle même de "nouvelle Vendée"! La guillotine est dressée sur la place du Tour du Sol à St-Sever.

    Il fut compromis par des lettres jugées contre-révolutionnaires trouvées à son domicile, "desquelles il résulte que ledit Dabbadie-Desponic étoit un de ceux qui formoient la compagnie des chevaliers du Poignard".

    Pour ne pas comparaître devant le tribunal révolutionnaire, il se jetta d'une fenêtre de la prison, un rasoir à la main "ce qui prouve combien il était criminel", et se donna deux coups de lame à la gorge. Il fut jugé néanmoins, et condamné à mort. "Despaunicq avait inondé de son sang le trajet de la prison à l'échafaud, et probablement ce n'était plus qu'un cadavre lorsque le bourreau fit tomber sa tête", le 3 avril 1794.*40

     

     


    Ainsi donc, si tous les changements opérés, et les événements qui survinrent dans la commune avaient un "caractère ordinaire" pour cette période troublée, nous avons vu que Doazit n'est pas resté à l'écart de la tourmente révolutionnaire.

    L'accusateur de l'abbé Pierre Lalanne, dous Camps, à Horsarrieu, rapporte que ce dernier vint se cacher en avril 1793, "au foyer de la contre-révolution, près de Doazit et de Montaut"*41. Ceci apparaît d'après la localisation des révoltes, auxquelles d'ailleurs, ne doit pas être étrangère la présence de J.-J. Lamarque dans les environs.

    Toutefois, si ce n'est une demande de suppression des assignats, émanant d'un des votants de la section de Doazit, lors de l'assemblée primaire de juillet 1793*42, il semble que seules les mesures touchant à la religion entrainèrent des réactions. Les grands idéaux de la Révolution se développèrent probablement dans l'approbation ou l'indifférence de la plupart des Doazitiens.

     

     

    Le tilleul sur la place de la Liberté (photo avril 1993)

     

     

     

    O O O OO O O O

     

    1- Mémoires de Jean-Baptiste Barbe. p.1 à 8. Malheureusement, pour la période qui nous intéresse 1790-1800, il ne rapporte que des souvenirs souvent diffus, sans aucune précision de date, et avec de nombreuses lacunes. De plus, les événements qu'il rapporte ne sont pas de première main, lui-même n'étant né qu'en 1786. Une copie de ce journal se trouve aux archives départementales des Landes, sous la cote 1 J 648.

    2- Guide des archives des Landes. 1979, p.127.

    3- Les limites des paroisses et des communautés ne correspondaient pas les unes aux autres, et ne se superposaient pas non plus avec les limites actuelles de la commune.

    4- Archives des Landes , 3 B 8 (14, 27, 52, 79). 100 feux correspondent environ à 500 habitants.

    5- Joseph légé, 1875. Les diocèses d'Aire et de Dax 1789-1803, cite parmi les nobles incarcérés, un Antoine Junca, T.1, p.279.

    6- Légé, T.2, p.298

    7- Voir l'article consacré au presbytère.

    8- Légé, T.1, p.106, et T.2, p.353. (voir note 26).

    9- Légé, T.1, p.181.

    10- Barbe, p.1.

    11- Manuscrit Légé. Récits sous la Terreur 1793.

    12- Légé, T.1, p.185.

    13- R. Lamaignère donne la date de 1803 (La paroisse de St-Aubin; 1938, chap.3, 2ème partie), et le même auteur donne 1800 (Doazit aux trois églises). Légé donne 1803 (T.1, p.184).

    14- Légé, T.1, p.184.

    15- Barbe, p.1 et p.8.

    16- Lamaignère, Doazit aux trois églises, dernière page.

    17- Archives de la mairie de Doazit, II D 1. 21 brumaire an 12. Nalis est dit "desservant de la présente paroisse" l'année 1801, dans un compte-rendu de la confrérie du St-Sacrement (archives de la paroisse de Doazit), mais ce compte-rendu est écrit en 1810.

    18- Barbe, p.8.

    19- Monographie de Seignosse; Bull. soc. de Borda 1927, p.180.

    20- Légé, T.2, p.348.

    21- C. Daugé; N.-D. de Maylis, 1936. p.119 à 121.

    22- Paul Lahargou; Le grand séminaire de Dax, 1909; p.140.

    23- Philippe Soussieux; Les landais et la Révolution, 1989; p.35.

    24- Maurice Justes; Un village de Chalosse Horsarrieu, 1984; p.37.

    25- Principalement d'après Raphaël Lamaignère; Doazit aux trois églises.

    26- Légé, T.2, p.354.

    27- C'est certainement par erreur, que Légé le nomme Jean-Baptiste.

    28- V. St-Pé; Nos Cahiers; Les Pontons et les Prêtres Landais, 2ème article, p.62.

    29- M. Justes; p.37.

    30- Archives de la mairie de Doazit, II D 1, acte du 21 brumaire an 12.

    30 bis- Yan-Pau Farbos, Les dates de l'histoire de St Sever jusqu'au 31 décembre 1999, (consulté le 11/03/2023).

    31- Rapport du 31 octobre 1791 de Dartigoeyte au Directoire de St-Sever. Légé; T.1, p.141.

    32- Légé; T.1, p.216.

    33- Barbe, p.2.

    34- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Paris 1962; T.84, p.311.

    35- Barbe, p.2.

    36- Archives des Landes 1 J 130 (no1).

    37- P. Cuzacq. Les grandes Landes de Gascogne; 1893. p.256.

    38- Légé; T.1, p.279.

    39- La Révolution dans les Landes; M. Goubelle, M. Peronnet; 1989, p.128.

    40- Sur Despaunic, voir le bulletin de la société de Borda 1er trimestre 1989, p.3 à 20 ;
    ou, (avec la date du 14 germinal an II) Antoine Degert, bull. soc. de Borda 1904, p.116.

    41- J. Farbos; Nos Cahiers; Les Pontons et les Prêtres Landais, 2ème article, p.66.

    42- Archives des Landes, Rev. Gr. 8o Y 1906, p.357.

    43- Archives des Landes 3 L 6  f°146, vues 304 à 306/383.

    (..)- La plupart des renseignements concernant J.J. Lamarque et les Lamarque de Sort, ont été obligeamment fournis par M. l'abbé M. Devert, de Mézos.