Délibération du Conseil Général des Landes du
9 septembre 1793
(Archives des Landes 3 L 6 f°146, vues 304 à 306/383)
[arbre
de la Liberté / fleurs de lis sur croix en fer / tiédeur et indifférence des
habitants de "Douazic"].
http://www.archives.landes.fr/ark:/35227/e0053444fd1731f9/53444fd20cacb
f°144 (vue 300/383) .../
Du 9 7bre 1793. L'an 2e de la république
Continuation de la séance publique & permanente
[...]
f°146 (vue 304/383) .../
263 - - - - Un membre fait
lecture d'un arrêté pris par les Citoyen Basquiat président & Dulau administrateur
en commission dans le district de S(aint) Séver, dont le Conseil approuve les
dispositions & arrête l'insertion au procés verbal ;
Les Citoyens Alexis Basquiat
président et Dulau administrateur du département des Landes, en commission dans
différens districts dud(it) département & actuellement dans le Bourg de
Douazic, sur le rapport qui leur a été fait que les habitans de cette commune
vivoient dans des principes opposés à ceux de la révolution, que tous les
signes caractéristiques de l'ancien régime étaient encore respectés par un
peuple qui ne voit & n'agit qu'à travers le masque du fanatisme & de
l'ignorance la plus profonde de ses devoirs ainsi que de ses droits, qu'il n'y
a dans ladite commune aucun signe de raliement
pour les patriotes ni d'emblême de la sainte égalité ; que l'arbre de la
liberté qui ni a été planté qu'à main armée n'offre qu'un objet d'indifférence
& de tiédeur pour le petit nombre des bons citoyens qui désireroient que la
plantation de cet arbre fut leur ouvrage, & le dépositaire de leurs vœux
comme de leurs sermens pour le bonheur & la défense de la patrie,
Considérant
qu'en effet l'arbre qu'on nous aurait indiqué pour etre l'arbre de la liberté
n'est qu'un rameau désséché dans ses racines & dans sa tige qu'il dût son
existence aux troubles qui agiterent cette commune le mois de mai dernier,
& que ce fut la troupe armée qui révoltée de ne pas trouver dans cette
commune aucun signe de liberté & d'égalité, le planta à la hâte ;
Considérant
que ce même arbre n'offre rien qui puisse le faire réconnaître, pour servir de
lieu à l'unité & à la fraternité qui doivent serrer tous les bons citoyens,
qu'il est cépendant important & nécéssaire de faire connaître aux mauvais
citoyens de cette commune qu'ils ne doivent plus vivre dans une abnégation
mortelle de tous principes d'une sainte régénération ; tout comme il est
juste que le petit nombre de bons patriotes puissent manifestement emettre leur
opinion & prouver que l'arbre de la liberté peut s'élever majesteusement
sans craindre les complots des malveillans ;
Considérant
d'autre part qu'il existe de la ruë dud(it) lieu une croix en fer, surmontée de
plusieurs fleurs de lys qui auroient du disparaître lorsque le règne du despotisme
fut détruit & que la république s'éleva, sur ces ruines. Considérant qu'un
trophée aussi criminel est une preuve de plus de l'indifférence des habitans de
Douazic pour le nouvel ordre des chozes,
Considérant
que la nouvelle municipalité qu(i)'a remplacé celle qui n'agissait que par des
mesures contrerévolutionn(ai)res est bien coupable aussi de n'avoir pas d'une
part, consacré la journée memorable du 10 avril dernier, à la plantation d'un
arbre de la liberté ; d'autre part se justiffier d'avoir laissé exister
des fleurs de lys qui doivent frapper de mort les yeux des bons républicains
qui journellement en sont témoins ; que d'ailleurs une loi assez récente
oblige toutes les municipalités à faire disparaître tous les signes de
féodalité ou de royauté qui pourroient exister dans les mo(nu)mens publics ou
ailleurs,
Par
ces considérations les Commissaires arrêtent, sauf à en référer au conseil général du Département, que la
municipalité de Douazic faira disparaître dans 24 heures, sous sa
responsabilité personnelle les fleurs de lys surmontant la croix en fer qui
existe sur la ruë, & autres marques de servitude s'il s'en trouve ;
qu'elle avisera quelles soient cassées & consumées par le feu & qu'il
en sera dressé procès verbal pour être envoyé au département ; arrêtent au
surplus que d'ici au 1er 8bre prochain l'arbre de la liberté sera
planté à Douazic un jour de fête de la maniere la plus solemnelle, & qu'à
cet effet la municipalité demeure chargée des fraix & soins qu'occasionneront
la peinture, façon & plantation dud(it) arbre, qu'elle mettra en
réquisition la garde nationalle dud(it) lieu tant pour honnorer cette fête
civique que pour y maintenir le bon ordre & la tranquillité ; qu'elle
est même autorisée à inviter les gardes nationalles des communes voisines pour
rendre cette cérémonie aussi auguste que possible & comme les cérémonies
politiques n'ont rien de commun avec celles que la réligion prévoit, ils évitéront
de ne point confondre les hommages, rendus à la divinité, avec ceux que nous
devons rendre pour célébrer nôtre régénération ; qu'en conséquence il n'y
aura dans ladite fête d'autre ministre & fonctionnaire public que les
off(icie)rs municipaux dud(it) lieu ;