Origine des NOMS de LIEUX dans les Landes |
par
L'Abbé Raphaël Lamaignère
Curé de St-Aubin
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1942
[Sommaire Doazit]
[Raphaël Lamaignère]
Il n'est certainement pas facile d'établir les questions d'origine, tant les interprétations en sont arbitraires, controversées et sujettes à critiques diverses. De par ailleurs, la fantaisie peut aussi s'y donner libre cours; et ce n'est pas avec des "peut-être" qu'on met fin à des problèmes de ce genre.
Cependant, les barrières sont bien près de tomber, quand on fait intervenir les données de l'histoire, de la linguistique, et de ce qu'ont laissé autour d'eux les peuples qui, successivement, ont occupé le pays.
Or, ces peuples sont connus. Ce sont les Ibères, venus du nord de l'Afrique, dont les basques se réclament comme de leurs ancêtres; les Celtes, dont la race gauloise a tiré son origine; les Ligures; trois peuples qui se fixèrent dans les pays d'Aquitaine. Vinrent ensuite les Doriens, colonie grecque qui, des rivages de l'Océan, pénétrèrent dans les terres; les Romains enfin, qui, plus que tous les autres marquèrent chez nous une empreinte si profonde, qu'on la retrouve encore, paraît-il, chez les landais du vingtième siècle*1. - Nous ne parlerons que pour mémoire des Maures et des Anglais, dont l'occupation ne fut pas de longue durée, et qui ne firent pas souche chez nous.
C'est là, que nous trouverons la plupart des documents, nécessaires pour l'étymologie à établir dans ces présentes pages. Nous y serons d'ailleurs aidé par les savants travaux déjà publiés en cette matière, par le Dr Sorbets, à Aire, l'abbé Légé, ancien curé de Duhort, feu M. Joseph Dufourcet, tous anciens membres de la Société de Borda. Nous ne saurions non plus oublier, des sommités comme l'abbé Foix, le chanoine Daugé, l'abbé Meyranx, M.M. Prigent et Larroquette, qui ont abondamment écrit aussi dans le domaine de la philologie landaise.
Ces pages n'apportent donc rien de neuf à la question présente; mais elles auront peut-être le mérite de jeter un jour nouveau sur de vieilles données historiques, et de codifier, pour ainsi dire, des listes de noms, éparses dans la poussière des livres, que nous avons eu la bonne chance de rencontrer. Mais, nous n'ignorons pas que, même après tous ces travaux d'approche, la question sous bien des aspects, demeurera encore entière: dans une technique aussi complexe, nous comprenons très bien que les chemins restent ouverts à toutes les investigations. Ainsi, il nous parait mal aisé de voir mettre le point final à la toponymie, dans le sens que nous recherchons.
*
Nos premiers pères parlaient, dit-on, le basque. Avouons qu'ils ne nous ont pas laissé grand' chose de cet idiome, si peu apparenté à notre gascon actuel, de cette langue euskarienne où, a-t-on pu dire avec quelque humour, le diable lui-même n'y reconnaitrait pas les siens.
De l'avis des linguistes, le basque, cependant, aurait aidé à former le gascon.
Mais, ce sont surtout les romains qui ont implanté chez nous la langue de leur pays, le latin, la langue romaine d'alors. - Que de mots gascons, en effet, dérivent du latin! Par exemple: lou pan (panis), lo can (canis), l'aygue (aqua). Mais, combien d'autres mots aussi, ne leur ressemblent guère! Ce qui nous amène à dire que ceux-ci sont un souvenir de la langue, parlée par les peuples primitifs.
Trop souvent, par une déformation du mot, on confond patois et gascon. - Le patois, à proprement parler, n'est qu'une corruption du langage français, tandis que le gascon est réellement et véritablement un idiome, une langue, dont on a fait des grammaires, et dont la syntaxe, les tournures de phrases sont propres à cette langue.
Il nous souvient encore que bien des familles notables de Chalosse, s'honoraient jusqu'en ces dernières années, de maintenir le gascon sous le toit domestique; et nous avons maintes fois entendu nos vieux curés landais, faire à leurs ouailles le prône du dimanche, dans cette belle langue qui, parfois, ne manquait pas de piquante saveur. Ces harangues populaires, enflammées à certains jours, s'embarrassaient d'ailleurs fort peu de la forme: seul, le résultat comptait; et nous savons que, jamais, le but n'était manqué!... Il est vrai, que le gascon est un idiome sans pareil, et comme une ravissante musique, quand on sait le parler dans toute sa pureté. N'est-il pas, en effet, alerte, vif, gouailleur, bravant parfois l'honnêteté, mais trouvant toujours le terme propre à toutes les situations?... Nous savons de quoi il était capable, sur les lèvres du poilu landais, lors de la Grande Guerre; et nous avons plusieurs fois constaté par nous-même le bien-fondé, alors, de ce mot de Montaigne: "Là où le français (le langage français) ne peut passer, le gascon, lui, passe toujours!" Tellement, il trouve le mot voulu pour rendre toutes les énergies comme toutes les délicatesses!... Mais, il ne faudrait pas, par une profanation inexplicable, le "franciser"; ce serait le déformer. - Le savant archiprêtre de Dax, M. le chanoine Lafargue, traitant, un jour, cette question, écrivait dans le Bulletin de Heugas, dont il était alors le gérant "Franciser le gascon, c'est comme si on voulait habiller un paysan avec gibus et tape-cu, et en parfait monsieur." Et il concluait: " Né ba pas, aco!" (Cela ne saurait lui convenir)
Ces digressions nous ont amené un peu loin du sujet; mais, elles nous ont paru indirectement nécessaires pour mieux étayer, bientôt, l'origine des noms de lieux qui passeront sur l'écran.
Avant d'aller plus loin, nous voulons également donner ici quelques indications, desquelles sortira une plus facile interprétation, dans le cas présent.
1o) Avant la conquête romaine, les langues celtique et basque étaient seules employées par les habitants du pays.
2o) Après la venue des armées impériales, et durant les premiers siècles de l'ère chrétienne, le latin devint la langue officielle pour tous.
3o) Le gascon, avec les divers idiomes qui le composent (le béarnais, le landais, le bigourdan, l'armagnacais) dérive du latin corrompu.
4o) Nous trouvons dans notre glossaire courant, des mots tout-à-fait étrangers à notre langue, et implantés par les Anglais, les Espagnols, les Italiens, qui vinrent se fixer parmi nous.
5o) Dans nos Landes, sauf quelques mots celtiques ou étrangers, rarement grecs s'il en existe, les noms de lieux dérivent du gascon, mots tirés des hauteurs, des plaines, des végétaux, de la configuration du sol, etc... etc.
(Telle est la méthode appliquée par le Dr Sorbets dans sa recherche des noms de lieux.)
D'autre part, il n'est pas inopportun de savoir que l'époque gauloise appellera serres, pouy, puy, les localités établies sur les hauteurs: Serres-Louts... Poyanne, Poyaler, Pujo-le-Plan...
Par contre, les centres bâtis dans les plaines répondront au nom de lanne, barthe, artigue : Port-de-Lanne...
L'époque gallo-romaine donnera les castéra (de castrum), les mas (de mansis), les vics (de vicus, bourg fortifié), puis les noms d'arbres, de plantes, d'oiseaux, de ruisseaux.
Sous la féodalité, nous voyons apparaître les noms de monts, castels, tours, bastides. - Les agglomérations serrées autour des églises prennent le nom des saints qui leur servent de patrons.
Enfin, beaucoup de localités perpétuent le souvenir de certains faits historiques, maritimes, ou militaires: Capbreton, Soustons, Taller, (deux mots anglais), Solférino... Eugénie-les-Bains rappelle le nom de l'impératrice Eugénie, à la fondation de la commune, prise sur le quartier de St-Loubouer où étaient les sources d'eaux thermales.
Le département des Landes
Nous n'avons pas à rappeler ici à quelles difficultés géographiques et ethniques on se heurta, jadis, quand fut formé le département actuel. Les laborieuses séances de 1790, où s'affrontèrent tant d'intérêts opposés, tant de rivalités, aussi, entre les régions circonvoisines, sont racontées dans les livres d'histoire locale qu'on trouve un peu partout. Nous n'y reviendrons pas.
Disons simplement, comme rappel, que les Landes (du mot land', d'origine germanique, qui signifie terre inculte) (S)*2, se composent de deux zones tout-à-fait différentes: la grande lande, que le Congrès d'Archéologie tenu à Dax en 1926, appelle: "une Sologne stérile, un marais immense et comme maudit", où la population est clairsemée et dispersée, et où d'infranchissables étendues séparent parfois les centres et les agglomérations. Cette partie, va de Mt-de-Marsan aux limites de la Gironde. Les petites landes, au sol sablonneux comme la grande lande, mais où, en plus de la forêt, il y a aussi des vignobles, des champs, des cultures diverses, et de riants paysages. Elles comprennent le Marsan et le Gabardan. - L'Armagnac, pays de vignes, fameux par ses eaux-de-vie à réputation universelle, et qui lève de nombreuses récoltes à travers ses ondulations de terroir. - La Chalosse, l'Eden des Landes, au sol fertile, aux paysages variés et découverts, où les villages semblent presque se tenir par la main; pays silloné de cours d'eau et de rivières, apportant avec eux la fécondité. - Les pays d'Orthe et de Gosse, dans les parages du Gave et de l'Adour, riches entre tous par leurs cultures et l'élevage des animaux. - Le Seignanx et le Maremne, au climat chaud et humide à la fois, où poussent les grands pins maritimes, richesse de nos Landes, et le chêne-liège, travaillé dans les ateliers du littoral. - Le Marensin, de Capbreton à Contis, aux pins plus beaux encor, et où la mer s'étale dans toute sa sauvage majesté. - Le Born, pays des eaux dormantes (S), de Contis à l'étang de Sanguinet.
* * *
Avant d'aborder de front l'origine nominale des localités landaises, nous dresserons ici diverses listes de communes, groupées par ordre de terminaison phonétique, dont l'appellation demande une explication particulière, ou dont le nom évoque des souvenirs historiques, pour la plupart inconnus de tous.
1o) Noms terminés en acq (aqua, eau: pays des eaux)
L'Armagnacq |
Lencouacq |
Saugnacq-lés-Dax |
Commensacq |
Lévignacq |
Saugnacq-et-Cambran |
Donzacq |
Préchacq |
Trensacq |
Gaujacq |
St-Jean-de-Marsacq |
Uchacq |
2o) Noms terminés en an, ant, anx
Arjuzanx |
Baudignan |
Mont-de-Marsan |
Aubagnan |
Hontanx |
Morganx |
Aureilhan |
Mant |
Sarbazan |
Bahus-Juzan |
Meilhan |
Le Tursan |
Bahus-Soubiran |
Mimizan |
St-Martin-de-Seignanx |
3o) Noms terminés en en, ens, enx
Artassenx |
Carcen |
Morcenx |
Bachen |
Cassen |
Philondenx |
Bostens |
Garein |
Pontenx |
Cachen |
Le Sen |
Poudenx |
Callen |
Loubens |
Soulens |
Canenx |
Lourquen |
Saint-Yaguen |
4o) Noms terminés en ès, ez, ey
Lucbardez |
Bergouey |
Luxey |
Mouscardès |
Garrey |
St-Martin-d'Oney |
Pomarez |
Larbey |
Pey |
Rimbez |
Lipostey |
Moustey |
5o) Noms terminés en on
Audon |
Lesperon |
Saint-Lon |
Biganon |
Lubbon |
Saint-Pandelon |
Capbreton |
Misson |
Saint-Perdon |
Créon |
Mugron |
Sarron |
Estampon |
Pouillon |
Saubion |
Léon |
Rion |
|
6o) Noms en os, osse (les doriens, colonie grecque, auraient donné ces noms aux localités par eux habitées. Il ne faut pas, dit M. Sorbets, citant un témoignage du glossaire de Du Cange, il ne faut pas demander au grec l'explication des noms d'origine de nos Landes. - D'autres historiens, confirmant cette donnée, proclament que très rares sont chez nous, les localités d'origine grecque: ils ne citent même que Pissos (pays de la poix, de la résine)
Argelos |
Tarnos |
Losse |
Banos |
Ygos |
Narrosse |
Biaudos |
Arengosse |
Seignosse |
Boos |
Biscarosse |
Le pays de Gosse |
Castagnos |
La Chalosse |
Le pays de Tyrosse |
Goos |
Garrosse |
Souprosse |
Mézos |
Goudosse |
Tosse |
Payros |
Josse |
Yzosse |
Pissos |
Lahosse |
|
Buglose, donne lieu à controverse. Pour les uns, c'est un mot grec, langue de boeuf, (rappel de la découverte de la statue par un boeuf); pour les autres, le nom primitif était Berglosse.
7o) Noms de Saints présentant quelque difficulté.
St-Agnet (Ste Anne)
St-Cricq (St Cyrice ou St Cyr)
St-Geours (St Georges)
St-Gein (St Genez ou St Gène)
St-Jean-de-Lier (St Jean.Baptiste aux Liens)
St-Lon (St Léon)
St-Martin-de-Hinx (de finibus)*3
St-Pandelon (St Pantaléon)
St-Vidou (St Victor)
St-Yaguen (St Jacques)
8o) Paroisses débaptisées pendant la Révolution. (Société de Borda, 1933)
Nos conventionnels landais, voulant effacer tout souvenir religieux dans le nom de certaines localités, baptisèrent comme suit les paroisses à noms de saints*4 :
St-André-de-Seignanx (Haute-Montagne)
Ste-Colombe (Bas-Franc)
St-Geours-d'Auribat (Franc-Louts)
St-Jean-de-Marsac (Pelletier de Marsac)
St-Laurent (Barra)
St-Loubouer (Castéra)
Ste-Marie-de-Gosse (Barra)
St-Martin-de-Hinx (Marat de Hinx)
St-Martin-de-Seignanx (Montagne Seignanx)
St-Paul-lès-Dax (Bonnet Rouge)
St-Sever (Mont-Adour)
St-Vincent-de-Xaintes (Lepelletier)
9o) Localités landaises ayant des églises fortifiées. (S. de B.)
Lesperon
Linxe
Magescq
Lévignacq
Lit
St-Geours-de-Maremne
Taller
10o) Enfin, monuments historiques (Prigent - Larroquette)
Aire: Cathédrale, église du Mas.
Bostens: L'église.
Brocas-Montaut: L'église.
Dax: Enceinte gallo-romaine - Porche de l'ancienne cathédrale gothique (dans la cathédrale actuelle).
Doazit: L'église d'Aulès, son annexe.
Geaune: La tour des Augustins.
Hahetmau: La crypte de l'église de St-Girons.
Lévignacq: Les peintures et le parvis de l'église.
Mimizan: Le portail de l'ancienne église.
St-Paul-lès-Dax: Les bas-reliefs de l'église, et l'abside.
Sorde: L'église et le cloître de l'abbaye bénédictine.
Tosse: L'abside de l'église et ses nombreux chapiteaux.
St-Médard: Bas-relief de St Antoine, à l'église.
Mt-de-Marsan: A la rue Maubec, maison romane - A la rue Lacataye, façade de l'ancienne chapelle romane - Place Pujolin, ex-chapelle gothique.
Aire: Le sarcophage gallo-romain de Ste Quitterie.
Dax: Dans l'église St-Vincent, pierre tombale du XIIe siècle - A la cathédrale: tableaux divers.
Capbreton: Statue de la "Piéta".
Labastide-d'Armagnacq: -id-
Buglose: La statue de la Vierge.
Noms des localités landaises, d'après les données officielles, publiées par divers auteurs, dont les noms sont connus. - On comprend que toutes les localités ne puissent trouver place dans cette étude, leur origine n'ayant jamais été bien définie.
- A -
Aire (Vico Julii) (P) Ses habitants s'appelaient les Tarusates.
Arboucave (arbor cava, l'arbre creux) (P)
Argelos (le pays des terres argileuses)
Argelouse (les terres glaises de la Lande)
Arouille (ar, terre labourable; ouille, la brebis) La terre des brebis (Légé)
Arsague (ar, aqua) Les terres fraîches.
Arthez (Arthesium Gastonis) (P)
Audignon (Audinhonum) (P)
Auribat (bat, le vallon; aurum, l'or) la vallée dorée.
Aurice (Auricium) (P) La vallée dorée.
Aubagnan (l'aouba, le pays de l'aulne).
Aureilhan (Poste romain, du nom de Marc-Aurèle) (S).
- B -
Bahus-Juzanx (Bagascus, mot ligure) (Larroquette)
Baigts (les vallées) (S).
Bascons (de Vasconibus) (P) Résidence des basques, descendus dans la plaine. (S)
Basta (de bastes, les fougères) (S)
Bats (de Vallibus) (P) Les vallées (S)
Belhade (la belle fée)
Bélis Bélus |
ù û |
|
Localités honorant le dieu Bel (Dompnier de Sauviac) |
Betbezer (le beau paysage)
Beylongue (la vue longue, en raison du coteau où est bâti le village - Ou bien: la baie longue, formée jadis par la mer qui venait jusque là (Daugé).
Beyries (de boueria, les terres labourées par les boeufs (S).
Bias Biaudos |
ù û |
de via, localités placées sur des routes romaines. |
Biscarrosse (de biscarra, tondre les moutons) (S).
Boos (les forêts)
Bordères (de borderia, le pays des fermes et des métairies) (P et S)
Bougue (Boga) (P).
Brassempouy (Brachiopodium) (P) La hauteur qui embrasse tout.
Brocas (lous brocs, le pays des ronces).
- C -
Cagnotte (Coenobium beatae Mariae de Cagnota (S. de B. 1932) En raison de la statue de la Vierge ayant à ses pieds une chienne. Mais on n'en connait pas la signification symbolique.
Callen (du grec: Kallos, oasis de la lande).
Campagne (Campania) (P) ù Les champs
Campet (Campetum) (P) û
Capbreton (ou capredon, anse faite par la mer (S) ou bien: en souvenir du débarquement des anglais (S).
Castagnos (Pays des châtaignes) (S).
Castandet (Castanetum) (P) Lieu planté de châtaigniers (S).
Castelnau (Castrum novum) (P) Château neuf (S).
Castelner (le château noir (S), ou bien: pays des châtaigniers, l'église étant bâtie sur un mamelon planté d'arbres de cette espèce.
Castets (de castrum; ancien oppidum couvrant Dax des invasions venues par mer, à Capbreton (S. de B. 1928). Se nommait Sescosa, dans l'itinéraire d'Antonin (des Asturies à Bordeaux), position des Cocosates de César (ibid.)
Cauna (Caunaria) (P)
Cazalis (Cazalium) (P)
Cazalon (Cazalonium) (P)
Cazantets (de Casaou) (S).
Cazères (Cazeria) (P) Groupe de maisons (Meyranx).
Cère (de cera; pays des abeilles et de la cire) (S).
Clèdes (les clôtures) (S)
Clermont (mons clarus)
Commensacq (cum aquis) Jonction des eaux de la lande (S).
Coudures (culture, pays des cultures (P) - Culture des coudriers (S).
- D -
Dax (Aquae Tarbellicae - Aquae Augustae - Urbs aquensis - Aquis - Villa Aquae - Acs - Ac - Aqs - Civitas Aquensium) (S. de B.)
Doazit (Doasetum) (P).
Donzacq (Pays des dunes et des eaux) Hauteurs et le Luy (S).
Duhort (Duro forte) (P) En raison du mamelon isolé, sur lequel la localité fut d'abord établie (S).
Dumes (Dums (P) Nom celtique qui signifie hauteur (Taillebois).
- E -
Eugénie-les-Bains, station thermale fondée du temps de l'Impératrice.
Eyres-Moncube (les aires du battage; mons cubus, ou cupae, ou uvae; la colline carrée, ou du pressoir, ou de la vigne (Laborde-Lassale).
- F -
Fargues (de harga, forger) (S et Légé).
Frèche (fraxinum) (P) Le pays des frênes (lou rèche) (S).
- G -
Gabarret (la gabarre, pays des thuies et des ajoncs épineux) (S).
Garein (la garenne de Labrit) (S).
Gastes (les bastes, les fougères) (S).
Gaujacq (Gothiacum) (P) Ville des Goths - En réalité, groupe de villas romaines, construites dans le jardin du château actuel de Gaujacq (S).
Geaune (Gensa) (P) de: yéou, yèste, pays de la fougère (S).
Geloux (Gelosium) (P).
Gouts (pays des Goths) (S).
Grenade (Granata, ou granada; terre fertile) (P). - Contesté par ceux qui y voient plutôt le nom d'une ville étrangère donné à une bastide (S. de B.).
- H -
Habas (Fabaria) (P) Terre fertile en fèves (Daugé).
Hagetmau (Fagetum malum) (P). - Le pays du mauvais hêtre (hay.)
Herm (du latin heremus: la halte dans le desert (D).
Herré (le pays du fer) (S).
Heugas (la héou: pays de la fougère) (S), ou bien, d'après l'abbé Lafargue: du grec: eu, guè, la bonne terre.
Hinx (de finibus, la hitte, la fitte) (S. de B.).
Horsarrieu (de forte rivo) (P). - Haü, s-arriou; en gascon.
- L -
Labastide d'Armagnacq (Bastida Armaniaca) (P).
Labouheyre (la bonne foire) (S), ou bien: le pays des hauts-fourneaux (bouha).
Labrit (Laporetum) (P) (D) Le rendez-vous des chasseurs d'Albret (S).
Lacrabe (capra mortua) (P).
Lagastet (les bastes, pays des fougères) (S)
Lagrange (les granges de l'abbaye voisine) (Légé).
Laluque (de: lucus, bois) (S).
Lamothe (de motta, mamelon) (S).
Latrille (la treille des vignes) (S).
Laurède (Lorredis, Lapreda) (S. de B.) le pays des lauriers.
Lauret (même étymologie)
Le Mas (mansio) (P) Bourg fortifié sur la voie romaine suivie par les pèlerins de Compostelle (Espagne). Ces voies romaines, étaient des routes suivies par les pieuses caravanes, se rendant au sanctuaire de St-Jacques. Elles n'étaient pas nécessairement "romaines". (Lou camin roumiou, ne serait, d'après certains, qu'une route ordinaire, sur laquelle avançaient les pèlerins en rangs serrés, comme les fourmis (arroumics) (D).
Lévignacq (le pays des vignes et des eaux) (S).
Le Plan (Planium) (P).
Le Vignau (Vignalia) fêtes de Bacchus (Meyranx). - Pays des vignes (S).
Lipostey (Tellonum, droit de péage imposé aux passants (S. de B.). - Relais sur les routes empruntées par les diligences (S).
Lucbardez (de lucus, bois) (S).
Lugaut (lucus altus) (S).
Luglon (lucus longus) (S).
- M -
Magescq (Majores aquae) ou, d'après les chauvins du pays Maye es, regardant cette localité comme la capitale du Marensin (cf. Sem. Religieuse, 1894, p.499).
Mauries (construit par les Maures) (S).
Maurrin (village des Maures) (S).
Mauvezin (maü, besin)
Maylis (mère des lis, appliqué à la Ste Vierge, honorée en ces lieux).
Mézos (le milieu, sur l'ancienne voie romaine des Asturies à Bordeaux (D).
Mimizan (Segosa) (S. de B.). - Mare medium, entre Bordeaux et Bayonne. Dans le gascon du pays, on dit Mâmizan (abbé Darriau, ancien curé de Mimizan).
Miramont (mons mirus) (P).
Moliets (les moulins) (S) Vieille station des Templiers (S.de B.).
Monget (ancienne dépendance des moines de Pontaut) lous mounyes.
Monségur (mons securus) (P).
Montaigut (mons acutus) (P).
Montaut (Mons altus) (P).
Mont-de-Marsan (Mons Marcianus) (P) - Mont du dieu Mars (S).
Montfort (mons fortis) (S).
Montgaillard (mons Galhardus) (P).
Moustey (le moutier) (S).
Mugron (les provins, les vignes) (S). ou bien, de mucro, lance, pointe: colline dressée fièrement vers le ciel (Meyranx).
- N -
Nerbis (de: nervi) les esclaves romains. Souvenir du camp romain établi en ces lieux.
- O -
Orthevielle (hortus, villa) Pays des beaux jardins et des belles maisons
Œyre-luy (area Luvii) la grande ferme des bords du Luy (Tartière).
- P -
Peyre (le pays de la pierre et des carrières).
Peyrehorade (la peyre houradade, rocher percé par le Gave (S).
Pimbo (Pendulum) (P).
Pissos (pissa, la poix, la résine) (S).
Pomarez (le pays des pommes) (S).
Pouydesseaux (pouy, saous, le pays aux hauteurs plantées de saules) (S).
Poyanne Poyaler Poyartin Pujo Pujol |
ù ú ý ú û |
de: pouya, monter. Localités fixées sur des hauteurs. |
- R -
Renung (mons arenunae) En gascon, on dit Arrénung (Meyranx).
Roquefort (Rupes fortis) (P). - Bâtie sur le roc (S).
- S -
Samadet (sanguine madet, qui regorge de sang. Souvenir de vieilles batailles engagées en ces lieux (abbé Darriau, ancien curé de Samadet).
Sanguinet (la sanguine, la bourdaine) Pays de la bourdaine (S).
Sarraziet (suite de collines) (S). - Pour d'autres: bâti par les Sarrazins.
Sarron (collines) (S).
Saint-Girons (Mosconum) (S. de B.)
Saint-Jean de Marsacq (St Jean, du pays des eaux et des marécages. (S).
Saint-Vincent-de-Xaintes (St Vincente, envoyé de Saintes, par St Eutrope. Et non, St Vincent de Sentes (pays des buissons, des ronces) (D).
Sensacq (sentire, aquas) pays où apparaissent les eaux.
Serres-Louts (Serris lotio) (P). Colline du Louts (S).
Serres-Gaston (Colline de Gaston) (S).
Solférino (en souvenir de la victoire des français sur les autrichiens, en Italie (1859).
Sorbets (le pays des sorbiers) (S).
Sore (de: soros, amas, tas, monceau. Ville assise sur une série de mamelons (S. de B.).
Soustons (nom anglais: ville du sud).
Subéhargues (de harga, forger) (S).
- T -
Taller (nom anglais).
Tartas (de: tarta, chêne blanc ou tauzin. (S. et D.), ou bien: du nom du chef gascon, son fondateur, appelé Rex tortus (lou tort, le boîteux) (D).
Tercis (a tertiis lencis, à 3 lieues de Dax, ville gallo-romaine (D).
Tilh (pays des tilleuls) (S).
Toulouzette (tolosa blanca) (P).
Trensacq (trans aquas) à travers les eaux qui coulent dans la lande (S).
- U -
Uchacq (Uchacum) (P) Le pays des eaux et des sources (abbé Pouységur, curé de la paroisse).
Uza (du nom celtique Zeus, Uz, le dieu sans nom des druides (D).
- V -
Vicq (de vicus, bourg fortifié) (D).
Vielle (de villa, maison du seigneur)
Vieux-boucau (En souvenir de l'une des trois embouchures successives de l'Adour: Capbreton, Vieux-Boucau et Bayonne (S. de B.).
Vielle-Soubiran (Superna) (S. de B.). ancienne ville gallo-romaine.
- Y -
Ygos (le pays des figues) (S).
* * *
Nous terminons cette étude, en évoquant ici le souvenir du camin harriou qui, ces dernières années, a suscité d'ardentes mais amicales polémiques au sein des membres de la Société de Borda. (1928)
Ce chemin, venait de l'embouchure de l'Adour à Capbreton, et s'embranchait à St-Girons sur la voie venant de Dax, et aboutissant à Bordeaux (S. de B. 1931). - Que signifie réellement ce mot: camin harriaou ? Ici, plusieurs hypothèses demeurent en présence, les unes aussi soutenables que les autres.
Ce mot, étymologiquement, voudrait dire:
chemin frayé - chemin fait de pierres - chemin ferré - chemin farinier - chemin du blé - chemin de roulage - chemin royal (reyaous) - chemin des ruisseaux (lous arrious) .
Le champ, on le voit, reste vaste aux investigations des savants.
D'après M. l'abbé Foix (S. de B. 1931), qui fait autorité en la matière, le chemin harriou, aurait été un chemin royal
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Dans son histoire du Monastère de St-Sever, par du Buisson, M. Légé a publié un glossaire, dont il sera intéressant de connaître les rapports avec les pages précédentes. Les différentes données cadrent si bien avec l'étymologie des noms et des mots gascons, que nous les consignons ici, pour le profit qu'on en peut retirer.
Abbadie - Dabadie - Labadie = abbaye.
Anglade - Langlade - Langléron = coin, angle.
Arcet, Darcet, (recipere)= réception.
Augreilh, Daugreilh, Daugareilh = grillon. Certains diraient: Aou Greilh, comme on dit "qué baou ent'aou Lès", et non "énta Aoulès".
Badets (diminutif de val)= vallon
Bayle - Dubayle - Labayle = officier de justice.
Bats - Batbedat - Labat = val, vallon.
Barra, Dubarat - Dussarat = clôture.
Bedout - Dubedout = le bouleau.
Bernet - Bernède - Bernizan = l'aulnaie.
Béguerie, Béguery = viguerie
Boyer (de bouè) = bouvier
Bordes - Laborde - Péborde - Desbordes - Labourdette - Bordenave = métairie
Capbern = vergne ou aulnaie
Castaing - Ducastaing - Pécastaing - Castagnos...= châtaignier.
Casse - Ducasse - Ducassou - Lucasson = chêne.
Capdeville, Capdevielle (cap d'uilh) = château, donjon.
Capmas = masure
Cazaux, Discazeaux, Cazauran, Cazaubon = jardin.
Clignancourt, Vignancourt... de curtis, ferme.
Couture, Lacouture = culture
Croutz, Lacroutz, Pécroutz = la croix
Darricau (arriou sur caou) = ruisseau tracé
Degert (lou yert, la lande).
Daunesse (la daoune).
Dumas (mansio)= la demeure.
Ducéré = ouvrier en cire, cellerier.
Estrade, Lestrade = voie, chemin.
Fargues, Lafargue = harga, forger.
Dufau, Faure, Lafaurie, lahaourie: de haou, forgeron.
Heugas, le Houga = les fougères.
Forgues, Laforgue = forger
Lafitte, Fittes, Lafiteau = pierre fiche.
Larroumieu (lou camin roumiou).
Loubère, Laloubère (ère = séjour) séjour des loups. Ainsi: Gaüzère (séjour des hiboux; Tachouère (des blaireaux).
Lamarque, Lamarcade = limite
Mora, (de moura, marais; et non de maure) Dumora, Dumoret.
Naves, Navailles (de naou: neuf).Villenave, Bordenave, Artiguenave.
Pey (abrégé de Peyre: la pierre) St-Pé, Pébouè Peyrouton.
Serres (suite de collines) Lasserre.
Soubiran= supérieur.
Tapie - Latapie - Latappy (de: tapia) = torchis.
1- D'autres ont prétendu que nous ne sommes pas de race latine, parce que, seuls, les soldats romains se fixèrent chez nous à l'époque de leurs conquêtes; pour les tenants de cette opinion, jamais les familles romaines, avec leurs femmes et leurs enfants, n'auraient habité nos régions.
2- Pour éviter des redites par trop multipliées, nous signalons ici que nous marquerons de leur initiale le nom des auteurs consultés, pour ce travail documentaire: S (le Docteur Sorbets), D (M. Dufourcet), P (le Pouillé, de l'abbé Cazauran), S. de B. (la revue de la Société de Borda). - Les autres sources seront nommément indiquées.
3- Les confins de certaines cités étaient marqués par des pierres portant le mot latin FINIS. Le F a été remplacé en gascon par H. (De là viennent les mots: Lafitte, Lahitte).
4- D'autres localités changèrent de nom: Capbreton (Capbrutus) - Castets (Rameau-Vert) - Mont-de-Marsan (Mont-Marat).