LA PAROISSE ET L'ÉGLISE DE LARBEY

Notes recueillies pour un petit essai d'Histoire Locale

par l'Abbé Raphaël Lamaignère

Curé de Saint-Aubin

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août 1940

 
 [Sommaire Doazit]
 [Raphaël Lamaignère]

Recopié d'après le manuscrit de l'auteur, par Philippe Dubedout.


La Paroisse de Larbey

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Aperçu général

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Le site

Larbey est, sans contredit, une des localités les plus charmantes et les plus pittoresques de notre belle Chalosse. La Chalosse ! Pays mirifique s'il en fut, où se rencontrent à chaque pas les joyaux les plus riches, un ciel idéalement bleu et limpide, des collines semées de maisons blanches, des champs fertiles aux multiples moissons, des bosquets verdoyants... Ecrins splendides, en un mot, où la main du Créateur s'est comme étudiée à renfermer pour nous, ses dons les plus variés et les plus enchanteurs.

De ces incomparables belvédères que sont les alentours de l'église et le plateau de Lestage (108 m), l'oeil embrasse à la fois comme dans un cirque sans fin, toute la région chalossaise drapée dans son manteau de splendeurs naturelles, jusqu'à la forêt landaise, dont la ligne sombre des pins va, comme à regret, s'enfoncer et mourir sur l'immensité tranquille des bords de l'Océan.

Des ondulations tourmentées de Nerbis et de Montaut, à l'échappée sur Coudures, en passant par St-Sever, le tuc de Montsoué, Doazit, le Mus, et la blanche tour de Maylis; des gris vallonnements du Bas-Béarn à la butte de Castelner, par le camp romain de Morlanne et le tumulus boisé de Piets (Basses-Pyrénées); des pentes abruptes de Brassempouy, St-Cricq et Bergouey aux clairs coteaux de Montfort et de Gamarde; des rives ensoleillées, enfin, de notre grand Adour aux doubles coupoles de Buglose, partout s'étalent les paysages les plus harmonieux et les plus riants horizons.

Et pour compléter ces tableaux déjà si prenants par eux-mêmes, voici que vient se profiler au loin, comme une toile de fond, la masse imposante des monts pyrénéens dessinant sous le ciel leurs dentelles de neige, et dressant fièrement dans l'azur, la courbe continue de leurs pics audacieux. - Qui donc, après cela, pourrait s'étonner qu'un pays comme le nôtre, n'ait eu et ne garde encore le don de tenter la lyre des poètes ou le pinceau des artistes ?

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Larbey est traversé par la Route Départementale no 8, reliant Baigts (Quartier de Larrère) à la route no 32 sur Dax et St-Sever.

Le seul chemin d'importance, est celui qui va vers Mugron par le Pont de Poulouaou sur le Louts, et qui dessert les quartiers les plus populeux de la localité.

De "Lahargue" part une artère secondaire qui, à travers la plaine du Moulin, monte également vers le chef-lieu de canton, en passant par Malabat.

De "Lestage" enfin, s'infléchit un chemin vicinal qui va tomber sur la route de Caupenne, à quelques mètres du Moulin du Bos, en Maylis.

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Une cabine publique téléphonique relie Larbey à Mugron, depuis septembre 1931.

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Population

A travers sa longue histoire, la France fut toujours regardée comme le pays des familles nombreuses; et, ni les guerres, ni les famines, ni les épreuves qui fondirent sur elle, ne purent avoir raison de sa débordante fécondité. Il est vrai que la foi dictait alors aux consciences l'ordre du Créateur: "Croissez, et multipliez-vous!". Au lendemain de la Renaissance, une évolution commença à se faire jour aussi bien dans les classes dirigeantes que dans les masses populaires, et certaines pratiques anticonceptionnelles vinrent bientôt porter le coup fatal à la vie familiale du pays. Cette désolante révolution ne devait d'ailleurs qu'amplifier dans la suite, si bien qu'aujourd'hui la France, répudiant son glorieux passé, est devenue aux yeux des nations de l'Europe, le pays des foyers sans enfants.

Devant l'étendue de ce mal, les sphères gouvernementales ont essayé de réagir; beaucoup se sont émues, et ont préconisé des remèdes dont l'efficacité n'est pas contestable: répression des manoeuvres abortives, primes à la natalité, allocations diverses, allègement des charges fiscales. Cependant, le problème a, croyons-nous, une portée plus haute; et on pourrait sûrement le résoudre sans grande difficulté si on lui opposait, en haut lieu, les principes religieux et moraux qui, partout et toujours, ont fait la force des familles. Car, si la loi divine est foulée aux pieds par les époux; si, dans son ensemble, le mariage n'est que la recherche d'intérêts matériels et d'agréments personnels, alors c'en est fait à bref délai de la société conjugale, et la nation court irrémédiablement aux pires catastrophes.

Des esprits avertis, examinant la question sous toutes ses formes, ont cru pouvoir affirmer que "la dénatalité c'est la guerre". C'est bien cela, en effet. Car une nation qui, insensiblement se vide de sa substance humaine, où les vieillards ne sont pas remplacés, cette nation est mûre pour l'invasion et le démembrement. C'est un fait d'expérience que le plus fort déborde toujours sur le plus faible, les armes à la main.

A Larbey, où toute une population laborieuse vit sinon dans l'abondance, du moins dans une très honnête aisance, on aurait pu croire que la famille se serait maintenue. Il n'en a rien été. Larbey, emporté à son tour par la crise des berceaux qui désole la France, disparaît à petit feu... Lisons les statistiques : En 1890, la paroisse comptait 469 âmes. Aujourd'hui, après des recensements tombés à 439, 396, 376, nous arrivons, sauf erreur très négligeable, au total décevant de 312... C'est donc, sur toute la ligne, la mort qui triomphe de la vie, et c'est la déchéance de la race.

Pourtant, les cas de fécondité n'étaient pas rares autrefois, à Larbey. Témoin, ce relevé dans nos registres de sacristie, où, de 1852 à 1928, sont consignés 29 baptêmes de jumeaux.

On y mourait vieux aussi. - Dans son Histoire de Maylis, M. le Chanoine Daugé, cite le nom de plusieurs octogénaires et nonagénaires qui, de 1721 à 1779, vécurent dans la paroisse. C'est à croire que la mort semblait oublier sur terre ces tempéraments d'acier, et qu'elle regrettait presque de les emporter dans la tombe...

Terminons ces données douloureuses, en citant ici le nom de certaines maisons, dont il ne reste plus trace aujourd'hui, mais dont, à Larbey, se souviennent encore plusieurs de nos contemporains : Baqué - Barricabe - Pt Bataillon - Billière - Blazy - Petit Bourdet - Cantecoucut - Cassou - Petit Castéra (2 maisons) - Castagnet - Petit Chialés - Coucut de bas - Petit Cuyon - Ducasse - Gaube - Laborde - Lamaysouette - Latéoulère - Lanot - Lespés (2 maisons) - Lespitaou - Manoun - Marchand - Marsan - Ménusè - Nachine - Pélè - Philibert - Pierricot - Plassot - Petit Pouy - Quille - Petit Rey - Soubiran - Tauzia - Tihourcq.

Ce qui, bien compté, nous donne un total de 38 maisons détruites.

Allons plus loin... 10 maisons sont actuellement fermées : Fort - Villa Gérard - Guilhem - Lahargue - Lamacon - Lesbarrères - Petit Marcot - Mirande - Peyrinat - Rayaous.

C'est donc un fait : Larbey croule peu à peu dans l'abîme : parmi les onze paroisses qui forment le doyenné de Mugron, il occupe aujourd'hui le numéro 10, c'est à dire l'avant dernier, pour sa population.

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Esprit Religieux

Dans une de ses immortelles Encycliques, Léon XIII dénonçait en 1885 le fléau de notre dégénérescence religieuse: "Beaucoup d'hommes, écrivait-il, se disent les amis de la religion; mais que font-ils en pratique ? La plupart n'osent professer publiquement ce qu'ils pensent, encore moins le mettre en pratique. Beaucoup de chrétiens de nos jours aiment à vivre mollement, et ne veulent rien faire d'énergique et de généreux. Ils se créent souvent des raisons pour ne pas obéir aux lois salutaires de l'Eglise, et ils se persuadent que c'est pour eux un fardeau trop lourd que de les observer."

Ces lignes datent de cinquante-cinq ans. Que dirait aujourd'hui le grand pape, devant l'état de fait depuis, étrangement créé entre Dieu et les âmes ? Car rien ne sert de vouloir prétendre que nous vivons actuellement comme dans le meilleur des mondes, quand nous assistons dans la plupart de nos paroisses, à la faillite du sentiment religieux. Il est vrai qu'il y a eu, dans l'Eglise de France, des guerres et des persécutions qui ont ébranlé les consciences, avant de semer ce vent d'indifférence, dont le siècle présent ne sait, ou ne veut plus se dégager. Car, notre époque moderne a vu bien des abdications, et, un peu partout aujourd'hui nos contemporains s'affichent catholiques, non pas avant, mais après tout.

Il y a à cela deux causes, dont les effets ne sont pas niables. D'abord, les luttes politiques qui ont parfois brutalement départagé les esprits, et créé, en haut comme en bas de l'échelle sociale, des situations dont les résultats n'ont que trop prouvé l'inanité. Or, la politique est un champ clos qui s'est presque toujours assez mal accommodé des affaires qui, spécifiquement, regardent la conscience. Le fossé qu'elle creuse devient aussi, trop souvent, un abîme qui sépare le citoyen du croyant. - En second lieu, les luttes sociales, savamment entretenues par les agents stipendiés de l'étranger; ont jeté dans les masses des ferments de discordes et de haines, dont on a pu, depuis, mesurer toute l'ampleur et l'effrayante nocivité.

Toutes ces causes ont, hélas! décidé pour beaucoup d'une orientation nouvelle de la vie, au détriment de l'esprit religieux de nos populations.

Mais, à bien examiner les choses, et nous plaçant ici sur le terrain purement objectif, nous devons reconnaître, que Larbey qui, seul, nous intéresse, n'a encore pas trop démérité, sous le rapport paroissial. Sans doute, l'air ambiant y a laissé des traces, et nous n'y trouvons plus ces énergies vitales qui furent, jadis, l'apanage de nos moindres bourgades de Chalosse; mais la vérité nous oblige à dire que les choses de la Religion n'y sont pas un vain mot, et que les familles, dans leur ensemble, restent attachées à leur foi. Aucune d'elles ne veut faire mentir son passé, qui fut tout d'honneur et de vertus ancestrales.

Mieux que tout autre, nous sommes bien placés pour porter un jugement sur le Larbey de 1940. Tout, en lui, nous permet de bien augurer de l'avenir; et la Vérité, largement dispensée par les divers curés qui y portèrent la houlette, continuera à rallier à la cause du Christ, les meilleurs de ses fils. Et si ceux qui constituent notre troupeau et dont nous connaissons les sentiments, consentent seulement à secouer leur torpeur et à se faire du devoir chrétien une idée bien exacte, alors nous pourrons encore voir fleurir une société qui, si longtemps, s'est abandonnée à elle-même, sans tenir compte des immenses ressources spirituelles qu'elle porte en son sein.

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Le vieux Larbey

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Nous avons à Larbey de glorieux vestiges du passé, absolument remarquables, et pour lesquels nous avons dressé une étude spéciale.

Le bourg-Arman sur les bords du Louts, anciens souterrains préhistoriques, les seuls existant dans nos Landes, mais actuellement en voie de disparition. - En 1885, la Société de Borda, de Dax, s'occupa de ces grottes, et en fit un rapport des plus détaillés, et particulièrement instructif.

Le Camp Romain, du Castéra, dans les parages du Louts, à l'extrémité ouest de la paroisse.

Le moulin fortifié de la Gouaougue, ouvrage du 12ème siècle, ancien moulin des seigneurs de Poyaler. Magnifique construction en pierres d'appareil, unique dans son genre, et signalée également par les érudits de la Société de Borda.

Les Ostaux Royaux, biens territoriaux, enclavés dans Larbey, et relevant directement du pouvoir royal.

L'Hôpital de Larbey, possession des Chevaliers de St-Jacques de l'Epée rouge. Maison "Louma".

La scolanie de Larbey.

La maison de Lestage, ancienne résidence des barons de la Houze, seigneurs de Larbey; - ancienne maison des Jésuites de Poyanne.

(Voir: "Le Vieux Larbey" , cahier 1942)

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La Paroisse de Larbey

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Sa formation.

Après la conquête et l'occupation de nos contrées par les légions romaines, nos pères qui jusque-là avaient dû s'incliner devant les divinités païennes, secouèrent le joug de l'envahisseur et embrassèrent la loi de l'Evangile. Une pieuse tradition a été jusqu'à prétendre que St Paul lui-même se rendant en Espagne, serait passé par l'Aquitaine, suivi de près par Zachée et Ste Véronique; mais le fait n'a jamais été historiquement prouvé.

On peut, par contre, affirmer sans aucun doute, que notre Chalosse fut parcourue, dès le quatrième siècle par St Sever et St Girons, tous deux venus de Palestine, et qui, en récompense de leur foi furent martyrisés, l'un sous les murs du Palestrion qui, depuis lors porte son nom, et l'autre à Hagetmau. - C'est encore à cette date que virent le jour les premières églises, (gleyzes) ou lieux de réunion pour les fidèles. Leurs matériaux étaient assez rudimentaires: la pierre pour les fondements; le torchis pour les murs supérieurs. Rien ne prouve que Larbey n'ait eu, à cette époque, son assemblée religieuse, puisque aussi bien notre pays était alors entièrement passé au christianisme. Puis, vint au sixième siècle, l'érection canonique des paroisses, sous l'autorité d'un prêtre nommé par l'évêque, et résidant avec ses ouailles.

Au dixième siècle, surgissent de terre les villages et les bourgs. En même temps, se dessine à travers les diocèses la composition des nouveaux districts religieux: l'archidiaconé de Chalosse, avec Doazit pour siège, groupera désormais jusqu'à la Révolution française, 26 paroisses, au nombre desquelles figure Larbey.

Le siècle suivant verra la magnifique éclosion des églises romanes, pour la construction desquelles le génie chrétien ne trouvera rien d'assez beau. Larbey, Caupenne, Nerbis, Aulès en Doazit, Audignon, pour ne citer que quelques noms, se dressent alors sur le sol de Chalosse. Inestimables vestiges du Passé, que nous entourons aujourd'hui d'un respect admiratif et d'une profonde vénération.

Jusqu'en 1845, Larbey et Maylis ne firent qu'une seule et même paroisse, et les curés, en raison des pèlerinages au Sanctuaire marial, habitèrent Maylis. Il faut dire aussi que Larbey n'avait pas de presbytère, ce qui, pour les curés de l'endroit, n'allait pas sans créer parfois de fâcheuses situations. Rappelons ici pour mémoire les luttes qu'engagèrent entre eux, au dix-septième siècle, l'abbé Raymond de Cès, curé de Larbey, et l'abbé Hugues Dufaur, chargé par son évêque de redonner à Maylis, son éclat primitif dans le culte à la Vierge... La pauvre humanité, pour bien qu'elle fasse, ne se dépouille jamais entièrement de ses propres faiblesses.

En 1790, l'Assemblée Nationale donna à Maylis son autonomie, et pour cela, lui octroya d'un geste large et libéral, les quartiers de Thoumines, de St-Germain et du Téoulè qui avaient toujours jusque-là appartenus à St-Aubin (Archives de St-Aubin). Comme bien l'on pense, les esprits s'échauffèrent, et l'animosité entre les deux localités rivales ne fit désormais que grandir... Pour remettre de l'ordre, Louis-Philippe, en 1845, donna à Larbey et à Maylis, leur véritable et définitive constitution religieuse. Voici en quelles circonstances :

En 1842, la Fabrique et la municipalité de Larbey furent invitées par le gouvernement à exprimer leur avis sur un projet de refonte des paroisses, à travers le diocèse.

Les fabriciens firent hautement remarquer au sous-préfet de St-Sever, que le changement entrevu n'irait pas sans rencontrer de sérieuses oppositions. Larbey, en effet, amputé de Maylis, ne pourrait plus désormais donner à son curé et au benoît de l'église, une "coussure" convenable. D'autre part, tout un quartier de Maylis ayant à Larbey ses tombes familiales, ne consentirait pas aisément à déplacer ses morts. - Sans doute, disait-on, un double ministère est dur et fatigant pour le même curé. Mais pourquoi ne pas faire un partage plus équitable des paroisses, en donnant, par exemple, Maylis à St-Aubin, et Poyaler à Larbey ? Deux prêtres ainsi, au lieu de trois, suffiraient à faire la besogne.

De son côté, le conseil municipal de Larbey protesta avec force contre la spoliation dont St-Aubin avait été jadis victime à l'avantage de Maylis, et s'opposa à la création de la nouvelle paroisse, dans les limites que lui avait attribuées le décret de 1790 (Archives de l'église).

Finalement, le ministre passa outre à toutes ces raisons, trancha personnellement la question; et Maylis, définitivement détaché de Larbey, fut érigé en succursale.

 

 

Les Curés de Larbey.

M. Daugé compte 15 curés jusqu'en 1792. De cette date à nos jours, 12 autres ont successivement occupé la paroisse. Au total, 27 curés connus.

1392 et 1415 - Archambaut de Martin

1513 - Domenger de Farthouat, de Larbey

1553-80 - Valentin de Bergeron

1602-21 - Bernard de Vic

1630-57 - Vincent de Lestage, frère du curé de Saint-Aubin, Valentin (1621-1652).

1657-61 - Raymond de Cès. Son ministère fut signalé par les luttes personnelles qu'il soutint contre Hugues Dufaur. Après avoir brigué la cure de Doazit, il fut évincé par un compétiteur. Devenu alors curé de St-Geours d'Auribat (1647-57), il arriva à Larbey, pour collaborer à la restauration du pèlerinage. A la suite de son différend avec les chapelains, il se fit nommer à Ste Colombe, et finalement à Doazit, but suprême de ses désirs, maintes fois exprimés en haut lieu.

1661-71 - Pierre Despoys.

1671-94 - Jean Despoys, de Maylis.

1694-1720 - Pierre de Naury, bourgeois de Larbey. Il habitait chez son frère, à Aspy.

1720-33 - Simon Deyris, né à Larbey, au Beylion.

1733-39 - Simon Bagieu, ancien vicaire de Poyanne.

1739-42 - Jean Brochon, vicaire, nommé sur place curé de Larbey.

1742-44 - Dufresse.

1744-72 - Pierre Montauzé, de Doazit.

1772-92 - Jean Lacoste, né à Brocas-Montaut. Il prêta serment à la Constitution Civile du Clergé, mais se rétracta bientôt, et encourut la disgrâce de Saurine, évêque jureur des Landes, qui le dénonça au tribunal de St-Sever comme un perturbateur public (Abbé Légé). Il se réfugia alors en Espagne, habillé en berger, et poussant devant lui un troupeau de moutons. En cours de route, entré dans une auberge pour refaire ses forces, il tint un langage imprudent qui faillit le compromettre (Daugé). Après le retour en France de la paix religieuse, il revint à Larbey qu'avait occupé, en son absence, un curé assermenté du nom de Croharé. Il mourut en 1814. - Son corps repose sous le porche de l'église.*1

1814-22 - Larrouy.

1822 - Sorbets.

1823-26 - Dubedout

1827-31 - Lacouture

1831-40 - Dugachard

1840 - Duprat, fils d'un gendarme en garnison à Hagetmau, et frère de l'ancien député des Landes, Pascal, sous la révolution de 1848.

1845-68 - Arnaud Laborde-Laban, enterré sous le porche.

1868-76 - Miramon, né à Ossages, transféré de Larbey à Sore, mort chanoine titulaire de la cathédrale d'Aire.

1876-82 - Bernard Siard, de Geaune, ancien curé de Biarrotte et de Bourricot. Il revint sur sa demande dans sa paroisse d'origine d'où il assura bénévolement le service de Pécorade. Il mourut en novembre 1908 des suites d'un pénible accident qui l'avait immobilisé plusieurs mois.

1882-83 - J.-Bte Cazenave, de Campagne. Il donna très vite à ses paroissiens des signes non équivoques de fatigue cérébrale. Pensant porter remède à cette situation, Mgr Delannoy lui avait confié la desserte de Bergouey; mais, le mal ayant empiré, le curé de Larbey dut retourner dans sa famille, pour être l'objet de soins particuliers.

1883-1908 - Jean Harambure, de Mugron. Son chroniqueur dit de lui, qu'il fut "le curé par excellence, bon, humble, zélé et pieux, dont la mémoire doit demeurer en bénédiction". Son corps repose à l'ombre de la croix centrale du cimetière.

1909 - Jean St-Germain, de Poyartin, missionnaire de Maylis. Il ne fit pour ainsi dire que passer à Larbey, car moins d'un an après, il retournait à ses labeurs apostoliques, et, en 1920, était nommé à l'importante cure de Saubusse-les-Bains.

1910-25 Henri Garralon, de Buanes, ancien vicaire de Doazit. Il prit à coeur le bien de sa paroisse, et par son zèle et son esprit profondément sacerdotal, en renouvela le milieu. En 1914, il partit, comme tant d'autres, pour répondre à l'appel de la patrie menacée. Mobilisé à la 18e Section d'Infirmiers militaires, M. Garralon passa tout le temps de la guerre sur les divers fronts de combat. Le 20 janvier 1919, il était cité à l'Ordre du jour du Service de Santé de la 68e Division, avec le motif suivant: "Infirmier consciencieux et énergique. A toujours exécuté son service avec le plus entier dévouement, particulièrement pendant l'offensive de Champagne en 1918, où il a soigné les grands blessés jusqu'à la limite de ses forces".

Les hostilités terminées, le curé de Larbey retourna dans sa paroisse, tout à la joie d'y reprendre sa tâche, un instant interrompue. En 1926, l'Evêché lui confia le poste de Vielle-Tursan, sa paroisse d'origine, où il trouva une population heureuse d'adoucir les charges de son ministère. L'abbé Garralon, depuis longtemps malade de l'estomac, mourait le 28 mai 1935, à l'hôpital de Mt-de-Marsan, des suites d'une opération chirurgicale.

Larbey, Depuis 1926, a été rattaché, au religieux, à la paroisse de St-Aubin.

 

 

Les Vicaires de Larbey

Ils sont au nombre de 38 :

MM. Daries (1650-63) - Dumas (1663-65) - Barroillet (1665-67) - Labure (1680) - Jean Dubroca (1687-91) - Darribère (1695) - de Labat (1699) - Lannelongue (1701) - du Louma (1702) - Dubourg (1702-11) - de Lustrac-Castéra (1713) - Brun (1715) - Laborde de Péboué (1721-22) - Pinsun (1724-28) - Campet (1728-39) - La même année passent successivement : Capdeville, Campet, Duplantier, Brochon, et Saubat. - Duplantier, Lestage (1743-48) - Capdeville (1748) - Barrouillet (1748-50) - Despagnet (1750-54) - Duvignau (1754) - Girard (1755-59) - Juncarot (1760) - Daugreilh (1761) - Sazy (1763) - Dubedout (1766) - Laloubère (1767) - Capdeville (1768) - Lestage (1769) - Daubagnan (1774) - Darcet (1776).

 

 

Prêtres originaires de Larbey

Pierre Lanavère, né le 9 août 1754, vicaire du Mas (1784-92), rentré au Mas en 1800, vicaire du Mas, de 1800-09, puis curé de la paroisse jusqu'au 22 mars 1822 (Légé, II, p.338).

Pierre Domenger-Cahut, né le 14 août 1762, mort en 1832 curé de Bahus-Soubiran (Légé, II, p.335)

L'abbé Comet. Il naquit en 1798, à la maison actuellement appelée "Beaulieu", à proximité de l'église. Ordonné prêtre en 1828, à l'âge de 30 ans, il fut en 1831 nommé curé de St-André-de-Seignanx, où il mourait en 1885. Ce long ministère de plus d'un demi-siècle dans la même paroisse, lui valut en 1881 le camail de chanoine. Pour l'aider à partager sa besogne, Mgr Delannoy lui donna en même temps un vicaire, l'abbé Lapeyre (retiré à Maylis en 1940); mais le curé, gardant jalousement tous ses droits, ne voulut jamais comprendre le geste que l'évêque avait fait en sa faveur.

L'abbé Comet était d'une très grande érudition, et passait aux yeux de ses confrères pour un théologien consommé. Il fut aussi une providence pour l'église de Larbey, qui lui doit bien des dons, au point de vue ameublement cultuel.

L'abbé Campagne. Ses parents exploitaient le moulin de Larbey, quand il vit le jour en 1857.

Après son ordination à la prêtrise en 1882, il fut successivement vicaire de Sabres et de Montaut. En 1885, il était nommé curé d'Argelouse, passait à Callen en 1890, et enfin à Arboucave en 1902. Il y mourait en 1926, à l'âge de 69 ans.

Les originalités de l'abbé Campagne étaient connues de tous, et il serait difficile de compter toutes les aventures auxquelles, de près ou de loin, il se trouva mêlé. Mais, nul ne s'en offusquait; d'abord, parce qu'on le savait incapable de se réformer, ensuite et surtout, parce que, même sous des dehors quelque peu excentriques, il cachait une parfaite dignité de vie et une âme vraiment sacerdotale.

Sa force musculaire tenait presque du prodige. On dit, par exemple, qu'un jour il régla son compte à un de ses ennemis personnels, qui n'insista désormais plus quand il le voyait apparaître... Depuis lors, ses poignets inspirèrent aux professionnels du désordre, une crainte salutaire. - Une autre fois, il se rendit à une réunion électorale publique, et s'installa, bien aux premières, à côté de la tribune. Sa seule présence ramena à la raison un quelconque candidat à la députation, qui colportait partout les pires insanités contre la religion. Bien mieux: il demanda la parole, et devant une salle, cette fois absolument retournée, il démolit la thèse de son adversaire et fit acclamer le nom de Pie X, le pape alors glorieusement régnant.

Jusque devant la mort, il se montra égal à lui-même. Son médecin, le Dr Dupouy, d'Arzacq, nous a raconté qu'il eut toutes les peines du monde à lui faire quitter le grabat sur lequel il était couché, pour recevoir à sa chambre et dans son lit, les derniers sacrements. Ses confrères étaient à peine partis, que le malade se faisait descendre à la cuisine, pour s'étendre à nouveau sur le tas de sarments, où il avait décidé de mourir.

L'abbé Labastugue, né au "Cherry", le 24 juin 1864. Après ses deux vicariats de Villeneuve (1888) et de Saint-Vincent-de-Xaintes (1888-91), il desservit successivement Estampon (1891-97), Lahosse (1897-1918) et Baigts où, obligé de résilier ses fonctions, il mourait en 1935, dans le local de l'ancienne école libre où il s'était retiré.

Son existence s'écoula sans bruit et sans éclat; ce qui ne l'empêcha point de se concilier les coeurs de ses divers paroissiens. Avec ses confrères, il était d'une agréable société; car, il n'avait jamais perdu de vue le conseil de l'antique sagesse, qui voulait que l'on fût aimable pour tous.

 

 

Employés d'église.

Après l'évocation des prêtres, originaires de Larbey, il ne nous déplaît pas de citer ici le nom de deux bons serviteurs d'église, dont Mgr Mathieu a bien voulu reconnaître et récompenser le mérite.

Le 27 novembre 1937, M. le Grand-Vicaire Bordes venait personnellement remettre à MM. Léon et Paul Dubedout, père et fils, le diplôme et la croix de la Reconnaissance Diocésaine. (Croix de vermeil, et Croix d'argent).

Voici le texte des deux citations :

Léon Dubedout. - "En 1874, à l'âge de 11 ans, prit la succession de son père, sonneur et chantre de Larbey. N'abandonna les cloches qu'en 1921. Mais, regardant comme un honneur de rester au lutrin, n'a jamais cessé d'assurer son service avec une régularité et un dévouement, auxquels la paroisse se plaît à rendre hommage. Vient encore, malgré son âge et ses infirmités, remplir son office, édifiant tout le monde par son esprit profondément chrétien.

63 ans de services, sous les ministères des abbés Miramon, Siard, Cazenave, Harambure, St-Germain, Garralon, Deyres, Prat et Lamaignère."

Léon Dubedout ne devait pas longtemps jouir de cette distinction si justement méritée; car, le 29 décembre suivant, il succombait à une congestion cérébrale, après dix jours de maladie. Ses obsèques furent des plus imposantes, et un véritable deuil paroissial.

Paul Dubedout. - "Seconde son père à l'église et, depuis 1905, fait fonction de sacristain à Larbey. A été pour tous les curés de l'endroit, un serviteur dévoué, un auxiliaire précieux, et un organisateur de premier plan, pour tout ce qui touche au culte et à ses manifestations extérieures.

D'une ponctualité parfaite, assure son service à la satisfaction générale, demeurant ainsi pour la paroisse, le modèle vivant de l'attachement au devoir.

32 ans de services."

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Le presbytère de Larbey.

Nous avons dit précédemment, que jusqu'en 1845, les curés de Larbey habitèrent Maylis. Cet état de choses ne pouvait indéfiniment se prolonger; et dès 1831, par devant Me Despouys, notaire à Mugron, la commune décidait d'accorder à son desservant, une résidence fixe. A cet effet, elle jeta son dévolu sur une maison, entourée d'un jardin et d'un petit lopin de terre (sis au midi), d'une contenance de 39 ares et 36 centiares, qu'avaient acheté, le 16 novembre 1821, un groupe de quatorze propriétaires de l'endroit.

Après de longues et laborieuses tractations, l'acte de vente fut passé sur la mise à prix de 3.800 francs, et un délai de douze années fut imparti à la municipalité pour libérer sa dette avec, en plus, le 5% d'augmentation.

Il faut d'ailleurs dire ici que ce local avait été temporairement occupé par les abbés Larrouy, Sorbets et Dubedout qui en payaient "le terme", et que tout désignait l'immeuble pour servir de presbytère.

C'est ce qu'avaient également compris depuis longtemps, quelques habitants de Maylis, vignerons pour la plupart, qui, dès 1821, s'étaient engagés à aider le curé dans ses frais de location. - Le 11 novembre 1825, ceux-ci remettaient au maire de Larbey, un capital de 989 fr 50; ce qui permit à l'abbé Larrouy de commencer à percevoir une indemnité de résidence (D'après nos archives d'église).

Le 27 avril 1847, l'enclos du presbytère s'augmentait d'une prairie (42 ares, 20 centiares) vendue par l'abbé Arnaud Farthouat, curé de Caupenne, à M. Bernard Domenger, propriétaire à Mugron. (ibidem)

Depuis le départ de l'abbé Garralon en 1925, la maison curiale n'est plus qu'un corps sans âme. Verrons-nous jamais luire pour elle, des jours nouveaux et de résurrection ?..

 

Croix paroissiales.

Larbey compte trois croix, disséminées à travers la paroisse, et une statue de N. D. des Champs, aux avancées du village.

1o La croix du presbytère. - Celle-ci rappelle le souvenir de la mission de 1886, prêchée par MM. Darrigade et Gachibat, missionnaires de Buglose. - Les pieux Exercices eurent un plein et consolant succès : 612 communions y furent distribuées, et neuf hommes seulement résistèrent à l'appel de la grâce. La mission fut payée par M. Fabien Molas.

Nous visitons la croix du presbytère, à l'occasion des processions de la Fête-Dieu. Elle a été remise à neuf en 1939.

2o La croix du Cherry. - Elle fut érigée et bénite, au jour-clôture de la Mission de 1920, prêchée par MM. Bonnet et Duris, de Maylis. - La famille de Lagarrigue, de St-Aubin, donna le Christ en fonte.

Cette croix nous sert de station, pour les jours des Rogations.

(Renversée par le vent en 1940, elle attend sa prochaine restauration.)

3o La croix de Lahargue. - Celle-ci reste le mémorial de la Retraite de huit jours donnée à la paroisse en 1904, par M. l'abbé Bonnet. - Jetée à bas par le cyclone de 1933, elle a été relevée par M. Sourgens, propriétaire du fonds sur lequel elle fut primitivement dressée. La croix actuelle, en ciment armé, a été bénite le 15 avril 1933.

Nous avions jusqu'en 1935, une quatrième croix, dite de Sarramia, au carrefour du bourg, que brisa alors une tempête affreuse, et dont il nous a été absolument impossible de réparer le Christ.

Elle avait été plantée à l'occasion du Jubilé de 1896 (14ème centenaire du baptême de Clovis), qu'était venu prêcher un lazariste, fameux à cette époque, M. Lacerenne.

A quelques pas de l'église, dans l'enclos du "Louma", on peut voir une statue de N.D. des Champs.

Elle fut inaugurée le 16 avril 1893, dans une cérémonie sans pareille, où prit part toute la jeunesse des paroisses voisines, et pendant laquelle, M. l'abbé Dudon, doyen de Montfort, et orateur du jour, magnifia en termes éloquents, le rôle de l'agriculteur, nourricier de l'humanité.

Hélas ! Pourquoi fallait-il que, moins de trois mois après, une main sacrilège vint mutiler le gracieux visage de la Vierge ? Ce fut partout, dans la région, un long cri de stupeur et d'indignation. Bientôt, on commença à chuchoter le nom de l'énergumène qui s'était si bassement distingué dans son entreprise diabolique. Dieu, d'ailleurs, qui ne laisse jamais rien d'impuni ici-bas, devait le démasquer, quand vinrent pour ce criminel les derniers moments. Devant le notaire qui lui tendait la plume pour lui faire signer son testament, le malheureux, d'un geste saccadé et invariable, portait la main à son nez, comme pour y prendre l'encre dont il paraissait avoir besoin... Et il mourut, sans avoir pu parafer ses ultimes dispositions.

La statue, réparée par une main habile, eut sa cérémonie d'expiation, le premier dimanche d'août 1893.

 

 

Missions paroissiales.

Larbey a l'heureux avantage de posséder deux missions fondées. - La première date de 1905. Mille francs furent déposés alors à l'Evêché par une nommée Françoise Lassabe, sous réserve que l'intérêt de cette somme lui serait annuellement servi, sa vie durant. La donatrice étant morte en 1928, deux cents francs furent ajoutés au capital par une main étrangère, pour parfaire la somme demandée par la Chancellerie diocésaine.

La seconde mission, celle-ci au taux de 3.000 francs, a été donnée, en 1928, par Mlle Jeanne Mauléon, de St-Sever (Communiqué par l'Evêché). C'est cette dernière qui a été prêchée dans la paroisse en 1939, par MM. Mora et Detchenique, missionnaires de N. D. de Maylis.

 

 

Confréries et Œuvres diverses.

La piété profonde et raisonnée de nos pères, avait de bonne heure fait établir des Confréries ou pieuses associations, dans chacune de nos paroisses. Ainsi s'affirmait d'âge en âge et au sein des familles, ce noble esprit chrétien qui fut toujours la parure de la France.

Si ces divers groupements se sont à peu près maintenus partout, il nous faut bien dire aussi que le motif qui les anime à cette heure, est bien différent de celui qu'ils avaient autrefois. Aujourd'hui, en effet, beaucoup trop de nos adhérents à ces confréries paroissiales, ne veulent voir en elles, pour après leur mort, qu'un octroi supplémentaire et gratuit d'honneurs particuliers. Pour eux, compte seul le côté spectaculaire d'un enterrement bien ordonné; les intérêts spirituels, pourtant si importants, n'effleurent même pas leurs futiles pensées. Et ainsi, disent-ils, pour quelques sous, leur mémoire sera plus sûrement préservée de l'oubli...

La seule de ces Associations, fonctionnant régulièrement dans la paroisse, est celle du T. S. Sacrement. Elle compte actuellement 51 cotisants, hommes et femmes.

Un vieux "Catalogue" déposé dans nos archives d'église, nous met encore sous les yeux, calligraphiés avec un art parfait, les noms des confrères, vivant à Larbey et à Maylis, en 1721. Ce document nous apprend que la dite confrérie fut établie dans la localité en 1645, "selon les règlements et ordonnances de Mgr l'Illustrissime et Révérendissime Gilles Boutault, évêque, seigneur d'Aire et de Ste Quitterie du Mas".

Un cérémonial, aujourd'hui disparu, était en vigueur pour les réceptions solennelles, qui se faisaient, une fois l'an, pendant l'octave de la Fête-Dieu.

Nous ne citerons ici maintenant que pour mémoire, la Confrérie du St Rosaire, canoniquement érigée le 20 février 1860, et celle du Scapulaire, remontant à septembre 1887.

La Ligue de l'Apostolat de la Prière apparait dans la paroisse, dès décembre 1873.

Nous l'avons pour ainsi dire remplacé, pendant la mission de 1939, par le Rosaire Vivant qui groupe 45 adhérents et adhérentes, qui récitent, selon les statuts, une dizaine de chapelet par jour.

Le 25 décembre 1933, à la demande de Mgr l'Evêque, nous avons établi l'Association de Marie, Reine du Clergé, qui compte 28 inscriptions.

L'Œuvre du Denier du Culte, établie dans chaque paroisse, au lendemain des lois spoliatrices françaises de 1906, trouve généralement à Larbey, bon accueil près des familles. Il nous est ainsi permis de figurer chaque année en bonne place, parmi les paroisses du diocèse, qui dépassent le "quantum" demandé.

L'Œuvre des Vocations, instituée dans la paroisse par M. l'abbé Deyres, pour subvenir à l'entretien des séminaires diocésains, ne laisse, à quelques exceptions près, aucune famille indifférente.

Nous avons enfin à Larbey, comme un peu partout à travers la Chalosse, l'antique et respectable usage des Ramas. - Cette pieuse collecte assure à nos défunts, le bénéfice de "cantages" et de messes, et préserve leur âme de l'oubli dont ils pourraient être l'objet de la part des familles.

 

 

Legs pieux.

Une fondation fut faite en faveur de la Fabrique, le 10 février 1841, par Mme Anna Catorbe, née Deyris, de la maison "Soubiran". Cette personne laissa, la même année, à la commune, une somme de 3.000 francs, avec obligation pour cette dernière d'en servir la rente, soit 150 francs, aux pauvres de l'endroit. Elle légua à la Fabrique de l'église, une seconde rente de 15 francs, à charge pour les curés de Larbey de faire célébrer, tous les ans, une messe chantée pour le repos de son âme (archives).

(Cette obligation a été éteinte, du fait de la spoliation par l'Etat de tous les capitaux laissés pour oeuvres pies.)

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L'Eglise de Larbey

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Plan d'ensemble.

L'église de Larbey se dresse sur un plateau élevé, et, au centre même du cimetière, comme toutes celles d'autrefois qui couvraient de leur ombre les restes des disparus. Nos ancêtres, avaient profondément à coeur de venir reposer après leur mort, soit dans les nefs elles-mêmes de nos temples sacrés, soit tout à côté de ces asiles de prière, qu'ils avaient tant aimés. Ils voulaient aussi par là, se recommander à l'attention et au souvenir des familles, quand, la messe du dimanche finie, celles-ci foulaient le champ des morts, pour regagner la maison.

Heureuses communions de pensées, de prières et de larmes, avec ceux qui n'étaient plus de ce monde !.. Aujourd'hui, les vivants et les morts se combattent; et nos cimetières, laïcisés comme tant d'autres choses, ont été transportés dans d'autres solitudes.

Pour l'instant, Larbey vit toujours avec ses chers défunts, bien qu'un projet de translation des tombes familiales ait été, il y a quelques années, mis à l'étude par les édiles communaux.

Seul, parmi les curés connus de la paroisse, l'abbé Harambure dort son dernier sommeil, devant la croix centrale de notre cimetière.

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L'Eglise.

L'église constitue un ensemble des plus harmonieux, dans sa simplicité. C'est ce que reconnaissait le conseil municipal qui, en 1868, votait des fonds pour sa restauration : " Notre église, écrivait le secrétaire de mairie, est vraiment digne de ce travail, autant par l'âge respectable de sa superbe structure, que par la beauté de son style, qui en font l'un des plus remarquables monuments religieux du pays."

Cette appréciation fort juste, d'il y a 72 ans, nous ne sommes pas seuls à la partager. Nombreux sont, à leur tour les étrangers qui, traversant nos régions, font une halte à Larbey, et viennent visiter l'église du village. La revue elle-même du Touring-Club de France, dans son numéro d'avril 1935, ne publiait-elle pas une étude très intéressante de l'un de ses envoyés, professeur d'histoire au lycée de Montauban, sur les "Vieux Clochers de Chalosse", où figurait au premier plan, la photographie de notre vieille église ?

Cette église, bâtie sous le vocable de St Jean Baptiste, remonte par ses origines au onzième siècle. Elle est soeur comme nous l'avons dit plus haut, de celles de Nerbis, d'Aulès, de Brocas, de Caupenne. Elle possède une abside romane, une nef voûtée en ogive, et un clocher-porche.

Un pavillon, de tout temps réservé à l'affichage public, et qui donne accès au cimetière, la précède. Il nous plaît de remarquer ici, qu'on a très heureusement conservé à ce bâtiment, restauré en 1937, son cachet archaïque de tuilettes en bois qui recouvrait autrefois sa toiture. Ainsi revivons-nous avec le vieux passé.

Les murs de l'église sont bâtis en blocs de pierre nummulitique, c'est à dire faits de coquilles pétrifiées, dont les dessins sont encore très nettement apparents. Ils enclavent deux nefs, mesurant respectivement 23 et 14 mètres de long, sur 6 et 5 mètres de large, et une hauteur de voûte de 9 et de 7 m 50.

Sur la façade extérieure sud, à 1 m 50 environ du sol, est enchâssé un moellon carré, au centre duquel est gravée une sorte de croix de Malte, haute de 35 centimètres. Nous nous sommes plusieurs fois demandé si nous n'étions pas ici en présence d'une de ces anciennes pierres discoïdales, qu'on rencontre encore en certains cimetières de Chalosse, et qui indiquaient l'emplacement de quelque sépulture. Nous avons donc posé la question au grand érudit landais qu'est M. le Chanoine Daugé; et celui-ci, sans écarter absolument notre hypothèse, pencherait plutôt à croire que cette pierre, qui ne lui est pas étrangère, ne serait après tout, qu'un bloc semblable à tous les autres, dans lequel un ouvrier plus habile, voulant montrer son talent de sculpteur, aurait tout simplement buriné son travail personnel.

Un rapide coup d'oeil suffit pour constater que les murs de l'édifice furent surélevés, à une époque qui suivit de près les guerres de Religion. Car, nous savons par l'histoire, que les hordes protestantes, mirent alors à feu et à sang nos campagnes de Chalosse, et qu'ils assouvirent particulièrement leur rage, sur les églises du pays. - L'abbé Cazauran, dans les Archives d'Auch, dresse une liste des dévastations commises par les huguenots, et nous dit que Larbey, en 1569, eut particulièrement à souffrir d'une bande appelée les Balances, qui ne respectèrent rien autour d'eux. Les ornements sacrés furent emportés, livrés ensuite à la rapacité des soldats, ce pendant que l'église flambait et qu'étaient odieusement profanés tous les vases sacrés. Par bonheur, le curé, l'abbé Bergeron, eut la chance d'échapper aux mains des sauvages, et ne trouva son salut que dans la fuite. Et comme si ces désastres ne parlaient pas assez par eux-mêmes, un nommé Raymond Lambau de Saint-Cricq, vint encore plus tard renverser ce qui était resté debout, briser les autels, et incendier la maison avec les meubles du scolain.

L'église fut donc relevée de ses ruines, et on lui donna alors, sur son pourtour extérieur, une toiture à pente débordante, soutenue par de puissantes béquilles en bois reposant sur les murs. Nous comptons encore 42 de ces pièces de charpente, destinées, dans l'esprit des ouvriers de l'époque, à protéger les façades contre les pluies et l'humidité de l'air, communes à nos régions voisines de l'Océan.

Cinq contreforts massifs soutiennent l'édifice proprement dit, tant du côté nord que du côté sud.

L'abside.

Comme l'église, l'abside est encadrée de contreforts, au nombre de six, plantés là au hasard jusque dans les plus précieuses fenêtres. Trois d'entre eux, ont malheureusement ravagé les lignes architecturales des baies primitives, éclairant le sanctuaire; les trois autres, sont découronnés, ce qui prouve bien que les premières voûtes y reposaient directement dessus.

Seule, l'ancienne ouverture centrale, entièrement aveuglée aujourd'hui, peut se prêter à une description complète. - Haute de 3 m elle est surmontée d'une archivolte que soutiennent deux colonnes rondes, à chapiteaux sculptés, représentant des pignes ou pommes de pin, avec des feuillages variés. Au-dessus du plein-cintre, se détache un second arc en damier, avec une frise à festons qui s'achève sur les contreforts voisins.

La fenêtre du sud, obstruée par un large appui de maçonnerie, ne présente plus que quelques restes d'encadrement, en pointes de diamant.

La fenêtre du nord, dérobée à nos regards, enclavée qu'elle est par la toiture de la sacristie, et qu'il nous a été permis d'examiner, lors des travaux entrepris à l'église en 1934, constitue un pur chef d'oeuvre de l'art roman intégral.

Les trois ouvertures classiques des absides du 11e siècle, ont donc à peu près disparu, l'une après l'autre. Une seule les remplace, qui donne le jour au sanctuaire, et dans laquelle se détache une grisaille en couleur, don de la famille Labastugue, à l'occasion du Jubilé de 1901 (Maison Dagrant, Bordeaux, 250 fr.)

Il est, redisons-le, infiniment regrettable, que tant de transformations successives aient fait perdre à l'abside de notre église, son merveilleux cachet d'antiquité, et que l'incompréhension de quelque obscur ouvrier de campagne, nous fasse aujourd'hui pleurer sur d'irréparables ruines. A l'heure où tant de joyaux de l'époque romane sollicitent la sagace curiosité des archéologues modernes, il est vraiment fâcheux que Larbey n'ait presque plus rien à offrir à leurs savantes recherches. Ces pierres, témoins de tant de siècles, auront-elles jamais la chance de retrouver un jour, une âme, sous la baguette magique de quelque favori de l'Ecole des Beaux-Arts ?..

En 1932, la commune a fait installer 3 lampes électriques dans les nefs. Mais cet éclairage nous paraissant insuffisant pour l'ensemble de l'édifice, nous avons fait poser nous-mêmes une lampe à la sacristie, deux prises de courant au sanctuaire, et une ligne spéciale pour alimenter le lustre qui tombe de la voûte.

En septembre 1934, la municipalité a remis à neuf et en entier, toutes les toitures de l'église. - Il faut lui savoir gré de ce geste d'importance.

 

 

Le clocher.

Le clocher mesure une hauteur totale de 27 mètres. La tour proprement dite, construite en magnifiques blocs de pierre, compte seule pour 13 mètres, et a 7 m au carré avec des murs de plus d'un mètre d'épaisseur.

Ce fut, jadis, un ouvrage fortifié. Ce qui le prouve, ce sont les puissantes meurtrières, hautes de 85 centimètres, et tout le système défensif qui reposait sur les encorbellements des trois paliers superposés, aujourd'hui disparus.

C'est par ces meurtrières que les soldats faisaient jouer leurs lances et leurs arbalètes : celles-ci, par les fentes transversales, celles-là, dans la partie arrondie de la base. Puis, au fur et à mesure que l'assaillant approchait, les assiégés descendaient d'étage en étage, pour en arriver finalement au corps à corps qui devait décider de l'issue du combat.

On distingue encore, sur la partie supérieure de la tour, une rangée d'échancrures par où la défense faisait pleuvoir sur l'envahisseur, l'huile bouillante ou le plomb fondu, en usage dans les guerres d'alors.

Jusqu'en 1854, une flèche haute de 13 m. surplombait le clocher. Elle fut alors aux trois-quarts renversée par un effroyable ouragan; et la commune dut, pour empêcher les cloches de tomber sur les voûtes, retenir cette masse énorme avec des palans, posés sur la place de l'église. - La flèche actuelle, à pans hexagonaux recouverts en ardoise, n'a plus que 10 mètres. Elle repose sur un entablement de 4 m. de haut, percé de huit abat-son, et recouvert de tuilettes en bois. Sa charpente constitue un agencement qui est une véritable merveille, et qui fait honneur aux ouvrier qui la mirent debout.

L'horloge à double cadran, sortie de la maison Guignan, de Bordeaux, fut placée en 1925 et coûta 1.600 francs. Le cadran qui fait face à l'ouest, remplace, depuis 1933, celui que la grêle et la tornade de septembre, percèrent et démolirent de façon effrayante.

Cinq escaliers, comptant ensemble 72 marches, permettent d'arriver à la chambre des cloches. Celles-ci s'accordent sur le la et le do du diapason.

Nous lisons cet exergue sur la grande : St Jean Baptiste, priez pour nous. Parrain: Bernard Domenger; Marraine: Claire Vidard, épouse Brun. - Dubedout, curé; Comet, maire. - La petite, porte en surcharge : Parrain: Jean Campet, colonel de cavalerie, chevalier de St-Louis et de la Légion d'Honneur. - Marraine: Jeanne de Deleau-Viocourt, baronne de Caupenne? - A. B. Sorbets, curé. P. Farthouat, maire.

Dans un champ appartenant à la métairie du Louma, un affaissement s'est produit il y a quelques années, et a fait croire à l'existence d'un puits où, au dire de certains, les anciennes cloches de l'église auraient été cachées au moment de la Révolution de 1789. Seules, des fouilles nous permettraient de connaître l'exacte vérité; et la découverte ne manquerait pas d'être intéressante.

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Un escalier extérieur, ménagé dans un couloir séparant autrefois l'église du clocher, donnait accès à une tribune sur laquelle se tenaient, pendant les offices, les chantres paroissiaux.

 

 

L'avant-porche.

Nous avons dit déjà, que l'école se tenait jadis à l'étage supérieur du petit appentis.

L'avant-porche sert uniquement aujourd'hui de chaiserie à l'église. - Son plancher et l'escalier furent faits à neuf par la commune, en 1937, en même temps que le mur de l'ouest qui, depuis longtemps lézardé, menaçait de s'effondrer dans l'allée du cimetière.

 

 

Le porche.

Il forme un carré intérieur de 4 m 80 de côté, sur une hauteur de 4 m 50. Sa voûte est bâtie en ogive, et laisse passer les cordes des cloches. - La plupart des hommes qui viennent à la messe du dimanche, y ont leur place attitrée, et rien ne saurait les amener à s'en aller plus haut... Effet de l'habitude ou de la tradition...

Depuis 1922, le porche sert d'oratoire aux morts de la Guerre 1914-1918. Nous y voyons un autel, restauré par M. Meyranx, de Mugron, ayant appartenu, sous les jésuites, à la Chapelle de "Lestage". Un marouflage de bon goût, surmonté d'une Piéta en médaillon, encadre deux plaques en marbre blanc sur lesquelles sont gravés, en lettres d'or, les noms des 16 enfants de Larbey, morts pour la France.

Donnons ici cette liste glorieuse : Charles Haza, Pierre Nicaise, Mathieu Tauzin, Joseph Pouységur (clerc tonsuré), Célestin Dudez, Arnaud Dupouy, Henri Larrère, Louis Lestage, Augustin Grossière, Victor Hourtains, Joseph Deyris, Paul Domenger, Pierre Brèthes, Gaston Parnaut, Bertrand Dartiguelongue, Adrien Ducamp.

Pour donner à la paroisse ce monument commémoratif, M. l'abbé Garralon ouvrit une souscription qui produisit 1.633 fr 50, et à laquelle toutes les familles eurent à coeur de prendre part.

L'autel et la grille (faite par M. Courtiade, de Mugron) furent offerts par la famille d'Antin.

La rosace-verrière qui éclaire le porche (Dagrant, Bordeaux, 50 fr) a été donnée en 1912, par M. l'abbé J.-Bte Pouységur, en souvenir de son ordination sacerdotale.

Le magnifique bénitier en marbre, qui appartenait à l'ancienne église de Mugron, et qui, certes est loin de déparer l'oratoire, est un don de la famille Domenger, propriétaire de "Lestage".

Les fonts baptismaux, occupent le porche depuis 1920. Ils se trouvaient jusqu'alors, dans l'appartement qui fait suite à la nef latérale, et qui nous sert actuellement de débarras et de logement pour le corbillard.

Signalons ici, en terminant, les fines moulures qui encadrent l'arc ogival de la porte d'entrée. Il y a là toute une rangée de nervures et de gorges profondes, reposant sur quatre colonnes, et d'un remarquable relief. Ces piliers, malheureusement mutilés dans leur base, supportent de petits chapiteaux sculptés, parsemés de feuilles et d'élégantes palmettes. - De chaque côté de l'ogive, se détachent deux têtes humaines à figure de sphinx, où vient s'appuyer le départ de l'arc principal de la porte.

 

La grande nef.

Nous voici maintenant de plain-pied dans l'église. Ce qui frappe d'emblée le regard, ce sont ses lignes simples, mais parfaitement harmonisées. On est saisi malgré soi, par cet ensemble architectural, où se rencontrent le roman et le gothique, et d'où se dégage un air de mystère, qui remue profondément les âmes.

La voûte, haute de 9 mètres, comprend deux travées, au milieu desquelles figurent les armoiries du pape Pie IX et de Mgr Epivent, sous le pontificat et l'épiscopat desquels furent faites, en 1868, les peintures murales. Adossé au mur, sur l'emplacement de l'ancienne tribune, est posé un cadre, représentant peints sur la toile, les Saints Coeurs de Jésus et de Marie.

Sur notre droite, dominant le confessionnal, nous apercevons en plein mur, le tracé circulaire de ce qu'on pourrait prendre pour une ancienne porte latérale. Or, à bien considérer les choses, rien ne montre, de l'extérieur, qu'il y ait eu là, jadis un débouché quelconque sur le cimetière. Nous pensons plutôt, comme c'est le cas pour l'église de St-Aubin, qu'il s'agit ici, tout simplement, de l'emplacement des premiers fonts baptismaux, lesquels furent, plus tard, transportés derrière les murs de la chapelle latérale.

Une seule ouverture laisse passer le jour dans la nef. Elle est d'ailleurs occupée par un riche vitrail représentant en pied, St Jean-Baptiste, patron de la paroisse, et donné en 1912 (250 fr) par la famille Comet, de St-Georges.

Au-dessous, se trouve la statue de Ste Thérèse de Lisieux, souvenir de la Mission de 1928, prêchée par les abbés Darricau et Fabas, de Buglose. La garniture électrique déposée sur le socle, a été payée en 1934, par une personne en reconnaissance d'une grâce obtenue.

A notre gauche, se détachent: la statue de St Antoine de Padoue, offerte, sous M. Harambure, par les Comet, de Beaulieu, et le grand Christ mural qu'achetèrent en 1898, les premiers communiants aidés de leurs familles.

Les stations du chemin de la Croix, posées en 1939, souscrites par la paroisse comme mémorial de la mission (1.712 fr, Prat, à Toulouse), remplacent les cadres lamentablement abîmés, qui, le 18 juillet 1869, furent canoniquement érigés par l'abbé Miramon.

Disons, enfin, pour terminer ces données, que le dallage de l'église est en blocs de pierres, sortis des carrières de Bidache (Basses-Pyrénées).

 

 

Le Sanctuaire.

Il constitue, sans contredit, la partie première de l'église. - Son pourtour est occupé par d'antiques boiseries, à panneaux sculptés, et qui en rehaussent l'éclat. Mais, c'est surtout l'autel, donné par les Domenger de Mugron, qu'il faut admirer à loisir.

Celui-ci est en marbre veiné, et de grande valeur. Un baldaquin, haut de 7 m 50, le surmonte. Ce dernier est supporté par quatre colonnes en marbre brun, mesurant d'un seul bloc 2 m 80, et posées sur des consoles carrées, hautes de 1 m 25. Il s'achève sur un montant en volutes, sur lequel court une guirlande en bois doré de feuilles de chêne; au frontispice, enfin, figure un soleil entouré de cinq têtes d'anges avec, au milieu, le triangle symbolique de la Ste Trinité.*2

Derrière l'autel, se dessine encore, seul reste du sanctuaire primitif, et parfaitement conservée, une frise en billettes de l'époque romane.

Le tombeau de l'autel possède un médaillon en marbre blanc, représentant les deux Tables de la Loi, traversées par la Croix, et enveloppées d'une vapeur de nuages. - Les gradins donnent place à six magnifiques chandeliers de cuivre, hauts de 85 centimètres, équipés, depuis 1936, de flammes électriques.

La statue de St Jean-Baptiste, qui domine le tabernacle, fut achetée par souscription, en 1924. La bénédiction en fut faite le 29 juin, et le sermon donné par le P. Samuel, du couvent des capucins à Mont-de-Marsan.

Les deux anges adorateurs, sont en stuc, et gardent comme l'autel, le cachet de l'époque.

Une toile sans nom d'auteur, et représentant la Cène, occupe tout le panneau gauche, au dessus de la porte de la sacristie. Elle aurait besoin, pour être mise en valeur, d'une sérieuse restauration.

A gauche et à droite du sanctuaire, sont exposées à la vénération des fidèles les statues du Sacré-Coeur et de St Joseph. La première, achetée en 1899 par la paroisse, reposait précédemment sur le maître autel; elle faillit être brisée, en 1916, par un malencontreux accident, et emportée dans sa chute par un ouvrier travaillant à l'église. Les peintres-décorateurs qui, alors, s'occupaient dans la chapelle de Maylis, purent par bonheur réparer les désastres. - La statue de St Joseph nous vient de la famille de Lagarrigue, habitant St Aubin.

Un cadre sculpté, renfermant la Sainte-Face, occupe, sous la dernière arcade de la nef, la place qui lui a été réservée par les curés de l'endroit.

Enfin, le beau lustre en cristal qui tombe de la voûte, et que nous avons électriquement équipé en 1933, fut donné à l'église en 1877, par les jésuites de Lestage. Il complète très heureusement l'ensemble de notre sanctuaire.

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La chapelle latérale.

L'histoire - ou la légende - prétend que cette chapelle fut construite par Mme de Bénac, marquise de Poyaler pour punir son curé qui, un dimanche, ne l'avait pas autrement attendue pour commencer sa messe.

Quoi qu'il en soit de ses origines, cet oratoire n'en constitue pas moins un magnifique spécimen du style ogival, avec sa voûte massive, ses nervures régulières, et ses deux fenêtres jumelées. - Il est consacré au culte de Marie.

L'autel primitif, du genre Renaissance, couvrait une bonne partie du mur contre lequel il reposait. Mais en raison de l'humidité de l'église, il avait fini par se pulvériser sous les coups, de cette maladie du bois que nos paysans appellent "le champignon". Toujours est-il qu'il nous fallut, en 1933, aviser à son remplacement, et faire alors appel à la charité des fidèles pour acheter du neuf. - Un grand nombre de familles restèrent sourdes à notre voix... Cependant, grâce au geste libéral, deux fois renouvelé, de l'une d'elles, il nous fut bientôt possible de passer commande à notre fournisseur. Le 25 avril, M. Couture, marbrier à Aire, posait l'autel en pierre, et nous présentait la facture : 2.340 francs...

Déjà, en 1932, nous avions dû faire un nouveau palier en béton (155 francs), pour lequel deux familles nous fournirent gracieusement le gravier, et assurèrent les charrois.

Sur l'antique autel était placée la statue de la Ste Vierge que nous conservons pieusement dans la nef, et qui parait avoir encore une certaine valeur artistique. - Le diadème qui recouvre sa tête, fut acheté en 1895, par les premiers communiants de la paroisse.

La statue de N.D. de Lourdes, a été donnée en 1909, par Mlle Augustine Fournadet, et bénite par M. l'abbé St-Germain, au soir de l'Assomption. - La couronne de lumières électriques qui s'étale à ses pieds, date de 1937.

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Faisant suite à la chapelle, se trouve la sacristie. On y remarque de beaux placards, en bois de châtaignier sculpté, et, au-dessus de la fenêtre extérieure, ces mots : "Fait par Blaise, le 1er août 1720". - Qui était ce Blaise. Nous serions tenté de croire qu'il fut le maître-maçon qui exhaussa, à cette date, les murs de la sacristie, pour les mettre au niveau de la toiture de l'église proprement dite... Travail bien malheureux, en tout cas, qui cache à nos regards, l'une des trois fenêtres romanes du sanctuaire...

 

 

Mobilier Cultuel.

Notre église ne peut évidemment prétendre au luxe de plus fortunées qu'elle. Cependant, elle a le nécessaire pour le culte divin, et la charité des fidèles pourvoit à tout le reste.

L'harmonium, remis à neuf en 1937 par un facteur d'orgues qui a fait maintes dupes à travers la région, fut acheté en 1909 par l'abbé St-Germain. Il coûta 200 francs. Cette somme n'est rien, en comparaison des 2.080 francs qu'il nous a fallu donner pour une réparation très superficielle, et malgré le bois de structure fourni par M. Dubedout, du Cherry.

On peut parfois se demander aujourd'hui, s'il y a encore, chez les gens de métier, une conscience professionnelle.

La bannière à la Vierge a été payée par souscription en 1912, et coûta alors 370 fr 75.

L'église possède deux draps mortuaires : celui de la Confrérie du T. S. Sacrement, acheté en 1912 pour 130 fr., et celui qui sert à recouvrir les cercueils, commandé en 1931 et qui nous revint 397 francs.

Notre ostensoir paroissial, dont le soleil est en argent doré, est un don fait à Larbey en 1856, par l'empereur Napoléon III.

Nous avons, comme vases sacrés, deux calices et un ciboire, encore très convenables.

Pour orner nos autels, nous employons des gerbes d'hortensias et de lis, en paillon, du plus bel effet, et que nous ont offertes certaines familles de la paroisse. D'autres bouquets montés, sont alternativement utilisés aux jours de grandes solennités.

Citons encore, au hasard de la plume*3 : l'ornementation funèbre du catafalque et de l'autel, en lambrequin d'étoffe; - un missel romain (Edition Vaticane); - un ombrellino en satin blanc, pour les processions du T. St Sacrement; - un porte-missel thabor, et des canons d'autel, en bronze doré; un ange quêteur pour la crèche.

 

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Conclusion

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Il nous a été agréable de consigner toutes ces notes, pour bien tirer de l'oubli, et produire ainsi au grand jour, le vrai visage de Larbey. Non pas que tout y ait été toujours parfait... Mais, quel est donc le tableau qui n'a jamais ses ombres ? Somme toute, il convient de reconnaître, qu'à travers son passé religieux, la paroisse a écrit des pages que ne sauraient faire oublier certains à-côtés, toujours inévitables, dans le heurt quotidien des événements et des hommes.

Ces lignes que rien ne désigne à la publicité, ne recherchent qu'un but : faire mieux connaître et, par là mieux aimer, ce joli coin des Landes où partout sourit la vie, au sein d'une heureuse et calme population. En exhumant de nos vieilles archives, des documents demeurés trop longtemps inédits, nous aurons peut-être intéressé ceux qui, éventuellement, seront appelés à nous lire. Car, l'histoire du passé rencontre partout la faveur générale, tant est profond chez nous le désir de connaître les souvenirs lointains, dont est pétrie notre terre landaise. Que n'a-t-on écrit davantage, dans les années passées ! Le grand évêque d'Aire que fut, de 1876 à 1905 Mgr Delannoy, demandait souvent à ses curés de se survivre dans les Archives de leur église. Mais, bien peu se sont pliés à cette facile injonction; d'où, aujourd'hui, tant de difficultés pour renouer l'histoire des événements paroissiaux, que le temps avec son recul, rendrait intéressante à tant de titres. C'est pour essayer de combler cette lacune, que ces pages ont été publiées.

L'auteur sera largement récompensé, si elles ont atteint le but qu'il s'est proposé.

 

R. Lamaignère
curé de St-Aubin
novembre 1940.

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Appendice

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Lors des lois d'exactions votées en 1906 par les Chambres contre l'Eglise de France, Larbey, comme toutes les paroisses, reçut la visite du Receveur des Domaines pour l'inventaire de son église. Partout, à travers le pays, le clergé protesta publiquement, au nom de la propriété violée, de la liberté outragée et du droit méconnu. Le curé de Larbey, l'abbé Harambure, éleva lui aussi la voix, quand le 23 février 1906, fut envahie par la force publique l'entrée du sanctuaire.

Monsieur le Receveur,

"Vous venez en vertu du Règlement d'Administration du 29 décembre 1905, procéder à l'inventaire des biens de l'église St Jean-Baptiste de Larbey. Je ne veux pas m'opposer à cette opération; mais, du moins, j'ai le devoir, en mon nom, au nom de tous mes fabriciens, et au nom de tous les catholiques de cette paroisse, de vous faire entendre les déclarations suivantes : 1o Dans cette église, un seul objet est dû aux largesses de l'Etat. C'est l'ostensoir en métal blanc, don de Sa Majesté l'Empereur Napoléon III. - 2o Les chaises donnent chaque année un revenu de 175 à 190 francs. Cette somme, la Fabrique l'emploi à couvrir les frais du culte. Il lui est donc impossible de faire un achat de quelque importance. - 3o Dans notre église, nous voyons un magnifique autel en marbre, avec ses anges adorateurs, six superbes chandeliers et une croix (propriété de Mme Domenger, de Mugron); nous voyons deux vitraux peints (propriété de MM. Labastugue et Oculi Domenger), 4 lustres (propriété de M. Lagrède et de M. Comet, curé de St André-de-Seignanx), les statues du Sacré-Coeur (paroisse), de la Ste Vierge (propriété de Mme Domenger), de St Joseph (propriété de M. de Lagarrigue), de St Antoine de Padoue (propriété de Mme Comet); - nous voyons un Christ (paroisse), un confessionnal neuf (propriété anonyme). - Eh bien ! J'aime à le dire : Ces objets qui ne sont pas des donations, puisqu'il n'y a pas trace d'acceptation par la Fabrique, ont été mis par la piété de tous les fidèles de la paroisse, riches et pauvres, à la disposition de MM. les Curés pour les besoins du culte; et ces généreux bienfaiteurs, je suis chargé de le dire en leur nom, entendent maintenir et conserver leurs droits de propriété, se réservant la faculté de les reprendre, le jour où ils seraient détournés de leur destination première. - 4o Pour me conformer aux instructions de l'Autorité Diocésaine, je tiens à dire qu'en assistant à l'inventaire qui va avoir lieu, je n'entends n'y figurer qu'à titre de témoin attristé. Bien plus, tout en protestant hautement contre cet inventaire, que toute conscience catholique réprouve et condamne, j'adhère d'avance au jugement que portera le Souverain Pontife sur la loi qui vient d'être promulguée, et en particulier sur l'attribution future de tous ces biens prêtés et non pas donnés.

Je vous demande, Monsieur le Receveur, de faire figurer les présentes déclarations dans le procès-verbal de l'inventaire."

 



Larbey

 

(Par Jean Harambure, curé de Larbey de 1883 à 1908)
 

La maison qui sert aujourd'hui de presbytère existait déjà au 16e siècle. Vendue pendant la Révolution, elle était devenue l'habitation d'un nommé Lacabe propriétaire au lieu-dit Rey qui existe encore. Achetée par 14 propriétaires par acte public en date du 16 novembre 1821 pour 3800 fr, elle fut cédée à la commune pour la même somme en 1831.

L'église de Larbey remonterait au 12e siècle. Elle est bâtie en carrés de pierre de taille. L'épaisseur des murs est de plus d'un mètre.

A Larbey existait en 1334 une famille noble. Elle est originaire de Larbey. C'est la famille Poyloaut.

Voici les diverses origines.

1334 En Peys de Poyloaut sieur de la Lanne, a un procès avec Pierre de Coutress de Bayonne.

1284 Jeanne de Poyloaut épouse Guilhem Raymond seigneur d'Amou.

1320 Agnès de Poyloaut épouse Gaillard d'Amou.

1324 Noble Arnaud Guillaume de Poyloaut transige avec dame Gérarde de Navailles d'Amou sur certains fiefs.

1420 Jeanne épouse Jean de Caupenne, seigneur de Mées.

1514 Etienne de Cauna, baron de Poyloaut par son mariage avec Eléonore de Poyloaut héritière de cette maison.

 

Hommes célèbres.

Messire Mathieu, des anciens chevaliers de Basquiat et Engomez de la province de Guispocoa en Espagne, chevalier et baron de Lahouze et de Bonnegarde, seigneur d'Espagne et de la Mirande, baron de Ste Eulalie, Larbey, Baigts . -

Pouylehaut né le 11 février 1720, chevalier des ordres de Malte, de Mont-Carmel, et de St-Lazare de Jérusalem, ministre plénipotentiaire et chargé d'affaires du roi près les cours de Parme, des Deux-Siciles, d'Espagne et du St Siège, gouverneur de Grenade en Marsan. Il épousa en 1775 Demoiselle Elisabeth Fabre de Fravent.

Armes: (Podium altum) Echiqueté - Autres armes: Losangé d'or, et de gueules.

Résumé sur les Seigneurs de Poyloaut.

Le 1er Seigneur est Arnaud Guillaume de Poylehaut 1285-1305, puis un second Arnaud-Guillaume qui fait construire un fort en 1331 avec la permission d'Edouard III. C'est l'origine du château de Poyloaut aujourd'hui détruit. En 1330-1340, Arnaud-Guillaume de Poyloaut est Evêque de Dax, et succède à Bernard de Lifoscoa*4. Le dernier seigneur de Poyloaut paraît être Pierre, mineur en 1402 et en faveur duquel le 22 novembre 1448, Henri II d'Angleterre érigea le domaine de Poyloaut en Baronnie pour lui et ses descendants.

La Baronnie de Poyloaut échut par mariage à la maison de Balausun (1361). En 1473 Jean de Balausun était Baron de Poyloaut et de Magescq et sa fille Eléonore, épousa en 1504 Etienne de Cauna, Baron de Poyloaut: d'où Jacques de Cauna d'où Claude de Cauna mort sans alliance 1563.

La Baronnie de Poyloaut échut alors à Françoise de Cauna qui s'était mariée à François de Caupenne, ils eurent une fille, Marguerite de Caupenne, dame héritière de Cauna, Toulouzette, Poyloaut, Magescq etc. qui épousa en 1563 Pierre Bertrand de Monluc, fils du fameux Maréchal de Monluc, la Terreur de Huguenots: d'où Jean Blaise Monluc, qui épousa en 1589, Marguerite de Balaguier. De là vint une fille unique Suzanne de Monluc qui épousa le Marquis Antoine de Thémines, maréchal de France, d'où une fille unique, Suzanne de Thémine-Monluc (1620) qui devint plus tard Duchesse de Ventadour.

Cependant en 1640, nous voyons la baronnie de Poyloaut passer aux mains de M. du Sault, Baron de Laluque, de Hinx et de Magescq, par son mariage avec Louise de Poyloaut.

Nous savons finalement qu'en 1775 le Baron de Poyloaut était Mathieu de Basquiat.

A Larbey il y avait une seclonie (! scolanie) de 150 fr de rente et une prébende dite de Lestrade de 50 à 60 écus de revenu. Maylis était son annexe. Larbey était sur le chemin des Pèlerins de Saint Jacques de Compostelle, comme le prouve son hôpital qui est sans doute de la plus haute antiquité. Ce chemin reliait, Mont-de-Marsan, par Campagne, Souprosse, Mugron, Larbey, Mimbaste où l'on trouvait partout des hôpitaux. D'ailleurs ce chemin avait le titre dans les anciens papiers de grand chemin royal de Larbey.

La position exacte de l'hôpital de Larbey, si on pouvait la déterminer, serait très utile, pour marquer les points de repère de ce vieux chemin des Pèlerins.

 

Harambure Curé de Larbey



Petites tranches d'histoire locale

tirées des archives paroissiales de Larbey.

 

(par l'abbé Iratchet)
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Le 8 décembre 1877, les R.Pères de la Compagnie de Jésus résidant dans la paroisse de Larbey (Lestage) sont venus aux offices. Pour mieux honorer la Sainte Vierge, la messe et les vêpres ont été chantés en musique; après le sermon, bénédiction du Saint-sacrement.

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1880 - Communions pascales : 320; quelle est alors la population de Larbey ? L'indication la plus proche, que j'ai trouvée est celle de l'année 1887 qui donne à Larbey 469 habitants.

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Dans le courant du mois d'octobre, les Jésuites expulsés de France, rentrent en Espagne.

Le 20 du mois d'octobre, Première Communion.

1881 - Communions pascales : 336.

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Le 19 mars 1893, bénédiction, à Vêpres, de la statue de Saint Joseph donnée par la famille de Lagarrigue de Saint-Aubin. Grand concours de fidèles, église trop petite.

1893 - Fête de Notre Dame des Champs

Larbey et Maylis ne formèrent longtemps qu'une même famille. Aussi, ne faut-il pas être surpris que la Vierge de Lis (sic), dont l'affection est fidèle, ait inspiré à une chrétienne généreuse (Madame d'Antin) la bonne pensée de dresser à quelques pas de Notre-Dame de Maylis, dans un champ de ses nombreuses propriétés, une statue de Notre-Dame-des-Champs.

La bénédiction et l'érection de la statue avait lieu le dimanche 16 avril 1893. Précédée d'un triduum, qu'avait bien voulu nous prêcher M. l'abbé Pouységur, enfant de Saint-Aubin, directeur au Grand Séminaire d'Aire, cette fête a été consolante pour le pasteur, qui a vu à la Table Sainte tous les hommes, à part six. Pour la paroisse elle a été encore une joie et un rendez-vous de fraternelles agapes. L'heure des Vêpres arrive. A la population, qui déjà était aux pieds de la Vierge, se joignent le larges contingents fournis par les paroisses voisines. On pourrait difficilement demander un concours plus nombreux et, j'ajouterai, plus édifiant et plus recueilli.

M. l'abbé Dudon, doyen de Montfort, entouré de MM. Pouységur, directeur au Grand Séminaire d'Aire, Durou, missionnaire à Notre-Dame de Maylis, Puyo, curé de Caupenne, Moumiet, curé de Saint-Aubin, Labat, vicaire de Mugron, présidait la cérémonie.

Après la bénédiction de la statue, la procession s'est mise en marche.

En tête, deux longues rangées d'hommes, de filles habillées en blanc, de femmes, avec leur chapelet à la main, se déroulait à travers la verdure et les blés des champs de Monsieur Comet, propriétaire, pour se rendre vers le site ravissant, où la Vierge a été posée, sur un piédestal magnifique. Au milieu, sur un brancard paré de froment, de maïs, de fleurs, la Vierge est portée par six vigoureux paysans. Pendant ce temps, la musique réveille les échos des alentours et le choeur des jeunes gens de Larbey, tous agriculteurs, qui, le matin, avaient fort bien exécuté une messe en musique, sous l'habile direction des chantres Dubedout, père et fils, égrène ses cantiques composés en l'honneur de Notre-Dame-des-Champs.

L'enthousiasme, comme un courant électrique, gagne de proche en proche; de nouveaux choeurs se forment; de plusieurs points à la fois, filles, femmes font entendre des chants pleins de poésie et de piété, s'entrecroisent sans se confondre. C'est une enlevante et indescriptible harmonie.

On est arrivé à l'endroit que doit occuper la statue. Les coeurs palpitent et le silence est profond, tandis que la Madone, soulevée par des câbles puissants et soutenue par les bras des robustes laboureurs, semble, en se dressant, promener lentement ses regards sur les plaines et les coteaux environnants, comme pour montrer à son Fils les terres, qu'il doit protéger et féconder.

La Reine des champs est enfin sur son trône et considère la foule émue avec un doux sourire. Monsieur Dudon, doyen de Montfort, prend alors la parole. Il annonce à cette multitude attentive les bienfaits, que lui promet la présence de Notre-Dame-des-Champs. Il est entré, on le sent, dans le vif des préoccupations de l'heure présente et l'hommage, qu'il a rendu à l'agriculture a fait tressaillir tous les coeurs. Aussi, comme on l'écoute !! et quelle émotion, quand il cesse de parler !!

La foule retourne en bel ordre à l'église, redisant les cantiques d'il y a quelques instants et le Salut du Saint-Sacrement clôt, par un hommage à Jésus-Eucharistie, cette fête si riche d'impressions et de promesses.

signé

Harambure, curé.

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Us et coutumes en l'honneur de Notre-Dame-des-Champs

2 février - Saint Blaise : Messe pour les bouviers.

Mars : Messe pour la préservation de la gelée.

Avril: 1er et 2e dimanche, à la deuxième messe, bénédiction des maïs et des haricots.

Juillet: Messe pour la conservation des fruits de la terre.

16 août: Saint Roch. Bénédiction du bétail, à la place de la course.

Octobre: 3e dimanche. Bénédiction du froment.

Novembre: Messe d'Action de grâces.

Chaque premier dimanche du mois, à Vêpres, procession à la statue de N.D. des Champs.

La procession de Saint-Marc est faite à la statue de Notre-Dame-des-Champs.

Une indulgence de quarante jours est accordée à tout fidèle qui récitera un Ave Maria devant la statue de Notre-Dame-des-Champs.

Nota.

"Dans la nuit du samedi au dimanche 23 juillet 1893, un énergumène, dont on chuchote seulement le nom, a osé porter une main sacrilège sur Notre-Dame-des-Champs et l'a défigurée à coups de ciseau (nez enlevé)

Une vingtaine de fines entailles faites dans la statue dénotent une main habituée à manier le ciseau et une rage satanique.

D'ailleurs, depuis son inauguration, il n'est pas d'avanies que la douce image de la Vierge n'ait eu à subir.

Hier, c'étaient les blasphèmes qu'on lui jetait à la face à propos de la sécheresse, dont on la rendait responsable, c'étaient des pierres lancées contre la statue, qui servait de cible; aujourd'hui, c'est le ciseau profanateur qui mutile le gracieux visage de la Madone; demain, ce sera, peut-être le Fils vengeant sa Mère outragée et le coupable sévèrement et publiquement châtié."

(Extrait du journal: La Croix des Landes)
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Monsieur le Curé Harambure décède le 28 septembre 1908

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Le 31 janvier 1909, installation du nouveau curé, M. l'abbé Jean Laurent Saint-Germain.

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Le 29 septembre 1910, installation du nouveau curé, M; l'abbé Henri Justin Garralon.

"Nommé desservant de Larbey, le 29 juillet, je ne fus installé que le 25 septembre, mon prédécesseur, M. l'abbé Saint-Germain ayant obtenu l'autorisation d'occuper le presbytère jusqu'à cette époque.

On essaya de faire revenir l'administration diocésaine sur sa décision et de garder M. Saint-Germain. On fit des pétitions auprès de Monseigneur, tout fut inutile.

Quelques meneurs répandirent dans le public qu'on se vengerait le jour de l'installation du nouveau curé. On parla de charivari. Ce ne furent que des menaces. Tout se passa on ne peut mieux et dans le plus grand calme. Comme mon prédécesseur, je fus installé par M. le doyen de Mugron."

Pendant seize années de ministère à Larbey, M. l'abbé Garralon n'a plus rien écrit, rien noté.

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En 1925, Elections municipales.

Le 3 mai, parut l'entrefilet suivant, où les passions partisanes se donnèrent libre cours, extrait de la profession de foi du Maire.

"Notre oeuvre a été de réaliser les promesses, que n'avaient cessé de vous faire les réactionnaires, sans jamais les mener à bien. Le Monument aux Morts sera inauguré envers et contre le parti pris de ces esclaves, qui obéissent seulement aux caprices de certains apôtres ambitieux, qui oublient trop ces paroles de Jésus: la Paix soit avec vous ! Nous sommes respectueux de toutes les croyances et pour la liberté de conscience. Comme vous, nous n'avons, quoi qu'on en dise, que du respect pour le curé qui se souvient que le Christ a dit : Aimez-vous les uns les autres. Mais nous désapprouvons ces prédicateurs emballés, qui font de la chaire de l'église une tribune de réunion publique, où d'ailleurs, ne peut monter aucun contradicteur, même le plus courtois. Nous avons aussi à coeur de vous mettre en garde contre ces guérisseurs diplômés, qui, discrètement, sous des gestes charitables, tenteraient de vous ensorceler pour des fins politiques. Nous voulons enfin, que vous puissiez aller à la messe tous les jours, comme aussi le dimanche, si bon vous semble, sans être traités d'imbéciles, mais que vous soyez libres de ne pas y aller, sans, pour cela, être traités de coquins. Que votre fierté ne s'abaisse pas à aller prendre le mot d'ordre au château, au presbytère ou chez le maître égoïste, qui voudrait vous museler. N'ajoutez pas foi aux boniments des intéressés, qui colportent ce propos: Voter pour la liste républicaine, c'est faire partir le curé ?!?! Monsieur le curé ne partira pas ! soyez bien tranquilles !! Jamais desservant ne s'est mieux trouvé et plus senti chez lui qu'à Larbey. Allons, les jeunes, à la rescousse ! ! Aux cléricaux domestiqués, vous direz à coup de bulletins de vote: "Halte-là ! Vous ne passerez pas".

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20 mai. Ballottage. Le maire revient à la charge et fit paraître le pamphlet suivant :

"Citoyens !! Le néfaste bloc national ayant gaspillé l'argent de la France, ayant criblé d'impôts les petits, vous lui refuserez la gestion des affaires communales; vous ne voterez pas pour la liste DUBEDOUT, liste du curé, maire sortant, car cette liste est le synonyme de l'orgueil, de la haine et du désordre. Voter pour cette liste vendue et à genoux devant l'homme noir, c'est voter pour le trio de goujats: Pie X, l'ami des boches revanchards, Millerand, Castelnau, les prêcheurs de révolution, de Rivière... le Grand, les amours en Espagne. Electeurs, ne craignez plus les intimidations furibondes des larbins inconscients, la rage impuissante des meneurs, qui exhalent charitablement leur bave et votez liste entière pour les candidats de CLAVERIE. Vive Larbey ! Vive le Cartel !"

(Un groupe de catholiques républicains)
Un exemplaire de cette prose fut affiché, pendant la nuit, sur la porte extérieure de la sacristie. Directement visé par ce libelle, M. le curé Garralon informa l'évêché. Deux mois plus tard, transfert de M. Garralon pour Vielle-Tursan. La paroisse était "ipso facto" frappée d'interdit, la Sainte Réserve enlevée du tabernacle et l'église fermée au culte, sauf pour la cérémonie des obsèques.

Entre temps, la municipalité, s'appropriant les récoltes restées sur pied, au presbytère, vendait à des tiers le maïs, les haricots et le vin, que n'avait pu emporter le curé. Bientôt, les protestations s'élevaient de partout : plus de cloches, plus de messes, plus de catéchisme, c'en était trop, pour la majorité des familles, restées fidèles à leurs croyances. Le maire s'émut. De guerre lasse, il demanda à Monseigneur de Cormont de retirer les sanctions, mais, avant de passer aux actes, l'Evêché, complètement renseigné sur les événements de Larbey, exigea que la commune rendit à l'abbé Garralon tous les revenus de l'enclos curial auxquels celui-ci pouvait légitimement prétendre. Une expertise fut faite et le maire dut rétrocéder à son ancien curé une somme de 700 francs, qu'il eut assez de mal à trouver. Ainsi finit cette affaire qui, en son temps, eut, dans la contrée un retentissement considérable.

Le 11 juillet 1926, M. Deyres, curé de St-Aubin, fut officiellement chargé du service de Larbey et la vie religieuse reprit dans la paroisse.

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En 1928, mission prêchée par MM. Moras et Fabas. La statue de Ste-Thérèse est le mémorial de cette quinzaine.

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Le 5 mai 1929, nouvelles élections municipales.

Le maire, assagi par les leçons du passé, s'est fait moins agressif.

"Défenseurs vigilants de la laïcité de l'Etat, mais aussi respectueux de toutes les croyances religieuses, nous avons obtenu un service religieux d'une parfaite régularité et nous n'hésiterons pas à demander mieux, montrant ainsi que nous ne sommes pas des sectaires et que nous sommes, au contraire, tous animés du plus grand esprit de tolérance".

 

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1938

16 janvier.

Un meeting révolutionnaire se tient, aujourd'hui, à Larbey. Pour protester contre le renvoi de deux métayers, l'un de la commune et l'autre de Maylis, le parti socialiste des Landes convoque toutes ses troupes et invite ses sections locales à venir défendre la cause "si juste" des syndiqués congédiés. Trente-quatre gros autobus, plus de quatre-vingt voitures légères amènent à Larbey des centaines de manifestants. Quatre orateurs vont, pendant plus de trois heures, prêcher à des masses réunies, spécialement venues du Marensin et de la Lande, la haine, la discorde et la lutte des classes. Poings tendus... chant de l'Internationale... blasphèmes contre l'Eglise et ses prêtres, rien n'aura manqué à ses révoltantes assises. Nos grands Morts eux-mêmes devaient être insultés par le dépôt, devant le Monument aux Morts, d'une gerbe d'oeillets, cravatée d'une large banderole de même couleur avec l'inscription suivante :

"Aux travailleurs victimes du capitalisme".

 

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La jeunesse de Larbey, pour tenir tête au curé de St-Aubin, qui, dés le 10 avril et sans aucune arrière pensée, s'était réservé le 12 juin pour la Communion Solennelle à Larbey même, a prétendu faire, ce même jour, sa fête locale. Les dimanches suivants (pendant longtemps, auparavant, malgré les ré-appels des curés, la fête locale eut lieu le jour de la Fête-Dieu) étaient tous, parait-il, arrêtés par les communes voisines. Devant l'obstination voulue et réfléchie des organisateurs, les cérémonies religieuses ont été reportées à Saint-Aubin. Naturellement, cette décision n'a pas été du goût de tout le monde. Or, moins de 48 heures après les fêtes de Larbey, les événements eux-mêmes se chargeaient d'infliger aux meneurs, le plus cinglant démenti : Lahosse, qui, m'avait-on dit, d'un ton qui ne supportait pas la réplique, devait faire sa fête le 19 juin, Lahosse, comme par hasard, ne bougeait pas ce jour-là.

N'en disons pas plus long. Il ne faut plus aujourd'hui s'étonner des désinvoltures d'une jeunesse, qui s'est donné pour mot d'ordre de faire marcher tout le monde. Au beau mois de juin 1938, Larbey reste Larbey.

 

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1939. Mission (29 janvier - 12 février) P.P. Mora et Detchenique.

18 familles ont donné en argent; 15 en nature.

Quelques retours consolants chez les hommes.

282 communions

Chemin de Croix payé par les familles.

45 personnes se sont affiliées au Rosaire Vivant.

A l'occasion de ces saints Exercices, il nous a fallu faire placer une ligne neuve d'alimentation électrique le long des murs du sanctuaire (75 francs). La commune, que nous avons priée de faire ce travail, n'a pas jugé bon de nous donner réponse.

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1940.

Hiver rigoureux... jusqu'à -16o. Depuis le début des hostilités, léger fléchissement de la pratique religieuse, même près des familles qui ont quelqu'un sous les armes. Les Pâques, cependant, donnent 162 communions.

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1941

Assistances consolantes. Les jeunes gens se réunissent autour de l'harmonium pour chanter avec les filles.

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1942

Denier du culte : 5 francs par personne.

Allocations familiales, allocations militaires, retraite des vieux travailleurs... la manne officielle tombe... à côté, le marché noir éhonté... et nos campagnes se déchristianisent au fur et à mesure du bien-être...

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etc... etc... plus rien de saillant ou de particulier qui vaille la peine d'être retenu.

Et puis, les jeunes curés ne consignent plus les événements paroissiaux que ceux obligatoires.

Recueilli par
Iratchet
 


1- Note sur M. l'abbé Lacoste. - Le départ pour l'Espagne de l'abbé Lacoste, mentionné par M. le Chanoine Daugé dans son Histoire de Maylis, page 115, ne cadre pas tout-à-fait avec la relation que donnent de lui, "Nos Cahiers" d'avril 1904. En effet, dans un article intitulé "Les pontons et les prêtres landais" l'abbé Farbos, élève du Grand Séminaire d'Aire, s'appuyant sur l'ouvrage de M. l'abbé Légé, nous dit que le curé de Larbey, après l'ordre lancé contre lui par Saurine, fut appréhendé par les sans-culottes de St-Sever, dirigé sur Bordeaux, et jeté ensuite dans les cachots du Fort du Hâ.

A moins qu'on n'admette alors, qu'étant plus tard rendu à la liberté par ses géoliers, il ne fut parti pour l'exil.

2- Cet autel se trouvait dans l'ancienne église de Mugron. Monsieur et Madame Domenger qui firent construire à leurs frais de 1865 à 1866 la nouvelle église (de) Mugron, le demandèrent pour le faire placer dans l'église de Larbey où ils possédaient la propriété de Lestage. (note écrite par M. le Chanoine Galichat, né à Mugron)

3- La petite statue de N. D. des Champs, donnée par la famille Barrouillet, du Louma, et placée sous le Sacré-Coeur, a été bénite en mai 1941.

4- Probablement Bernard de Liposse. Le Guide des Archives des Landes (1979) , page 352, ne mentionne pas A.-G.de Poyloaut dans la liste des évêques de Dax.