POYALER ET SON CHÂTEAU |
Notes recueillies
par
L'Abbé Raphaël Lamaignère
Curé de Saint-Aubin
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1940
[Sommaire Doazit]
Poyaler et son Château
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Poyaler, du mot gascon pouya, monter, est un des quartiers les plus populeux de St-Aubin, et un "tuc" situé à 95 mètres d'altitude, sur lequel s'élève une antique tour, connue de toute la Chalosse. - D'après le recensement de 1936, nous comptons à Poyaler, tant dans le bourg qu'à la campagne, 32 foyers et 164 habitants.
Du "tuc" déjà cité, l'oeil plonge à la fois sur les plaines de la Gouaougue et du Louts, et sur les coteaux environnants de Larbey, de Lahosse, de Montfort, de Lourquen, de Mugron et de Saint-Aubin. Il remonte au temps des Gaulois.
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En ces temps reculés, nous dit M. Dufourcet dans son ouvrage Les Landes et les Landais, les populations vivaient en petites tribus formant une cité, et dans un camp retranché fait de main d'homme. Elles trouvaient là un asile, quand venaient les invasions. Au milieu, habitait le chef suprême dans une demeure appelée dunum, bâtie sur une motte spéciale, (le "tuc" en question), et qui, éventuellement, pouvait servir d'observatoire et de tour à signaux. On y allumait parfois de grands feux, visibles de toute la contrée, quand arrivait une nouvelle heureuse, ou quand des ordres militaires, selon des conventions établies, devaient être transmis aux guerriers du pays. Au dessous de ces mottes, enfin, étaient souvent creusés de vastes souterrains communiquant entre eux par de nombreuses galeries, et où s'alignaient des dortoirs, des magasins à vivres, des salles d'armes, des étables. On y accédait par un puits.
Au fond du puits, on rencontrait ordinairement un véritable corps de garde, avec son lit de camp et ses couloirs d'observation, munis de trous latéraux permettant de voir ce qui se passait à l'entrée.
Toutes ces données, et, surtout, l'existence du puits dont parle M. Dufourcet, nous permettent de conclure que nous sommes bien ici en présence d'un de ces dunum, que nous venons de dépeindre. D'ailleurs, l'éminent écrivain va jusqu'à nous dire qu'on ne connaît que deux souterrains de ce genre, dans les Landes : l'un, à Larbey, au lieu-dit Bourg-Arman, sur les rives du Louts, et l'autre, celui qui nous intéresse précisément, à Poyaler.
Du puits qui nous occupe, il ne reste plus aujourd'hui que des ruines écroulées; mais on peut encore en voir l'orifice, à quelques mètres de la Tour, sur le flanc nord du mamelon. On se rappelle dans le pays, et la croyance en demeure profondément ancrée chez nos gens, que de larges couloirs, partant du "tuc" allaient déboucher à proximité des vannes du moulin de Larbey, et que ceux-ci descendaient, jusqu'à la Gouaougue, en paliers successifs. Nous savons aussi, par nos archives municipales de St-Aubin, que les souterrains furent visités et parcourus, en 1792, par les chercheurs de salpêtre qui, à cette époque avaient monté, à Poyaler, un important atelier à poudre, travaillant pour la défense nationale. Le plus fâcheux pour nous, c'est que ces ouvriers ne trouvant point à s'approvisionner sur place, comme ils l'avaient espéré, se retirèrent des couloirs après les avoir obstrués.
Il nous faut donc forcément renoncer à faire, en ces lieux, des incursions qui, sûrement, seraient pour nous des plus intéressantes.
Dans la suite, les tucs montés par les Gaulois, devinrent des mottes féodales, où beaucoup de seigneurs bâtirent leurs châteaux, et qu'occupèrent des "caviers", c'est à dire des intendants préposés à la garde d'une contrée et qui, à leur titre de hauts justiciers, ajoutaient celui de possesseurs de moulins seigneuriaux.
Or, toujours d'après M. Dufourcet, il n'y a dans le département, qu'un seul de ces moulins: celui de Larbey, dont nous parlons plus haut, et qui jusqu'à la Révolution de 1789, fut une dépendance du Château de Poyaler. Sa construction remonte au douzième siècle, et est regardé par les archéologues, comme un ouvrage fortifié qui, jusqu'à l'heure a toujours résisté aux attaques du temps.
Les meules du moulin sont actionnées par les sources de Peyradère, en Saint-Aubin, sources extrêmement abondantes, même aux jours les plus chauds de l'année. Celles-ci sortent directement d'un tunnel souterrain, et avec une force telle, qu'elles font immédiatement une rivière tumultueuse, dont il est impossible de calculer le débit. On dit même qu'elles viendraient ainsi en droite ligne des Pyrénées, et qu'elles ne seraient que le trop-plein du vaste étang d'Agès, près de Hagetmau.
Le moulin, en raison de son importance sur les bâtiments similaires de toute la région, dut être plus tard protégé contre les incursions des malfaiteurs, par l'adjonction d'une porte spéciale, manoeuvrée du premier étage et qui glissait entre deux gorges profondes dont on peut encore apercevoir le tracé. - Ces maraudeurs foisonnaient dans les bois ou fourrés d'alentour; et la maison de Pellegaries (ou: pèle-poules) située en contrebas de la tour, perpétue sûrement le souvenir de sinistres exploits, entrepris par ces voleurs de grands-chemins.
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Le Château de Poyaler, dont il ne reste plus à cette heure que des ruines grandioses, fut bâti au treizième siècle, quand les Anglais vinrent occuper la Gascogne.
Ici, nous ne saurions mieux faire, que d'en transcrire la description que nous en a laissé l'abbé Meyranx, mort curé de Cazères, dans sa "Monographie de Mugron".
" C'était un vrai castel féodal, que cette noble demeure. Bâti au sommet d'un mamelon isolé en forme de piton, il dominait hardiment et les vallons boisés du Louts, et les coteaux dont les pentes adoucies vont expirer aux bords du Luy. Ce que les siècles nous ont laissé de cet antique manoir, jadis forteresse et gardan romain, nous donne une idée exacte de ce qu'il était, lorsque Louis de Cauna en prit possession.
C'était un grand donjon carré, percé dans le haut de longues et étroites meurtrières, couronné de créneaux aussi lourds que trapus, entrecoupés aux quatre angles d'échauguettes découvertes. - La partie ouest de ce donjon, montre encore un mâchicoulis posé en encorbellement, à la hauteur de second étage; des corbeaux de soutènement fixés sur les autres côtés, indiquent que tout le carré était muni du même système de défense. - Des constructions, en contrebas, flanquaient cette tour; des murs épais, en fermaient la circonvallation; un pont-levis, dont les terrassements n'ont pas encore disparu, en fermait l'entrée; trois poternes, dissimulées dans l'épaisseur des remparts, ouvraient trois issues sur l'escarpement nord, ouest, et midi du mamelon."
Actuellement, les murs du vieux manoir disparaissent sous un inextricable fouillis de lierres grimpants et de lianes sauvages, qui en dérobent la vue.
La Tour appartient aujourd'hui, et depuis 1937, à Mlle Gaillard, de Mugron, qui l'a achetée à la famille de Cès-Caupenne, qui la tenait en propre.
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Les documents sont loin d'abonder, sur le rôle que joua, jadis, le Château de Poyaler, durant sa longue histoire. - Il nous faut arriver aux guerres de la Fronde, en 1650, pour savoir (d'après le chroniqueur Laborde-Péboué, de Doazit, 1638-1670) qu'il fut le théâtre d'un combat sanglant, livré devant le pont-levis, entre les troupes du Prince et les bataillons réguliers de M. de Poyanne, agissant pour le Roi. Dans la mêlée, un officier de la Cour, trouva glorieusement la mort, au moment où il menait ses soldats à l'attaque.
Ce que nous savons aussi, c'est qu'il dicta longtemps la loi à toute la région, et fit sentir au loin sa bienfaisante influence dans les familles de ses sujets, déshérités des biens de la fortune. L'un de ses seigneurs entre autres, le duc de Biron, passa de nombreux contrats avec les diverses corporations établies à l'époque, (après 1700), et s'entendit aimablement avec tous ceux qui étaient soumis au tarif de ses droits, pour éviter des heurts toujours possibles.
Un souvenir, celui-ci des plus pénibles, entache le nom de la famille de Bénac qui, en 1655, fut cause, dans notre église même de St-Aubin, d'une échauffourée sanglante, que raconte encore dans ses Mémoires, Laborde-Péboué, la plume absolument scandalisée.
Le château prétendait exercer son autorité jusque dans le sanctuaire : la marquise, tenait pour la nomination à la cure d'un certain abbé Moncurcq, vicaire à Mont-de-Marsan, le baron optait pour l'abbé Cassarré, déjà titulaire du poste. Des scènes de pugilat se produisirent entre partisans et adversaires des candidats; puis, dans l'église même, sous les yeux des deux compétiteurs qui s'interdisaient mutuellement de monter à l'autel, s'engagea une mêlée générale, d'où l'on sortit de multiples blessés. Les deux ecclésiastiques furent frappés de suspense, et l'évêque jeta l'interdit sur la paroisse...
Les Seigneurs de Poyaler
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Grâce aux précieuses indications de l'abbé Meyranx, dans sa "Monographie de Mugron", grâce surtout à l'aimable complaisance de M. le Médecin-Colonel Michel Ferron, qui a fouillé patiemment pour nous, les archives des Basses-Pyrénées, il nous a été possible de reconstituer dans son ensemble, la généalogie des anciens seigneurs de Poyaler. On verra, par les noms qu'elle renferme, que ceux-ci furent tous des maîtres puissants, et qu'ils jouèrent un rôle parfois très important, aussi bien dans l'armée et dans la magistrature, que dans la conduite même des affaires du Pays.
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Le premier seigneur connu de Poyaler, dont l'histoire fait mention, s'appelait Arnaud de Cauna.
La famille de Cauna.
Arnaud, en 1364, joignait déjà à son titre de baron, celui de seigneur de Montaut, Poyaler, Mugron, Lourquen et St-Aubin. - Son fils, Robert de Marsan, chevalier*1 et seigneur, demanda à son suzerain, le 3 novembre 1390, l'octroi de toutes les terres ayant appartenu à ses aïeux, et que Gaston de Foix (dit Gaston Phœbus, comte de Foix) avait usurpées.
Robert eut plusieurs fils, dont un, nommé Louis, se maria avec Etiennette de Castelnau, et qui fut gouverneur de Tartas, au moment de la domination anglaise. Mais, en 1442, il dut rendre la ville à Charles VII, dont il devint par la suite un des plus fidèles écuyers*2, et qui lui donna en partage le domaine de Poyaler.
Bernard, hérita de son père Louis. Il épousa successivement Isabelle de Béarn, bâtarde du comte de Foix, puis Jeanne de Beaumont, alliée par son père Philippe, à la Famille de Navarre.
A la mort de Bernard, les seigneuries de Cauna, de Poyaler et de Mugron, passèrent entre les mains de Ramon qui, à son tour, les légua à son fils Etienne. Ce dernier, frappé par le malheur comme Bernard, se maria trois fois: d'abord, avec Eléonore de Poylohaut, puis avec Françoise de Lur d'Uza, et enfin avec Jeanne de Ladouze.
En 1525, damoiselle*3 Jeanne de Cauna régnait seule sur les terres de Poyaler.
(Le blason des familles de Cauna-Marsan-Poyaler-Poylohaut, porte : losangé d'or et de gueules) (Abbé Légé).
Jeanne de Cauna avait une soeur, Marguerite, qui était l'enfant gâtée de la maison, et que ses parents donnèrent en mariage au chevalier d'Andoin. Quant à elle, on l'envoya de force dans un couvent, où elle ne montra jamais de goût pour la vie religieuse et la vie en commun.
Pendant ce temps, les d'Andoin oubliant leur rang dans les plaisirs et les fêtes, voyaient peu à peu fondre leur brillante fortune, et devaient vendre bientôt pour 8.000 livres, leur seigneurie de Mugron et de Lourquen.
Jeanne, de son côté, fatiguée de sa claustration et désireuse de recouvrer sa liberté, se faisait relever de ses vœux par le pape. Elle rentrait aussitôt dans le monde pour s'unir, le 3 décembre 1554, à Jean-Antoine de Gabaston, seigneur de Bassillon.
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La famille de Gabaston-Bassillon.
Cette famille parait avoir été d'origine anglaise. Le docteur Ferron, pour qui les études historiques n'ont pas de secrets..., a découvert qu'on a publié à Londres, en 1899, le blason d'un certain Arnaud, mort en 1302, et enterré à Westminster.
Ce blason est ainsi défini: Croix écartelant l'écu; 1 et 2, 2 vaches passantes, colletées et clarinées; 3 et 4, une gerbe liée.
L'auteur du livre, étudie les origines de cet écu. Il y reconnait le blason du Béarn, dans la description des deux vaches, et admet qu'Arnaud devait être un vassal du vicomte de Béarn. - D'autre part, les gerbes dont se parent ses armoiries, paraissent, toujours d'après l'auteur, correspondre à l'écu de Gascogne, ou de la Chalosse-Tursan, qui sont : Lion d'argent sur fond d'azur, aux 1 et 2, 3 et 4 étant de gueules à la gerbe d'or, liée d'azur.
Ceci semblerait indiquer que, par lui-même, ou par les biens apportés en dot par son épouse, Arnaud de Gabaston possédait les châteaux de Lembeye, Montgaillard, St-Lobedius (sans doute St-Loubouer), et Fayet Mau (Hagetmau).
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Du mariage d'Antoine de Gabaston avec Jeanne de Cauna, l'ex-religieuse, naquit Tabita, celle dont le nom reste plus spécialement attaché au château de Poyaler, et dont nous parlerons plus loin.
A la mort de sa mère, Tabita entra en possession d'un immense domaine, qu'elle fit plus tard passer par son mariage avec Bernard de Montaut, en 1578, dans la famille de Navailles-Bénac.
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La famille Navailles-Bénac.
Bernard, descendait de Jean-Marc de Montaut et Bénac, né le 6 mars 1499, et mort à Toulouse, le 15 janvier 1556. Il avait comme mère, la baronne de Navailles, Madeleine, fille de Gaston, baron d'Andoins, de Navailles et de Montardon, et de Françoise Lévis-Mirepoix.
Jean-Marc et Madeleine eurent neuf enfants:
- jean-Paul, baron de Bénac, mort sans alliance à la bataille de St-Denis.
- Philippe, vicomte de Lavedan, marié en 1567 avec Jeanne de Caumont, fille de François, seigneur de Berbiguères, et, en 1592, avec Marie de Gontault, fille d'Arnaud, seigneur de St-Geniez, lieutenant-général de Navarre et de Béarn, mort sans postérité.
- Jacques, sans alliance.
- Bernard, celui dont nous parlons plus haut.
- Jean, mort à Macerata (Italie), au voyage du duc de Guise.
- Anne-Marie, mariée le 25 février 1556 à Jacques de Cassagnet, seigneur de Baulac.
- Jeanne, mariée à un fils du seigneur de Sus.
- Jeanne, fille d'honneur de la reine de Navarre, morte de la peste, à Lyon.
- Madeleine, dame de Pontous, non mariée.
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Revenons à nos seigneurs, Bernard et Tabita. Ceux-ci, comme la branche précédente, mirent au monde neuf enfants :
- Philippe, futur seigneur de Poyaler.
- Henri, seigneur de Bassillon et de Sarriac.
- Blaise, maître de camp du régiment de Champagne, mort de maladie au siège de La Rochelle.
- N..., seigneur de la Roque-Navailles, mort en l'Ile de Ré, commandant la cavalerie.
- N..., tué au siège de St-Jean-d'Angély.
- Bernard, seigneur de Pontous, mort au siège de La Mothe, en 1634, commandant le régiment de Navailles.
- Jeanne, mariée au seigneur et baron de Losse, sénéchal*4 de Bigorre.
- Corisande, alliée à de Durfort, seigneur de Castelbajac.
- Marguerite, morte sans alliance.
On raconte d'elle, que, s'étant, un jour, disputée avec son frère Philippe, tous deux héritiers au même titre que leur mère du domaine de Poyaler, elle profita de l'absence du baron au château, pour venir s'installer dans la maison paternelle. - Philippe étant rentré à l'improviste d'une chevauchée organisée par ses gens d'armes, s'empressa de jeter Marguerite à la porte, et le droit demeura à la force. - La demoiselle se retira alors à Mugron, où elle mourut le 20 juin 1672. On transporta son corps à St-Sever, pour être inhumé dans l'église des bénédictins de la ville. (Meyranx, loc.cit.)
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Philippe, fils aîné de Bernard et de Tabita, marquis de Bénac, était sénéchal et gouverneur de Bigorre. En 1650, il fut créé pair*5 de France, et duc de Navailles et de Lavedan.
Il épousa, en 1612, Judith de Gontault, dame de St-Geniez et de Badefol, fille d'Elie, gouverneur et lieutenant-général*6 de Béarn, et de Jacqueline de Béthune.
Il mourut en 1654.
Philippe et Judith eurent une nombreuse postérité, douze garçons et filles :
- Cyrus, marquis de St-Geniez, mort avant son père.
- Maximilien, baron de St-Geniez, mort lui aussi avant son père.
- Philippe, futur seigneur de Poyaler.
- Jean, vicomte de Tosel, mort sans alliance.
- Henri, seigneur d'Audanne, marquis de St-Geniez, gouverneur de St-Omer, lieutenant-général des armées du roi, mort le 31 mars 1685, sans postérité légitime.
- Bernard, seigneur de Pagalie, mort très jeune.
- Jeanne, mariée à Jean, marquis de Losse, en Périgord.
- Paule, alliée à Louis de Loubies d'Incamps, en Béarn.
- Marie, femme de N... de la Salle, de St-Pé, lieutenant du roi, à Bayonne.
- Diane, mariée à Louis de Cordouan, marquis de Langey.
- Perside, prieure des Religieuses maltaises, à Toulouse.
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Philippe, troisième fils de Philippe et de Judith, était duc de Navailles et de Lavedan. Il joignait à ce titre, ceux de pair et maréchal de France*7, celui de Chevalier des Ordres du roi, de sénéchal de Bigorre, de commandant pour Sa Majesté dans les villes de La Rochelle, Brouage, et pays d'Aunis. Il était, enfin, capitaine de 200 chevau-légers de la Garde*8.
Devenu page*9 de Richelieu, Philippe abjura le protestantisme, et ramena à la religion catholique son propre père, et une partie de sa famille.
Le 19 février 1651, il épousa Suzanne de Baudéan, l'une des dames d'Anne d'Autriche, fille de Charles de Baudéan, comte de Neuillan, gouverneur de Niort, - et de Françoise Tiraqueau, morte le 15 février 1700.
Il mourut lui-même le 5 février 1684.
Sept enfants naquirent du mariage de Philippe avec Suzanne de Baudéan:
- Philippe, marquis de Navailles, brigadier des Armées du Roi, mort le 2 décembre 1678, à l'âge de 22 ans, au retour de la prise de Puigcerda.
- Charlotte-Françoise-Radegonde, abbesse de Ste-Croix de Poitiers, morte le 12 février 1696, à l'âge de 43 ans.
- Françoise, troisième femme de Charles III de Lorraine, duc d'Elbœuf, mariée le 25 août 1648.
- Gabrielle-Eléonore, mariée à Henri d'Orléans, marquis de Rothelin.
- Henriette, abbesse de la Saussaie, près de Paris.
- Gabrielle, mariée à Elie de Pompadour, marquis de Laurières, morte le 16 juin 1727.
- Gabrielle -la jeune, religieuse.
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Ici, s'éteint cette illustre famille des Montaut-Navailles et Bénac qui, de 1578 à 1694, occupa la seigneurie de Poyaler.
Voici la description (quelque peu compliquée) de son blason domestique :
Ecartelé, au 1: contre-écartelé d'or et de gueules, qui est Gontault-Biron; au 2, de Navarre; au 3, de Foix; au 4, de Béarn. - Le tout, surécartelé au 1 et 4 d'azur à deux mortiers de guerre d'argent, posé en pal, qui est Montaut, partie de gueules à la croix pâtée d'argent qui est Comminges; 2 et 4, d'azur, à deux lapins courant l'un sur l'autre.
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En 1694, Poyaler fut vendu avec toutes ses terres, à François de Gontault-Biron, lieutenant des camps du roi, originaire du Béarn.
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La famille de Gontaut-Biron.
A peine arrivés à Poyaler, les nouveaux seigneurs ajoutèrent à leur titre nobiliaire, celui de Montferran, Mugron, Lourquen et Ségas en Mugron. Au moment où ils prirent possession du domaine de Poyaler, le château était dans un tel état de délabrement, que son propriétaire crut bon de s'en aller habiter à Mugron.
"Seul maître de ces lieux, le sinistre hibou hurlait, la nuit, sur les cheminées découronnées; la désolation, le silence et la ruine habitaient seuls le vieux castel." (Meyranx)
François eut pour successeur Charles-Arnaud, duc de Biron, pair et premier maréchal de France, chevalier des Ordres du roi. - Il donna sa baronnie à l'afferme pour 8.000 livres annuelles, montrant par là qu'il ne dédaignait ni l'argent ni les grands revenus. Il alla même jusqu'à exiger de ses métayers, certaines redevances onéreuses pour eux; oisons, chapons, jambons, serviettes et nappes. Le baron mourut en 1756.
Son fils, Mgr Jean-Louis de Gontaut, duc de Biron, pair de France, abbé commanditaire (bailleur de fonds) des abbayes de Moissacq et de Cadouin, hérita des nombreux biens seigneuriaux de la baronnie. Mais, comme il résidait à Paris, il se débarrassa de la gestion du domaine, et le loua pour l'importante somme de 10.000 livres.
Après lui, vint Louis-Antoine, colonel-général des Gardes françaises, et gouverneur général du haut et bas Languedoc.
A sa mort, survenue en 1788, Poyaler tomba entre les mains de son fils, Charles-Antoine.
Celui-ci sentant gronder autour de lui l'orage de la Révolution, vendit en 1792 une partie de ses biens, et en afferma l'autre pour 3.000 livres par an. Il passa alors à l'étranger, et eut ainsi la chance d'échapper à l'échafaud dressé, à St-Sever (Mont-Adour) sur la Place du Tour du Sol.
Ce fut notre dernier seigneur.
Le séquestre communal de St-Aubin fut commis pour s'occuper des anciens biens féodaux; et, peu à peu, les métairies se vendirent aux particuliers de la région. - Seul, jusqu'en 1937, le Château demeura propriété de la famille de Cès-Caupenne, de Mugron. - On sait que celui-ci appartient actuellement à Mlle Gaillard.
Voici la description du blason des de Gontaut-Biron : Armes en bannière, c'est à dire carrées: Ecartelé d'or et de gueules.
Légende
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Une légende à propos des de Bénac, vit toujours dans la mémoire des gens de St-Aubin; et ceux de Poyaler la gardent plus précieusement encore. Cette légende, nous la trouvons racontée en gascon - un gascon bien à lui, vivant, inimitable, - par l'abbé Daugé, dans une élégante plaquette parue en 1907.
Il ne nous déplaît pas d'en faire ici état puisque aussi bien notre travail est un travail de documentation, et qu'on aime bien revenir aux histoires du passé, toujours si intéressantes pour tous.
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Le Baron Bernard ayant abjuré le protestantisme en 1621, fit néanmoins, un jour, un pacte avec le Diable à qui il demanda de lui fournir l'argent dont il aurait besoin. Et le diable accepta. - Le contrat, signé par le sang du seigneur-châtelain, fut passé en pleine nuit, et à la lueur blafarde de la lune, devant l'église du Mus, à Doazit. Et voilà que les affaires se mirent à marcher, et à marcher si bien, que nul ne put jamais désormais mener, dans les castels de Chalosse, un égal train de vie à celui du maître de céans.
Malgré cela, de Bénac paraissait sombre et inquiet. Parfois, il regardait sa main, et il y soufflait dessus comme s'il en ressentait de cuisantes brûlures...
Un jour, le cri de "Dieu le veut !" retentit à travers la pays. Le seigneur de Poyaler, à la suite d'un voeu ou d'une pénitence qui lui avait été imposée, fit aussitôt ses adieux à sa femme, et partit avec les nobles du pays guerroyer contre les infidèles de Palestine. Brave comme pas un, il fendit les ennemis, comme on fend des bûches à la forêt; mais, il finit par tomber prisonnier, et Saint-Aubin n'entendit plus parler de lui...
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Tabita qui, depuis sept ans, s'était toujours assez mal habituée à sa solitude, ne tarda pas bientôt à secouer le joug, et à profiter joyeusement de la vie. La table, chez elle, demeurait grande ouverte aux jurats, aux juges et aux sergents de Malabat; son cuisinier, Pierre Burgrand, devait chaque fois y servir les meilleurs plats de poissons et de gibier que son art lui permettait d'apprêter. les invités ne se faisaient pas faute d'être là, au rendez-vous, pour ces riches et plantureux repas.
Et ainsi fondait chaque jour davantage, la fortune de notre châtelain...
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Un matin que le baron, toujours vivant, soupirait après Poyaler, le diable vint frapper à la porte de sa prison. -"Allons, allons ! Il se passe chez toi, de graves événements ! Il n'est que temps ! Monte sur mes épaules... Il faut, ce soir, que nous soyons chez toi !"
Et Bénac, quittant mystérieusement sa cellule, grimpa sur l'échine de l'ange noir. On traversa des champs, des landes, des plaines, des collines, puis on se trouva tout à coup au dessus de la mer. -"Signe-toi !", lui cria Lucifer, qui de ces grandes ailes luttait contre le vent du large. -"Non !" répondit le marquis, qui se serrait de plus en plus contre le dos de son porteur. -"Ah ! tu as bien fait, car sans ça, tu prenais un bouillon...".
Enfin, harassé, le diable arriva à Poyaler, et déposa son voyageur. Après quoi, il disparut...
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La nuit tombée, on vit arriver au château un mendiant, suivi d'un chien dont les yeux dardaient du feu. L'inconnu, demanda l'hospitalité, et un lit pour reposer ses membres fatigués. Puis, il fit parler les domestiques, et s'enquit du branle-bas qu'il avait remarqué tout autour du manoir.
Le lendemain, qui était précisément le jour des noces de Mme de Bénac avec un gentilhomme fort renommé dans toute la région, le pauvre hère suivit le cortège jusqu'à St-Aubin, entra le dernier à l'église, et vint s'asseoir au banc réservé aux cagots.
Le curé, s'apprêtait à poser aux époux les questions rituelles, quand une voix se fit entendre : -"Je m'oppose au mariage de Madame la Marquise !". -"Quelles raisons avez-vous à apporter, lui demanda le prêtre, interloqué par cette interruption ?". -"Madame de Bénac n'est pas veuve, reprit le loqueteux; son mari n'est pas mort, et ce mari, c'est moi !" Un immense éclat de rire secoua l'assistance. -"Je m'engage, reprit cette fois l'étranger, en s'avançant vers le sanctuaire, je m'engage à faire la preuve de ce que je dis !... Je demande seulement qu'on suspende la cérémonie, et qu'on revienne à Poyaler !".
Cette fois, un silence de mort plane sur le groupe des brillants invités : on se regarde, on s'interpelle... Bref, le curé rentre à la sacristie, et le cortège, l'époux excepté, regagne le château.
A peine dans le bourg, le loqueteux lance un strident coup de sifflet... Et voilà qu'arrive en hennissant et franchissant tous les obstacles, la vieille jument du château. L'homme la caresse et l'appelle par son nom, tandis que l'animal s'ébroue avec force... Un second coup de sifflet; et, cette fois, c'est le chien qui, bondissant à travers la rue, s'en vient tout frétillant se coucher aux pieds du miséreux. Le doute n'est plus possible. Seule, Tabita refuse encore de se plier à l'évidence, et s'obstine à repartir pour St-Aubin. Alors, l'inconnu tire de sa poche un écrin, l'ouvre en tremblant, et le présente à la marquise. Cette fois, la châtelaine a blêmi... Elle vient, en effet, de reconnaître sous ses yeux l'alliance d'or portant en son chaton, les armes de la maison de Navailles-Bénac.
Et la fête, brusquement arrêtée, nu fut pas celle qu'on avait rêvée à Poyaler... Immédiatement, un serviteur partit pour Saint-Aubin, portant des noix au prétendant qui attendait toujours devant l'église. Celui-ci comprit qu'il n'avait plus qu'à se retirer*10.
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Alors, de Bénac rentré chez lui, dans la maison de ses pères, se mit à table pour dîner; mais comme le fiancé évincé, il ne voulut, pour l'instant, que des noix. Or, un chien, bousculé par les gens du château, vint en grognant se blottir dans un coin. - Le Marquis, les yeux fixés sur l'animal, jetait l'une après l'autre les coquilles vidées de leur contenu, à l'importun compagnon. Et voici que, tout à coup, ce dernier se lève, fait entendre un hurlement terrible, et dans un fracas d'enfer, s'échappe par un trou de la tour, qu'aucun maçon, depuis, ne put jamais boucher.
Ce chien, c'était le diable... De Bénac revenu cette fois, pour de bon, au château, le démon, comme l'époux manqué, n'avait plus qu'à partir.
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Malgré son retour à Poyaler, la situation, déjà si fortement obérée par les dépenses somptuaires de la marquise, ne fit qu'empirer chaque jour davantage. A telle enseigne, que les Bénédictins de St-Sever, fournisseurs ordinaires, et la famille Dumartin, de Laouzet*11, créancière habituelle, refusèrent de prêter leur argent aux seigneurs de l'endroit. Le domaine fut alors affermé pour 4.350 livres, avant de passer aux mains de la famille de Biron.
La Chapelle de Poyaler
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On prétend que cette chapelle fut construite peu de temps après son retour au château, par M. de Bénac, sur l'emplacement même où la jument et le chien le reconnurent sous les haillons du mendiant.
L'oratoire servit longtemps de sépulture familiale aux seigneurs de Poyaler; mais, rien ne trahit sous le carrelage actuel, l'endroit précis de leurs anciennes tombes. En 1842 cependant, l'abbé Montauzé, dernier vicaire de M. Dupérier, curé de St-Aubin, eut la curiosité, en soi fort légitime, de savoir ce que pouvaient bien déceler les pierres funéraires. Celui-ci fit donc lever les dalles, et trouva, presque à ras de sol, quelques cordons et restes de galons en fil d'or. Ces objets furent gardés pendant plus de six mois par un nommé Campet, cordonnier, qui finit par s'en débarrasser, ne voulant pas, disait-il, retenir plus longtemps des choses ayant appartenu à des morts.
La chapelle seigneuriale fut, comme le château, visitée par la garde nationale de St-Aubin, lorsque le gouvernement de la Convention décréta la destruction de tout ce qui pouvait avoir l'ombre d'un droit quelconque féodal ou religieux. Les ouvriers mandatés, firent sauter au marteau, les fleurs de lis qui, de ci de là, ornaient les murs du petit édicule (Archives).
M. l'abbé Faudouas, ancien curé de Saint-Aubin (1843-1875), allait pendant une partie de l'année, et une fois par quinzaine, dire la messe dans la chapelle. Ses successeurs, espacèrent un peu plus leurs visites. En 1888, M. l'abbé Moumiet, voulut reprendre l'ancien usage et, de Quasimodo à St Roch (16 août) revenir à Poyaler. L'évêché consulté lui fit savoir qu'il n'avait pas le droit de créer une annexe sur place, mais l'autorisait cependant à célébrer, quatre fois par an, dans l'oratoire du quartier. On choisit alors: un des sept jours des semaines de Pâques, de l'Ascension et de Toussaint, et le jour de St Roch. (cahier de l'église).
La foudre tomba sur l'immeuble en 1892, ce qui, de longs mois, y empêcha tout service religieux. Devant cette situation, devenue bientôt par trop pénible au coeur des habitants, la commune finit par prendre à sa charge les réparations pour lors les plus urgentes, et l'édifice fut, de nouveau, affecté au culte religieux.
Arrive, en 1906, l'affreuse tourmente qui s'en prit à l'Eglise de France, et qui marqua dans l'histoire du pays, une des pages les plus douloureuses pour lui. De par la Loi de Séparation et les décrets d'exception votés par les Chambres françaises, M. Sarrazin, receveur des Domaines à Mugron, vint le 19 février, inventorier les biens garnissant la chapelle. L'estimation qui fut faite alors de tout le mobilier cultuel, nous parait aujourd'hui des plus fantaisistes, quand on songe que le total porté pour la valeur des choses (onze articles différents) ne dépasse pas ... 9 francs ! Ainsi, l'autel figure pour 20 sous; les quatorze stations du Chemin de la Croix, pour 50 centimes... Le reste, à l'avenant... C'est bien là, cette désolation de l'abomination, dont parle le prophète... 1793, 1906, deux dates qui, à un siècle près, renouvelaient en France les mêmes actes sacrilèges !... Robespierre, Combes, deux noms également, qui resteront honnis par le coeur des croyants, persécutés dans leurs plus chères et respectables convictions ! Eux, ils ont disparu, et nul plus ne s'en inquiète... L'Eglise catholique, elle, continue toujours, et domine le monde. Stat Crux, dum valvitur orbis !
En 1912, M. l'abbé Darcet, nouvellement arrivé à St-Aubin, entreprit de rajeunir un peu l'antique chapelle des seigneurs. La municipalité entra dans ses vues, et donna sur les murs, le coup de badigeon reconnu nécessaire. Quant au curé, il ouvrit une souscription dans Poyaler, et intéressa à sa cause les familles voisines du quartier, à Malabat, à Mugron, à St-Aubin et à Larbey. Il recueillit ainsi 350 fr 50, grâce auxquels il put doter la sacristie et la petite nef, des objets indispensables à la célébration du culte : chaises, lustre en cristal, chemin de Croix, aspersoir, ornements d'autel.
Six statues sont adossées aux murs intérieurs : le Sacré-Coeur; N.D. de Lourdes; St Joseph; St Roch; St Antoine de Padoue; Ste Thérèse de l'Enfant Jésus. Cette dernière fut bénite le 18 octobre 1931, devant une foule nombreuse et particulièrement recueillie, que ne parvint pas à arrêter une pluie diluvienne, tombée tout le temps de la journée.
Comme calice faisant partie du mobilier, nous possédons celui de sa "Chapelle de Guerre", à coupe démontable, laissé en souvenir par M. l'abbé Deyres, en 1930.
Nous signalons, en terminant, la cloche du campanile, fondue en 1629, et sur laquelle nous lisons cette simple inscription : Sancta Maria, ora pro nobis. Isabéline de Bénac. - Il nous reste encore une sonnette, à timbre argentin, portant gravé en relief, un monogramme dont le sens est assez difficile à saisir.
Coup d'œil sur Poyaler
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Du fait de ses seigneurs, et surtout par le rôle actif qu'il joua si longtemps dans la localité, Poyaler s'était fait un nom et une place reconnus de tous. C'est lui, en effet, qui dictait la loi à St-Aubin, à ce point que toutes les délibérations communales d'avant 1792, portent invariablement cet en-tête: "La communauté de Poyaler et Saint-Aubin...".
Le quartier possédait jadis le régent ou instituteur, le chirurgien ou médecin, le notaire. Ainsi, en 1643, Comet, notaire royal, résidait au Haza. En 1656, la localité comptait deux notaires présents: Jean de Laborde et Guillaume Dufraisse. - En 1670, Bertrand Larrey, médecin, vivait au Grand-Ségas. - En 1694, enfin, Poyaler donnait asile au greffier Dominique de Campet, au procureur d'office Bernard de Laborde, au médecin Bernard de Gachard, et au sergent royal David Dartiguelongue (Cahier paroissial de M. l'abbé Moumiet).
De 1643 à 1727, les assemblées des jurats et des syndics se tinrent successivement aux maisons de "Houndarriou" et de "Peillot". Dans cette dernière, se trouvait le local servant d'école aux enfants des environs (Archives municipales).
On le voit, Poyaler portait haut son blason. Mais, quand en 1790 furent fixées par l'Assemblée Nationale les nouvelles limites pour les communes de France, celui-ci dut passer tous ses droits à St-Aubin, pour devenir dès lors son très humble vassal. Ainsi perdait-il à jamais son antique grandeur.
Par un reste de fierté que nous comprenons très bien, Poyaler n'a jamais franchement accepté le joug qui lui fut imposé. D'où, cet esprit spécial dont se ressent encore sa vie sociale, religieuse et familiale. On ne change pas si facilement la mentalité d'un peuple.
D'autres, avec une cruelle ironie, expliquent ce fait par les traces que jadis y laissa le fameux chien du marquis, le diable en l'espèce, toujours génératrices, paraît-il, de l'atmosphère indéfinissable qu'on respire en ces lieux. - Personnellement, nous laverons le quartier de cette injure gratuite; et si parfois, dans son sein il a pu y avoir des discordes fâcheuses, nous croyons qu'il ne lui est pas impossible de marcher dans le sillage de Saint-Aubin, dans la pratique du bien, l'amour du travail et des vertus domestiques. Et nous souhaitons que l'air pur et vivifiant qu'on rencontre en ce coin si gentiment poétique, emporte tous les miasmes délétères qui pourraient y régner, au seul avantage de la paix et du bonheur des familles.
1- Chevalier: celui qui appartenait à un corps militaire et religieux, institué pour combattre les infidèles.
2- Ecuyer: gentilhomme qui accompagnait un chevalier, et qui portait son écu.
3- Damoiselle: jeune fille de qualité.
4- Sénéchal: officier de la féodalité, qui rendait la justice dans un territoire déterminé.
5- Pair: personnage lié à son suzerain par l'obligation de foi et d'hommage.
6- Lieutenant-général: officier créé à des heures difficiles, et qui avait alors la même autorité que le roi.
7- Maréchal de France: officier général, qui était au-dessus des autres généraux.
8- Chevau-léger: cavalier d'un corps de troupe de l'ancienne armée française.
9- Page: jeune noble, qui accompagnait le roi ou un seigneur, et qui leur rendait certains services personnels.
10- En Chalosse, autrefois, la demande en mariage se faisait par un dîner, auquel assistaient le prétendu et ses parents. Au moment du dessert, si cette demande n'était pas agréée, on servait des noix. Le jeune homme se levait de table, sans insister davantage. La jeune fille n'était pas pour sa main.
11- Cette maison, aujourd'hui détruite, se trouvait en contrebas de la tour.