Retour vers « Archiprêtré et Archiprêtres de Doazit »


Cartes :
- Duval, Pierre (1619-1683). Diocèse d'Aire en Gascogne. 1653.
- Duval, Pierre (1619-1683). L'évesché d'Aire. 1662.
- Duval, Pierre (1619-1683). L'évesché d'Aire. 1663.


DESCRIPTION
DE L'EVESCHÉ
d'Aire en Gascogne

Par P. DUVAL Secretaire de Monseigneur l'Illustrissime & Reverendissime Evesque & Seigneur d'Aire & de Sainte Quitaire du Mas : Messire Gilles Boutault, Conseiller du Roy en ses Conseils.

M.DC.LI.



PREFACE
de l'Autheur.

I'ay crû pour plusieurs raisons devoir brievement décrire ce Diocese, & faire le denombrement de ses places, suivant les memoires que i'en ai dressez, assistant à la visite generale de Monseigneur l'Evesque Gilles Boutault, les années 1640, & 1641. C'est avec dautant plus de certitude que ie les ai toutes parcouruës, & faisant la fonction de Secretaire aupres de mondit Seigneur, lequel a mesme agreée de m'en donner lui mesme des instructions, & des memoires. La Carte que i'ay dressé sur les lieux, & qui du depuis a esté gravée en Hollande donnera quelque lumiere pour ne se point égarer dans un païs qui commence à se ressentir de la Lande, & où neantmoins on trouve une agréable diversité & des avantages bien considerables, de mesme que dans les plus florissantes Provinces du Royaume.



DESCRIPTION
DE L'EVESCHÉ
d'Aire en Gascogne.

Divisée en VIII. Chapitres.

Du Diocese en general.

Chap. I.

Le Diocese d'Aire fait partie de la propre Gascogne, aux environs de la riviere d'Adour, & est voisin du Bearn, des Landes, du Bazadois, & de l'Armagnac : L'Evesché de Lescar, est à son Midi vers le Bearn ; celui de Dax à son Couchant dans les Landes ; celui de Bazas, en sa partie la plus Septentrionale ; & à son Levant du costé d'Armagnac ; celui d'Eause, son Metropolitain, dont le Siege est aujourd'hui transferé à Auch, il a d'Occident en Orient, huit lieuës de Gascogne, & unze lieuës de Midi au Septemtrion : Cette estendue & la bonté du païs, le rendent un des bons Eveschez de la Province de 21000. à 24000. l. de revenu annuel, & qui double les années Bissextiles, l'Evesque ayant lors celui des Fabriques des Paroisses comme estans originairement de sa Manse Episcopale, & données ci-devant aux Eglises par ses predecesseurs pour leur entretien & reparation : les meilleures de ces Fabriques sont en Chalosse ou plusieurs Eglises ont cinq, six à huit cents écus de revenu annuel.

L’Evesque se qualifie Evesque & Seigneur d’Aire, & de sainte Quitaire du Mas ; il ne manque pas mesme de marques qu’il ait autresfois eu quelque souveraineté : Sa redidence est aujourd’hui dans Aire, qui est appellée dans les anciens Conciles, Vico-julius Adurensium. Au Concile d’Agde Rusticus Episcopus Vico-juliensis estoit Evesque d’Aire : il y a pareillement quelques Evesques d’Aire, qui ont signé Episcopi Vasconiæ, peut-estre à cause du nom de la Province, ou bien à cause du Bourg de Bascons premier sejour des anciens Gascons en ce païs, & d’où toute la Province a receu le nom : tel est le seing de l’Evesque dans la fondation de l’Abbaye de S. Sever : d’autres Evesques ont pris titre d’Evesques de Marsan, lors principalement que le Vicomte de Marsan dominoit en ces quartiers.

On compte en ce Diocese six Archiprestrés, Chalosse, Theursan, le Plan, Marsan, Roquefort, & Mauleon : L’Archiprestrée de Chalosse est annexée à la Cure de Douazit, celui de Theursan à celle d’Urgons, celui de Marsan à S. Avit : ceux du Plan, de Roquefort & de Mauleon ont pour Archiprestres les curez des Paroisses de mesme nom.

Ces six Archiprestres ont sous soy deux cents dix-huit Parroisses, outre plusieurs qui ont esté ruinées par les guerres, ou abolies par suitte de temps ; Nous n’avons plus que le nom, & quelques chetifs hameaux de reste, des Paroisses d’Onez, Projan, Nozeilles, Brassens, Sales, Estian, Bascaules, & Queusa, leurs Eglises n’estant plus sur pied.

Il y a encore d’autres Eglises & Chapelles en autres lieux que les Parossielles, comme celles des Commanderies, & celles qui sont dans les villes & bourgs du Diocese.

On en void bien encor une cinquantaine outre les Eglises des bourgs de Mommuy, de Renum, & de Maupas ; de S. Pierre prés de S. Criq de Maureillan, de nostre Dame pres de Sarbazan, & les Chapelles de S. Anthoine de Flaron, de S. Laurens du Brocard, & du Benquet, lesquelles sont du tout deperies ; soit que leur trop grande antiquité en soit la cause, ou que la rage des huguenots, qui a esté grande en ce Diocese, en ait avancé la rüine, & qu’ainsi le service Divin y ait esté aboly, & ces lieux prophanez par ordre mesme des Evesques.

Certains lieux sont grandement visitez des habitans des contrées voisines, Mailies, Goudosse, & S. Gen, pour la devotion à nostre Dame, le Mas, pour celle de sainte Quittaire, Bascons à cause de S. Amand, & quelques autres, où se cueillent plusieurs bonnes aumônes : Aussi ces Eglises sont elles en bon ordre, & bien tenues, comme presque toutes celles de la Chalosse ; les habitans ayant grand soin de les orner & entretenir, au lieu que ceux d’Armagnac, n’en sont pas tant soigneux, pour n’estre pas, peut estre, si accommodez & plus chargez d’impositions.

Les Cures de ce Diocese sont au nombre de 126. à la nomination de l’Evesque, des Abbez, des Commandeurs & des patrons laïcs : Celles des Abbez de S. Iean de la Castelle, sont appellées Granges, & de cette sorte sont Duhorte, Borderes, Malh[e]res, Iuliac, Laqui, & autres.

On y compte huit Abbayes ; S. Sever, Pontault, S. Girons, le Mas, S. Iean de la Castelle, S. Loubüer, Pimbes, & Mont de Marsan, celle du Mas est tres ancienne & unie à l’Evesché en qualité de Concathedralle, celle du Mont de Marsan, est la mesme que celle de Venies [Veiries], ou des sœurs de sainte Claire.

Les Prieurez sont Nerbis, Montgalhard, Perquie, Bougues, Mont de Marsan, Euse, ou Labrit, & Roquefort.
Les principales Commanderies sont celles de
S. Esprit, Corbins, S. Anthoine de Goulannin, S. Anthoine de Flaron, S. Maurice, Bougues, sainte Anne, & S. Iustin, ou Cap-Cornau.

Bien que ce Diocese soit un des plus reculez du Royaume, les habitans y ont neantmoins soin de recevoir les pauvres voyageurs, & d’y traitter les malades selon leur possible ; Ils ont pour cet effet plusieurs Hospitaux, du nombre desquels sont Hagetmau, Souprosse, S. Michel, de saint Sever, S. Esprit, Horsariou, Mugron, Larbei, Mus, Aire, Cazerez, Mont de Marsan, Bessaut, Roquefort, & Arriaub.

Tout le païs est généralement bon, grandement fertile, & n’a besoin d’emprunter des autres provinces, ce qui est de la necessité & commodité de la vie. Il est assez peuplé, specialement dans la Chalosse, & dans l’Armagnac : Ces deux contrées sont égalles en fertilité ; mais celle là est plus riche, & ses habitans pecunieux. Cette mesme Chalosse fournit beaucoup de païs de son vin, qui est bon par exellence, celui de Theursan est des plus puissants : les païs de Marsan & de Roquefort, abondent en grains, cire, miel, rezine, laine & bestail : on ne peut exprimer la quantité de froment, millet & pannis qu’on transporte des environs du Plan & de Mauleon, iusques dans les Provinces les plus éloignées. Il y a peu de païs plus entrecoupé de rivieres que ce Diocese. On y en compte bien une trentaine, tant petites que grandes, avec leurs noms propres, les principales sont l’Adour, qui porte bateaux au dessous Grenade : la Douze, & le Midour. Il y a quelques Estangs, dont le plus renommé est celui de S. Gen ; l’Armagnac en est pourveu plus qu’aucun autre endroit. On y a pareillement la commodité de plusieurs bois.

On compte en ce Diocese vingt-six petites villes, dont les meilleures sont S. Sever, Mont de Marsan, Roquefort, & la Bastide d’Armagnac, une trentaine & plus de bonnes bourgades, qui presque toutes sont fermées, ou de muraille, ou de terre, 40. à 50 Chasteaux, dont ceux qui marquent le plus, sont Poyaler, Castets & Tempoi, & outre ce, grand nombre de maisons Nobles. Il y a les Baronies de Montgailhard, Sarraziet, Mommuy, Banos, Dumes, Douazit, Hagetmau, Binquet, Onhoas, Hontans, Campet, Marsan, S. Maurice, Samadet, & Margstall [Margastau], le Duché d’Albret, le Marquisat de Castelnau, & le Vicomté de Iuliac, sont pareillement de ce Diocese, comme aussi quantité de places, qui ont cy-devant esté fortifiées, quoy qu’elles soient aujourd’huy peu de chose : en ce nombre, sont Renum, le Fraische, Mauleon, Estan, Nerbis, Mus, & autres que les terraces & restes de fortifications témoignent avoir esté autant fortes de travaux que d’assiette.


Retour vers « Archiprêtré et Archiprêtres de Doazit »


DE
L’ARCHIPRESTRÉ
de Chalosse.

Chap. II.

La Chalosse est bon pays plein de Vignobles & d’arbres fruitiers, avec d’agreables diversitez la pluspart des biens des particuliers estans assortis de bois, de prairies & de ruisseaux, à cause des costeaux qui sont entrecouppez de plusieurs petites rivieres, qui toutes se rendent dans l’Adour, & font ensemble ce beau paysage. La Chalosse quoy que voisine de la Lande est beaucoup meilleur pays, & cede à peu d’endroits. Ie ne diray pas seulement de France ; mais d’Europe pour la fertilité. Elle est au reste si peuplée, qu’on diroit volontiers qu’elle n’est qu’un bourg, tant il y a de villotes, bourgades & chasteaux les uns prés des autres. Il y a bien dans les paroisses de ce seul Archiprestré trente mille Communiants, suivant les Declarations qui en ont esté faites par les Recteurs ou Curez des paroisses, lors de la visite generale de l’Evesque en l’année 1641.

Il y a 35. paroisses qui sont 28. Cures. Ses villes sont en nombre de six.
S. Sever.
Hagetmau.
Souprosse.
Montault.
Mugron.
Brassempoi.

S. Sever, Cap de Gascogne, en est la plus considerable, & la meilleure de tout le Diocese, avec un ancien chasteau, & trois fauxbourgs d’un mesme endroit autresfois bien retranchez : La ville a une bonne Abbaye, des Convents de Iacobins, de Capucins & d’Ursulines, & un Siege Royal. Hagetmau est assez bonne villotte, accompagnée d’un beau chasteau basti par Lautrec, & de l’Eglise Abbatiale & Collegiale de S. Girons, Souprosse est sur les confins du Diocese, avec quelques fauxbourgs, où les habitans vivent peu à cause du mauvais air qu’ils contractent des Marais voisins.

Montault, porte son nom à iuste titre estant situé sur un tertre fort élevé, d’où elle découvre les belles plaines de l’Adour & du Gabas.

Mugron, est la dernière place de l’evesché sur l’Adour, considerable pour le trafiq des vins que l’on en transporte au moien de la riviere.

Brassempoi, est peu de chose ; mais agreablement située prés du Lous [Luy], qui forme en cét endroit une riche vallée.

Outre les villes susnommées on fait estat de 8. bonnes bourgades.
Doüazit.
Caunar.
Horsariou.
Thoulousette.
Mommuy.
Mant.
S. Criq.
Monsegur.

Elles sont toutes fermées,hormis ces deux dernières.

Il y a encore quelques places qui marquent avoir esté ci-devant plus fortes qu’elles ne sont aujourd’huy habitées, telles sont.
La Mothe.
Thoulousette.
La Crave.
Mus.
Nerbis.
Morgans.

Les environs de la Mothe sont grandement fertiles en millet.

Thoulousette a son port, & un passage sur l’Adour, au moien de son Bac.

La Crave estoit autresfois de defense, à cause de son Eglise fortifiée sur une butte.

Mus n’a plus rien que son Eglise, avec sa fameuse Confrairie, & les restes de ses anciennes terraces.

Nerbis a pour le jourd’huy en son enclos l’Eglise paroissielle de Mugron.

Morgans a esté autresfois residence du Chapitre de S. Sever.

Les rivieres de ce quartier sont,
L’Adour.
Le Gabas.
Le Lous.
Le Luy.

Quelques fontaines y sont remarquables, comme celles du Mant, qui iette presque toûjours de gros boüillons. Une autre entre Audinhon & Varene avec la méme qualité. Une troisiéme prés d’Horsariou, autour de laquelle on fait marcher les personnes qui ont la jaunisse pour la leur faire passer suivant la commune opinion de ceux du païs.


Retour vers « Archiprêtré et Archiprêtres de Doazit »


DE
L’ARCHIPRESTRÉ
de Theursan.

Chap. III.

Le païs de Theursan avoisine le Bearn où pour l’ordinaire on porte les vins qui se recüeillent en ce quartier, l’Adour n’y estant pas capable de porter batteaux pour les faire descendre à Bajonne. C’est chose assez remarquable que dans tout le Theursan on ne boit ordinairement que vins bien delicats, tant blancs que clairets.

On y compte 40. Paroisses, qui ne font que 24. Cures. Les villes y sont en nombre de sept, Aire, Pimbou, Geaune, Büanes, Coudures, Castelnau, & Montgalhard.

Aire, autresfois appellée Iuliot vicus, est la Capitale de l’Evesché qui en emprunte, son nom ; fort ancienne, & ci-devant beaucoup plus grande & meilleure qu’elle n’est aujourd’huy, assize sur le bord de l’Adour, au pied de quelques costaux qui la defendent des mauvais vents : toute environnée d’eau qu’on y fait venir d’un bras de la riviere, à dessein de faire moudre les moulins de la ville. Au de là de l’Adour est une belle plaine qui regne le long de son lit, large d’une lieuë, fertile en fruits excellents, & bordée d’un grand costau tout couvert de vignobles. Cette ville a long-temps esté tenue des Gots, dont on void encore des restes prés de la riviere dans les ruines du chasteau d’un de leurs Rois Alaric, où l’on trouve parfois des pieces de jaspe & de marbre, & du pavé à la Mosaïque, que l’Adour découvre apres y avoir miné les terres. La ville d’Aire estant un partage necessaire entre le Bearn & l’Armagnac, elle a du depuis souvent esté occupée par divers Seigneurs qui faisoient leur efforts ou de la conserver ou de la rendre inutile à leurs ennemis, ne la pouvant garder : les fossez autour de la maison Episcopale, & de l’Eglise que l’on appelloit le fort ont n’agueres esté comblez, l’Evesque d’aujourd’huy, faisant rebattir le chasteau, qui en son accomplissement doit estre une des belles maisons Episcopales du Royaume, accompagnée de jardins, vergers, canaux, allées, bois, fontaines & autres agrements. Le voisinage est beau pays, & cette plaine de l’Adour est bien le lieu le plus delicieux de toute la contrée, tant pour la fertilité de son terroir, que pour la commodité de la riviere, dont les eaux en arrousent & enrichissent toute l’estendue, de sorte que si les Bourgeois d’Aire ont une ville de peu de consideration, presque ruinée, & qui n’est recommandable, que par la seule demeure de l’Evesque, ils ont en revanche à leur porte la commodité de la riviere, le murmure des fontaines & des ruisseaux, l’émail des prairies, & l’ornement des bois.

Pimbou, est éloignée de deux grandes lieües de l’Adour, & sur le chemin d’Aire à Pau.

Geaune, dépend du Marquisat de Castelnau, & est presque toute habitée de ceux de la Religion pretendue reformée : aussi l’appelle-t’on petite Geneve.

Büanes & Coudures, sont à l’assemblage de petites rivieres assez mauvaises en temps de pluye.

Castelnau, chef d’un Marquisat, donne son nom à une puissante famille de ces quartiers.

Montgalhard a son chasteau demy ruiné avec titre de Baronie.

Il y a aussi quantité de gros Bourgs en Theursan, & la plus part fermez, les principaux sont le Mas, Samadet, Renum, Urgons, S. Louboüer, & Vielle.

Le Mas est remarquable sur tous, à raison de son Antiquité, de la situation, & de la dévotion à sainte Quitaire qu’on dit y avoir souffert le martyre sur le penchant du costau : son Eglise est bien l’une des plus belles de Güienne, enrichie de divers coprs S. S. & d’une fontaine miraculeuse, frequentée par nombre de pelerins, à cause de sa vertu sur ceux qui ont le sens egarré. Les guerres civiles en ont ruinez les lieux reguliers, mais l’Eglise a esté recouverte à la diligence de l’Evesque d’aujourd’hui, qui travaille à convertir ladite Eglise en seminaire, pour le bien du Diocese ; Ce bourg du Mas, est comme le fauxbourg d’Aire, assis sur une petite montagne un peu longuette, & detachée des autres, horsmis vers la plaine de haut. Cette assiette est tout à fait agreable, car on découvre vers le Septemtrion, le val d’Adour, & on void aisement les Pyrenées du costé de midy, lors que le temps est serain : le penchant & les environs de la Colline produisent d’aussi bons vins qu’il y en ait dans le pays, & sur tout le costau de Portugau. Ses eaux y sont aussi generalement bonnes. La montagne ou Poy de Monsoe en ce pays est estimée la plus haute de Güienne avec les restes d’un ancien campement en son sommet : on la descouvre quelquefois de Langon en Bazadois, dont elle est esloignée plus de quatorze lieües de Gascogne ; Nous la pourrions bien appeller la Couronne de la province, puis que les terraces & les arbres qu’elle a sur le haut luy font rapporter cette figure. Plusieurs autres places au voisinage d’Aire, ont pareillement de grands restes de ces anciens campements de Romains ; ce qui fait croire que ce pays est celuy qui dans Cesar est connu sous le nom de Sotiates, & le Mas, cet Oppidum Sotiatum, qui se defendit si bien, contre Crassus Lieutenant de Cesar, aussi les grands retranchements qui sont à Baichen, & au Castera, donnent lieu de croire qu’il ne faut point ailleurs chercher les camps fortifiez par ceux du païs pour contrequarrer les Romains, en suite de la prise de la ville des Sotiates.


DE
L’ARCHIPRESTRÉ
de Plan.

Chap. IV.

L’Archiprestré du Plan est presque environné des rivieres d’Adour & de Midour, de mesme que celui de Mauleon de celles de Midour, & de Douze, qui semblent les borner à point nommé. Ces rivieres avec quelques autres moins considerables y forment un beau païs. Le Ludon y fait le plus grand & le plus poissonneux estang qui soit en tout le Diocese, puis il reçoit le ruisseau de l’Aboi abondant en Ecrevisses, & ayant salüé le Plan, chasteau de l’Evesque, & ayant servi à l’embellissement du beau chasteau de Pujo, il se rend dans le Midour, prés de Bougues.

La Gaube est remarquable pour la quantité de ruisseaux qu’elle reçoit en peu d’espace. Les plus considerables ruisseaux qui menent leur eaux dans l’Adour, sont la Gioule, le Tripons, l’Argens, Lounze, & le Pas. Ce pays est à la vérité beau & bien revenant pour estre le long de l’Adour, mais cette riviere augmentée des eaux de tant de ruisseaux qui viennent à s’enfler extraordinairement pour peu qu’il y ait plu, & de celles qu’elle est obligée de recevoir des Pyrenées quand la force du Soleil y fait fondre les neges en quelques endroits Cette riviere di-je y est souvent à franchir ses defenses, & à decharger sa colere dans le sein de sa belle plaine nonobstant les Digues que luy opposent ceux du pays. On void entre Cazeres & Aire, son ancien lict, que les habitans appellent la vieille Dour. C’est un grand & large canal fort poissonneux en forme d’estang avec fort peu d’esgout dans la riviere.

Il y a en cet Archiprestré quarante Paroisses, dont 24. sont Chefs de Cure.

Les villes sont, Grenade, Ville-neuve, Hontans, Cazeres, Montaigut, & Montguilhem.

Grenade est dans une belle plaine qui luy rend ses advenues bien agreables : a droite de la riviere d’Adour, laquelle y est traversée d’un pont de bois.

Ville-neuve est connüe à cause du passage du Midour sur son pont, & pour avoir esté cy-devant fortifiée, & de plus grand circuit qu’elle n’est à present.

Hontans a un chasteau assez considerable, garni de fossez, & chef d’une Baronie.

Cazeres est situé en cette belle plaine d’Adour, où il fait beau voir en Esté les milliers de bœufs, & infinis troupeaux, d’autre bestail qu’on y fait descendre pour la comodité de la riviere.

Montaigut a en son voisinage le pont du Roy sur le Midour, renommé pour les rendez vous des Braves du pays.

Montguilhem a pareillement un pont sur la mesme riviere qui rend en Hyver ces passages tres mauvais, ces deux dernieres places sont de peu de consideration.

Les Bourgs y sont en nombre de 8. Binquet, Rimbles, Bougues, Bascons, S. Maurice, Touiouse, Castandet, & Maurrin. Ces cinq derniers retranchez & fermez de terre.

Binquet est accompagné d’un chasteau au beau milieu des eaux du Pas, qui forme quantité de marez le long de son lict.

Prés de Rimblez y a des arbres nommez cassoures, remarquables en ce qu’ils sont rares, & qu’ils se descouvrent 4. à 5. lieües à la ronde. Ils ont la graine assez semblable à celle de chesne, aussi cet arbre y a quelque raport. Bascons, S. Maurice, Toujouse, & quelques autres places marquent avoir esté meilleures qu’elles ne sont à present.

Bascons garde encore aujourd’huy le nom de ces anciens Gascons, qui s’y retirerent des Pyrenées ; le peuple y est grandement superstitieux, & dans le voisinage, on void la fontaine de S. Amand qu’ils disent guerir de la fievre ; ce saint grand Protecteur des Gascons, y a son Eglise bien bastie & en tres bon ordre, à cause de la grande devotion de ceux du pays.



DE
L’ARCHIPRESTRÉ
de Marsan.

Chap. V.

Cet Archiprestré se ressent entierement de la Lande, comme celuy de Roquefort, en partie ; plusieurs ruisseaux y servent à faire moudre des moulins, & on y a tous les avantages de la cire, du miel, de la resine & des laines ; une autre commodité beaucoup plus considerable, est la navigation de la riviere de Douze, qui commence de porter batteau au Mont de Marsan.

Outre les rivieres de Midour & de Douze, il y a celles de Lestrigon, de Geloux, & de Riouclar, qui fournissent assez bien du poisson à ceux du pays, on fait cas du Brochet de l’Estrigon, de la Truite de Goneyre, & de la Carpe de Douze. On pesche dans le Geloux, & dans le ruisseau de Gareinth, lequel y mene ses eaux quantité de tortues de fort bon goust.

Il n’y a que deux villes en cet Archiprestré Labrit & Mont de Marsan, mais aussi l’une est la plus marchande, & l’autre a cy-devant esté la plus Seigneuriale du pays.

On y compte vingt-cinq Paroisses qui font quinze Cures.

Labrit, ou Albret, autresfois sejour des Ducs de mesme nom, a esté bonne villote, & aujourd’huy ruinée, avec un puissant chasteau dont on a toujours estimé les tours, comme tres fortes & bien basties. Elle a des bois & des Landes de grand revenu & de grande estendue : Il y a dans les bois quantité de Lieges & de Pins, dont les habitans font des planches & des resines. La Lande vaut pareillement beaucoup sur tout l’Hyver, lorsque les Pasteurs y amenent leur troupeaux de la montagne.

Mont de Marsan est une bonne ville à l’assemblage de deux rivieres considerables, la Douze & le Midour qui ont chacun leur pont, & qui environnent presque la ville de leurs eaux horsmis vers le Levant d’Esté, où se presentent deux puissants bastions & autres fortifications qui y furent faites par ordre du Roy Henry IV. comme à une place de consequence : elle a en ce mesme endroit les restes d’un chasteau ruiné, & au de là du Midour un grand fauxbourg fermé de muraille, ou plûtost une autre partie de la ville, avec une belle & grande fontaine, commodité qui ne se retrouve du tout point dans le voisinage. Cette ville est la vraye estape du Diocese ; Les habitans y portans toutes leurs marchandises, vins, bled, millet, resines, laines & autres commoditez qu’ils font descendre par la riviere à Baïonne, pour y estre mis sur mer. On y charge sur tout des bleds en si grande quantité qu’un des meilleurs revenus de ceux de la ville est d’avoir des greniers.

Il n’y a point de bourgs en ce quartier, la nature du pays ne le permettant pas ; Les maisons & metairies, y estant fort eloignées les unes des autres ; mais en revanche les Paroisses y sont de grande estendue.


DE
L’ARCHIPRESTRÉ
de Roquefort.

Chap. VI.

Il n’y pas aucun endroit du Diocese, qui soit plus arrosé de rivieres, & qui ait une plus grande diversité de pays, que l’Archiprestré de Roquefort. La riviere de Douze iusques à S. Iustin, y baigne des terres qui cedent à peu d’autres, pour le provenu des grains, & on treuve force carrieres de pierre de taille aux environs de Noet, Douzevielle & S. Iustin. Il y a grande chasse en une bonne partie des Paroisses, y ayant force perdrix, cailles & autre gibier en la saison.

On compte en cét Archiprestré 4? Paroisses & 22. Cures.

Les villes sont Roquefort & S. Iustin :

Roquefort est une petite ville assez jolie, accompagnée de trois fauxbourgs, & autresfois de deux chasteaux, l’un au Roy à present tout en ruines, & l’autre au Seigneur. La ville est assise au pied, & sur le penchant d’une montagne à l’assemblage de la Douze, & de l’Estampon, tenant rang parmi les meilleures du Diocese, comme estant un grand passage à venir du costé de Bourdeaux vers le Midy, & bien commode pour le transport des laines & des autres marchandises des Landes.

S. Iustin est en belle assiette, & montre de loin estre jolie ville, à cause de ses tourillons & autres bastiments exhaussez : Ses habitans sont presque tous de la Religion pretenduë reformée, aussi a-t’elle esté ville d’ostage, et pour ce sujet, garnie de bonnes & fortes murailles, estant déja environnée des trois part de la Douze, qui coule au pied de son tertre : On void en sa partie Meridionale les restes d’un vieux chasteau, & en son voisinage une fontaine qui guerit de la fievre apres avoir fait vomir. La riviere de Goneire est toute en cét Archiprestré, & fournit entr’autres poissons de fort bonnes truites. Ce qu’il y a de bourgs & de chasteaux est du Vicomte de Iuliac.

Le nom de ce Vicomte de Iuliac semble avoir grande conformité avec celui de Vico julius, Adurensium, qui seulement depuis la guerre de Iules Cesar, & non auparavant a esté receu dans le pays. Il est sans difficulté l’endroit où Crassus sejourna lors qu’il fit guerre dans la Province : aussi voit-on des campements prés de Creon, sur les confins de ce Diocese, prés de Casaubon, au Diocese d’Auch, qui semblent estre des Romains, celui prés de Creon est appellé la Sale de Sablet, & autrement chasteau-Sarrazin, peut-estre à cause que les Sarrazins y ont aussi campez ; celuy de Casaubon la Gayere.

Ce Vicomté a ci-devant esté de plus grande estendue avant que les Paroisses d’Arolhe, Argelose, & Sauboeres en fussent desmembrées. Il consiste pourtant en quatre places qui autresfois ont esté plus considerables.
Mauvezin.
Betvezé.
Creon.
S. Iulian.

Mauvezin, est la Capitale du Vicomté accompagnée de son chasteau, ou la Douze forme plusieurs canaux qui rendent la terre extremement grasse, & font moudre plusieurs moulins, dont le plus voisin de la ville est bien basti & merite d’estre mentionné, puis qu’il donne moyen à ceux de Mauvezin de faire le meilleur pain de la Province.

Betvezé est ainsi appelé à cause de sa belle veuë ; ses terraces, & ses fossez témoignent qu’il a esté autresfois de defense.

Creon fut autresfois meilleur, n’estant plus aujourd’huy qu’une bicoque en fort mauvais estat, située pourtant avantageusement, ayant d’un costé des marais, & de l’autre, de vieux retranchements.

S. Iulian est sur une butte, & ressent plus à present son village que son bourg.

Le chasteau de Beroi, prés de Betvezé, est la demeure des Vicomtes, & semble avoir eu ce nom de sa belle assiette, en un pays de chasse, & où des bois, des vignobles, des allées, des jardins & des estangs contribüent à l’embellir.

La Grange de Iuliac, est la Paroisse qui porte aussi le nom du Vicomté, avec un moulin & une chaussée fort ancienne, bastie de pierre de taille, par ordre d’un Edoüard Roy d’Angleterre, & d’un Gaston de Foix. Son Eglise est dautant plus venerable qu’on y conserve des Reliques de sainte Radegonde, de saint Antoine, de S. Iean, & autres.


DE
L’ARCHIPRESTRÉ
de Mauleon.

Chap. VII.

Le peu d’estendue de cet Archiprestré, est compensé par le grand nombre de ses habitans ; aussi le terroir y est fertile en bleds & quantité d’Estangs y fournissent tres-bien du poisson aux Armagnadois au defaut de la mer, dont ils sont un peu trop éloignez pour en avoir les commoditez. On y rencontre à la verité quelques petites Landes, mais elles y sont tenues pour la nourriture du bestail, & pour fumer les autres terres labourables, bien qu’il ait pour ce mesme effet une espece de sable moillonneux, ou plustost du marlon extremement gras.

On y fait estat de 29. Paroisses, & de 15. Cures.

Les villes sont trois.
La Bastide.
Estan.
Mauleon.

La Bastide est une des meilleures du Diocese, & la plus considerable de ce quartier sur la riviere de Douze, laquelle y est traversée d’un pont de pierre, elle a esté une des fortes places du pays, & son Eglise à present ruinée par les habitans, qui presque tous y sont de la Religion pretendue reformée, avoit une voute beaucoup estimée pour sa merveilleuse largeur : Son chasteau n’a de reste que des ruines & des mazures qui tesmoignent quelle a esté sa force.

Estan est située sur un tertre, prés d’un ruisseau de mesme nom, avec un chasteau sur une haute butte separée de la ville.

Mauleon, chef de l’Archiprestré, est composé d’une ville, & d’un chasteau garni de doubles remparts & fossez, & nommé chasteau-jusan, ce qui tesmoigne y en avoir eu un autre plus élevé.

Les Bourgs y sont en nombre de sept.
Margastau.
Lias.
Monclar.
Le Fraische.
Maupas.
Castets.
Aisiu.

Les quatre premiers sont fermez de terre. Celuy du Fraische est accompagné de son chasteau, situé avantageusement comme ayant esté une place de consideration du temps de la domination des Anglois en ces quartiers ; & il semble que le gros pavé qui y reste, soit de leur ouvrage : non loin d’ici est l’ancienne Abbaye de Veries [Veiries], appartenante aux Religieuses de sainte Claire du Mont de Marsan, & fondée avec de bons revenus par le Roy François premier, quand il y passa avec le Reine Eleonor sa seconde femme. L’Eglise y est aujourd’huy toute ruinée.

Entre les chasteaux Castets est le plus recommandable, & en belle assiette, sur un haut tertre prés du Midour, d’où l’on decouvre tout le pays voisin.


DE LA
LANDE.

Chap. VIII.

La Lande semble d’abord un pays rude, peu agreable, & presque desert, sur tout à ceux qui font leur demeure en de bonnes villes : Les voyageurs nous la representent ordinairement comme une vaste solitude, & comme un pays eloigné du commerce des hommes, ne nous y faisant voir que des sables, & des deserts, comme si tout ce qu’on appelle Lande servoit plustost à estendre une Carte Geographique, qu’à fournir à ses habitans de quoy s’enrichir ; la Lande a ses verdures & ses habitations à sa mode, les manans y donnent assez à conoistre par leurs deportemens qu’ils ne sont pas du tout sauvages ; la nature leur y estant mere aussi bien qu’ailleurs, mesmes iusques à leur procurer des delices, quoy que differents des nostres. Bien que malaisement ie pourrois persuader tant de bon-heur de tout un pays si reculé. I’oserai pourtant dire que ces contrées de Lanusquets ont pour le moins autant de commoditez que les plus riches, & les plus belles Provinces du Royaume. Il y a par tout grand chasse, celle des Roquets ou Ramiers est bien divertissante, en sa saison le revenu qui en est bien considerable, y fait dresser grand nombre de filets & pandelles dans les Paroisses. Il y a des perdrix, des palombes, & venarris ou ortolans des beccasses, des tortues, des lapins, des levraux, & d’autres sortes de gibier, & en si grande quantité de cette derniere sorte, sur tout aux environs de Labrit, que quelques uns en veulent faire venir le nom. On y void aussi des gruës, des cicoignes, & autres oiseaux, dont l’espece n’est guere connue ailleurs.

Un des principaux revenus du pays est celuy de la cire & du miel, que les Abeilles composent d’une certaine herbe qu’ils appellent Brane, dont il y en a quantité dans les Landes. Les habitans y ont pour cét effet quantité d’apiez qui consistent en plusieurs Bournags que nous appelons Ruches : Ils transvassent au mois d’Aoust, c’est à dire, ils renversent les ruches, & mettent les abbeilles en de nouvelles : ils font la tonnaison en May, & pour lors ils coupent de gros morceaux de cire : leurs compres se fait en Octobre, en meslant la cire & les abbeilles tout ensemble, & en faisant distiller le miel.

Le païs est pareillement bien fertile en millade, plusieurs pieces de terre raportans millet & panis, & ce dautant plus abondament qu’elles sont engraissées avec la feugere & la brane dessechée. On charroye ces grains iusques dans les villes de Mont de Marsan & de Dax, pour de là estre mis sur mer, & portez dans les pays les plus esloignez comme on fait aussi toutes les autres commoditez qu’on y treuve, la terre leur y estant liberale au point que de leur donner à foison ce que les autres contrées sont bien aises de recouvrer.

Un autre revenu non moindre, consiste en laine & bestail, y ayant force troupeaux de bœufs, vaches, moutons & chevres. Les Pasteurs viennent ordinairement des Pyrenées, quand les neiges blanchissent la montagne, & descendans dans la Lande, payent une livre pour teste de chaque bœuf ou vache au Seigneur de la Lande, en laquelle ils entrent, & ce pour une année ; ils ont coustume de brûler les herbes quand elles sont vieilles, & par trop dures, afin que leur troupeau se nourrisse d’une plus tendre qui renaist en suitte, & c’est ce qui fait souvent presumer aux voyageurs l’accident du feu.

Quant à la laine, on ne peut assez exprimer la quantité que les Marchands en font venir à Bourdeaux & à Bayonne.

La rezine pareillement vaut des minieres entieres à ces bones gens de la Lande, veu le nombre de leurs grands plans de pins, au pied desquels ils font une decoupeure, & en ostent un morceau d’escorce, entamans ainsi l’arbre pour luy faire rendre la resine qui coule dans une fosse voisine, faite en terre à ce dessein ; on fait par apres cuire cette resine, & lors elle se forme de la mesme façon qu’on la void chez les Marchands.

Voila à peu prés les hameçons qui servent à ceux de la Lande, pour attirer à soy l’or & l’argent sans courir risque à ouvrir & profonder les entrailles de la terre. I’oserai avancer que leur pays est un des plus accomodé d’argent de la Province, de sorte que le manque de plusieurs delices pour la vie, n’est pas tant défaveur du Ciel sur eux, que le recouvrement des choses necessaires, effet de la providence Divine, si que les biens qui fournissent ces Landes sont assez capables d’y en attirer d’autres, elles n’ont ni sel, ni vin, ni fruits, elles ont en recompense pour en avoir des laines, du miel, de la cire, de la resine & des millades. Ie ne mets point en ligne de compte les largesses de la mer voisine, aussi bien que de la terre les habitans en ayans de grandes commoditez. Outre le poisson de mer, ils en ont encor de ces beaux & grands estangs qui les fournissent toûjours au besoin, & la pesche n’y est pas moins delicieuse que lucrative.

Le pays n’y est pas si desert qu’il n’y ait plusieurs bons lieux où se tiennent en certain temps de l’année des foires & marchez avec grand concours de peuple, tant du pays que des provinces voisines.

Il est vray qu’aucunes de ces Landes ont leurs incommoditez autant & plus que d’autres pays du moins pour les voyageurs ; l’eau y croupit l’Hyver quand le sable est une fois imbu, & en Esté un sable profond & brûlant, des ardeurs du Soleil insupportables, & une quantité de mouches grosses & petites, donnent presque lieu de croire que ce pays est habitable aux seuls Lanusquets : de tous ces maux celuy des mouches est à mon advis le plus sensible, leur attaque est dautant plus dangereuse qu’elle n’est pas preveue, & il n’y a assaut si rude que celui de ces insectes contre les pauvres passants, cét inconvenient n’est pourtant pas universel ; & en certains endroits, seulement ces petits animaux livrent ainsi combat : ceux du pays s’en guarantissent le mieux qu’ils peuvent, & c’est à ceux qui y passent de chercher pareillement quelque expedient contre ces petits voleurs de la Lande : ces mouches y sont de diverses especes, il y en a de grosses, de petites, de luisantes, des mousquilles, des maringoins & autres. Les habitans au reste sont presque tous gens bien faits, adroits & de taille avantageuse, qui outre ce, ont esprit & grand iugement pour estre peu cultivez Dieu les recompensant par cette dexterité d’esprit & agilité de corps, laquelle suplée assez abondament aux defauts qu’ils peuvent avoir faute de communication.

Quelques uns d’entr’eux sont grands sorciers, d’autres grandement superstitieux & adonnez à de mauvaises coutumes, dont il est tres-difficile de les retirer. Cela arrive plus souvent à la grand Lande, qui est hors du Diocese d’Aire, & où ils ne sont presque point catechisez. Quant à celle de ce Diocese l’Evesque y a envoyé des Missionaires ces dernieres années, comme aussi és autres endroits de l’Evesché. Il y a pareillement estably des Congregations qui se tiennent de mois en mois, dont la pratique repondant à la beauté de l’institut, Dieu en reçoit honneur, & le peuple edification.





Retour vers « Archiprêtré et Archiprêtres de Doazit »



Extrait de « Description de la France et de ses provinces, où il est traitté de leurs noms anciens et nouveaux, degrés, estendüe, figure, voisinage, division, etc. » ; Duval, Pierre (1619-1683) ; Paris : J. Du Puis, 1663 ; P. 170.


     La propre Gascogne est entre le Bearn, l’Armagnac, la Guyenne & les Landes : elle est sousdivisée en Chalosse, Marsan & Teursan. La ville de S. Sever y est vulgairement appellée Cap de Gascogne, celle de Mont de Marsan est le grenier du Pays, Aire la Residence d’un Evesque ; Castelnau est Marquisat, Marsan & Iuliac Vicomtez, Roquefort Baronie. En quelques endroits de cette Gascogne il y a une sorte de gens que l’on appelle Gaets où Cagots estimés Ladres & de race de Gots ou de Sarrazins : pour ce suiet ils sont exclus de la frequentation des autres personnes.



Extrait de « Episcopatus Adurensis », texte en latin figurant au dos de la carte de « L'Eveschéd'Aire tracé par le Sieur Pierre Du Val », gravée sur cuivre en 1649 à Amsterdam par Johan Janssonius, cartographe et éditeur néerlandais.

[.........]
     Tredecim Baroniæ Montgaillard, Sarraiut, Mommuy, Banos, Dumis, Dovajet, Hagetmau, Binquet, Onhons, Hontans, Compet, Marsan & Margstall. Regionem quoque plurimum nobilitant Ducatus Albretensis Albret, Marquionatus Castelnavius de Castelnau, & vice comitatus Juliacensis de Iuliac.

     DECANATUS CHALOSSENSIS vulgo,
de la Chalosse, regio fertilis, & peramæna, vitibus abundat, & frugiferis arboribus axculta; privatorum omnes Domus nobilium dixeris, singulis sibi prata, Vites, Lucos addicentibus, tota Regio collibus tumet inter quos plurimi Rivuli decurrunt, qui omnes in Aturum præcipitant. Eminus conspicientibus totus hic tractus unicus videtur esse pagus Urbibus, Burgis, castris sese propemodum attingentibus & in parœciis hujus Decanatus 26 millia Catholicorum adultorum numerantur.
     Hic urbes 6 Burgi Amplissimi 8 Castra decem, & 38 parœciæ. Urbium primaria, & totius Diœceseos nobilissima Fanum S.Severi,
S.Sever, tribus suburbiis inclyta, castroque sirmata. Hagetmavium Hagetmau Castro pulcherrimo munita. Suprossia, Supprosse cujus [........]


Retour vers « Archiprêtré et Archiprêtres de Doazit »