Ua Camada dens lo Borg de Doasit qu'i a
Quaranta ans |
Notes de l'auteur.
Mise en écriture normalisée, et traduction, de
Philippe Dubedout
[Sommaire Doazit]
[Raphaël
Lamaignère]
- Ua Camada dens lo Borg de Doasit qu'i
a Quaranta ans
- Lo temps de d'auts còps
- La Camada
- Entà finir
- Lo "La Ramè"
- Unh'auta deu "La Ramè"
- Lo charlic
- Ua bròja deu Charlic
[Sommaire Doazit]
[Raphaël
Lamaignère]
Ua Camada
dens lo Borg de Doasit qu'i a Quaranta ans Hèit fin de l'an 1945 e hicat la crotz lo 2 de janvièr 1946 Lo La Ramè (44 vèrs) |
Une promenade
dans le bourg de Doazit, il y a quarante ans |
Le temps d'autrefois |
|
Que'm hè gai de tornar quaranta ans
en arrèr |
Ça me fait
plaisir de revenir quarante ans en arrière |
Mes, l'imatge e lo nom que'us èi
dens la memòria, |
Mais leur
image et leur nom, je les garde en mémoire, et je me fais gloire de les avoir
comptés comme amis. |
Que'm sovien que preu borg, deu
temps deu menh joenèr, |
Il me
souvient que dans le bourg, du temps de ma jeunesse, |
Jo, qu'anavi, hardit, un còp plan
vrespejat, |
Moi,
j'allais, hardi, après avoir pris un bon goûter, faire rouler le cerceau sur
le terrain plat du "Serbiat". |
Mes, quan vienè dijaus, tà pojar
suu "Tarrèr"*15 |
Mais quand
arrivait jeudi, pour monter sur le Ram, moi, des plus turbulents, je n'étais
pas le dernier. |
A la glèisa pr'aquò qu'èram pro
sajolòts, |
A l'église,
par contre, nous étions assez sages, et même dévot comme de petits anges.
|
Mans juntas, a sèt ans que servivi
dejà |
Mains
jointes, à sept ans, je servais déjà deux messes chaque matin, sans jamais
discuter (sans pouvoir rechigner). J'y gagnais deux sous pour ma semaine,
deux sous - le doigt au cul - , pesés à la romaine. Et sans leur laisser le
temps de moisir, j'allais aussitôt les éclaircir (les dépenser) au
"Ninot". |
N'aví pas que dètz ans, e dejà dab
antrènh |
Je n'avais
que dix ans, et déjà avec entrain je chantais seul "Requiem" au
lutrin. |
Qu'èi tostemps devant jo las messas
deu matin |
J'ai toujours en mémoire (devant moi) les messes du matin où les gens, le dimanche s'entassaient sans discontinuer. Femmes au capuchon, hommes à la grande blouse, du "Lubat" à "Manecq", et "dous Clots" à "Guirouse", je vois le vieux curé au moment de la bénédiction, en passant, arroser les gens de part en part. Combien étaient-ils ? Je ne sais ; mais tous en ribambelle ils faisaient une belle clientèle au bon Dieu. |
Tostemps plan adobat, e bròi cueit
com l'arpàs, |
Toujours bien
assaisonné, et bien cuit comme la pâtée, le repas de l'âme nous arrivait de
la chaire. |
Tot dimenge, lo Brun, dab lo còp de
hossina, |
Chaque dimanche, Brun, à coup de pioche, nous
chevillait en tête la parole divine... |
Las daunas que vienèn deu
"Banòs" au "Pelòt"*25, |
Les femmes
venaient du "Banos" au "Pelot", en groupe devant chez
nous, chaque dimanche pour jouer : une fois, c'était au jeu de mariage,
l'autre fois à la "siséte". |
Quan au nos permèr pair Diu balhà
la paraula |
Quand Dieu donna la parole à notre premier père, sa femme, jalouse comme une chienne, lui dit, un jour qu'ils étaient à table : "De ta langue, garçon, tu n'as jamais rien su tirer de bon. Je m'en charge, si tu veux ; et, demain, la femme saura, sois tranquille, en faire aller la manivelle !" |
Las cartairas deu borg que's devèn
rapelar |
Les joueuses de cartes du bourg devaient se rappeler qu'elles étaient filles d'une mère qui savait se servir de sa langue. Elles avaient un bon caquet, et aucune n'était bègue ; elles en auraient même rendu confuse la chouette. Et plusieurs disaient, quand elles étaient au lavoir : "Celui qui leur coupa le frein de la langue ne fut nullement manchot !" |
Qu'aimavan, ci preu là, lo petit
jus de vinha, |
Ils aimaient, à l'occasion(?), le petit jus de vigne, ce jus, qui, pris de trop, porte à tous la guigne, et qui, de la barrique purgée de tout bouchon, donne à l'un des vertiges, à l'autre fièvre et gargouillement. |
Pintaires de tot peu que'us
comptavan a piòlas, |
Buveurs de tous poils, on les comptait en masse, - et même, par dessus le marché, bon nombre de buveuses -. Blanc, rouge ou rosé, tout leur était bon, jusqu'à se laisser prendre parfois au collet (se laisser prendre par surprise). Lorsque ainsi stimulés ils avaient chauffé le goulot (le gosier), ils se moquaient bien de la froidure... |
Un còp la carca plenha, au
"Tortigue", au "Banos"*29, |
Une fois la charge pleine, au "Tortigue", au "Banos", au "Plassin" au "Ninot", ils chantaient comme des fous. Et puis, l'estomac content, et la tête dressée, ils prenaient le frais sous le feuillage. |
Gran popard deu broquet qu'èra lo
"La Ramè"*30, |
Grand suceur du robinet était "La Ramè", qui se moquait bien du soleil tout autant que de la brume, et qui, dans la rigole, ou sous la gouttière, passait deux, trois jours à cuver sa cuite... |
Que disen que lo Cèu que velha suus
beriacs... |
On dit que le Ciel veille sur les ivrognes... Je le croirais pour les Doazitiens, lorsque sans plaies ni bosses, le lundi matin, au retentissement de la sonnerie de matines, ils se tenaient debout, sans être indisposés... |
[Sommaire
Doazit]
[Raphaël
Lamaignère]
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(P. 109) |
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Au coy.
Sur le piton
surplombant la route, et haut perché, le toit du Coy, bien éclairé par le
soleil, donnait entrée au bourg, une fois franchi le chemin creux de la côte.
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A Lamourane.. Premier voisin du "Coy", était
"Lamourane", Capdeviolle, en grande blouse, qui portait, chargé,
pendu derrière le cou, le sac de facteur. |
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A Loustau du bourg, ou Lamaret.
A "Lamaret", sur le raidillon
boueux près du chemin battu, qui tourne vers le Mus, vivait la
"Péthiire". |
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Au Bertomiu, ou Barriquè.
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A Jancemin, ou Martinon.
De l'autre côté de rue, au
"Martinoun" ils étaient trois, nichés dans un joli cabanon :
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A Milhet. Tout au fond de la venelle, l'air hautain,
suffisant, nous avions Laurent, avec sa mère, dite la Larquière :
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A Cazalis. (partie sud de Milhet). A côté, la "Samperle", une
vieille Janneton qui laissait l'eau (du goulot de la cruche) pour le meunier.
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A Moun.
Le vieux monsieur Dagés, taillé à la
grande mesure, poussait du pied vétilles et bricoles. |
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Au Percuraire ou Péchi, Clabère. Au logement des "Nanouns", nous
avions Jean Clabère, un bordelais aussi tendre que la nouvelle lune.
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A Mariote, ou Justes(-est), ou
Busquet, Ducamp, Parisien. Veuve d'un homme sorti de
"Marguerit", passons à la "Busquéte". |
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Au Banos. Le cadet du "Banos", dans la chambre
d'en face, par froid ou grande chaleur, battait la semelle en tant que maître
savetier. |
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A Mariote, ou Justes(-ouest), ou Larrémoun.
Du haut (du balcon) de la mairie, une
fois la messe terminée nous entendions chaque dimanche une voix forte et
solide : |
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Au Touron. Chez "Brethes", toute ramassée,
nous avions Catherine, qui venait sur la rue peler le thym, les oignons et les
poireaux, les aux et les choux pour le pot de midi, en faisant des sourires.
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Au Junat.. Nous, nous avions au "Junat" la
souche de famille, d'où, un jour, sortirent cinq bourgeons sur la même
branche (bouquets en pendant) : |
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Au Tarèu, ou Bordelanne.
Premier voisin de chez nous, et toujours
sur son banc, nous avions Bordelanne, un petit vieux aux cheveux blancs.
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A Joanicon, ou Lafitte,
Pandelè. Au Pandelè, Louis avec sa Louise, jamais
n'avaient su ce que mal voulait dire. |
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Au Minan, ou Jourdain.
A Jourdain, vivait la petite Liron, douce
comme un agneau. |
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Au Segnou, ou Dubernet, Gaillard,
Mairie actuelle Dans une maison haute et claire, deux
demoiselles à coiffe, avaient le nid au "Dubernet", avec de beaux
écus dans l'armoire. |
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A Labeyrie, ou Pierrot,
Dumartin. Au "Pierrot", en désoeuvrés,
nous, la marmaille, nous regardions travailler Dagès à l'enclume.
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A Labeilhone, ou Branzeau.
Chez Branzeau, ils étaient trois, de
braves gens courtois. |
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Au Pelhenegue, ou Peluson,
Bertrand. Ninot, Tatine, Pelarton. Sur(?) le toit de Pelarton, ami des sous,
Busquet vivait comme un ermite, avec Catherine, faisant face à la vie.
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A Domec, ou Pélot, ancienne
poste. Au Pélot, Pauline, une femme habile (fine
lame), allait à pied, travailler comme couturière, au petit trot.
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Au Cassou, ou Tortigue.
A l'extrémité du "Hontet",
Angèle Tortigue remplissait sa boutique avec les pochards de passage.
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Au Couvent. ou Ecole des filles,
(partie de l'ancienne maison Rotger) Au milieu du bourg, étaient les Soeurs,
nez caché derrière les murs. |
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A la Prabende, ou Adrian, Forgeron
ou Hau, Sansoube, Ecole des garçons, Salle des fêtes. Tout en face, du côté droit de la rue
(dans le sens de la promenade), la crête guillerette, les gosses, les
enfants, de "Manecq" au "Sandré" |
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Au fond d'un corridor, se trouvait
Annette, qui aimait comme les vieux faire ses radotages. |
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Au Sartou, ou Pirou, Ducamp,
Sombrun. A côté, Mme Ducamp, veuve d'un médecin,
venait sur la rue avaler un morceau. |
En haut, en ua crampeta, |
En haut, dans une petite chambre, ils
vivaient à deux : Pampe et Pampette. |
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Au Tambour, ou Lajus.
Au coin du "Tambour", nous
avions une autre Pauline, avec sa mère, Daunine. |
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Au Lèbe. ou Plantier, Poységur,
Meyrac, Bordelane. Moi, devant Mérac, je retire mon chapeau
: Là, maison fermée, éteint le fourneau... |
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A la Galope, ou Au Messager,
Duman, Canton, Ninot, Lavie. Séverin du Ninot, aubergiste, épicier,
était aussi le boulanger. |
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A Josse, ou Larriu.
François de Larriou, avec Marie, sa mère,
et avec sa soeur, avec Zélie, en travaillant, il mettait des sous dans son
tiroir à la fin de l'année. |
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A Claverie du bourg, ou divers
autre noms, selon les appartements : Au Hau, Lacabe, Benquet, Madamette,
Boubée, Busquet, Manatoune, Farbos,.... Tout au coin de la place, grand amateur
de chasse, à travers champs, landes et bois, c'était monsieur Farbos.
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A l'église de Doazit. |
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A Claverie du bourg (voir plus haut). Felix de Pinton, comme les pauvres
oiseaux, avait fui de chez lui pour chercher quelques miettes.
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Dens la mème cahuta, en crampa
shens solèr, |
Dans la même cahute, en chambre sous les
toit (sans grenier), habitait une petite vieille à l'oeil en coin.
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A Laberoge, ou Tarigoch.
Nous allions quelque fois, - une drôle de
mamie ! - voir au Tarigoch la pauvre Léonie. |
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A Pierrette. ou Carmelle,
Pradet. J'étais parti tout jeune avec la tante
Carmelle, une femme charmante qui avait sorti du Barbe une belle poignée de
sous, et avec l'honneur du nom, les qualités aussi. |
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A Coudas , ou Poysegur, Fescaux, Adèle.
Fescaux avait pris le métier de suisse :
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A Coudas. (même maison que
dessus). Adèle tenait un petit magasin où l'on
trouvait de tout, et moins cher qu'au Ninot : |
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Au Pouric. A la maison du coin, les
"Pourics", les "Pouriques", vivaient ensemble comme de
pauvres avares : |
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Au Roumentè, ou Lestage du bourg,
Ducasse, las Belloques. Marmonnant des prières, ou tricotant, à
la porte d'après, étaient les deux Belloques. |
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A Pecouloum, au Caloun, Mon
Désir. Voisin, Casalè logeait au Caloun :
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Au Pognon, ou à Bidale.
Lauqué vendait des manteaux, des bérets,
des culottes, et des dessous pour les demoiselles. |
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Au Presbytère, ou Ferré,
Dupuy. Le curé, Polyte et Phrasie vivaient les
trois ensemble. |
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A Bidau, ou Marchand
Les tantes de Lalaude, dans une maison
proprette, vivaient comme tant d'autres en raclant le fond de l'assiette.
|
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Au Grand Pistole, ou Cazalet,
Lassale. Dezest de "Lassale", avec le
pic et la pelle, s'en allait charretier, tous les jours aux champs de
Largelé. |
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Au Hau de Méron, ou Petit Pistole,
Bedout, Jacon. Paul Lavie, un petit retraité, avec
Tchitchi logeait à côté. |
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A Pedaulès.
A Pédaulès, où il n'y avait plus de
foyer, depuis longtemps nichait le hibou. |
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A Joandic, ou Lieutenant,
Barbe. Au Barbe, la Franchote, une femme de
renom, était bientôt arrivée au sommet de sa vie. |
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A Lafourcade, ou au Fabre.
Grand maître régisseur du château de
Lacaze (Candale), le "Fabre" avec orgueil arrondissait la phrase.
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A Marsan, ou Thomas, Dulau,
Gaulin, Jacon, Troupier. En face, Lespiauc fabriquait des douves,
barriques et tonneaux, pipes de tous modèles. |
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A Guichot, ou au Pit.
Baptiste du Pitt, allait travailler comme
journalier, parce que la méture manquait chez lui. |
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Maison après maison, qu'èi finit la
camada, |
Maison après maison, j'ai fini mon
parcours, amis, sans trop de peine et, je crois, sans heurt.
|
Com v'at pòdetz pensar, qu'èi dat
mantua costura, |
Comme vous pouvez le penser, j'ai fait
plus d'une couture, tranché, rapiécé, tourné plis et doublure.
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Qu'èi bastit tot açò shens nada
vantardisa |
J'ai bâtit tout ceci sans vantardise,
avec ce que j'avais depuis longtemps serré dans ma valise. |
Quaranta ans !... E dempuish, los
òmis e la guèrra |
Quarante ans !... Et depuis, les hommes
et la guerre coup sur coup et deux fois ont détraqué la Terre.
|
Uei que soi scarranshit ; lo nas
que se m'alonca, |
Aujourd'hui je suis tout courbé ; mon
nez s'allonge, je deviens vermoulu, comme un vieux tronc. |
Amics, rapelatz-ve, quan tot e's
descapita |
Amis, rappelez-vous, quand tout se décapite, qu'à Doazit, les anciens n'avaient pas la pépie. |
2 de janvièr 1946 R. Lamaignère Curè de St-Aubin. |
2 janvier 1946 R.Lamaignère curé de St-Aubin. |
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Que l'aimava tot cru, lo defunt La
Ramè... |
Il l'aimait tout cru, le défunt La Ramé... Et il me souvient bien du temps où j'étais gosse qu'il venait du Ninot, par beau temps ou dans la brume s'allonger dans la rigole, après avoir fait bombance. |
Eth, en soissanta dètz qu'èra
partit sordat |
Lui, en soixante dix était parti soldat et face aux Prussiens il s'était battu ; et même à Gravelotte le jour du grand combat avec Bazaine il avait pris la pilule |
Tornat entà Doasit, que chanjà de
mestí : |
Revenu à Doazit, il changea de métier : Il allait lier du foin, il vendait des tabatières. Mais il se mangea tout, le toit et les vêtements, attiré par l'odeur du robinet (de barrique), jusqu'à ses hardes.. |
"Siis sage, La Ramè ! pren-te
guarda au vin blanc !" |
"Sois sage, La Ramé ! Méfie-toi du vin blanc !" lui disait-on souvent... Mais, lui, avant de s'en retourner à son "Château Tremblant", allait par le passage du Hontet, faire le plein de sa gourde au Tortigue. |
Un matin, que tornà, chancant, dab
lo gargolh. |
Un matin, il
revint, boitant, avec le gargouillis au ventre. |
-"Caré't ! ce'u responó... Lo
vielh Noè, m'an dit, |
- "Tais-toi ! lui répondit-il... Le vieux Noé, m'a-t-on dit, qui prenait la pistache en effeuillant la vigne, fut sauvé et bénit par le bon Dieu, alors que les autres se débattaient dans l'eau maligne." |
-"Qu'es tot çò qu'as a'm díser
?" -"Òh !... Puishque lo bon Diu |
- "C'est
tout ce que tu as à me dire ? " |
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[Raphaël
Lamaignère]
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Lo La Ramè per lo
"Tresquèr"*145 |
La Ramé dans
le Tresquè, une nuit, en s'en retournant, avançait en titubant.
|
Mes, aqueth ser hòrt que priglava |
Mais ce soir là, il faisait beaucoup d'orage et sur les chemins, tout tremblait. Les éclairs en feu illuminaient le ciel et embrasaient tout, d'Augerin à Marèou. |
Tà benlèu que hesó tan gran pet de
tonèrre |
Bientôt, il fit un si grand coup de tonnerre que le
pauvre homme, dégringola le cul par terre. |
- "Aidatz-me donc, ò bona
Vierge, |
- "Aidez-moi donc, ô bonne Vierge, je vous brûlerai un cierge. Donnez moi de la lumière, puisque vous y tenez tant, mais, s'il vous plaît, pas tant de bruit !" |
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Pierre Laborde, dit Charlic, né le 15 août 1833 à Lassie. (les prénoms Alexis-Romain
et la date de naissance du 08/02/1831 qui lui sont parfois prêtés à tors, concernent son frère aîné décédé
le 04/07/1832 âgé de 16 mois). |
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Après lo La Ramè, parlam shens
desoblic |
Après La Ramè, parlons sans oubli, de notre vieux Charlic. |
Eth tanben deu son temps qu'èra un
gran personatge. |
Lui aussi, de son temps, était un grand personnage. Il venait au bourg faire le pèlerinage, le grand panier au bras, le bâton à la main, et chercher chaque lundi, de la méture ou un morceau de pain. |
Jo que me'u vei enqüèra, |
Je le vois
encore, seigneur de la gueusaille avancer, tout courbé, tout maigre, cagneux.
|
Sèi pas se, quan vadó, l'avèn
cercat lo chafre ; |
Je ne sais si, quand il naquit, on lui avait cherché le surnom ; Mais, avec un autre pauvre type, qu'on appelait le "Gnafre"(le cordonnier : Félix Lauqué), il était de la même confrérie où tant de petits vaillants, ont un poil dans la main, et courent par les chemins. |
En ivèrn com l'estiu, vestit de la
shamarra, |
En hiver comme l'été, vêtu de la chamarre, la tabatière au poing pour calmer son catarrhe, clic-cloc, il s'en allait en passant par le Mus, vers "Prauboun", "Laubardè", jusqu'au forgeron de "Demus". |
Eth, com lo La Ramè que'u portava
shens biaça, |
Lui, comme La Ramè, le portait sans besace (le vin), et quand il rentrait chez lui, une fois faite la récolte (de coups à boire), il n'avait pas le chemin assez large devant lui, et il y dormait même aussi bien sans bonnet. |
Passava pas jamei shens demandà'n a
noste, |
Il ne passait
jamais sans en demander chez nous, Et papa lui disait quand il lui donnait à
manger : -"Vaurien !" |
A l'escòla, jamei, n'èra anat
ent'apréner, |
Il n'était
jamais allé à l'école pour apprendre, et pourtant, il retenait tout par coeur
sans peine. |
Ent'aquò qu'i hesè mila còps au son
maire, |
Pour ça il faisait mille coups à son maire, même à l'évêque d'Aire, qui ont autre chose à faire et d'autres gens à attraper. |
Mes, lo Charlic sustot, qu'adorava
las clòchas ; |
Mais, Charlic, surtout, adorait les cloches ; - et chaque dimanche avec les enfants - il courrait pour arriver le premier, - sans s'essouffler jamais. |
Sonque estossi per viatge, |
A moins qu'il ne fût en voyage, - tout le jour à radoter (l'esprit confus) - on l'aurait ainsi vu - à Buglose, à Maylis. |
Que'u trobàn per batèras |
On le trouva à la saison des battages - défunt, après beuverie, - vers le "Pariben", - son panier au vent. |
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Au Brun, noste curè, lo Charlic
vagabond |
Charlic
vagabond, demande à notre curé Brun, une tranche de jambon, par charité. |
- "Mamisèla, adishatz !"
ce ditz, tot bravolon... |
- "Bonjour mademoiselle !" dit-il tout gentiment... "Je viens à grandes enjambées, de la part de Vital, pour vous prier de me donner un tout petit morceau, ou même un trognon de ventrêche ou de lard, ou sinon de jarret de jambon !" |
E, Frasia, en gronhant, penut au
cabiron, |
Et Phrasie,
en grognant, détache le sac pendu au chevron : - "Où es-tu, ho,
graisseron ?" dit-elle à l'homme droit comme un cierge. |
E la sòr deu curè, lo mus com
l'ariçon, |
Et la soeur
du curé, le nez comme un hérisson (de mauvaise humeur), lui sort de la
planche à découper, un tout petit morceau : |
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6- La rue.
7- Aulès, le Mus, cimetières de Doazit.
8- L'étai.
9- Vers l'est, où l'on tourne les morts.
10- Fouler.
11- Lou "Pit", lou "Pyounè", points limites du bourg. Lou
Pyounè se trouvait sur l'emplacement de l'ancienne porte fortifiée.
12- Portés à fuir.
13- Sur la route du château.
14- Terrain vague, vers le Mus.
15- La butte qui domine le bourg, où s'élevait l'ancien château féodal.
16- Turbulent.
17- Gros sous espagnol.
18- L'épicière voisine de l'église.
19- Le curé.
20- S'entassaient sans discontinuer.
21- Maisons extrèmes de la paroisse.
22- Le grand persécuteur de l'église de France, en 1905.
23- La rate.
24- Le prénom du curé : Vital Brun.
25- Maison de notre voisinage.
26- Le jeu de mariage.
27- Bègue.
28- La chouette.
29- Les diverses auberges du bourg.
30- Ancien soldat de 70, blessé à Gravelotte. Il était connu dans toute la
région comme un ivrogne invétéré. Il fabriquait des tabatières en peau de
cerisier, et vivait d'expédients. Il avait baptisé sa cahute du nom de
"Château tremblant".
31- Eclairé par le soleil.
32- Gros, trapu.
33- Grosse toile qui servait pour envelopper la cuve.
34- Les points extrèmes de la commune. La Nibasse, mince filet d'eau traverssant
le quartier d'Aulès.
35- Le moulin de St-Cricq, sur le Louts, pour lequel il travaillait.
36- Malicieux
37- Mince
38- Lézardine.
39- Assouplie
40- Suffisant, orgueilleux.
41- Levée de bon matin.
42- Maison du quartier d'Aulès.
43- Femme ivre.
44- Le vertige.
45- Le croquemitaine.
46- Logement en désordre.
47- "Marguerit", maison du quartier du Mus.
48- Les deux épiceries du bourg.
49- toute ramassée.
50- Chute.
51- La cruche.
52- Se casser le nez.
53- C'était le fossoyeur d'Aulès.
54- Ramassée sur elle-même.
55- Rose, sa femme ; Elisa, sa belle-fille.
56- Le raidillon qui descend de la Rue Basse vers Aulès.
57- Leur propriété, à droite de la route du bourg à Aulès.
58- La fatalité.
59- J'y recevais la tape.
60- Sa soeur.
61- Avec réussite.
62- C'était son refrain ordinaire.
63- C'etait sa spécialité, et elle faisait des cures merveilleuses.
64- Notre petit domestique.
65- J'y avais eu un commencement de gangrène, et elle me fit l'ablation du bout
du doigt.
66- La bonne chère.
67- Sa femme.
68- Le fumet.
69- Selle bourrée d'étoupe.
70- Quartiers de Doazit.
71- Les chanterelles.
72- L'abbé Lapègue, mon professeur.
73- Son fils Branzeau, officier de santé.
74- Le chenal, descendant de la rue vers la route de Hagetmau.
75- Qui aiment boire.
76- Couleur brune.
77- J'allais garder le bétail, en bas du Tortigue, dans le champ que nous y
possédions alors.
78- Les soeurs de la Croix.
79- Rire aux éclats.
80- Séverin Lavie.
81- Le chemin vers la "Galope".
82- Echauffés par le vin.
83- Brûler avec ardeur.
84- Sifflait comme un merle.
85- Sa belle-mère.
86- Le "15 de heurèr 1948", dédié "Au canonge Robert en sovenir
deus sons vint-e-cinc ans de curè de Doasit (1923-48).
87- Mgr Sarthou, les RRPP Barbe et Larrieu.
88- Le chemin de la vie.
89- Les nettoyages.
90- La bave.
91- Chantre bénévole, qui habitait au "Bourdillon".
92- Deux des vicaires successifs de M. Brun.
93- Les chatouilles.
94- Tu t'es assez acroupi...
95- Le vicaire de l'époque.
96- Faire de grimaces.
97- Impuissant à se servir des mains.
98- Les tiques.
99- La soeur du curé.
100- Femme déséquilibrée.
101- Du nom de la maison, lou "Pouric".
102- Ariques = barbe des épis ; cague-ariques = avare.
103- La Mougnoun, soeur de Mariounete, mère "a parte sinistra" de
Firmin ; Jeanty et Julia, mariés.
104- Ménage désuni ; elle avait abandonné son mari.
105- L'estomac.
106- Parasite.
107- La rue du presbytère, appelée depuis, Rue de la Paix.
108- L'aisselle.
109- Elle ravaudait.
110- S'embourber.
111- Dîner de baptême, "la coque".
112- Les besicles.
113- Le journal de Toulouse, condamné.
114- Le vicaire d'alors.
115- Le prénom du curé, M. Brun.
116- Le frère.
117- Qui aime se chauffer.
118- La chatte.
119- Piétiner.
120- Il y avait professé la classe de seconde.
121- Les divers postes par lui occupés.
122- La maison d'en face.
123- Maison, à 2 km du bourg, vers Hagetmau.
124- Il quitta Doazit en 1923, ayant perdu ses parents.
125- Ancien curé de St-Cricq.
126- A miettes.
127- Sa propriété.
128- Son fils.
129- Sa femme.
130- Grand avare.
131- Très maigre.
132- Jour de noces.
133- A la boutonnière.
134- D'air suffisant, hautain.
135- D'après les décrets de sécularisation.
136- A l'envers.
137- On me faisait monter jusqu'au plus haut degré du reposoir.
138- Léon Lafitte, chef de la musique de Doazit, clarinette remarquable. Son
frère était chef de musique militaire, à Tarbes.
139- Nom de la maison.
140- Les jours "d'offerte".
141- Nous revenions par les champs.
142- Lou Ninot, l'auberge du bourg.
143- Il appelait ainsi sa masure.
144- L'auberge, à moitié côte.
145- Les pins qui séparent Doazit de Horsarrieu et de Dumes.
146- Caçar las aucas, aller en titubant sur les routes.
147- L'épouvantail des petits enfants.
148- Maison de divers quartiers de Doazit.
149- Maisons de Doazit, éloignées les unes des autres.
150- Chemin raviné, du bourg au Mus.