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VESTIGES ARCHEOLOGIQUES

Ph. DUBEDOUT

[Sommaire DOAZIT] - [Table des articles de Ph. D.]
 

OUTILLAGE LITHIQUE

          Les premières traces d'occupation humaine, sont représentées à Doazit par des outils en pierre des périodes les plus reculées : Chelléen (-500 000) avec le type Chalossien, Acheuléen (-250 000), Moustérien (-150 000). A part une pièce datant de l'Aurignacien (-50 000), les périodes plus récentes (Solutréen, Magdalénien, Néolithique), bien que représentées dans les environs (Montaut, Montsoué), n'ont pas livré de spécimens à M. Joseph Ferré, instituteur à Doazit, qui collectait les trouvailles de ses élèves vers 1939, ni à M. Claude Thibault*1, qui signale de nombreuses pierres taillées, trouvées dans les talus en différents points de la commune (Pillon, Pélanne, Manec d'Aulès, Biroc, Lahountine(?), Haydet).

          Nous avons toutefois trouvé un morceau de hache en pierre polie, près de la fontaine d'Arton. La famille Lafitte de Garipau, conserve également 2 haches de pierre, trouvées à proximité de Garipau.

          La matière première, le silex, est présente au nord de la commune, vers Maymi et Garipau. Les pierres taillées, d'après J. Ferré, se rencontrent surtout sur le versant nord de la vallée d'Aulès, vers Bourdillon, Picuré, et Mouchon, mais aussi à l'est du bourg, vers Caillé, Labarrère et Marèou. Pour Cl. Thibault, Pilhon et Pélanne semblent avoir fourni le plus de pièces, dont une de l'Aurignacien. "On a précisé à peu de distance au nord d'Augerin, dans la commune voisine un atelier de débitage du silex"*2.


 


  Haches en pierre, trouvées à Garipau.

L = 14,65 cm ; h = 5 cm ; ép. = 2,9 cm

L = 22,5 cm ; h = 7,1 cm ; ép. = 4,7 cm

 


LE CAMP DU MUS
 
 
 

 

          Le camp du Mus, est situé à 700 m au Sud-sud-ouest du bourg de Doazit. C'est un ensemble de fortifications de terre, datant de l'époque préhistorique ou protohistorique d'après J.-F. Massie, et non de l'époque romaine comme le pensait par exemple J. Ferré, même si le camp a certainement été occupé et utilisé comme tel à diverses périodes. Il est vrai qu'aucune fouille ni trouvaille fortuite n'en a jusqu'ici précisé la datation.

          La première enceinte renferme les parcelle no 419 à 429, de la section G. La deuxième enceinte renferme les parcelles no 406, 408, 409, 416, 417 et 432. Une possible troisième enceinte couvrirait les no 355 à 359, 361, 368, 398 à 400 et 410. Les no 360,401,405, 407, 411 à 415, 418, 430, 431, 433 et partie de 470, formant les principaux remparts ou pentes abruptes.

          Pour la description des terrassements de défense du camp, on se reportera avec plus ou moins de bonheur aux travaux de L.-E. Testemalle, J. Ferré, R. Lamaignère, et J.-F. Massie. Tous ces auteurs s'accordent à reconnaître les dégradations subies par ces enceintes :

-"La plus petite (enceinte) est la mieux conservée. (...). La deuxième enceinte est moins bien conservée. (...) La grande enceinte est beaucoup moins bien conservée que la petite. L'homme l'a en partie détruite pour niveler l'intervalle compris entre les deux lignes de défense qu'il a transformé en champs cultivés. Les eaux de ruissellement ont fait le reste.". (Ferré).
- "Il est à craindre que les terres exploitées aujourd'hui dans les limites de ce réduit (la première enceinte) ne finissent par se niveler sous le fer de la charrue,... (...) La grande enceinte construite sur le modèle de la précédente, embrasse une étendue de 3 hectares 82 ares non compris les terrassements, qui, étant aujourd'hui partiellement détruits, ne peuvent plus être exactement mesurés". (Lamaignère).
- "L'enceinte (...) a été partagée à une époque indéterminé, pour former une petite enceinte à l'intérieur de la grande. Cette séparation a dû comporter un rempart, dont il ne reste plus qu'une dénivellation importante,...". (Massie).

          Les observations de M. Massie sont très lacunaires. Il ne remarque pas (comment est-ce possible ?), la deuxième ligne de défense qui entoure la place depuis le nord, vers l'est, jusqu'au sud-sud-est. (voir son plan).

          L.-E. Testemalle nous prédit même (en 1912), que nous ne devrions plus en voir actuellement aucune trace : "Les propriétaires procèdent sans tarder au nivellement du sol et dans cinquante ans ou plus tôt les défenses du camp n'existeront plus qu'à l'état de souvenir et ensuite de légende".

          Contrairement aux affirmations précédentes, nous pensons que les deux enceintes sont très bien conservées. Si elles ont bien sûr du subir l'érosion naturelle, elles n'ont pas été attaquées par l'homme. En effet, si l'on avait souhaité aplanir quelques levées de terre pour augmenter la surface labourable, il aurait été infiniment plus facile de verser le surplus de terre vers la parcelle de niveau inférieur, ce qui aurait déplacé la dénivellation vers l'extérieur. Or, partout où cette levée de terre n'existe pas, que ce soit au sud ou sur tout l'ouest de la première enceinte, ou au nord-ouest et sur tout le quart nord-est de la seconde enceinte, les terrassements sont en retrait par rapport aux dénivellations qui portent une surélévation de terre. Cela se constate à chacun des points où le premier type de défense est en contact avec le second.

          En fait, cette surélévation n'existe que lorsque une simple dénivellation en terrasse a pu paraître insuffisante pour une défense efficace. De plus, au nord et sur le quart nord-est, on trouve une troisième marche, qui constituait un obstacle supplémentaire.

          La protection de la deuxième enceinte présente un point faible à l'est, au niveau de la maison de Masdaunes. Voie d'accès ou glissement de terrain ? Joseph Ferré, qui avait repéré cette défectuosité, fait remarquer que la pente reste toutefois beaucoup trop raide pour un chemin qui monterait depuis Masdaunes. On pourrait par contre y voir un point d'accès pour un chemin qui venant du Passade et longeant le pied de la seconde enceinte depuis le nord, pénètrerait ainsi et en pente douce, à l'intérieur de la seconde enceinte.

          Les seuls points où les fortifications ont été entamées, se trouvent aux passages des divers chemins, surtout au niveau de la maison du Cado, et sur la même voie communale no15, au niveau du premier rempart, qui a servi de carrière de sable.

          On a aussi noté l'absence de points d'eau à l'intérieur du camp. C'est oublier la présence de l'ancienne fontaine des Sept Douleurs, qui se trouve au nord, au pied de la première dénivellation. Il est vrai que l'eau suinte plus qu'elle ne jaillit. Phénomène assez singulier, puisque cet endroit est situé à peine à quelques mètres au dessous d'un des plus hauts points de la commune. Par ailleurs, le monticule est entouré de sources : au sud, et surtout sur les pentes nord, entre la fontaine du Guerre et la fontaine de Quignay, où les sources sont nombreuses, dont certaines à l'intérieur de la troisième enceinte.

          Les matériaux de construction utilisés notamment pour l'église, sont de 3 natures différentes, qui d'après Georges Croutz, maçon et propriétaire des lieux, proviendraient des pentes du Coy ou de Marèu (pierre blanche), de carrières situées entre le Mus et le château de Candale (pierre jaune), et de pierre noire que l'on trouve sur place, à l'ouest de l'église.

 

          Il y avait autrefois au Mus, une maison appelée "au Castéra"*3. Ce nom est bien sûr en relation directe avec les fortification de terre qui nous occupent. La première mention de cette maison dans les registres de Doazit est du 11 septembre 1649. Elle est citée pour la dernière fois en 1742.

          A partir de 1759, on trouve une maison appelée Laboite, qui d'après L.-E. Testemalle (p. 129), était appelée autrefois "au Castéra". Nous n'avons pas pu l'établir formellement. Cette maison est située à l'est de l'église. Elle est désignée par "au benoit du Mus Laboite" (1759), "au Mus à Laboite" (1760), "à Laboitte au Mus" (1761), "au Trouilh Laboitte" (1774), "la Boite à Masdaunes" (1777). A partir de 1786, ce nom à consonance française : la boîte (?), est gasconnisé en "Labouëte", "Laboïte", "la Bouëtte", "Labouette", "Labouethe",...

          Dans son Livret de famille (p.130), L.-E. Testemalle a cru découvrir des avant-postes fortifiés qui couvraient le camp du Mus : "celui du bourg de Doazit au nord et à l'ouest celui de la métairie de Coudet, dont les fossés ont été convertis en chemins. Il y avait un autre avant-poste au levant, celui de la métairie de Maréou, et un corps de garde au midi, où une maison s'appelle encore Lagarde."

          La métairie de Coudet est effectivement entourée de chemins, sauf au nord-est, mais aucun aménagement visible n'indique une volonté de défense. La maison de Marèou se trouve à peine à plus de 500 mètres du Mus, à l'extrémité d'un promontoire, donc sur une place forte naturelle. On peut bien croire à cette possibilité, mais rien ne le prouve. Quant à la maison de Lagarde, on ne peut pas dire qu'elle soit située à l'endroit idéal pour assurer cette fonction. Le nom de cette maison n'apparaît qu'en 1705, et on peut expliquer son nom autrement que par une garde militaire. On ne peut d'ailleurs pardonner à M. Testemalle de vouloir rattacher systématiquement tous les noms des maisons des environs au camp du Mus, avec des arguments étymologiques souvent très contestables : Caupos, Lacroutz, Masdaounes, Laleye, Laplante, Guerre, Passade, Poudat, Serbiat.

 

          Ci-dessous, nous avons reporté sur un plan les zones escarpées pour faire ressortir la disposition des lieux, puis une série de rayons en coupe, permettant de suivre la continuité des défenses, sur un double périmètre. (l'échelle des hauteurs n'offre rien d'authentique ; seule la forme générale nous intéresse).

Pour ces deux planches :

= = = = Route actuelle.

- - - - - - Chemins ou anciens chemins.

o Point d'eau.

 

 

 


LE TUCO DU CASTERA

          Actuellement, deux maisons situées à deux kilomètres au sud-est du bourg de Doazit, portent les noms de "Castéra" et "Petit Castéra".

          Le nom de ces maisons met en alerte M. Joseph Ferré, sur l'existence de castra, mais il ne semble pas avoir découvert le site lorsqu'il rédige sa monographie de Doazit (p. 10) en 1940. Pourtant peu après, il en signale l'existence à M. Maurice Prat qui publie une courte description dans le bulletin de la Société de Borda de 1946 (p. 29). Les autres auteurs, lorsqu'ils ne se contentent pas d'en signaler simplement l'existence, ne font que reprendre la brève description de M. Prat. Il est vrai qu'il n'y a pas beaucoup à dire.

 

mai 1997. Vu du nord.

          Il s'agit simplement d'un éperon large d'une trentaine de mètres, qui descend vers l'est depuis la maison "Aus Pins", et qui s'élargit à son extrémité est, jusqu'à une cinquantaine de mètres. Cette avancée de terre est bordée sur les trois autres côtés (Nord, Est, Sud), par de profonds ravins, au fond desquels coulent de petits ruisseaux prenant leur source de part et d'autre du pédoncule. A l'endroit le plus étroit du promontoire a été creusé un fossé, qui joignant le ravin sud au ravin nord, n'a aucune utilité hydrologique. Il sert simplement à isoler la pointe du promontoire, formant ainsi "un refuge inexpugnable". La terre de ce fossé ainsi que celle provenant du redressement des autres pentes, a été remontée au sommet, ce qui fait que ce turon surplombe de plus de deux mètres le terrain duquel il est séparé par le fossé. Les autres côtés présentent des dénivellations d'une bonne dizaine de mètre. Le sommet est relativement plat, à l'exception d'une petite surélévation au sud-ouest, sur laquelle se dresse une toute petite construction aux murs de pierre, couverte de tuiles. Ce tertre est labouré de terriers qui doivent en accélérer l'érosion. Pratiquement tous les arbres qui poussaient à son sommet et sur ses pentes ont été abattus en 1996.

Juin 1996. Vu de l'ouest.

          Actuellement (1996), un semblant de chemin passe dans le fond du fossé et parcours les flancs du mamelon à mi-pente.

          Le terrain sur lequel se trouve le tucòu, a été vendu en fin de 1997. Mais le nouveau propriétaire, passant outre aux conseils de l'ancien propriétaire (Joël Delux), et aux recommandations du Service Régional de l'Archéologie, a complètement dénaturé le site à l'aide d'un bulldozer, au début de l'année 1998. Il est vrai que le site n'était pas classé, si ce n'est par le Plan d'Occupation des Sols de la commune de Doazit, qui l'avait placé en zone de protection ND, " zone de protection stricte "*4 le 8 août 1997, au titre du patrimoine naturel*5.

          Actuellement (avril 1998), le pédoncule qui reliait le tucòu aux hauteurs avoisinantes du côté ouest, a été considérablement remodelé pour former une légère dépression qui descend en pente douce depuis l'ouest et remonte ausssi en pente douce vers le tucòu (Il n'y a plus trace du fossé de séparation), tandis que ses pentes nord et sud ont été largement entamées. La terre dégagée à permis d'élever le niveau du sol à la base est, ainsi que de combler en partie le ravin nord et d'adoucir la pente nord du tucòu. La même opération est en cours pour les ravins et pentes du côté sud. Le Service Régional de l'Archéologie n'a pu imposer au propriétaire que de conserver le niveau d'origine du sommet, ainsi que l'abrupt de ce qui reste du tucòu sur la pente est. Des délégués de ce service se sont rendu à plusieurs reprises sur les lieux pendant les travaux de terrassement. Aux dires du propriétaire, ils auraient alors recueilli plusieurs pierres taillées, dont nous espérons qu'elles pourront nous donner des informations sur les périodes d'érection ou d'occupation du site. Nous y avons nous-mêmes trouvé plusieurs silex en avril 1998. Les énormes quantités de terre déplacées par ces travaux, ne permettront probablement plus de replacer par la stratigraphie d'éventuelles trouvailles dans leur contexte.

          Cet endroit est connu par la population et d'après les noms des parcelles du cadastre, sous le nom de "Tuc" ou de "Tucò", alors que le nom de "Castéra", toujours d'après le cadastre est réservé aux parcelles qui entourent ce tuc, jusqu'aux maisons dites du Castéra et du Petit Castéra, distantes d'environ 250 mètres. Le tucòu occupe la partie est de la parcelle no 380 section D du cadastre actuel. Le dessin apparaît plus nettement sur le cadastre de 1847, no 341 et 344 section D, ou cadastre de 1810, no 290 et 846 section C.

          Le nom d'une maison appelée "au Castéra", dans le quartier concerné, figure déjà sur le plan de Doazit dit de 1619, mais n'apparait dans les registres paroissiaux que le 29 avril 1671. Elle est appelée parfois "au Castéra de Labarrère" (1683), pour la distinguer de la maison Castéra du Mus.

 

 


LE CASTEROT

          Le Castérot est une maison de Doazit, située à droite et en contrebas de la route à 1500 m de l'église d'Aulès en direction de Brocas.

          Le nom de cette maison avait déjà attiré l'attention de l'abbé Arnaud-Lucien Robert, curé de Doazit, qui écrivait dans le bulletin paroissial de 1929 : "Dans la direction d'Aulès, il y avait le "Castérot", ou petit camp, (Casteroun, Castrum), formé par les hauteurs qui se dressent vers Labourdette. Là, également, ont dû camper des compagnies romaines. Elles étaient chargées de protéger les convois qui venaient de la Gaule Narbonnaise, passaient par Toulouse, Aire et par le bas d'Aulès, se dirigeaient vers Dax, l'Espagne et la Mer."

          Joseph Ferré 1940, instituteur à Doazit, y voit aussi "un nom caractéristique : Castérot (petit château)", et dans l'hypothèse d'une voie venant de St-Sever et rejoignant la voie Aire-Dax proche de là, "il y aurait eu à Castérot ou aux alentours une petite fortification chargée de garder le carrefour de routes".

          Sur l'invitation de J. Ferré, M. Maurice-L. Prat vint sur les lieux au début de l'été 1939. Pour lui aussi, "le nom le Castérot est assez clair. (...) Quant à la ferme du Castérot elle pourrait être une auberge ancienne ; elle est située sur une sorte de plate-forme, un terre-plein dû à un élargissement local du vallon qu'empruntait cette voie.(venant de St-Sever)."

          Que le nom de Castérot évoque un castéra ou un petit château, les hauteurs de Labourdette*6, comme le suggérait l'abbé Robert, semblent susceptibles d'avoir pu accueillir l'un ou l'autre. Elles surplombent le vallon de plus de 40 mètres. Le sommet de cette colline est coupé à l'ouest par un ancien chemin creux presque comblé, et au sud par une série de trois mares creusées en partie dans la pierre. Les côtés sud et surtout est, qui présente une forte pente, sont limités par des terrasses. S'il n'y a rien de probant dans ces indices, la topographie aurait pu favoriser l'établissement d'un camp.

 

 


DEUX VOIES ROMAINES ?

LA VOIE EST-OUEST

          Il semble que pour les trois auteurs ayant parlé du Castérot, ce nom n'existe qu'en relation avec une voie de grande communication.

          Pour l'abbé Robert, cette voie n'est qu'une simple hypothèse pour expliquer la présence d'un castrum au Castérot.

          Joseph Ferré repère les traces d'anciens chemins "à travers le Tresqué et dans le bas d'Aulès, derrière Méron, d'allées larges de plusieurs mètres, orientées est-ouest. Elles sont assez profondément entaillées quand le relief du sol le nécessite. (...) Peut-être passait-il à Aulès et à travers le Tresqué une route importante qui venant de Dax par Monfort et Saint-Aubin aurait gagné Aire par Coudures et St-Loubouer". Pour lui cette voie Aire-Dax, ne reste qu'une possibilité. Disons tout de suite que la monographie de J. Ferré, dans laquelle il mentionne ces détails n'a jamais été publiée.

          Maurice-L. Prat, qui, dans le Bulletin de la Société de Borda de 1946, se fait pourtant l'écho des trouvailles de son ami j. Ferré, ne fait absolument aucune allusion à cette voie Aire-Dax. Son propos concerne uniquement une voie Nord-Sud qui lui a été suggérée encore une fois par les observations de J. Ferré, dont nous parlerons plus bas.

          Les historiens s'accordent à penser que Atura et Aquae Tarbellicae, les deux villes antiques, toutes deux chefs-lieux d'archiprêtré, devaient être reliées par deux voies de communication, l'une au nord de l'Adour, et l'autre par la Chalosse.

          "La logique, et aussi divers indices toponymiques et archéologiques assurent l'existence d'une liaison entre Dax et Aire. Celle-ci paraît avoir été double : un itinéraire suivait, jusqu'à la Midouse, l'actuelle R.N.124 et, au delà, l'actuel D.924, tandis que le second, au sud de l'Adour, traversait les collines par Monfort-en-Chalosse et Doazit"*7.

          Ainsi, la simple logique et la lecture trop rapide du seul article de 1946 mentionnant les traces possibles d'un ancien chemin de direction nord-sud, se transforment en l'assurance d'une voie est-ouest, alors qu'aucun autre indice entre Aire et Dax n'est mentionné par l'auteur. Si Joseph Ferré avait relevé les traces d'une voie est-ouest à travers le Tresqué, répétons que ses notes n'ont jamais été publiées.

          Nous n'avons pa su découvrir les indices susmentionnés concernant cette voie. Il est à craindre que les travaux de terrassement qui ont accompagné le remembrement des terres dans le Tresqué, il y a quelques années, les aient fait disparaître définitivement.

 

LA VOIE NORD-SUD

          "Tout prés (de Castérot), dans la vallée, à droite du chemin qui d'Aulès va vers les confins de la commune on remarque un espace au relief assez régulier, large d'une douzaine de mètres et qui se perd en direction du nord. Des arbres l'ont envahi. Il est de niveau à l'ouest avec les prés et les champs voisins, tandis qu'à l'est s'élève un talus à pente assez brusque. Faut-il voir là les restes d'une autre voie qui de Saint-Sever, autre agglomération gallo-romaine serait venue rejoindre la précédente ?"*8.

          "Au nord du bourg de Doazit, sur le territoire de la commune de St-Aubin (!!), dans un petit vallon à proximité d'une métairie, dont le nom le Castérot est assez clair, j'ai pu suivre sur une certaine longueur, en bordure d'un frais ruisseau, un tapis herbeux dont la largeur moyenne de 6 à 8 mètres convient bien à une voie romaine.

          Mon ami (Joseph Ferré), qui habite la commune et dispose de plus de temps par conséquent, a relevé son prolongement à travers les champs voisins, par delà les haies qui le coupent. Son parcours n'est interrompu que par un minimum d'arbres, de plantation plutôt récente, situés vers les bords de son trajet. Peut-être fût-elle utilisée par les pèlerins se rendant à St-Jacques de Compostelle, et par conséquent entretenue encore à une époque relativement moderne, comme le XVe siècle. (...) Il se peut d'ailleurs fort bien aussi que la voie en question représente une ancienne piste gauloise. (...).

          Quoi qu'il en soit, cette voie, à en juger par sa direction générale, devait venir de Saint-Sever, par Audignon ; elle laissait à sa gauche le hameau de St-Jean-d'Aulès, le village de Doazit, l'église du Mus et la colline du château de Foix-Candale, tous situés sur des hauteurs trop ardues à gravir pour une voie ancienne ; elle devait se poursuivre ensuite vers Brassempouy, ou peut-être vers Sault-de-Navailles."*9

          Aucune carte ancienne ne mentionne de chemin passant à cet endroit (ni plan de Doazit de 1619, ni carte de Cassini, ni plan cadastral de 1810). Pourtant, en cherchant le cheminement le plus logique depuis Audignon, en évitant les zones marécageuses, ou inondables, les pentes trop abruptes, les montées et descentes inutiles, en réduisant au minimum les franchissements de ruisseaux, on peut presque sans hésitations reconstituer le tracé d'un tel chemin pour se rendre vers St-Cricq. Or on s'aperçoit que ce parcours recouvre en presque totalité des tronçons de routes ou chemins encore utilisés ou qui figurent sur les cartes relativement récentes. Si les indices relevés par J. Ferré sont en eux-mêmes assez peu convaincants, ses conclusions sont accréditées par la configuration des lieux. Une autre raison de la présence d'un chemin à cet endroit, est l'exploitation des carrières de pierre qui forment de nombreuses et larges excavations sur toute la pente bordant le supposé chemin entre Lhoste et Duc. S'il n'est donc pas surprenant de trouver les traces d'un ancien chemin, il est assez osé, en l'absence d'autres éléments, d'en faire une voie romaine !.

 

 


LE "SARRALH" DE BROUQUÈRE

 

          Il existe, à 400 mètres au nord de la maison de Brouquère, un terrain boisé, désignée communément par le nom de "Sarralh de Brouquère" (plan cadastral : n°1, section ZB ). Cette pièce de terre regroupe les parcelles numérotées 1a, 1b et 1c. La première (1a, section ZB ; 1ha 4a 1ca), ayant une forme plus ou moins semi-circulaire. La même parcelle figure sur le plan cadastral de 1810, sous le numéro 852, section E. Physiquement, elle est limitée au nord-ouest par un segment rectiligne du "ruisseau de la fontaine de Tingon", et sur toutes les autres parties de son périmètre, elle est bordée d'une levée de terre et d'un fossé extérieur encore bien visibles. Le dénivelé entre talus et fossé ne dépasse pas 1 mètre, mais l'érosion est passée par là.

          Ce nom et cette forme ont attiré notre attention, pour une éventuelle parenté avec le "saroi" basque ou le "sel" espagnol, qui sont des enclos de forme circulaire, dont le centre est matérialisé par une borne appelée "piedra cenizal". On a effectivement trouvé des fragments de charbons, en Guipuscoa, datée du IIème siècle après J.-C.
http://www.paisvasco.com/urnieta/seles.html
http://grupos.unican.es/acanto/AEP/entorno_dignidad.htm#Los%20seles

          Le dictionnaire de Simin Palay nous donne les définitions suivantes :
          - Sarràlh; sm. - Enclos, domaine tout d'un tenant; bercail.
          - Saròy, sarroùy; sm. - C. <sarràlh, cujalà> (vx). <Zaroi> signifie en basque, selon Duvoisin cité par Azkue, "une vaste pelouse s'étendant sur nos montagnes et parsemée de bergeries".
          - Cujalà, cujoulà, coeylà, cuèu, cujèu, cuylà, courthéu, cuìu; sm. - Parc à brebis ou à bétail; espace, partie de terrain destinés à servir de parc aux troupeaux sur la montagne; désigne encore l'ensemble du parcage.

          En regard de certains seles de Biscaye, qui dépassent les 18 hectares, notre Sarralh de Brouquère reste très modeste, avec à peine un hectare ; même s’il est possible qu'il ait été amputé d'une bonne partie, en supposant qu'à l'origine il formait un cercle complet.

          Le cadastre de Doazit de 1810 nous indique d'autres parcelles portant la nom de de sarrail ou sarraillot, actuellement toutes en culture, où nous n'avons relevé aucune traces similaires à celles du "sarralh de Brouquère". (Sarrail de Pélarton, n° 139, 140, 141, section C, 1ère feuille ; Sarraillot, n°186, section C, 1ère feuille ; Sarraillot, n° 146, section B, 1ère feuille ; Sarrail, n°567, section B, 1ère feuille. Proche de ces deux dernières parcelles, sur la commune de Maylis, se trouvait le Sarralh de Saubon).

 

          La forme circulaire s'explique par le fait qu'elle permet d'enceindre une surface avec le plus petit périmètre, donc avec le moins de travail possible pour clôturer ou restaurer les clôtures avant d'être à nouveau utilisées. Ceci pourrait indiquer qu'il s'agit d'installations temporaires, donc en relation avec le passage saisonnier des troupeaux sur les grandes voies de transhumance.

          Toutefois, le « sarralh » de Brouquère pourrait tout aussi bien n’être qu’un vestige de ces landes que certains habitants de Doazit entreprirent d’entourer de fossés dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. (Voir le procès qui les opposa au seigneur de Doazit).


INDICES TOPONYMIQUES

          Outre les noms des maisons de Catéra et Castérot, d'autre noms peuvent être révélateurs de la destination qu'ont eu certains lieux.

 

TASTON et CLAVERIE

          Taston est un diminutif de "taste", qui désigne une "hauteur"*10, ou une "tour de guet, en terre ou en pierre, dans un poste d'observation de système défensif"*11.

          Au hameau de Claverie, se trouvaient les maisons de Taston de Bas et Taston de Haut (appelée actuellement "au Mounet"). Cette maison resta habitée par une famille Lataste depuis au moins 1610, jusqu'en 1731. Le nom du quartier est aussi symptomatique : une "claverie" désigne un "enclos, lieu entouré de défenses"*12. Le hameau de Claverie, dont la maison Taston, se trouve sur une hauteur qui domine de 40 m. l'église d'Aulès, à 1 km au nord-est de celle-ci.

          Au bourg de Doazit, la maison Farbos, située entre l'église et la bibliothèque, était appelée autrefois, "à Claverie", peut-être en rapport avec le passé du bourg de Doazit.

 

TASTET

          Comme Taston, Tastet est un diminutif de "taste". Cette maison n'est pas à l'emplacement le plus élevé de son quartier, mais placée en bordure du chemin de Hagetmau au Mus, chemin qui suit la crête de la colline aux pieds de laquelle coulent la Goaugue au nord et l'Arrezenon au sud. Le Tastet se trouve sur un rétrécissement de cette crête, donc à un endroit stratégique.

 

CASTETS

          La maison de Castets, ou plutôt sa voisine de Laborde-Josse, domine légèrement les environs, mais la topographie semble peu propice, outre qu'il n'en resterait aucune trace, à l'implantation d'un "château".

          On verra plus volontiers dans ce nom, un chaffre que l'on donnait autrefois aux "gens du châtelain"*13, c'est à dire ceux qui travaillaient au château, ou pour le château. En 1810, cette maison appartenait (et peut-être depuis très longtemps), à la famille de Candale, qui la vendit en 1831 à Lamarque Charot de Ste-Colombe.

 

LASSALLE

          Salle : "de sala, mot emprunté au germanique saal qui signifie primitivement "maison rurale avec une salle de réception" (Dauzat), donc grande maison ou petit château"*14. "Autrefois, domaine, châtellenie, maison seigneuriale fortifiée"*15.

          Le plan de Doazit de 1619, porte une maison "Lasale" située au nord de l'église d'Aulès. Ce nom est en fait celui des occupants de la maison "Pilhart". Ce nom de famille encore bien représenté actuellement à Doazit, se rencontrait au début du XVIIe siècle, dans les maisons Pilhart, Cabé (au quartier de Laysit), Conderine et Casote. Autrefois, dans les maisons de propriétaires, et à moins d'accidents de la nature (épidémies, décès prématuré de chef de famille), les noms de famille perduraient pendant des siècles dans la même maison, de part les lois héréditaires et le nombre important de naissances qui assuraient au moins un descendant mâle.

          Ces lieux-dits sont tous sur des hauteurs, mais ce n'est pas une caractéristique originale, et aucun ne possède de traces révélatrices.

 

LE TUCO DE PERRAS

          Tuco-Perras, ou Tuco de Perras, est le nom d'une zone agricole, porté sur le plan cadastral, au nord de la section C. Nous avons cherché à savoir si ce nom désignait une simple colline, ou si une élévation de terre y avait fait l'objet d'aménagements, comme pour le Tuco du Castéra.

          Sur le plan cadastral de 1810, la pacelle no149 de la section E, est appelée tuco. Cette parcelle correspond au no78 section C du cadastre actuel, mais elle ne présente aucune élévation. Par contre, les parcelles 69, 70, 71 et 75, forment l'extrémité est d'un promontoire, relié à l'ouest par deux bras de terre (parcelles 69 et 71) entre lesquels se trouve une profonde dépression. A part ce dernier point, l'endroit ne présente aucune particularité, ni trace d'aménagement.

          La deuxième partie du nom : "Perras", doit venir de ce que la parcelle 75 (no151 section E de 1810), appartenait à M. Broca-Perras.

 

 


LE BOURG DE DOAZIT

          On peut distinguer trois phases principales, à des époques très éloignées les unes des autres, pour aboutir à la forme actuelle du bourg de Doazit : L'éperon barré (néolithique, -2000), la motte féodale (ca IXème siècle), la bastide (ca 1300).

          Nous emprunterons pour ce chapitre, la plupart des descriptions et conclusions du colonel J.-F. Massie, dans son article Les origines du bourg de Doazit, publié dans le bulletin de la société de Borda de 1975.

 

 

L'ÉPERON BARRÉ

          "Le bourg de Doazit est situé sur un promontoire cote 120, à l'extrémité d'un mouvement de terrain venant d'Hagetmau avec une suite de cotes sensiblement de mêmes altitudes, 126, 127, 126, 124 (Praubon), 126 (Lapigue), 118 (Labarrère), 117 (Largelé), 120 (Coy). (...) On reconnaît que ce promontoire, tourné vers l'ouest, est du type éperon barré des enceintes néolithiques : la force naturelle de la position n'avait pas échappé aux premiers hommes. Lorsqu'on se trouve aujourd'hui à l'est du village, au carrefour des arènes actuelles, on peut comprendre que là était l'emplacement de la coupure classique. Elle a été remblayée probablement vers 1840*16 pour livrer le passage d'entrée à la route qui pénétrait dans le village. Les masses de terres, qui dominent à l'est (Coy et Lamourane), laissent voir que le niveau naturel du sol a été jadis coupé. La route (de Laborde-Mariote), qui contourne le village de Doazit par le nord, a tout l'aspect d'un emplacement d'ancien fossé au bas de pentes presque verticales, qui ne sont pas des pentes naturelles de terres, mais des pentes redressées. Du côté sud, les aménagements et les modifications effectués au cours des siècles, ne permettent plus de voir que les talus des remparts. Ainsi, nous nous permettons, d'après l'aspect des lieux, d'estimer que longtemps avant la fondation du village de Doazit, il devait y avoir, très probablement, une enceinte préhistorique du type éperon barré ; nous n'avons pas connaissance de trouvailles sur cet emplacement, qui apporteraient une confirmation de cette hypothèse."

          La dernière modification du "carrefour des arènes", son aménagement en rond-point, réalisé en décembre 1996, a encore contribué à combler l'ancienne coupure de l'éperon barré. On peut se faire une idée de la profonde dénivellation qui existait encore au début du XIXe siècle, en examinant le plan cadastral de 1810, sur lequel on voit que la voie venant du bourg ne descend pas directement vers le croisement des routes, mais oblique vers le sud, formant un large lacet pour qui voulait ensuite revenir vers Laborde-Mariote et Aulès.

          Si cette profonde coupure semble bien artificielle, on peut se demander où sont passées les énormes quantités de terre qu'il a fallu déplacer puisqu'elles n'ont pas servi à former de rempart en surélévation. A l'ouest du bourg la question est inverse : d'où vient la terre qui a servi à ériger la motte ? Une réponse commune aux deux questions remettrait en cause la datation proposée par M. Massie.

 

 

LA MOTE FÉODALE

          "A l'extrémité ouest du promontoire, et au-delà de l'église, existe une grande élévation de terre, actuellement sans construction au sommet, séparée du bourg par un fossé. Ce tertre aménagé par la main de l'homme, est le vestige de la motte construite vers le Xe siècle, qui a servi de socle au château en charpentes de bois, dispositif essentiellement défensif du seigneur. (...).

          Déjà coupé pour former éperon barré, le promontoire a été coupé une nouvelle fois à l'ouest pour former une motte qui domine toute la région. Ce lieu porte le nom particulier de "Le Ram" et aussi "lou Tarré", ce qui signifie le tas de terre. La construction de la motte a nécessité un travail de terrassement très important. Le sommet de cette motte, sur laquelle a été un château, mesure 35 mètres dans le sens nord-sud, et 30 mètres dans le sens est-ouest ; la superficie est de 1133 mètres d'après le cadastre*17. Actuellement l'emplacement est dépourvu de toute construction, et est utilisé comme jardin potager. Les pentes très raides tout autour sont couvertes de taillis, et la superficie de cet entourage de pentes est de 4191 mètres carrés d'après le cadastre. Un grand fossé a entouré le pied de la motte ; il subsiste encore bien visible du côté du village. Le haut de la motte domine le sol du village de 10 mètres, et la vallée de 50 mètres. Cette masse de terre aménagée par l'homme est bien une motte féodale du Moyen-âge, qui servait de socle au château du seigneur. (...) Le premier château de Doazit établi sur cette motte, avant le Xe siècle, devait être construit en bois, selon la technique de l'époque, ce qui explique sa disparition.

          Le seigneur de Doazit n'a pu avoir son château que sur la motte, puisque la destination de la motte était de supporter un château. De père en fils les seigneurs de Doazit se sont succédés, faisant construire et reconstruire le château jusqu'à ce qu'il soit abandonné après le décès du dernier seigneur du nom de Doazit en 1423*18.

          Nous avons la certitude du château sur la motte, par le dénombrement de Léon de Candale du 27 janvier 1624, qui déclare qu'il "possède un moulin au bourg de Doazit, où était anciennement le château".

          Le Ram a été acheté par la commune de Doazit, par acte du 14 décembre 1995. Il est a souhaiter que les aménagements et voie d'accès qui y seront éventuellement pratiqués, préservent avec ses caractéristiques essentielles, ce site vieux de plus de mille ans, et particulièrement bien conservé en regard d'autres mottes féodales du département, beaucoup plus médiatisées, et dont il ne reste pourtant,.. que des restes.

 

 

LA BASTIDE

          A l'est de la motte de Doazit, se trouve ce qu'il est convenu d'appeler "le bourg" ou village, formé d'une seule rue rigoureusement rectiligne, longue de 177 mètres depuis le portail est disparu, jusqu'à l'église, et 255 mètres depuis ce portail disparu jusqu'au fossé de la motte. De part et d'autre de cette rue, sont des maisons qui ont eu à l'origine une même dimenssion de façade.

          Le bourg de Doazit, par ces caractéristiques, présente toute l'apparence d'un village constitué a novo, à partir de rien, sur un emplacement où il n'y avait rien, comme l'on sait que les bastides ont été édifiées entre 1250 et 1350 environ.

          La rue a une largeur de 5,65 mètres. Cette mesure est aussi la longueur moyenne des façades des maisons mesurées par M. Massie. "Les mesures ne sont pas rigoureusement identiques d'une maison à l'autre, car pour se prémunir contre l'incendie on laissait entre chaque maison un espace nommé venelle ou androne*19. (...) Il semble que chaque emplacement affecté a été de 3 perches, soit 5,84 mètres, dont chacun comprenait un espace pour l'androne.

          Les Plasses : "A chaque maison était attribué un jardin, qui aboutissait au rempart. La longueur du jardin à Doazit était de 37 mètres pour le côté sud, ce qui donnait des parcelles de 210 mètres carrés, et 48 mètres du côté nord, ce qui donnait 288 m2;. (...) Les plasses aboutissaient jusqu'au bord escarpé du promontoire, et là, sur le haut du talus, la défense était aménagée, avec un rempart et une palissade faite de pieux de bois plantés debout et liés les uns aux autres par des branches souples. Chaque habitant avait la charge de l'entretien du rempart au fond de sa plasse, et un espace destiné à la circulation de la garde devait rester libre à l'intérieur de la palissade sur le rempart. Ces vestiges de fortification qu'on nommait embarrats sont encore en partie reconnaissables quoique nivelés ; le plan cadastral de 1810, montre l'alignement de tous ces fonds de jardin, et confirme bien la formation de la bastide."

          Le Marcadieu : M. Massie pense que la place du marché se trouvait hors de l'enceinte, du côté de la rue de Bas. Mais en 1624, il y avait devant l'actuelle bibliothèque municipale, "une halle où se tiennent les foires et marchés".

          La Porte : L'accès à la bastide était commandé par une porte fortifiée située sur la rue au niveau de la Poste actuelle. Le sol de la rue à cet endroit était alors plus élevé d'un à deux mètres, comme on peut le voir par le niveau du sol en terre de l'arrière de la maison Barriqué. On sait aussi que cette porte, dite "tour du pigeonnier", fut détruite en 1887, pour permettre d'élargir le passage qui n'était que de 2,275 m. et de faire "une montée plus douce". Ceci nous confirme que la voie d'accès au bourg était très abrupte, et que le sol de la porte était surélevé par rapport à la rue.

          Sur le plan de Doazit de 1619, est figurée une tour à deux étages au dessus de la porte, couverte d'un toit à quatre pentes. On retrouve son emplacement exact sur les plans cadastraux de 1810 et 1847.
          Il ne semble pas qu'il y ait eu d'autre porte du côté ouest.

 

 


Bibliographie :

- CHOPINET (C.). Etude sur les camps préhistoriques des Landes et du Béarn, dans Revue de Comminges, 1908, p.30-56, p. 363.

- TESTEMALLE (Louis-Etienne), Livret de famille, Impr. A. Dupeyron, 1912. Réédition 1982, p. 126-132.

- Anonyme. Inventaire bibliographique des enceintes de France, dans B.S.P.F., 1914, p. 287.

- ROBERT (Abbé), Les clochers de Doazit, bulletin paroissial no4, avril 1929, p.1.

- FERRE (Joseph), Doazit, 1940, p. 6-10.

- FERRE (Régine). La préhistoire landaise vue au musée Dubalen ; s. d.

- LAMAIGNERE (Raphaël), Doazit aux trois églises, 1941, p. 31-33

- PRAT (Maurice-L.). Note sur une voie et un camp romain à Doazit, dan bull. Soc. Borda, 1941, p. 13.

Notes sur divers vestiges anciens à Doazit et Saint-Aubin, dans Bull. Soc. Borda, 1946, p. 29-31.

- FABRE (Gabrielle). Les civilisations protohistoriques de l'Aquitaine, suivi de l'Inventaire des découvertes protohistoriques faites dans les départements des Landes, Basses-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne, Paris, 1952, p. XII.

- THIBAULT (Claude). Recherches sur les terrains quaternaires du bassin de l'Adour. Thèse de Doctorat d'Etat ès Sciences Naturelles, 1970 ; pp 26 à 72, et 199 à 208, planches 1, 2, 3, 10, 11, figures 2 et 13.

- MASSIE (J.-F). Le Camp du Mus à Doazit, dans Bull. Soc. Borda, 1969, p. 479.

Les origines du bourg de Doazit, dans Bull. soc. Borda, 1975.

- DESSIS (Jean). Doazit aux trois clochers. 1970.

- DUCASSE (R.).Répertoire des vestiges gallo-romains découverts dans le département des Landes, T.E.R., Pau, 1978, p. 63.

- MAURIN (L.), BOST (J.-P.), RODDAZ (J.-M.), dir. Les racines de l'Aquitaine, Vingt siècles d'histoire d'une région, vers 1000 av. J.-C., -vers 1000 apr. J.-C., centre Charles Higounet-Pierre Paris, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, Toulouse, 1992, P. 91 photo.

- BOYRIE-FENIE (Bénédicte), Carte archéologique de la Gaule ; Les Landes ; 1995. p. 37, P. 87.

 

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1- Claude Thibault ; Recherches sur les terrains quaternaires du bassin de l'Adour. Thèse de doctorat d'Etat ès Sciences Naturelles, 1970 ; pp 26 à 72, et 199 à 208, planches 1, 2, 3, 10, 11, figures 2 et 13.

2- J. Ferré, Doazit, p.2.

3- Castéra : du latin castra (nom pluriel) : camp, campement ; fossé, circonvallation.

4- " Le classement en zone de protection ND s'adresse aux zones humides, aux secteurs où la végétation naturelle est remarquable, aux sites écologiquement et paysagèrement sensibles, aux secteurs présentant des risques naturels et au patrimoine naturel et culturel important ". (Réglement du POS).

5- C'est certainement par ignorance de l'existence de ce site, que nos élus l'ont placé fortuitement en zone ND, lors de la 3ème révision du Plan d'Occupation des Sols de la commune de Doazit., au titre des " thalwegs boisés de feuillus qui bordent les ruisseaux ". Il aurait mérité d'y figurer comme le site du Mus, la motte féodale du bourg, l'église d'Aulès et le site du château de Candale, comme patrimoine culturel.

6- La distance entre Labourdette et Castérot (250 m) n'est pas un obstacle à voir chez l'un l'origine du nom de l'autre : la maison Castéra est à 300 m du Tuco ; la maison Pourtaou est à 300 m d'une ancienne allée de Casse, d'où elle tire son nom.

7- Landes et Chalosses, tome 1, p.91, et carte no19 à la fin de l'ouvrage.

8- Joseph Ferré, Doazit, 1940, p. 10.

9- Maurice-L. Prat, Notes sur divers vestiges anciens à Doazit et Saint-Aubin, dans Bull. Soc. Borda, 71, 1946, p. 29-31.

10- Michel GROSCLAUDE. Dictionnaire étymologique des noms de famille gascons ; éd. Radio Pais, 1992.

11- Simin PALAY. Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes ; éd. du C.N.R.S., 1980.

12- M. GROSCLAUDE, ibid.

13- S. PALAY, ibid.

14- M. GROSCLAUDE; ibid.

15- S. PALAY, ibid.

16- En 1839, le gouvernement a accordé à la France un secours de 6 millions de francs "pour faire gagner du pain aux pauvres". On a fait dans le pays des ouvertures de routes de grande communication. Doazit a commencé, en février 1840, la route no18 d'Hagetmau à Mugron, par Doazit et Saint-Aubin. Le projet de cette route était élaboré en 1837. C'est vers 1840 que la coupure de l'éperon barré a dû être comblée et transformée pour permettre le passage de la route.

17- Cadastre ancien, section H 2, feuille dite du bourg, terminée sur le terrain le 10 août 1846, par Joseph Dauga, géomètre.

18- La tradition voudrait que le vieux castel du bourg fut démoli, pierre par pierre, pour fournir le matériel nécessaire à l'érection du château de Candale à Doazit, commencé en 1566 par Jacques de Candale et achevé par son épouse Jeanne de Belcier en 1598. Cela paraît assez improbable, ne serait-ce qu'en raison de la différence de dimension. Le château de Candale a nécessité une très grande quantité de matériaux, et des pierres taillées ; les pierres du vieux castel n'ont pu constituer qu'un faible appoint.

19- A Doazit, on utilise plutôt le nom de "canèr".