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VESTIGES ARCHEOLOGIQUES |
Ph. DUBEDOUT
[Sommaire DOAZIT] - [Table des
articles de Ph. D.]
OUTILLAGE LITHIQUE
Les premières traces d'occupation humaine, sont représentées à Doazit par des outils en pierre des périodes les plus reculées : Chelléen (-500 000) avec le type Chalossien, Acheuléen (-250 000), Moustérien (-150 000). A part une pièce datant de l'Aurignacien (-50 000), les périodes plus récentes (Solutréen, Magdalénien, Néolithique), bien que représentées dans les environs (Montaut, Montsoué), n'ont pas livré de spécimens à M. Joseph Ferré, instituteur à Doazit, qui collectait les trouvailles de ses élèves vers 1939, ni à M. Claude Thibault*1, qui signale de nombreuses pierres taillées, trouvées dans les talus en différents points de la commune (Pillon, Pélanne, Manec d'Aulès, Biroc, Lahountine(?), Haydet).
Nous avons toutefois trouvé un morceau de hache en pierre polie, près de la fontaine d'Arton. La famille Lafitte de Garipau, conserve également 2 haches de pierre, trouvées à proximité de Garipau.
La matière première, le silex, est présente au nord de la commune, vers Maymi et Garipau. Les pierres taillées, d'après J. Ferré, se rencontrent surtout sur le versant nord de la vallée d'Aulès, vers Bourdillon, Picuré, et Mouchon, mais aussi à l'est du bourg, vers Caillé, Labarrère et Marèou. Pour Cl. Thibault, Pilhon et Pélanne semblent avoir fourni le plus de pièces, dont une de l'Aurignacien. "On a précisé à peu de distance au nord d'Augerin, dans la commune voisine un atelier de débitage du silex"*2.
Haches en pierre, trouvées à Garipau.
L =
L =
LE CAMP DU MUS
Le camp du Mus,
est situé à
La première enceinte renferme les parcelle no 419 à 429, de la section G. La deuxième enceinte renferme les parcelles no 406, 408, 409, 416, 417 et 432. Une possible troisième enceinte couvrirait les no 355 à 359, 361, 368, 398 à 400 et 410. Les no 360,401,405, 407, 411 à 415, 418, 430, 431, 433 et partie de 470, formant les principaux remparts ou pentes abruptes.
Pour la description des terrassements de défense du camp, on se reportera avec plus ou moins de bonheur aux travaux de L.-E. Testemalle, J. Ferré, R. Lamaignère, et J.-F. Massie. Tous ces auteurs s'accordent à reconnaître les dégradations subies par ces enceintes :
-"La plus petite (enceinte) est la mieux conservée.
(...). La deuxième enceinte est moins bien conservée. (...) La grande
enceinte est beaucoup moins bien conservée que la petite. L'homme l'a en partie
détruite pour niveler l'intervalle compris entre les deux lignes de défense
qu'il a transformé en champs cultivés. Les eaux de ruissellement ont fait le
reste.". (Ferré).
- "Il est à craindre que les terres exploitées aujourd'hui dans les limites
de ce réduit (la première enceinte) ne finissent par se niveler sous le
fer de la charrue,... (...) La grande enceinte construite sur le modèle
de la précédente, embrasse une étendue de
- "L'enceinte (...) a été partagée à une époque indéterminé,
pour former une petite enceinte à l'intérieur de la grande. Cette séparation a
dû comporter un rempart, dont il ne reste plus qu'une dénivellation importante,...".
(Massie).
Les observations de M. Massie sont très lacunaires. Il ne remarque pas (comment est-ce possible ?), la deuxième ligne de défense qui entoure la place depuis le nord, vers l'est, jusqu'au sud-sud-est. (voir son plan).
L.-E. Testemalle nous prédit même (en 1912), que nous ne devrions plus en voir actuellement aucune trace : "Les propriétaires procèdent sans tarder au nivellement du sol et dans cinquante ans ou plus tôt les défenses du camp n'existeront plus qu'à l'état de souvenir et ensuite de légende".
Contrairement aux affirmations précédentes, nous pensons que les deux enceintes sont très bien conservées. Si elles ont bien sûr du subir l'érosion naturelle, elles n'ont pas été attaquées par l'homme. En effet, si l'on avait souhaité aplanir quelques levées de terre pour augmenter la surface labourable, il aurait été infiniment plus facile de verser le surplus de terre vers la parcelle de niveau inférieur, ce qui aurait déplacé la dénivellation vers l'extérieur. Or, partout où cette levée de terre n'existe pas, que ce soit au sud ou sur tout l'ouest de la première enceinte, ou au nord-ouest et sur tout le quart nord-est de la seconde enceinte, les terrassements sont en retrait par rapport aux dénivellations qui portent une surélévation de terre. Cela se constate à chacun des points où le premier type de défense est en contact avec le second.
En fait, cette surélévation n'existe que lorsque une simple dénivellation en terrasse a pu paraître insuffisante pour une défense efficace. De plus, au nord et sur le quart nord-est, on trouve une troisième marche, qui constituait un obstacle supplémentaire.
La protection de la deuxième enceinte présente un point faible à l'est, au niveau de la maison de Masdaunes. Voie d'accès ou glissement de terrain ? Joseph Ferré, qui avait repéré cette défectuosité, fait remarquer que la pente reste toutefois beaucoup trop raide pour un chemin qui monterait depuis Masdaunes. On pourrait par contre y voir un point d'accès pour un chemin qui venant du Passade et longeant le pied de la seconde enceinte depuis le nord, pénètrerait ainsi et en pente douce, à l'intérieur de la seconde enceinte.
Les seuls points où les fortifications ont été entamées, se trouvent aux passages des divers chemins, surtout au niveau de la maison du Cado, et sur la même voie communale no15, au niveau du premier rempart, qui a servi de carrière de sable.
On a aussi noté l'absence de points d'eau à l'intérieur du camp. C'est oublier la présence de l'ancienne fontaine des Sept Douleurs, qui se trouve au nord, au pied de la première dénivellation. Il est vrai que l'eau suinte plus qu'elle ne jaillit. Phénomène assez singulier, puisque cet endroit est situé à peine à quelques mètres au dessous d'un des plus hauts points de la commune. Par ailleurs, le monticule est entouré de sources : au sud, et surtout sur les pentes nord, entre la fontaine du Guerre et la fontaine de Quignay, où les sources sont nombreuses, dont certaines à l'intérieur de la troisième enceinte.
Les matériaux de construction utilisés notamment pour l'église, sont de 3 natures différentes, qui d'après Georges Croutz, maçon et propriétaire des lieux, proviendraient des pentes du Coy ou de Marèu (pierre blanche), de carrières situées entre le Mus et le château de Candale (pierre jaune), et de pierre noire que l'on trouve sur place, à l'ouest de l'église.
Il y avait autrefois au Mus, une maison appelée "au Castéra"*3. Ce nom est bien sûr en relation directe avec les fortification de terre qui nous occupent. La première mention de cette maison dans les registres de Doazit est du 11 septembre 1649. Elle est citée pour la dernière fois en 1742.
A partir de
1759, on trouve une maison appelée Laboite, qui d'après L.-E. Testemalle (p.
129), était appelée autrefois "au Castéra". Nous n'avons pas pu
l'établir formellement. Cette maison est située à l'est de l'église. Elle est
désignée par "au benoit du Mus Laboite" (1759), "au Mus à
Laboite" (1760), "à Laboitte au Mus" (1761), "au Trouilh
Laboitte" (1774), "
Dans son Livret de famille (p.130), L.-E. Testemalle a cru découvrir des avant-postes fortifiés qui couvraient le camp du Mus : "celui du bourg de Doazit au nord et à l'ouest celui de la métairie de Coudet, dont les fossés ont été convertis en chemins. Il y avait un autre avant-poste au levant, celui de la métairie de Maréou, et un corps de garde au midi, où une maison s'appelle encore Lagarde."
La métairie de
Coudet est effectivement entourée de chemins, sauf au nord-est, mais aucun
aménagement visible n'indique une volonté de défense. La maison de Marèou se
trouve à peine à plus de
Ci-dessous, nous avons reporté sur un plan les zones escarpées pour faire ressortir la disposition des lieux, puis une série de rayons en coupe, permettant de suivre la continuité des défenses, sur un double périmètre. (l'échelle des hauteurs n'offre rien d'authentique ; seule la forme générale nous intéresse).
Pour ces deux planches :
= = = = Route actuelle.
- - - - - - Chemins ou anciens chemins.
o Point d'eau.
LE TUCO DU CASTERA
Actuellement, deux maisons situées à deux kilomètres au sud-est du bourg de Doazit, portent les noms de "Castéra" et "Petit Castéra".
Le nom de ces
maisons met en alerte M. Joseph Ferré, sur l'existence de castra, mais
il ne semble pas avoir découvert le site lorsqu'il rédige sa monographie de
Doazit (p. 10) en 1940. Pourtant peu après, il en signale l'existence à M.
Maurice Prat qui publie une courte description dans le bulletin de
mai 1997. Vu du nord.
Il s'agit simplement d'un éperon large d'une trentaine de mètres, qui descend vers l'est depuis la maison "Aus Pins", et qui s'élargit à son extrémité est, jusqu'à une cinquantaine de mètres. Cette avancée de terre est bordée sur les trois autres côtés (Nord, Est, Sud), par de profonds ravins, au fond desquels coulent de petits ruisseaux prenant leur source de part et d'autre du pédoncule. A l'endroit le plus étroit du promontoire a été creusé un fossé, qui joignant le ravin sud au ravin nord, n'a aucune utilité hydrologique. Il sert simplement à isoler la pointe du promontoire, formant ainsi "un refuge inexpugnable". La terre de ce fossé ainsi que celle provenant du redressement des autres pentes, a été remontée au sommet, ce qui fait que ce turon surplombe de plus de deux mètres le terrain duquel il est séparé par le fossé. Les autres côtés présentent des dénivellations d'une bonne dizaine de mètre. Le sommet est relativement plat, à l'exception d'une petite surélévation au sud-ouest, sur laquelle se dresse une toute petite construction aux murs de pierre, couverte de tuiles. Ce tertre est labouré de terriers qui doivent en accélérer l'érosion. Pratiquement tous les arbres qui poussaient à son sommet et sur ses pentes ont été abattus en 1996.
Juin 1996. Vu de l'ouest.
Actuellement (1996), un semblant de chemin passe dans le fond du fossé et parcours les flancs du mamelon à mi-pente.
Le terrain sur lequel se trouve le tucòu, a été vendu en fin de 1997. Mais le nouveau propriétaire, passant outre aux conseils de l'ancien propriétaire (Joël Delux), et aux recommandations du Service Régional de l'Archéologie, a complètement dénaturé le site à l'aide d'un bulldozer, au début de l'année 1998. Il est vrai que le site n'était pas classé, si ce n'est par le Plan d'Occupation des Sols de la commune de Doazit, qui l'avait placé en zone de protection ND, " zone de protection stricte "*4 le 8 août 1997, au titre du patrimoine naturel*5.
Actuellement (avril 1998), le pédoncule qui reliait le tucòu aux hauteurs avoisinantes du côté ouest, a été considérablement remodelé pour former une légère dépression qui descend en pente douce depuis l'ouest et remonte ausssi en pente douce vers le tucòu (Il n'y a plus trace du fossé de séparation), tandis que ses pentes nord et sud ont été largement entamées. La terre dégagée à permis d'élever le niveau du sol à la base est, ainsi que de combler en partie le ravin nord et d'adoucir la pente nord du tucòu. La même opération est en cours pour les ravins et pentes du côté sud. Le Service Régional de l'Archéologie n'a pu imposer au propriétaire que de conserver le niveau d'origine du sommet, ainsi que l'abrupt de ce qui reste du tucòu sur la pente est. Des délégués de ce service se sont rendu à plusieurs reprises sur les lieux pendant les travaux de terrassement. Aux dires du propriétaire, ils auraient alors recueilli plusieurs pierres taillées, dont nous espérons qu'elles pourront nous donner des informations sur les périodes d'érection ou d'occupation du site. Nous y avons nous-mêmes trouvé plusieurs silex en avril 1998. Les énormes quantités de terre déplacées par ces travaux, ne permettront probablement plus de replacer par la stratigraphie d'éventuelles trouvailles dans leur contexte.
Cet endroit est
connu par la population et d'après les noms des parcelles du cadastre, sous le
nom de "Tuc" ou de "Tucò", alors que le nom
de "Castéra", toujours d'après le cadastre est réservé aux
parcelles qui entourent ce tuc, jusqu'aux maisons dites du Castéra et du
Petit Castéra, distantes d'environ
Le nom d'une maison appelée "au Castéra", dans le quartier concerné, figure déjà sur le plan de Doazit dit de 1619, mais n'apparait dans les registres paroissiaux que le 29 avril 1671. Elle est appelée parfois "au Castéra de Labarrère" (1683), pour la distinguer de la maison Castéra du Mus.
LE CASTEROT
Le Castérot est
une maison de Doazit, située à droite et en contrebas de la route à
Le nom de cette
maison avait déjà attiré l'attention de l'abbé Arnaud-Lucien Robert, curé de
Doazit, qui écrivait dans le bulletin paroissial de 1929 : "Dans la
direction d'Aulès, il y avait le "Castérot", ou petit camp,
(Casteroun, Castrum), formé par les hauteurs qui se dressent vers Labourdette.
Là, également, ont dû camper des compagnies romaines. Elles étaient chargées de
protéger les convois qui venaient de
Joseph Ferré 1940, instituteur à Doazit, y voit aussi "un nom caractéristique : Castérot (petit château)", et dans l'hypothèse d'une voie venant de St-Sever et rejoignant la voie Aire-Dax proche de là, "il y aurait eu à Castérot ou aux alentours une petite fortification chargée de garder le carrefour de routes".
Sur l'invitation de J. Ferré, M. Maurice-L. Prat vint sur les lieux au début de l'été 1939. Pour lui aussi, "le nom le Castérot est assez clair. (...) Quant à la ferme du Castérot elle pourrait être une auberge ancienne ; elle est située sur une sorte de plate-forme, un terre-plein dû à un élargissement local du vallon qu'empruntait cette voie.(venant de St-Sever)."
Que le nom de
Castérot évoque un castéra ou un petit château, les hauteurs de
Labourdette*6, comme le suggérait l'abbé Robert, semblent
susceptibles d'avoir pu accueillir l'un ou l'autre. Elles surplombent le vallon
de plus de
DEUX VOIES ROMAINES ?
Il semble que pour les trois auteurs ayant parlé du Castérot, ce nom n'existe qu'en relation avec une voie de grande communication.
Pour l'abbé Robert, cette voie n'est qu'une simple hypothèse pour expliquer la présence d'un castrum au Castérot.
Joseph Ferré repère les traces d'anciens chemins "à travers le Tresqué et dans le bas d'Aulès, derrière Méron, d'allées larges de plusieurs mètres, orientées est-ouest. Elles sont assez profondément entaillées quand le relief du sol le nécessite. (...) Peut-être passait-il à Aulès et à travers le Tresqué une route importante qui venant de Dax par Monfort et Saint-Aubin aurait gagné Aire par Coudures et St-Loubouer". Pour lui cette voie Aire-Dax, ne reste qu'une possibilité. Disons tout de suite que la monographie de J. Ferré, dans laquelle il mentionne ces détails n'a jamais été publiée.
Maurice-L. Prat,
qui, dans le Bulletin de
Les historiens
s'accordent à penser que Atura et Aquae Tarbellicae, les deux villes antiques,
toutes deux chefs-lieux d'archiprêtré, devaient être reliées par deux voies de
communication, l'une au nord de l'Adour, et l'autre par
"La
logique, et aussi divers indices toponymiques et archéologiques assurent
l'existence d'une liaison entre Dax et Aire. Celle-ci paraît avoir été double :
un itinéraire suivait, jusqu'à
Ainsi, la simple logique et la lecture trop rapide du seul article de 1946 mentionnant les traces possibles d'un ancien chemin de direction nord-sud, se transforment en l'assurance d'une voie est-ouest, alors qu'aucun autre indice entre Aire et Dax n'est mentionné par l'auteur. Si Joseph Ferré avait relevé les traces d'une voie est-ouest à travers le Tresqué, répétons que ses notes n'ont jamais été publiées.
Nous n'avons pas su découvrir les indices susmentionnés concernant cette voie. Il est à craindre que les travaux de terrassement qui ont accompagné le remembrement des terres dans le Tresqué, il y a quelques années, les aient fait disparaître définitivement.
"Tout prés (de Castérot), dans la vallée, à droite du chemin qui d'Aulès va vers les confins de la commune on remarque un espace au relief assez régulier, large d'une douzaine de mètres et qui se perd en direction du nord. Des arbres l'ont envahi. Il est de niveau à l'ouest avec les prés et les champs voisins, tandis qu'à l'est s'élève un talus à pente assez brusque. Faut-il voir là les restes d'une autre voie qui de Saint-Sever, autre agglomération gallo-romaine serait venue rejoindre la précédente ?"*8.
"Au nord
du bourg de Doazit, sur le territoire de la commune de St-Aubin (!!),
dans un petit vallon à proximité d'une métairie, dont le nom le Castérot est
assez clair, j'ai pu suivre sur une certaine longueur, en bordure d'un frais
ruisseau, un tapis herbeux dont la largeur moyenne de 6 à
Mon ami (Joseph Ferré), qui habite la commune et dispose de plus de temps par conséquent, a relevé son prolongement à travers les champs voisins, par delà les haies qui le coupent. Son parcours n'est interrompu que par un minimum d'arbres, de plantation plutôt récente, situés vers les bords de son trajet. Peut-être fût-elle utilisée par les pèlerins se rendant à St-Jacques de Compostelle, et par conséquent entretenue encore à une époque relativement moderne, comme le XVe siècle. (...) Il se peut d'ailleurs fort bien aussi que la voie en question représente une ancienne piste gauloise. (...).
Quoi qu'il en soit, cette voie, à en juger par sa direction générale, devait venir de Saint-Sever, par Audignon ; elle laissait à sa gauche le hameau de St-Jean-d'Aulès, le village de Doazit, l'église du Mus et la colline du château de Foix-Candale, tous situés sur des hauteurs trop ardues à gravir pour une voie ancienne ; elle devait se poursuivre ensuite vers Brassempouy, ou peut-être vers Sault-de-Navailles."*9
Aucune carte ancienne ne mentionne de chemin passant à cet endroit (ni plan de Doazit de 1619, ni carte de Cassini, ni plan cadastral de 1810). Pourtant, en cherchant le cheminement le plus logique depuis Audignon, en évitant les zones marécageuses, ou inondables, les pentes trop abruptes, les montées et descentes inutiles, en réduisant au minimum les franchissements de ruisseaux, on peut presque sans hésitations reconstituer le tracé d'un tel chemin pour se rendre vers St-Cricq. Or on s'aperçoit que ce parcours recouvre en presque totalité des tronçons de routes ou chemins encore utilisés ou qui figurent sur les cartes relativement récentes. Si les indices relevés par J. Ferré sont en eux-mêmes assez peu convaincants, ses conclusions sont accréditées par la configuration des lieux. Une autre raison de la présence d'un chemin à cet endroit, est l'exploitation des carrières de pierre qui forment de nombreuses et larges excavations sur toute la pente bordant le supposé chemin entre Lhoste et Duc. S'il n'est donc pas surprenant de trouver les traces d'un ancien chemin, il est assez osé, en l'absence d'autres éléments, d'en faire une voie romaine !.
LE "SARRALH" DE BROUQUÈRE
Il existe, à
Ce nom et cette
forme ont attiré notre attention, pour une éventuelle parenté avec le "saroi"
basque ou le "sel" espagnol, qui sont des enclos de forme
circulaire, dont le centre est matérialisé par une borne appelée "piedra
cenizal". On a effectivement trouvé des fragments de charbons, en
Guipuscoa, datée du IIème siècle après J.-C.
http://www.paisvasco.com/urnieta/seles.html
http://grupos.unican.es/acanto/AEP/entorno_dignidad.htm#Los%20seles
Le dictionnaire
de Simin Palay nous donne les définitions suivantes :
- Sarràlh; sm. -
Enclos, domaine tout d'un tenant; bercail.
- Saròy, sarroùy;
sm. - C. <sarràlh, cujalà> (vx). <Zaroi> signifie en basque, selon
Duvoisin cité par Azkue, "une vaste pelouse s'étendant sur nos montagnes
et parsemée de bergeries".
- Cujalà, cujoulà,
coeylà, cuèu, cujèu, cuylà, courthéu, cuìu; sm. - Parc à brebis ou à bétail;
espace, partie de terrain destinés à servir de parc aux troupeaux sur la
montagne; désigne encore l'ensemble du parcage.
En regard de
certains seles de Biscaye, qui dépassent les
Le cadastre de Doazit de 1810 nous indique d'autres parcelles portant la nom de de sarrail ou sarraillot, actuellement toutes en culture, où nous n'avons relevé aucune traces similaires à celles du "sarralh de Brouquère". (Sarrail de Pélarton, n° 139, 140, 141, section C, 1ère feuille ; Sarraillot, n°186, section C, 1ère feuille ; Sarraillot, n° 146, section B, 1ère feuille ; Sarrail, n°567, section B, 1ère feuille. Proche de ces deux dernières parcelles, sur la commune de Maylis, se trouvait le Sarralh de Saubon).
La forme circulaire s'explique par le fait qu'elle permet d'enceindre une surface avec le plus petit périmètre, donc avec le moins de travail possible pour clôturer ou restaurer les clôtures avant d'être à nouveau utilisées. Ceci pourrait indiquer qu'il s'agit d'installations temporaires, donc en relation avec le passage saisonnier des troupeaux sur les grandes voies de transhumance.
Toutefois, le « sarralh » de Brouquère pourrait tout aussi bien n’être qu’un vestige de ces landes que certains habitants de Doazit entreprirent d’entourer de fossés dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. (Voir le procès qui les opposa au seigneur de Doazit).
INDICES TOPONYMIQUES
Outre les noms des maisons de Catéra et Castérot, d'autre noms peuvent être révélateurs de la destination qu'ont eu certains lieux.
TASTON et CLAVERIE
Taston est un diminutif de "taste", qui désigne une "hauteur"*10, ou une "tour de guet, en terre ou en pierre, dans un poste d'observation de système défensif"*11.
Au hameau de Claverie,
se trouvaient les maisons de Taston de Bas et Taston de Haut (appelée
actuellement "au Mounet"). Cette maison resta habitée par une famille
Lataste depuis au moins 1610, jusqu'en 1731. Le nom du quartier est
aussi symptomatique : une "claverie" désigne un "enclos, lieu
entouré de défenses"*12. Le hameau de Claverie, dont
la maison Taston, se trouve sur une hauteur qui domine de
Au bourg de Doazit, la maison Farbos, située entre l'église et la bibliothèque, était appelée autrefois, "à Claverie", peut-être en rapport avec le passé du bourg de Doazit.
TASTET
Comme Taston, Tastet
est un diminutif de "taste". Cette maison n'est pas à l'emplacement
le plus élevé de son quartier, mais placée en bordure du chemin de Hagetmau au
Mus, chemin qui suit la crête de la colline aux pieds de laquelle coulent
CASTETS
La maison de Castets, ou plutôt sa voisine de Laborde-Josse, domine légèrement les environs, mais la topographie semble peu propice, outre qu'il n'en resterait aucune trace, à l'implantation d'un "château".
On verra plus volontiers dans ce nom, un chaffre que l'on donnait autrefois aux "gens du châtelain"*13, c'est à dire ceux qui travaillaient au château, ou pour le château. En 1810, cette maison appartenait (et peut-être depuis très longtemps), à la famille de Candale, qui la vendit en 1831 à Lamarque Charot de Ste-Colombe.
LASSALLE
Salle : "de sala, mot emprunté au germanique saal qui signifie primitivement "maison rurale avec une salle de réception" (Dauzat), donc grande maison ou petit château"*14. "Autrefois, domaine, châtellenie, maison seigneuriale fortifiée"*15.
Le plan de Doazit de 1619, porte une maison "Lasale" située au nord de l'église d'Aulès. Ce nom est en fait celui des occupants de la maison "Pilhart". Ce nom de famille encore bien représenté actuellement à Doazit, se rencontrait au début du XVIIe siècle, dans les maisons Pilhart, Cabé (au quartier de Laysit), Conderine et Casote. Autrefois, dans les maisons de propriétaires, et à moins d'accidents de la nature (épidémies, décès prématuré de chef de famille), les noms de famille perduraient pendant des siècles dans la même maison, de part les lois héréditaires et le nombre important de naissances qui assuraient au moins un descendant mâle.
Ces lieux-dits sont tous sur des hauteurs, mais ce n'est pas une caractéristique originale, et aucun ne possède de traces révélatrices.
LE TUCO DE PERRAS
Tuco-Perras, ou Tuco de Perras, est le nom d'une zone agricole, porté sur le plan cadastral, au nord de la section C. Nous avons cherché à savoir si ce nom désignait une simple colline, ou si une élévation de terre y avait fait l'objet d'aménagements, comme pour le Tuco du Castéra.
Sur le plan cadastral de 1810, la pacelle no149 de la section E, est appelée tuco. Cette parcelle correspond au no78 section C du cadastre actuel, mais elle ne présente aucune élévation. Par contre, les parcelles 69, 70, 71 et 75, forment l'extrémité est d'un promontoire, relié à l'ouest par deux bras de terre (parcelles 69 et 71) entre lesquels se trouve une profonde dépression. A part ce dernier point, l'endroit ne présente aucune particularité, ni trace d'aménagement.
La deuxième partie du nom : "Perras", doit venir de ce que la parcelle 75 (no151 section E de 1810), appartenait à M. Broca-Perras.
LE BOURG DE DOAZIT
On peut distinguer trois phases principales, à des époques très éloignées les unes des autres, pour aboutir à la forme actuelle du bourg de Doazit : L'éperon barré (néolithique, -2000), la motte féodale (ca IXème siècle), la bastide (ca 1300).
Nous emprunterons pour ce chapitre, la plupart des descriptions et conclusions du colonel J.-F. Massie, dans son article Les origines du bourg de Doazit, publié dans le bulletin de la société de Borda de 1975.
L'ÉPERON BARRÉ
"Le bourg de Doazit est situé sur un promontoire cote 120, à l'extrémité d'un mouvement de terrain venant d'Hagetmau avec une suite de cotes sensiblement de mêmes altitudes, 126, 127, 126, 124 (Praubon), 126 (Lapigue), 118 (Labarrère), 117 (Largelé), 120 (Coy). (...) On reconnaît que ce promontoire, tourné vers l'ouest, est du type éperon barré des enceintes néolithiques : la force naturelle de la position n'avait pas échappé aux premiers hommes. Lorsqu'on se trouve aujourd'hui à l'est du village, au carrefour des arènes actuelles, on peut comprendre que là était l'emplacement de la coupure classique. Elle a été remblayée probablement vers 1840*16 pour livrer le passage d'entrée à la route qui pénétrait dans le village. Les masses de terres, qui dominent à l'est (Coy et Lamourane), laissent voir que le niveau naturel du sol a été jadis coupé. La route (de Laborde-Mariote), qui contourne le village de Doazit par le nord, a tout l'aspect d'un emplacement d'ancien fossé au bas de pentes presque verticales, qui ne sont pas des pentes naturelles de terres, mais des pentes redressées. Du côté sud, les aménagements et les modifications effectués au cours des siècles, ne permettent plus de voir que les talus des remparts. Ainsi, nous nous permettons, d'après l'aspect des lieux, d'estimer que longtemps avant la fondation du village de Doazit, il devait y avoir, très probablement, une enceinte préhistorique du type éperon barré ; nous n'avons pas connaissance de trouvailles sur cet emplacement, qui apporteraient une confirmation de cette hypothèse."
La dernière
modification du "carrefour des arènes", son aménagement en
rond-point, réalisé en décembre
Si cette profonde coupure semble bien artificielle, on peut se demander où sont passées les énormes quantités de terre qu'il a fallu déplacer puisqu'elles n'ont pas servi à former de rempart en surélévation. A l'ouest du bourg la question est inverse : d'où vient la terre qui a servi à ériger la motte ? Une réponse commune aux deux questions remettrait en cause la datation proposée par M. Massie.
"A l'extrémité ouest du promontoire, et au-delà de l'église, existe une grande élévation de terre, actuellement sans construction au sommet, séparée du bourg par un fossé. Ce tertre aménagé par la main de l'homme, est le vestige de la motte construite vers le Xe siècle, qui a servi de socle au château en charpentes de bois, dispositif essentiellement défensif du seigneur. (...).
Déjà coupé
pour former éperon barré, le promontoire a été coupé une nouvelle fois à
l'ouest pour former une motte qui domine toute la région. Ce lieu porte le nom
particulier de "Le Ram" et aussi "lou Tarré", ce qui
signifie le tas de terre. La construction de la motte a nécessité un travail de
terrassement très important. Le sommet de cette motte, sur laquelle a été un
château, mesure
Le seigneur de Doazit n'a pu avoir son château que sur la motte, puisque la destination de la motte était de supporter un château. De père en fils les seigneurs de Doazit se sont succédés, faisant construire et reconstruire le château jusqu'à ce qu'il soit abandonné après le décès du dernier seigneur du nom de Doazit en 1423*18.
Nous avons la certitude du château sur la motte, par le dénombrement de Léon de Candale du 27 janvier 1624, qui déclare qu'il "possède un moulin au bourg de Doazit, où était anciennement le château".
Le Ram a été acheté par la commune de Doazit, par acte du 14 décembre 1995. Il est a souhaiter que les aménagements et voie d'accès qui y seront éventuellement pratiqués, préservent avec ses caractéristiques essentielles, ce site vieux de plus de mille ans, et particulièrement bien conservé en regard d'autres mottes féodales du département, beaucoup plus médiatisées, et dont il ne reste pourtant,.. que des restes.
A l'est de la
motte de Doazit, se trouve ce qu'il est convenu d'appeler "le bourg"
ou village, formé d'une seule rue rigoureusement rectiligne, longue de
Le bourg de Doazit, par ces caractéristiques, présente toute l'apparence d'un village constitué a novo, à partir de rien, sur un emplacement où il n'y avait rien, comme l'on sait que les bastides ont été édifiées entre 1250 et 1350 environ.
La rue a une
largeur de
Les Plasses
: "A chaque maison était attribué un jardin, qui aboutissait au
rempart. La longueur du jardin à Doazit était de
Le Marcadieu : M. Massie pense que la place du marché se trouvait hors de l'enceinte, du côté de la rue de Bas. Mais en 1624, il y avait devant l'actuelle bibliothèque municipale, "une halle où se tiennent les foires et marchés".
Sur le plan de
Doazit de 1619, est figurée une tour à deux étages au dessus de la porte,
couverte d'un toit à quatre pentes. On retrouve son emplacement exact sur les
plans cadastraux de 1810 et 1847.
Il ne semble pas
qu'il y ait eu d'autre porte du côté ouest.
Bibliographie :
- CHOPINET (C.). Etude sur les camps préhistoriques des Landes et du Béarn, dans Revue de Comminges, 1908, p.30-56, p. 363.
- TESTEMALLE (Louis-Etienne), Livret de famille, Impr. A. Dupeyron, 1912. Réédition 1982, p. 126-132.
- Anonyme. Inventaire bibliographique des enceintes de France, dans B.S.P.F., 1914, p. 287.
- ROBERT (Abbé), Les clochers de Doazit, bulletin paroissial no4, avril 1929, p.1.
- FERRE (Joseph), Doazit, 1940, p. 6-10.
- FERRE (Régine). La préhistoire landaise vue au musée Dubalen ; s. d.
- LAMAIGNERE (Raphaël), Doazit aux trois églises, 1941, p. 31-33
- PRAT (Maurice-L.). Note sur une voie et un camp romain à Doazit, dan bull. Soc. Borda, 1941, p. 13.
Notes sur divers vestiges anciens à Doazit et Saint-Aubin, dans Bull. Soc. Borda, 1946, p. 29-31.
- FABRE (Gabrielle). Les civilisations protohistoriques de l'Aquitaine, suivi de l'Inventaire des découvertes protohistoriques faites dans les départements des Landes, Basses-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne, Paris, 1952, p. XII.
- THIBAULT (Claude). Recherches sur les terrains quaternaires du bassin de l'Adour. Thèse de Doctorat d'Etat ès Sciences Naturelles, 1970 ; pp 26 à 72, et 199 à 208, planches 1, 2, 3, 10, 11, figures 2 et 13.
- MASSIE (J.-F). Le Camp du Mus à Doazit, dans Bull. Soc. Borda, 1969, p. 479.
Les origines du bourg de Doazit, dans Bull. soc. Borda, 1975.
- DESSIS (Jean). Doazit aux trois clochers. 1970.
- DUCASSE (R.).Répertoire des vestiges gallo-romains découverts dans le département des Landes, T.E.R., Pau, 1978, p. 63.
- MAURIN (L.), BOST (J.-P.), RODDAZ (J.-M.), dir. Les racines de l'Aquitaine, Vingt siècles d'histoire d'une région, vers 1000 av. J.-C., -vers 1000 apr. J.-C., centre Charles Higounet-Pierre Paris, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, Toulouse, 1992, P. 91 photo.
- BOYRIE-FENIE (Bénédicte), Carte archéologique de
1- Claude Thibault ; Recherches sur les terrains quaternaires du bassin de l'Adour. Thèse de doctorat d'Etat ès Sciences Naturelles, 1970 ; pp 26 à 72, et 199 à 208, planches 1, 2, 3, 10, 11, figures 2 et 13.
2- J. Ferré, Doazit, p.2.
3- Castéra : du latin castra (nom pluriel) : camp, campement ; fossé, circonvallation.
4- " Le classement en zone de protection ND s'adresse aux zones humides, aux secteurs où la végétation naturelle est remarquable, aux sites écologiquement et paysagèrement sensibles, aux secteurs présentant des risques naturels et au patrimoine naturel et culturel important ". (Réglement du POS).
5- C'est certainement par ignorance de l'existence de ce site, que nos élus l'ont placé fortuitement en zone ND, lors de la 3ème révision du Plan d'Occupation des Sols de la commune de Doazit., au titre des " thalwegs boisés de feuillus qui bordent les ruisseaux ". Il aurait mérité d'y figurer comme le site du Mus, la motte féodale du bourg, l'église d'Aulès et le site du château de Candale, comme patrimoine culturel.
6- La distance entre Labourdette et Castérot
(
7- Landes et Chalosses, tome 1, p.91, et carte no19 à la fin de l'ouvrage.
8- Joseph Ferré, Doazit, 1940, p. 10.
9- Maurice-L. Prat, Notes sur divers vestiges anciens à Doazit et Saint-Aubin, dans Bull. Soc. Borda, 71, 1946, p. 29-31.
10- Michel GROSCLAUDE. Dictionnaire étymologique des noms de famille gascons ; éd. Radio Pais, 1992.
11- Simin PALAY. Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes ; éd. du C.N.R.S., 1980.
12- M.
GROSCLAUDE, ibid.
13- S.
PALAY, ibid.
15- S.
PALAY, ibid.
16- En 1839, le gouvernement a accordé à
17- Cadastre ancien, section H 2, feuille dite du bourg, terminée sur le terrain le 10 août 1846, par Joseph Dauga, géomètre.
18- La tradition voudrait que le vieux castel du bourg fut démoli, pierre par pierre, pour fournir le matériel nécessaire à l'érection du château de Candale à Doazit, commencé en 1566 par Jacques de Candale et achevé par son épouse Jeanne de Belcier en 1598. Cela paraît assez improbable, ne serait-ce qu'en raison de la différence de dimension. Le château de Candale a nécessité une très grande quantité de matériaux, et des pierres taillées ; les pierres du vieux castel n'ont pu constituer qu'un faible appoint.
19- A Doazit, on utilise plutôt le nom de
"canèr".