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VIEILLES MAISONS

- Les Voisins -

- Les maisons capcasalères -

- Les inhumations dans les églises -

- Les pins francs -

Ph. DUBEDOUT

[Sommaire DOAZIT] - [Table des articles de Ph. D.]
 

Est-il possible de connaître les maisons qui existaient déjà à Doazit, il y a un millier d'années, au début de la féodalité ?

Certains indices vont nous permettre d'avancer quelques noms, au travers d'une classe de gens de notre région que l'on appelait Vesins (bézins), c'est à dire Voisins, dont la principale des conditions leur permettant d'appartenir à cette catégorie sociale était précisément d'habiter dans les maisons capcasalères*0, les maisons les plus anciennes de la paroisse.

 

Voisins et Capcasaux

A l'origine de nos villages sont les vici. Il s'agit de divisions territoriales de l'époque gallo-romaine, groupes de maisons dont certains quartiers ou villages ont gardé le nom (Vic-Fezensac; Vicq-d'Auribat,...).

Le sens du mot vicus a évolué selon les époques et les lieux, et correspond à des réalités différentes, que P. Toulgouat regroupe dans une définition assez large : "Lieu, groupement de maisons, quartier ou rue, dont les habitants libres se trouvaient liés en association de voisinage"*1. Il ne faut pas voir ailleurs l'origine du nom de la maison Vic (ou Bic) à Doazit.

L'habitant d'un Vic (vicus), est le vicinus (latin populaire vecinus), c'est à dire le "Vesin" (bézin), ou voisin.

Au Moyen-Âge, le voisin*2, est "un homme libre, propriétaire, chef de maison, responsable de la pérennité de la domus, seul qualifié pour représenter la famille aux réunions de la vesiau, institution primitive des collectivités rurales groupées en "société de voisinage"."*3

Ainsi, vers, ou avant le Xe siècle, tous les chefs de familles d'un périmètre donné (vicus), propriétaires d'un casal, s'organisèrent en association de voisinage, et leurs maisons sont considérées comme étant le peuplement à partir duquel vont se développer communautés et paroisses.

Le titre de Voisin se transmet du père au fils aîné, mais il a ceci de particulier qu'il est attaché non pas à l'homme, mais à la maison. Pour devenir voisin, il faut être reçu par les autres voisins, et habiter une maison ayant droit de voisinage. Un voisin qui vient habiter une maison non voisine, perd son titre de voisin*4. Si un capcasal doit être partagé (héritage...), on en démembre une partie, appelée ahiton, pour y construire une maison, mais celle-ci n'a pas droit de voisinage.

Le nombre des voisins d'une communauté, était donc en principe fixe.

Mais peu à peu, la rigueur de la coutume s'émoussa et on en vint à accorder les mêmes droits à un plus grand nombre, pour diverses raisons, notamment pour favoriser le peuplement des bourgs ou villes nouvelles (XIIIe - XIVe siècles). C'est ainsi que dans le bourg de Doazit (érigé vers 1300), on trouve au XVIIe siècle, quantité de familles de notables, ou bourgeoises. Pour obtenir le titre de bourgeois - qui n'est autre que l'équivalent en langue d'oïl du mot voisin - il faut être propriétaire d'une maison, y habiter depuis un an et un jour, être reçu par les voisins, prêter serment de loyauté envers la communauté, et payer un droit d'entrée, le tout constaté par acte notarié.

Pour se distinguer de ces nouveaux voisins, les premiers prendront le nom de "Capcasaux" et s'efforceront ensuite au cours des siècles, de faire valoir et de conserver leurs droits.

"Dans une partie de l'aire géographique où la coutume de voisinage est observée, en Gascogne du Sud-Ouest, le domaine rural d'une famille, c'est le casal et ces maisons casalères, dont les habitants portèrent, assez tardivement, le titre de cap-casaux; la tradition orale les désigne comme les plus anciennes". Les historiens sont d'accord sur ce point: "les maisons capcazalères, appelées parfois cazalères tout simplement, sont les plus anciennes et leurs terres proviennent du peuplement primitif". Le capcasau, capd'hostau ou capcasalier, est le premier occupant d'une terre à qui le féodal, venu par la suite, a confirmé le fief. Il est l'ancien possesseur d'un casal (donc servile) qui a été affranchi (lui et sa tenure). De ce fait, il est devenu fivatier. Homme libre, il possède le fief en toute propriété, doit le cens et l'hommage.*5

 

On trouve donc désormais deux catégories de Voisins : le voisin-féodal, et le voisin-questal*6.

Le féodal du seigneur cavier*7, tient des terres en fief; d'où le nom de fivatier. C'est le Capcasalier. Les Capcasaux sont les seuls qui ont droit de propriété sur les bois communaux; ils ne payent donc pas la queste*8, si ce n'est pour l'usage des padoens, appartenant au seigneur. A l'origine, eux seuls pouvaient être voisins, et eux seuls nous intéressent.

Par contre, le questal est en principe de condition serve, mais il jouit ici de libertés tout à fait comparables à celles du fivatier. Il doit toutefois s'acquitter de la queste: redevance payée au seigneur, pour l'usage de la terre commune*9.

 

Droits et devoirs des voisins.

Ils peuvent prendre du bois dans les communaux pour construire, ils peuvent envoyer leurs bêtes sur les terres communes, les herms, les vacants, (droit de dépaissance et de parcours). Ils pratiquent le communisme agraire: les fougères, les foins, les tuies (tojas), récoltés sur les communaux, sont partagés en parts égales. La communauté des Voisins peut également être propriétaire de moulins, maisons communes*10, et autres bâtiments ou objets à usage commun.

Ils ont seuls voix délibératives aux assemblées. Ils sont seuls admis à déposer en justice. Ils sont citoyens actifs admis dans le conseil des affaires de la communauté*11, la jurade, car seuls les voisins peuvent être jurats*12.

Ils ont le devoir d'entraide. C'est à eux qu'incombe l'édification et l'entretien des fortifications du bourg (pieux de bois formant paxère et barrère). Lors de sa réception, un nouveau voisin devait fournir une arbalète, qui déposée dans la maison commune, lui servait d'arme et de signe d'autorité de police le jour où il était appelé à faire le guet pour la défense et le bon ordre de la communauté*13.

 

Les pins francs.

Si aujourd'hui les pins francs n'intéressent plus que les bécasses*14, autrefois, la silhouette très reconnaissable de ces arbres indiquait au passant que telle maison jouissait du droit de voisinage. (Colombiers et trottoir pavé de cailloux étaient également réservés aux maisons capacasalères).

Le capcasalier, c'est l'homme franc, c'est à dire libre, qui, en signe de cette franchise, a droit de planter près de sa maison un pin parasol (pin pignon ou en gascon "pin mèishe" , c'est à dire "cultivé"), que pour cette raison, on appelle encore actuellement un pin franc*15.

A son décès, c'est avec le bois de cet arbre qu'était fabriqué le cercueil du chef de famille.*16

Pour beaucoup, les pins que nous connaissons sont postérieurs à la Révolution - lorsque la coutume cessa d'exister - puisque la durée de vie d'un pin parasol est d'environ 250 ans. On peut toutefois penser que bon nombre d'entre eux se sont ensemencés naturellement, à l'emplacement où il en existait antérieurement.

Nous pouvons établir une liste des maisons, à proximité desquelles se trouve ou se trouvait récemment un pin franc. En aucun cas, cette énumération ne peut constituer une preuve des franchises de la maison. Nous verrons cependant qu'il existe une corrélation entre la présence des pins francs près d'une maison, et le lieu de sépulture de ses occupants : pour une trentaine de pins recensés sur environ 200 maisons hors le bourg de Doazit (soit 15%), cette proportion monte environ à 33% pour les maisons hors le bourg, qui comptent des inhumations de leurs occupants à l'intérieur des églises.

Maison

pin présent en 1996

Barbeyat

 

Bayounès

X

Berriot

X

Bic

X

Brouquère

X

Caillé

X

Camenger

X

Cassiet

X

Caupos

X

Coudet

X

Caupenne (au bourg)

 

Duc

X

Gardela

mort

Garipau

X

Haydet

 

Hilhoucat

 

Justes (de Lèbe)

mort

Labourdette d'Aulès

X

Lacasebieilhe

 

Lamarque

X

Lubat

 

Ménichon

X

Mora

X

Palo

 

Péboué

X

Pessabathé

X

Peyrous

X

Picuré

X

Pilhart

X

Sarthe

X

Tingon

X

Tounat

X

Nous n'avons pas compté les pins de maisons qui n'existaient pas avant la Révolution : Lanot, Larrue, La Grange de Cazotte. Il existe bien sûr d'autres pins disséminés dans la campagne, parfois même assez proches des maisons, mais dont on ne peut pas dire qu'ils "marquent" ces maisons : Lacasebieilhe ; Lescostes (au sud-ouest de Cazotte). Certains pins que nous avons conservés dans la liste ci-dessus sont à la limite de ce dernier critère, forcement subjectif, comme le pin du Duc, qui, s'il marque bien l'allée de cette maison, se trouve assez éloigné de ses murs.

 

Les inhumations dans les églises.

Pour leurs assemblées, les chefs de maisons se réunissaient dans le porche des églises ou dans les cimetières, comme pour faire participer les ancêtres aux décisions de la besiau*17, mais aussi parce qu'ils y étaient chez eux :

La propriété de la maison implique la propriété de la tombe qui lui est attachée (l'une ne se vend pas sans l'autre). Chacune des maisons capcazalères avait sa tombe à l'intérieur de l'église. C'est sur l'emplacement de cette tombe, propriété au même titre que l'habitation, que la maîtresse de maison assistait aux offices, avec son prie-Dieu marqué à ses initiales (droit d'église et d'agenouilloir).

A l'origine, seul le chef de famille était inhumé dans l'église. Les autres membres de la famille et les familles non voisines étaient enterrées dans les cimetières.

Mais ce droit de sépulture a pu être acquit par la suite, par les familles. Ainsi, Roger de Laborde, de Péboué, acquit le "droit de banc et de sepulteure" dans l'église du Mus, le 14 septembre 1587, consenti par l'archiprêtre de Doazit, devant notaire.*18

Cependant, pour cette famille, dont les chefs possédaient déjà ce droit, la sépulture de la famille, nouvellement acquise, est différente de la sépulture traditionnelle. Dans sa généalogie, Raymond de Laborde, indique pour tous les membres de la famille, qu'ils furent inhumés "dans notre sépulture de l'église du Mus", alors que pour les chefs de la famille, cette formule devient "dans sa sépulture de l'église du Mus". Il précise à l'occasion du décès d'Antonin de Laborde (1739), qu'il "fust ensevely dans sa sepulteure de l'église du Mus où il y a un grilat de fer dans le lit tombo, où l'on nenterre qui que ce soit, que les chefs males de la maison, ce qui s'est toujours observé, depuis que nous avons la dite sepulteure".*19

La liste que nous avons dressée, des maisons dont les familles étaient enterrées dans les églises de Doazit, ne peuvent donc pas ici non plus servir de preuve à l'ancienneté de la maison, bien que vraisemblablement, seuls les Voisins (ou plus tard Bourgeois), aient eu les moyens d'acquérir le droit de sépulture pour leur famille.

A part quelques actes du tout début du XVIIe siècle, les décès ne sont enregistrés sur les registres de Doazit, qu'à partir de 1671, et la dernière inhumation dans une église est de 1788 (interdiction pour des raisons d'hygiène). C'est donc sur un peu plus d'un siècle que nous avons relevé: dans l'église d'Aulès 164 inhumations; dans la chapelle du bourg 95 inhumations; dans l'église du Mus 94 inhumations auxquelles on peut en ajouter une dizaine mentionnées dans la généalogie de Péboué et qui ne le sont pas dans les registres. soit au total 363.*20

 

Les inhumations dans les églises répondent à divers motifs:

- Les seigneurs. "Le tombeau des seigneurs de Doazit était dans le sanctuaire de St-Jean-d'Aulès à droite. Le banc seigneurial était dans la nef".*21 Quatre personnes de la famille de Foix-Candale sont enterrées dans l'église d'Aulès*22. Deux femmes de cette famille, le sont dans l'église du Mus. Cette famille possédait aussi un banc dans la nef de la chapelle Notre-Dame de Maylis, et y jouissait du droit de litre*23.

- Les voisins, chefs de familles uniquement, dont le droit est aussi ancien que les églises elles-mêmes.

- Les acquéreurs de ce droit, pour eux et leurs familles.

- Les prêtres originaires de Doazit semblent tous être issus de familles ayant le droit d'église. Mais d'autres prêtres étrangers, sont inhumés dans la chapelle du bourg.

- Concessions particulières. Un particulier pouvait obtenir d'être enseveli dans une église, après accord sur le prix entre les fabriqueurs et le testateur. On disait alors qu'il était inhumé "en payant", "en aumosnant", ou "sans conséquance"*24. Mais nous n'avons trouvé aucune de ces expressions sur les registres de Doazit.

- Cas particulier: Jean Lafitte, du Tastet, enterré dans l'église du Mus, "à cause qu'il est mort dans l'année de la charge de fabriqueur" (1721).

- Cas de force majeure: Vincense de Labrouquère, du Seignou, enterrée "dans la chapelle au bourg, n'ayant peu passer les eaux pour venir Aulès" (décembre 1683).

- Prêt de sépulture. Ramond Labat, domestique de Mme de Caupenne, enterré dans la chapelle du bourg (1766), ou Jean de Siremon, demeurant au château, enterré dans l'église du Mus (1680), semblent avoir bénéficié d'un prêt de sépulture de la part des familles de Cès-Caupenne, ou de Foix-Candale.*25

 

Relevé des inhumations dans les églises :

d'Aulès

du Bourg

du Mus

 

La dernière inhumation mentionnée dans les églises de Doazit, se fait en 1788. Nous avons cependant noté ici l'inhumation de François-Henry de Candale, sous le porche de l'église du Mus, en 1822.

"Le 10 mars 1776, il a été rendu un édit qui ordonne d'enterrer dans le cimetière tous les fidelles, deffend d'enterrer dans les églises autres que les évêques, curés, seigneurs haut justiciers et patrons des églises, et dans leurs propres églises, c'est à dire dans celles où ils sont évêques ou curés ou pasteurs"*30. Mais les lois étaient mal ou tardivement appliquées. En Chalosse, une circulaire du sous-préfet aux maires, en 1834, rappelle la loi de 1804, qui interdisait pour des raisons d'hygiène, l'inhumation dans les églises.*31

Nous avons vu avec le cas d'Antonin de Laborde, que lorsqu'une maison possédait le droit d'église au titre de maison voisine, les chefs mâles de la famille n'étaient pas inhumés au même endroit que les autres membres lorsque ce droit avait été acquis pour tous, même si les deux droits touchaient la même église. Nous pouvions donc penser que nous retrouverions cette distinction pour les maisons qui possédaient des droits d'inhumation dans deux églises différentes (Bidale, Château, Dupuy, Labarrère, Labeirie, Lajus, Lèbe, Mariotte, Mon, Pédaulès, Sansoube, Sarthou, Ségnou), mais cette hypothèse ne s'est trouvée formellement vérifiée dans aucun cas. Toutes les maisons qui se trouvent dans ce cas sont sises au bourg, sauf le Château et Labarrère.

Pour le sujet qui nous intéresse, nous éliminerons les maisons du bourg. Puisque celui-ci fut construit à novo vers 1300*32, on ne peut pas à priori*33 y trouver de maisons capcasalères.

Pour écarter certaines erreurs, nous ne prendrons en considération que les maisons dont au moins deux personnes ont été inhumées dans les églises. On remarquera toutefois, que plusieurs des maisons restantes, se signalent par un pin franc : Bayonnés, Berdoy (en Maylis actuellement), Berriot, Camenger, Gardela, Lamarque, Lubat, Pilhart ; ou se trouvent dans le bourg : Joandic, Lafitte, Lafourcade, Hau de Méron, Maison presbitalle, Jancemin, Milhet, lamusette ?, Lataste ?.

 

 

Les jurats.

La façon la plus fiable de recenser les maisons voisines, est encore de relever dans les actes anciens, les personnes qualifiées textuellement de "Voisin", ou tout au moins, les jurats de Doazit.

Les jurats étaient renouvelés chaque année par élection, parmi les voisins. "Ils administraient les biens de la communauté, répartissaient et levaient les impôts, assuraient la police et la tranquillité publique, convoquaient les habitants, en un mot, remplissaient les fonctions d'officier public*34. La communauté de Doazit comptait quatre jurats, un pour chacune des quatres mandes : Aulès-Paradère, Le Bourg, Le Mus, et Bosc-Saubon (Maylis). Il y avait parmi eux, un jurat principal, ou premier jurat. On leur doit respect et obéissance. A Doazit, au XVIe siècle, on leur donnait du Monseigneur: "... en la parropy de Maylis, bayliatge de Doazit, en la preboustat de Sent-Seber..., per devans Mousseignours lous bayle et jurats et court de Doazit."*35

1328- Lafargue dit de Poy, Pierre Despaunic, Bernard Comere, Guilhem-Arnaud de Forlux, jurats du lieu de Doazit (et autres jurat et voisin de Horsarrieu, agissent) pour eux et pour les communautés et voisins des dits lieux de Doazit et Horsarrieu.*36

1338- Péés Castaignet, Guichar de Forlux, Péés de Vic, Péés de Lafaurie, jurats deu loc et bayliadge de Doazit et besins deu medich loc de Douazit.*37

1462- Jean de Lassie, Grassot de Laserre, Arnauton de Lalheugue, Peyroton de Lagrasse, jurats de Doasit.*38

1499- Jean de Lassie, Peyroton de Laloubère, jurats de Doasit.*39

1611- Arnault Debic, de Bic, praticien, jurat. (E.-C.)

1613- Bernard Decès, sergent royal, praticien, greffier, jurat (E.-C.)

1616- Jehan de Payros, jurat (E.-C.)

1617- Roger Dengomau, boucher, jurat, dit de Rotger, ou d'Angoumau. (E.-C.)

1626- Pierre de Justes, Jurat. (E.-C.)

1636- Debic, jurat (E.-C.)

1656- Maître Jean de Cès, notaire (Doazit); A. du Poy Lespiault (Aulès); Jean de Dezest, de Hagedet (Mus); Jean de Bic, de Péguiraut (Saubon).*40

1675- Jean de Dezest, de Laberoge, Me chirurgien, jurat principal.*41

1680- Pierre Dulau, de Courrams, jurat principal.*42

1702- Jean Dupoy, notaire royal, de Guilhem. (E.-C.)

1741- Jean Dangoumau, de Caupos, jurat principal. Ses coadjuteurs signaient Dupoy, Laloubère, Dezest, Lassalle, Peyroux, Diris Mora, Broca, Dangoumau, Darcet, Dubedout, et Beyris.*43

1777- Lanevère, jurat de Doazit.*44

 

 

Nous remarquons aussi, que tous les hommes d'église (prêtres,...), les hommes de loi (juges, procureurs, avocats, notaires,...), les hommes d'armes, (archers, écuyers,...) sont originaires de maisons dont les occupants semblent avoir bénéficié du droit d'église. L'accession à ces fonctions était-elle réservée aux Voisins ou Bourgeois ?*45. Quelques prêtres: Dulau de Joandicq, Diris du camenger, ou Séris, sont issus de maisons autres que celles considérées ici, mais pour ces derniers, nous sommes déjà dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Nous ne citons ici, que quelques représentants de chaque famille, et uniquement pour les maisons situées hors du bourg.

Ayliot : Mr Jean Lasalle, prêtre et curé de Bretaigne (1736).

Bayonnés : Pierre de Labeirie, Me chirurgien (1687-1722).

Bic : Jean Devic, vicaire de Doazit (1700-1702).

Château : Henry de Candale, seigneur baron de Doazit et archiprêtre dudit lieu (1610).

Conderine : Jehan de Lasalle, procureur juridictionnel de Horsarrieu et Serreslous (1618).

Coudicannne : Ramond de Bic, vicaire de Doazit (1613-1623); Ramond de Bic, notaire royal (1650-1659).

Dumus : Philippe ou Pascal Lataste le More, dit Jancemin, archer (1719); Guilhaumes Sempé, chirurgien (1735).

Espaunic : Raimond de Justes, archiprêtre de Doazit (1644-1660); Jean Dabadie, avocat au Parlement (1672-1676); Bernard dabadie, avocat à la cour (1698), Sieur d'Espaunic (1700).

Garipau : Jean de Laloubère, curé de St-Aubin (1723).

Guilhem : Bernard Dupoy, juge de Doazit (1683); Jean Dupoy, notaire royal (1700-1723); Un curé de Mt-de-Marsan (Généalogie de Péboué, p.11).

Haydet : Jean de Dezest, notaire royal (1668-1691). Un prêtre nommé Bernole, fils la maison du Haydet de Doazit, tué par les Huguenots (Relation véritable).

Hilhoucat : François de Filhucat, vicaire de Doazit (1660-1691).

Labarrère : Jean Darcet, juge de Doazit (1696-1723); Pierre Darcet, vicaire de St-Sever (1775).

Machou : Pierre Dengoumau, vicaire de Caupenne (1654).

Mora : Jean de Barroilhet, prêtre habitué de Doazit (1692-1701).

Mus : Bernard du Mus, escuyer, sieur du Mus (1611); Arnaud Dutournier, prêtre et commandeur du St-Esprit (1686).

Péboué : Jean de Laborde, curé de Laneplan (1641);J.-Pierre de Laborde, sieur de Péboué, Capitaine des Milices ou Compagnie Bourgeoise de Doazit (1691).

Perras : Bernard Dubroca, notaire royal (1684-1721); Etienne Broca, notaire royal (1703-1721).

Pessabaté : Jean, Pierre et César Dabadie, abbés de St-Girons (N.D. de Maylis, C. Daugé,p.53 à 55); Bernard d'Abadie, conseiller du Roy au sénéchal de St-Sever (A. des Landes, H39 (15) 1721).

Peyrous : Bernard de Peyrous, prêtre (1653-1681).

 

 

 

Dans le tableau suivant, nous avons fait figurer les maisons situées hors du bourg, et dans un dernier tableau, les maisons du bourg, pour lesquelles il est normal de n'y pas trouver de pins francs (sauf pour la maison Caupenne). Notre propos étant basé principalement sur les inhumations dans les églises, les maisons de l'actuelle commune de Doazit qui ne faisaient pas partie des paroisses d'Aulès ou du Mus ne figureront donc pas dans le tableau (sauf Pessabatè).

 

 

Maison

Pin franc

Inhum. églises

jurats

ptres

h. d'armes

h. de loi

Noms de familles

Ayliot

 

Aulès 7

 

X

 

 

Dengoumau; Lasalle

Bayonnés

X

Aulès 1

 

 

 

X

Labeyrie

Casotte

 

Aulès 4

 

 

 

 

Lasalle

Casse/Cassou

 

Mus 5

 

 

 

 

Thoartigue

Château*46

 

Aulès 4

Mus 3

 

X

noble

 

Candale

Conderine

 

Aulès 4

 

 

 

X

Lasalle

Coudicanne

 

Mus 2

 

X

 

X

Debic

Courrams

 

Aulès 7

X

 

 

 

Dulau; Barbe

Dumus/Petit

 

Aulès 3

 

 

X

 

Dumus; Lataste

Espaunic

 

Mus 5

X

X

 

X

Justes; Dabadie

Estebenon

 

Mus 2

 

 

 

 

Dezest

Filhucat/Hilhoucat

X

Aulès 8

 

X

 

 

Filhucat

Garipau

X

Aulès 7

 

X

 

 

Laloubère

Guilhem

 

Aulès 8

X

X

 

X

Dupoy

Guirouse

 

Mus 2

 

 

 

 

Domec

Hagedet/Haydet

X

Mus 4

X

 

 

X

Dezest

Labarrère

 

Bourg 6

Aulès 2

 

X

 

X

Darcet

Lacasebielhe

X

Aulès 3

 

 

 

 

Lafitte

Macho/Caupos

X

Aulès 7

X

X

 

 

Dangoumau

Méron

 

Aulès 2

 

 

 

 

Marquebielle

Michas

 

Mus 3

 

 

 

 

Dezest

Mora

X

Aulès 6

X

X

 

 

Barroilhet; Diris

Mus

 

Mus 2

 

X

X

 

Dumus; Dutournier

Péberger

 

Aulès 2

 

 

 

 

Lalaude

Péboué

X

Mus 33

 

X

X

 

Laborde

Peirous

X

Aulès 3

X

X

 

 

Peirous

Péroulh/Prouilh

 

Mus 10

 

 

 

 

Peroulh; Darcet

Perras

 

Aulès 11

 

 

 

X

Broca

Pessabatè

X

Horsarrieu

 

X

 

X

Dabadie

Vic/Bic

X

Mus 16

X

X

 

 

Debic

 

Contrairement aux maisons de métayers, dont les changements de nom sont assez fréquents, la plupart des maisons ci-dessus, (hors le bourg) ont conservé le même nom tout au moins depuis quatre siècles, sauf de légères évolutions phonétiques. Ceci est probablement dû à ce qu'elles ont été occupées par les mêmes familles tout au long des siècles. Pour plusieurs de ces noms de maison, l'étymologie est difficile à retrouver à l'aide du gascon moderne, ce qui peut être un signe de l'ancienneté de ces noms (Ayliot, Coudicanne, Courrams, Espaunic, Garipau, Michas, Mus).

Les quelques changements de noms de familles sont souvent le fait d'un cadet qui vient épouser une héritière, lorsque le propriétaire n'a pas de successeur mâle: Darcet-Duprouilh au Prouilh, Dabadie-Justes à Espaunic, ...

On remarquera aussi que plusieurs noms de familles sont identiques aux noms de maisons qu'elles occupent (Filhucat, Mus, Peyrous, Perouilh, Bic). On peut donc imaginer que ces familles ont pris le nom des maisons, ce qui ferait remonter leur présence dans les mêmes propriétés, vers le XIIIe siècle.

Des maisons très voisines, qui plus est, dont les occupants portent le même nom (Dengoumau à Ayliot et Machou, ou Lassalle à Condrine et Casote), pourraient être des démembrements (ahitons) d'un même capcasau. Elles sont d'ailleurs trop proches de leur voisine pour avoir pu se trouver chacune au centre d'un domaine agricole que l'on suppose assez vaste, à l'origine de la coutume de Voisinage.

 

 

Même si nous n'avons fait que cerner le problème, nous pensons que parmi les noms de cette liste figurent les authentiques maisons capcasalères de Doazit.

Nous nous limiterons à faire remarquer que plusieurs de ces maisons qui n'ont aujourd'hui rien de particulier, jouissent d'un certain prestige, et sont considérées comme d'anciennes "maisons de maître". Il y a pourtant bientôt trois siècles qu'une maison comme Espaunic a perdu cette fonction ; la mémoire collective s'en souvient encore !

Comme autrefois leur titre de "voisine", au delà de ses occupants, c'est bien à la maison et a sa terre que reste attachée cette considération instinctive.

 


A titre indicatif, nous faisons figurer dans ce second tableau les maisons du bourg dont au moins deux occupants ont été inhumés dans les églises :

Maison

pin

Inhum. églises

jurats

ptres

profession ou fonction

Noms de familles

 

 

 

 

 

 

 

Audignon/Poységur

 

Bourg 2

 

 

h. d'armes

Berry; Daudignon

Bidale/Pognon

 

Bourg 2

Aulès 1

 

 

sergent royal

Lassie; Dupoy

Bidau

 

Aulès 3

 

 

 

Dezest

Coudas

 

Bourg 7

 

X

procureur fiscal

Poysegur

Daubaignan/Montauzé

 

Bourg 3

 

 

notaire

Montauzé; Daubaignan

Decès/Caupenne

X

Bourg 19

X

X

juge

Decès

Duman/Messager

 

Bourg 2

 

 

chirurgien

Duman

Dupuy

 

Aulès 6

Bourg 2

 

X

sergent rl chirurgien

Dupuy; Ferré

Josse

 

Bourg 2

 

 

 

Dabadie

Labeirie

 

Aulès 6

Bourg 1

 

 

chirurgien

Labeyrie

Laberoge

 

Aulès 3

X

 

chirurgien

Dezest

Lajus

 

Bourg 2

Aulès 1

 

 

chirurgien

Lajus; Diris

Lèbe/Levraut

 

Aulès 6

Bourg 3

 

X

boucher

Duplantier

Lestage/Ducasse

 

Bourg 2

 

 

marchand

Dupoy; Lestage

Mariotte

 

Bourg 5

Aulès 1

 

X

notaire

Justes

Marsan

 

Bourg 3

 

 

tailleur

Marsan

Mon

 

Bourg 4

Aulès 3

 

X

notaire

Decès

Pécouloum

 

Bourg 2

 

 

 

Lespiaucq

Pédaulès

 

Bourg 8

 

X

notaire

Dubroca; Dezest; Decès

Péluson/Pelhenégue

 

Bourg 2

 

 

tisserand

Domec; Claverie

Percuraire

 

Aulès 3

 

 

 

Debic

Raval

 

Bourg 3

 

 

sergent rl

Decès

Rotger/Angoumau

 

Aulès 11

X

 

marchand

Dangoumau

Seignou

 

Bourg 2

Aulès 1

 

 

 

pas de familles établies durablement.

Sansoube

 

Bourg 3

Aulès 1

 

 

forgeron

Sansoube

Sarthou/Pirou

 

Aulès 1

Bourg 1

 

 

huissier

Dangoumau; Montauzé

 

 

Peyrous et son pin franc

 

 

 

Péboué et son pin franc

 

 

 

Pessabaté et son pin franc

 

 

 

La litre de la famille de Foix-Candale, sur un contrefort de l'église d'Aulès.

 

 

 

Sépulture de la famille Broca-Perras, dans la chapelle St-Michel de l'église d'Aulès.

 

O O O OO O O O

 


 

0- Nous devons cependant préciser ici que dans les pièces d'archive consultées, nous n'avons trouvé aucun des termes "capcasau, capcasalèr (ou capcazal, capcazalier,...)" pour désigner ou qualifier des maisons de Doazit.

1- P. Toulgouat ; Voisinage et solidarité dans l'Europe du Moyen-âge - Lou besi de Gascogne. Pierre Toulgouat; imprimerie Lienhart et Cie à Aubenas; 1981. p. 53.

2- Le mot "voisin" (sous la forme bezy), apparaît dans les textes en 1120, avec le sens juridique dont il est ici question. (P Toulgouat, p.9.).

3- P. Toulgouat; couverture, P. 4.

4- "Tout filh de Vesin pendent que habitera en ló vesiadge sera Vesin daquet. Mes si luy se maride, & habite en autre vesiadge, no será tengut per Vesin deudit vesiadge, deuquoal sons pay & may eren vesins, & perdera los dretz daquet, si no es que possedy per acquisition o succession audit loc maison haben drect de vesiadge." (For et coutumes de Basse Navarre, Rubrique 34, article II. - J. Goyhenetche; édition Elkar; 1985; p.300.

5- P. Toulgouat, p.70, 201, 202.

6- les libertés varient beaucoup selon les Coutumes et les époques. Nous ne donnerons ici que des généralités.

7- Le livre de raison de Pierre de Borrit, mort prévôt de St-Sever en 1621, mentionne les caveries de Arimblès, Lou Mus, et Aulez. (Légé, Les Castelnau tursan, tome II, p. 167.) Aulez, doit désigner la caverie de Goesmes.

8- La maison capcazalière; Charles Blanc. Vieilles Maisons Françaises, no98, août 1983, p.35.

9- Toulgouat, pp. 191 à 194.

10- Voir chapitre : La Maison Commune.

11- Césaire Daugé, cité par P. Toulgouat, p. 90.

12- Le mot Jurat, ou Juré, vient de ce que les voisins ont du prêter serment à la communauté (Toulgouat, p.187). Il désigne parfois l'ensemble des voisins, mais le plus souvent, il ne concerne que ceux d'entre eux élus pour un an, pour représenter la communauté.

13- Césaire Daugé, cité par P. Toulgouat, p.90.

14- D'après les observations de quelques braconiers, les bécasses, à la passée, se serviraient de la masse sombre des pins francs comme points de repère, volant ainsi de l'un à l'autre.

15- Toulgouat, pp. 198, 204, 220.

16- Charles Blanc; La maison capcazalière ; in revue Vieilles Maisons Françaises, no98, août 1983, p.35.

17- P. Toulgouat, p.27.

18- Roger de Laborde "acquit le droit de banc, et de sepulteure dans leglise du mus, le quatorse septembre, mille cinq cens quatre vingts sept, comme il paroist par le contract d'acquisition du mesme jour, retenu par de vic notaire, et consenti par guillaume de vic, alors archiprestre de döazit, ensuitte approuvé en cours de visite en mille six cens soixante-un par monsieur de sarriat, alors eveque daire, puis par m'r de flurieau aussy eveque d'aire, en mille sept cens. (généalogie de la famille de Laborde de Péboué, page 6.)

19- Généalogie de Laborde Péboué, p.35.

20- Nous n'avons pas compté François-Henry de Candale, baron de Doazit, inhumé sous le porche de l'église du Mus, en 1822.

21- Procès verbal de visite de l'évêque, en 1750. J.F. Massie, Les origines du bourg de Doazit ; tiré à part du Bulletin de la Société de Borda 1975, p.10.

22- On peut encore voir sur le pilier sud-est de l'église d'Aulès, côté cimetière, des traces de peinture, datant certainement de 1741, où l'on devine les armoiries de la famille de Foix Candale, qui possédait le droit de litre dans cette église.

23- Notre-Dame de Maylis ; C. Daugé, 1939, p.106. Daugé ajoute : "Quelques traces de la litre paraissent encore".

24- Joseph Légé; Registre paroissial de Linxe; manuscrit 1863, p. 93. Archives des Landes 16 J 27.

25- La généalogie de Péboué, p. 20, signale que Anne de Laborde, décédée en nourrice à St-Cricq en 1686, est inhumée dans la sépulture de M. Capdeville d'Arricau dans l'église de St-Cricq.

30- Joseph Légé ; Registre paroissial de l'église de Linxe, 1863 ; Notes de Mr Lanusse, curé de Léon de 1767 à 1792. Publié par lAssociation Mémoire en Marensin ; Bulletin hors série, 1995, p.219.

31- Voisinage et solidarité dans l'Europe du Moyen-âge; Pierre Toulgouat,1981; page 220.

32- J.-F. Massie ; Les origines du bourg de Doazit, Bull. Société de Borda 1975.

33- Ce n'est pas une affirmation catégorique car l'endroit n'était sûrement pas désert au XIIIe siècle. On peut même à contrario estimer que ce fut un des points les plus anciennement occupés, mais nous pensons difficile de déceler la ou les maisons les plus anciennes parmi la multitude des maisons bourgeoises que nous y connaissons au XVIIe siecle. La maison de la famille Decès, plus tard appelée "Caupenne", est celle qui eut la destinée la plus prestigieuse ; jusques dans les années 1960, on pouvait voir un immense pin franc dans sa plasse (lot attribué dans une bastide pour y construire maison et tenir jardin). Par ailleurs les maisons Josse et Mariotte ont leur "double" dans la campagne environnante, Laborde-Josse, et Laborde-Mariotte (Voir Toulgouat, p.35 et p.119).

34- C. Daugé; N. D. de Maylis, p. 103.

35- C. Daugé, N. D. de Maylis, p. 105.

36- Archives des Landes H-2 (9).

37- Archives des Landes H-3.

38- Archives des Landes H-2 (9).

39- Archives des Landes H-2 (9).

40- C. Daugé, N. D. de Maylis, p. 104.

41- Arch. des Landes H-35 (36).

42- Arch. de la Gironde do pièce 243, cité par A. d'Anglade; les Foix-Candale, bull. soc. Borda 1952, p.96.

43- Livret de famille; Testemalle, p.140.

44- Archive des Landes C-73 (56).

45- Charte de coutumes de Montgeard-en-Lauragais : "Quiconque voudra venir en cette ville, y habiter et y construire une maison, sera libre comme les autres habitants, s'il peut le faire sans préjudice d'autrui, il ne payera ni taille, ni alberge, ni queste, et il pourra marier fille librement et faire promouvoir fils aux ordres de la cléricature". (Les bastides d'Aquitaine, du Bas-Languedoc et du Béarn.Editions des Archives d'Architecture Moderne; Bruxelles; 1985, p.15.

46- Construit à la fin du XVIe siècle, le château de Candale doit être éliminé d'office pour le sujet qui nous intéresse.