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LOUIS LAMAIGNÈRE

Ph.DUBEDOUT

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          Jean-Louis Lamaignère est né le 1er mars 1855, au Junat, dans le bourg de Doazit. Fils deuxième né de Jean-Baptiste Lamaignère, marchand épicier (1855), tonnelier (1866), et de Françoise-Justine (ou Augustine) Barbe. [famille]
          En 1877, il est instituteur à Artassenx où il passera toute sa carrière, et y prendra sa retraite au début de 1914. C'est aussi tout près de là, à Laglorieuse, qu'il rencontrera Marie Caranté, qui allait devenir sa femme le 7 janvier 1881 à Laglorieuse. Mais aucun enfant ne vint égayer leur foyer. Le couple fit construire une maison à Artassenx, en bordure de la route du Houga, qui porte le souvenir de son passage puisqu'elle est appelée "Villa Marie-Louis".
          David Chabas (Bibliographie des Landes, p.150) le donne pour auteur d'une publication " Une victoire de la délicatesse et de l'amour", éditée en 1889 à Mont-de-Marsan, par l'imprimerie Dupeyron (194 pages).

          Louis Lamaignère est décédé à Artassenx le 13 janvier 1917, âgé de 62 ans. il est enterré dans le cimetière de Laglorieuse.

Le félibre *1

          Louis Lamaignère a deux passions: la poèsie , qu'il écrit souvent dans son gascon maternel, et comme nous le verrons plus loin, la course landaise.
          Il obtient une mention aux Jeux Floraux de L'Escole Gastou-Fébus, session de Mont-de-Marsan, du 29 août 1906, pour ses poésies: A ue Arrounglette, et Un boun biban.
          Il devient membre de l'Escole Gastou-Fébus en décembre 1906, suivant l'exemple de son frère aîné Isidore Lamaignère, alors Supérieur des Missionnaires de Maylis.
          A Cauterets, en 1907, Lamaignère obtient une mention honorable pour l'ensemble de son oeuvre; à Salies on couronne Larmes dé pay. La félibrée de Condom couronne Mati é sé (prose, Réclams de 1908).
          Il donne des vers couronnés à la félibrée de Capvern en 1911: Lou bilen goarit (R. de 1911), et en prose Pan dé case (R. de 1911), qui évoque le pain dit de "ménage", cuit au four de la maison. A la fête de Capbreton, il donne les vers de La vie au village, et Bruts de dronles (R. 1911, p.182). Les Réclams de 1911 (p.104 à 107) publient Lous couate ertés de la Marioun : les quatre héritiers cherchent en vain les louis d'or de la Marion.
          Lauréat aux Jeaux Floraux en 1912, pour sa pièce Lou boun gnafre (le bon cordonnier).
          Les Réclams de 1913 donnent Lou truc dou sourciè (p.55), qui dévoile les tours des rebouteux, guérisseurs, devins; L'arrate-grise (le lérot), (p.113 et 114); et la même année, L'auratge (p.150). Aux Jeux Floraux de 1913, il obtient une médaille de bronze pour sa prose Bielhs soubiéns (publié dans les R. de 1914); et une mention très honorable pour ses poèsies La mi cahute, et Lou counde dou rouchinoun*2, d'après les Réclams de 1913, p.221.
          Les Réclams de 1914 (en plus de Bielhs Soubiéns), donnent Lou secret de la mamote (p.8 et 9); (le secret de la bonne petite vieille grand-mère), en vers légers, où l'art de conter montre comment l'on reste jeune en vieillissant: bien faire et laisser dire, telle est la moralité du morceau.

          Il publie également dans le journal "La Bouts de la Terre", entre 1910 et 1914.

 

Le tauromache

          L'écarteur Planté, dit Monaco vient de mourir. Le journal La Course Landaise du 5 avril 1908 publie une poésie : A la mémoire de Planté, signée Louis Lamaignère. L'hommage qu'il adresse au torero disparu nous fait découvrir ses talents de poète et son amour de la course landaise. Il devient très vite un des plus fidèles collaborateurs de "La Tuile". De 1908 à 1914, il publiera dans ce journal une quarantaine de poésies (La plupart en français), toutes consacrées à son spectacle favori.
          Il écrit également des articles sur des écarteurs tel Paul Daverat Beaumont*3, le "roi des toreadors"; Noël Giret*4, à qui il conseille prémonitoirement*5 moins de fougue et plus de prudence; ou encore Pygauchon*6 , un écarteur hagetmautien qui fut trouvé agonisant dans une loge des arènes de Doazit le lendemain d'une course, et se fit coudre le flanc à vif, refusant d'être endormi !
          Il nous raconte Las Courses dous Marres*7, la course de béliers, à Castandet, ou nous fait le compte-rendu des courses de Doazit en 1912.
          Tous ses articles sont signés du pseudonyme VIN-CENT.
          La Course Landaise du 13 avril 1913 annonce, sans préciser ni le titre ni le thème, que Louis Lamaignère prépare un roman, et en donne un passage intitulé "Courses Espagnoles et Courses Landaises", mais nous n'avons pas trouvé trace de publication.
          Enfin, à partir du no7 de 1914, Vin-Cent rédige en guise de feuilleton, une étude de moeurs landaises, intitulée A travers les Landes. C'est un récit (inachevé), où un Doazitien tient le rôle principal.
          Bien qu'exilé dans le Marsan, Louis Lamaignère a su conserver les liens qui l'unissaient à son village natal. Il est mentionné chaque année parmi les personnalités présentes pour les courses. Il émaille souvent ses articles de souvenirs doazitiens, poussant parfois l'amour de son pays jusqu'à avouer son chauvinisme dans ses poésies .

Tous à Doazit, puis à Montaut !*8

A mes compatriotes de Doazit

Partout, je voudrais voir des courses émouvantes.
Mais, chauvin avant tout, que je serais heureux
Si je pouvais bientôt m'écrier orgueilleux
Que mon Doazit en eut de vraiment attrayantes !

Dût se pendre Clic-Clac, se noyer Lahourtique*9,
Se sécher de dépit la haute aficion,
Oui, je le dis bien haut, j'ai pour ambition
De voir mon patelin aux cités faire nique.

Je voudrais que l'on parle, en cent lieux à la ronde,
Des belles corridas qu'il a su se donner;
Que même les jaloux pussent tous s'étonner
En voyant que Doazit sait contenter son monde.

Or ce désir est bien, ce semble, légitime :
Rien ne vaut le pays qui nous donna le jour;
Nous voudrions tous le voir, tant est grand notre amour,
Resplendir comme un Dieu de prestige sublime.

Mon pays eut toujours de très brillantes fêtes;
Mais si le blond Phoebus daigne ne plus bouder,
Tout au moins pour trois jours, nous osons affirmer
Que nos courses seront on ne peut plus parfaites.

Allons, les amateurs des corridas sincères,
Venez tous à Doazit apporter votre écot;
Puis, encore charmés, vous irez à Montaut
Revivre les émois du beau jeu de nos pères.

Louis Lamaignere

 

O O O OO O O O

 

1- Principalement d'après René Cuzacq. Histoire de la Littérature Gasconne des Landes, Autour de l'école Gaston-Phébus (1897-1919); Chez l'auteur, Bayonne. pp. 123, 167, 183 et 186 à 188.

2- Il pourrait s'agir d'une erreur, tout au moins pour Lou counde dou rouchinoun, dont l'auteur est M. Lacouture, d'après les Réclams de 1912, p. 187.

3- La Course Landaise, no30; 6 décembre 1908.

4- La Course Landaise, no2; 6 février 1910.

5- Giret se faisait éventrer à Dax, la même année.

6- La Course Landaise, septième année, no5; 9 avril 1911.

7- La Course Landaise, huitième année, no2; 18 février 1912.

8- La Course Landaise, huitième année, no26; 8 septembre 1912.

9- Clic-Clac, alias Elie Moringlane, de Montaut, fondateur (en 1905) et rédacteur en chef du journal "La Course Landaise". Jean de Lahourtique, alias Jean-Jacques Diris, de Mant, directeur du Journal.