Discours de Jean Ducau [1] , président de la Société Musicale,

 retraçant l’histoire de la musique à Doazit (prononcé vers 1964).

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            Vers le début du siècle, un orchestre créé par Léon Lafitte à  Lartigole, composé de son fils Albert, de Messieurs Lamaignère [2] père de Monsieur le curé de Habas, de Vincent Ségas, assuraient toutes les réjouissances des environs. Pendant les 3 années de service militaire au 24 régiment d’artillerie à Tarbes, Albert Lafitte se perfectionna, étudiant la composition des morceaux et devint piston solo. Dès son retour, il fit des élèves, en particulier Roger Ségas, créant une fanfare d’une douzaine de musiciens. Les morceaux composés par cet artiste local connurent un succès remarquable, les fêtes locales de Doazit avaient une grande renommée. La guerre 1914 1918 arrêta toute activité.

 

            Sitôt après, Albert Lafitte créa d’autres élèves : Lafferrère Jean Baptiste, Lafferrère François, Lafitte Jean, Lagraulet Joseph, Labrouquère Joseph, Lafitte Gaston, Lafargue Albert, Pénicaut, plus tard Daudignon Jean, Lafenêtre Adrien, Langlade Alfred ; presque tous ces élèves rentrèrent dans la musique militaire. Lafargue Albert se distingua dans l’exécution des morceaux et sortit soliste. Doué d’une oreille d’excellent musicien, se fit entendre comme baryton solo.

 

            En 1924 prit naissance la société musicale Sainte Cécile de Doazit sous la baguette d’Albert Lafargue, [qui] créa des élèves, recruta de bons musiciens venant de Horsarrieu : Diris Jean, Claverie Armand, Plantier Felicien, Lapeyre Roger, Dabadie Edouard. Lafitte Noël et Daudignon Jean élaborèrent les statuts. Cette société connut un grand succès, [et] dut se faire entendre à St Sever, Mugron, Mont-de-Marsan. Les chefs des grandes harmonies du département connurent le grand talent de notre chef. Malgré ses fatigues journalières, [il] préparait l’exécution de certaines opérettes : Les cloches de Corneville, Faust, Carmen, Le beau Danube, Valses Viennoises etc... Toutes les familles de Doazit surent apprécier l’exécution de ces morceaux et apportèrent le concours financier en s’inscrivant membres honoraires. Hélas la deuxième guerre arrêta toute activité jusqu’en 1945.

 

            Des musiciens abandonnèrent la société. Notre chef fit d’autres élèves, et plus tard cette musique participa à des concours, Pomarez, Mugron, obtint un premier et un second prix dans cette catégorie. Sur la proposition de Monsieur Bats chef de musique à Mugron, les palmes académiques furent décernées à Albert Lafargue notre dévoué chef ; c’était la meilleure récompense honorifique qu’on pouvait lui décerner. Plus tard notre conseiller Général fit décerner des distinctions honorifiques à Lafferrère Jean Baptiste. Parmi tous les élèves créés par notre dévoué chef, un s’est particulièrement distingué, il s’agit de son fils Daniel ; pendant son service militaire dans la musique, [il] s’est perfectionné au Conservatoire de Toulouse, [et] sera pour la société la continuité des chefs Lafargue père et fils. Grâce à son talent d’artiste il joue dans l’harmonie de St-Sever, Mugron, et Hagetmau.

 

            Quarante ans se sont écoulés ; tout en fêtant notre patronne, nous avons à remercier 7 musiciens qui vont être décorés de la médaille d’honneur des sociétés musicales et chorales. Je n’ai jamais rêvé de satisfactions plus grandes que d’être à la place où je suis, c’est pour cette raison que nous allons récompenser ces 7 promus ayant plus de 20 ans de dévouement désintéressé, pour qu’aujourd’hui, ils soient à l’honneur :

-          Roger Ségas élève d’Albert Lafitte a joué la grosse caisse pendant plus de cinquante ans. Grâce à ses connaissances musicales nous avons entendu de sa belle voix les airs de Mignon, et des plus belles chansons de l’époque. Toute la population est unanime pour lui adresser les plus chaleureuses félicitations.

-          Jean Daudignon élève d’Albert Lafitte a mis en place les statuts de la société, jouant le bugle, le piston ou le saxophone, s’est fait entendre plusieurs fois dans des solos, a assuré la direction de sous chef et d’archiviste. C’était un des piliers fondamental de la société, un musicien exemplaire, n’élevant jamais sa voix, a fait plusieurs élèves. Qu’il me soit permis de lui adresser mes sincères félicitations.

-          Alfred Langlade élève d’Albert Lafitte a toujours joué la clarinette même au régiment du 3ème colonial à Rochefort, plus de 40 ans d’exécutant. Il a donné l’exemple qu’il en soit aujourd’hui remercié.

-          Raphaël Barroulhet élève d’Albert Lafargue a joué à la société de 1926 à ce jour, a fait son service militaire dans la musique du 57 R. I. à Bordeaux, nous a fait entendre plusieurs solos, le dévouement désintéressé lui vaut aujourd’hui les distinctions honorifiques.

-          Roger Mauvoisin élève d’Albert Lafargue joue depuis 1928, s’est perfectionné dans la musique militaire, a fait plusieurs solos avec le piston, a exercé plusieurs élèves, malgré sa santé déficiente dirige les répétitions de détail des jeunes, travaille à l’avenir de la société. Mon cher Roger tu as dignement gagné ta médaille.

-          Gabriel Lafitte élève d’Albert Lafargue a joué le trombone et la basse, a fait son service militaire dans la musique. Il n’a jamais négligé son temps pour prêter son concours même quand il était en deuil. Qu’il en soit remercié.

-          Gilbert Brousteau élève d’Albert Lafargue a toujours joué le saxophone depuis 1936, a organisé tous les voyages annuels de la société. Paris, Madrid, Pampelune et d’autres excursions dans l’intérieur de la France. Tous ces voyages organisés lui ont créé des frais personnels qu’il n’a jamais revendiqué. Au nom de tous les musiciens je te remercie de ce dévouement qui te vaut la médaille que tu as si bien gagnée.

 

            Tous les exécutants partagent leur plaisir de voir ces camarades à l’honneur. Tous les membres honoraires et bienfaiteurs de la musique se réjouissent de ces distinctions. Ils ont été souvent à la peine pour qu’aujourd’hui ils soient à l’honneur. Le conseil municipal qui a toujours voté des subventions annuelles pour cette société adresse sa plus vive sympathie à ces sept lauréats.

 

            Si notre société a connu une décroissance musicale, nous devons apprécier le grand dévouement désintéressé du chef de l’harmonie municipale de Hagetmau Monsieur Laborde artiste clarinette et ces musiciens de cette belle phalange pour rehausser l’éclat de nos festivités et l’exécution parfaite des morceaux. Ils prennent part à la joie de nos musiciens. Je crois être l’interprète de tous les Doazitiens pour leur adresser la plus vive reconnaissance.

 

            Sur l’initiative de Monsieur le Maire une école de musique a été créée. Nous voyons avec plaisir ces jeunes dans les rangs de la société ; par le travail assidu, la persévérance et le dévouement vous êtes les piliers de l’avenir de la société. Que cette journée reste gravée dans vos coeurs ; je souhaite qu’un jour vous soyez à l’honneur comme vos pères vos aînés musiciens d’aujourd’hui. Au nom de tous les musiciens je me permets d’adresser à mon ami Bonnefemne[3] toute la gratitude et la reconnaissance d’avoir songé à créer cette école de musique.

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[1] Jean Ducau (1909-1984), de Péberger, maire de Doazit de 1945 à1959 ; président de la Société Musicale de Doazit de 1950 à 1970.

[2] Edmond Lamaignère (père de Louis Lamaignère curé de Habas) est décédé en 1898.

[3] Joseph Bonnefemne, maire de Doazit de 1959 à 1977.