La Musique de Doazit

Article de Gilbert Broustau, paru dans le bulletin municipal de Doazit, La Gazette de la Gouaougue, 1983, 84, 85 et 86.

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MUSIQUE DE DOAZIT DE 1900 à 1925

Je vais essayer de retracer la vie musicale de Doazit du début du siècle à 1925. J'illustrerai mes propos par des détails et histoires, que j'ai pu collectionner tout au long de ma carrière musicale. En 1900, sous la direction de M. DAGES du Tarigoch nos musiciens assuraient déjà toutes les fêtes locales des environs, ce qui leur demandait d'être de bons marcheurs, car tous les déplacements s'effectuaient naturellement à pied.

Dans ce groupe de musiciens, il y avait Léon LAFITTE et Albert LAFITTE de Lartigole, Vincent SEGAS du Plaçot, Mathieu LAFITTE de Jourdain, CAZALE qui habitait face au Presbytère, Laurent FAUTHOUS de Labouette, etc, etc.

A cette époque, les musiciens étaient considérés comme de véritables notables, car les bons exécutants étaient rares. Seuls un clarinettiste à Mugron, un trompettiste à Pomarez et un premier bugle à Hagetmau faisaient parler d'eux. Mais Doazit village de mélomanes, possédait une réputation bien méritée avec notamment Albert LAFITTE qui revenait premier piston solo du service militaire qui durait alors trois années entières.

Il m'a été conté que ce groupe de musiciens partait le dimanche matin pour jouer à la fête de Montsoué de ce temps là " BOULIN ". Ils faisaient halte à Audignon pour une première chopine qui leur donnait du tonus puisque n'ayant pas peur des kilomètres, ils ne s'arrêtaient plus que chez ANGELE sur la route de " BOULIN " pour se permettre une deuxième chopine. Sur place ils étaient logés chez l'habitant et revenaient le lundi dans la journée. N'est-ce pas un bel exemple de courage et de savoir vivre ?

Dans la vie communale, ils assuraient bien sûr la fête patronale et le 14 juillet. Mais toutes les occasions étaient bonnes pour prendre les instruments, et jouer pour leur plaisir. Plus tard, Joseph LALOUBERE du Santet, Roger SEGAS du Plaçot, et Noël LAFITTE du Tarigoch rejoignirent les bancs de la fanfare.

Hélas ! en 1914 la guerre éclatait obligeant nos musiciens à délaisser leurs instruments.

Mais la victoire de 1918 les fit repartir de plus belle, avec Albert LAFITTE comme chef. Leur fière musique si douce avec ces Polkas, Mazurkas, Quadrille, Valse, Rondos, etc., créa des vocations musicales, et plusieurs jeunes de l'époque vinrent grossir les rangs de cette formation musicale.

Albert LAFARGUE de Courams, Jean-Baptiste LAFFERRERE de Peyrous, Gaston LAFENETRE du Cadeau, Joseph et Jean LAGRAULET de Tounat, Léopold PENICAUT de Lapigue, François LAFERRERE de Taulade, Gaston LESBARRERES du Lhé, Ernest DIRIS du Palo, Gaston LAFITTE du Cassiet, etc.

Le groupe prenant une telle importance, qu'une certaine métamorphose se produisit : ce fut en 1925, la naissance de la Société Musicale Ste Cécile de Doazit.

 

LA SOCIETE SAINTE CECILE DE 1925 à 1945.

La Société Musicale Sainte Cécile de Doazit fut créée officiellement le 25 avril 1925. Président Jules BRANZEAU - Secrétaire Noël LAFITTE - Trésorier Jean-Baptiste LAFFERRERE - Chef Albert LAFITTE - sous-chef Albert LAFARGUE.

 

MUSIQUE DE DOAZIT ANNEE 1924 

1er rang de gauche à droite : Jean Lagraulet, Gaston Lesbarrères (Montaut), Gaston Busquet (St-Cricq-Chalosse)(ou N. Dumas ?), Joseph Lagraulet, Adrien Lafenêtre, Jean Daudignon, Roger Ségas. 

2e rang : Gatien Forclos, Mathieu Lafitte, Albert Lafitte, Noël Lafitte, Marcel Dupin, Gaston Lafitte. 

3e rang : Albert Lafargue, Léopold Penicaut, Jean Lafitte, Jean-Baptiste Lafferrère, Vincent Ségas.

Les premiers débuts furent difficiles ; il y eut un certain flottement pendant quelques temps mais de docteur BRANZEAU, homme très écouté à l'époque, remit de l'ordre et refit l'union de tous les musiciens. En 1926, la semaine précédant la fête, le président décréta que Albert LAFARGUE serait chef et ce fut une bonne nomination car il en restera plus de trente années. En 1928, Noël LAFITTE dut quitter le village pour raisons familiales et ce fut Joseph LAGRAULET qui le remplaça au poste de secrétaire jusqu'en 1931. Après cette date, ce fut Jean Daudignon qui fit fonction de secrétaire pendant vingt cinq années. En 1935, le Docteur BRANZEAU prenant de l'âge démissionna de président ; ce fut le Docteur Jean GAILLARD qui le remplaça jusqu'en 1945. En même temps que la nomination du président, il y eut un vice-président : Gatien FORCLOS. Pendant une période de quinze années, il y eut de la belle musique, tous les musiciens ayant profité d'un passage à la musique militaire étaient vraiment motivés par la musique, ce qui permit au chef Albert LAFARGUE d'interpréter plusieurs opérettes et toute la musique classique. Pendant ce temps, Albert LAFITTE, ancien chef, s'était retiré de toute participation à la société mais n'abandonna pas pour autant la musique. Il composa plusieurs morceaux pour la société.

La Société Musicale doit beaucoup à cette famille LAFITTE de Lartigole car l'art musical y était pratiqué depuis des temps immémoriaux ; et tous les musiciens de l'époque avaient appris la musique chez eux.

Dès le début de la fondation de la société, il y eut une clique mais qui ne dura pas longtemps, les jeunes préférant la musique. En 1927, la société eut droit à une tenue avec le port d'une casquette, ce qui dura jusqu'en 1939. En 1931, la musique fut sollicitée par l'Etoile de Mont-de-Marsan pour participer au concours de cliques et de gymnastique à Parthenay dans les Deux-Sèvres et elle y alla. En 1937, commence la série des voyages. Ce furent deux journées aux cols d'Aubisque et du Tourmalet. C'était ma première participation.

1938 : nouveau voyage, mais cette fois-ci ce fut une journée au Pays Basque avec deux cars. En 1939 le voyage était préparé pour deux journées aux cols d'Aspin et de Peyressourde, mais il n'eut pas lieu car la guerre se déclara et toute activité fut interrompue. Les trois quarts des musiciens rejoignirent leur garnison. Responsable Jean DAUDIGNON. Dans les années 37 - 38 - 39, la Société Musicale, à la demande de certaines personnalités mugronnaises assura dans cette localité sérénades et défilés du 1er janvier. En 1938, nous arriva un trompettiste Marius ROQUEFORT, musicien de profession, pendant sa retraite et tant que sa santé le lui permit, il oeuvra pour la société en formant des élèves et plus tard, une clique. Pendant la période 39 - 45, la société se produisit une ou deux fois pour des kermesses au profit des prisonniers de guerre et ils étaient nombreux.

DE 1945 à 1965.

Après cinq années d'interruption dues aux événements que vous connaissez, la société musicale reprit son activité. Le Président Docteur Gaillard ayant démissionné, un nouveau bureau fut créé avec Jean DUCAU comme président, Gatien FORCLOS, vice-président, Jean DAUDIGNON secrétaire et Jean-Baptiste LAFFERRERE trésorier, ce fut la récupération de tous les musiciens, aussi bien ceux qui rentraient d'Allemagne, que les jeunes. Tout marchait pour le mieux.

En 1947, Marius ROQUEFORT créa une clique avec des tambours, clairons et des trompettes, l'effectif passa rapidement à une trentaine d'éléments. Roger MAUVOISIN donna alors des cours de solfège, et plusieurs de ses élèves sont encore dans les rangs de la société.

L'année 1949 fut l'année des récompenses car le chef Albert LAFARGUE se vit remettre les Palmes Académiques, la même année la société s'offrait le voyage à la foire agricole de Bordeaux.

En 1950, le Président DUCAU dota la société d'une bannière qui existe encore de nos jours, cette même année, à la demande des Cadets de Gascogne de St-Sever, la société les accompagna trois jours à Bergerac afin de renforcer leur effectif, car pour eux il s'agissait d'un concours de clique. L'année 1952 fut marquée par la mort subite du chef tambour Vincent LAFITTE, c'est en venant au défilé de la fête patronale qu'il décède ; Francis DUPOUY prit la direction des tambours.

En 1954, Jean DAUDIGNON quitta les fonctions de secrétaire et Jean FESENTIEU le remplace pour cette lourde tâche.

La même année les musiciens passèrent quatre jours à la foire agricole de Paris.

En 1955, les musiciens partent pour deux jours aux fêtes de Pampelune avec quelques difficultés. En effet, à cette époque, on ne pouvait se rendre en Espagne qu'en pèlerinage et c'est grâce à un ami du président, un prêtre qui nous fournit son passeport, et tout s'arrangea.

En 1956, c'est au tour de Jean-Baptiste LAFFERRERE de recevoir les palmes académiques. La société musicale continua son activité dans de bonnes conditions, mais en 1959 il y eut un marasme, la clique se disloqua, plusieurs musiciens abandonnèrent la musique ce qui diminua l'effectif de beaucoup. Albert LAFARGUE passa la direction de la société à son fils Daniel à peine âgé de 23 ans. Le nouveau chef se trouva face à une société un peu boiteuse, avec l'aide de la municipalité il créa l'école de musique, vint ensuite la nouvelle salle de répétition sur la mairie actuelle ; la société y restera jusqu'en 1983. De 1960 à 1965 la société musicale fit deux voyages, un dans la région de Perpignan et le Somport, et un autre à Madrid qui fut très intéressant, nous eûmes la chance de connaître les traditions espagnoles de l'époque, car maintenant tout a changé avec les temps modernes.

 

DE 1965 à NOS JOURS.

La municipalité de l'époque, ayant créé l'école de musique, les élèves se réunissaient dans l'ancienne école publique, pour y prendre les cours dirigés par Daniel LAFARGUE.

Au début tout allait pour le mieux, mais vint l'année 1966, année du mariage de notre chef avec la ravissante Danielle Cascailh, d'où son départ de Doazit pour Saint-Cricq-Chalosse. Les conditions n'étant pas favorables, l'école de musique subit alors un certain flottement pour en définitive ne plus exister pendant quelques années. En 1970, le président Jean DUCAU quitte la présidence pour cause de maladie, et est remplacé par Lucien PASCALIN dans cette lourde tâche, qu'il assumera jusqu'en 1981, date à laquelle je fus désigné à mon tour. Mais voilà que, la Providence était avec la Société Musicale puisqu'en 1976, le chef revenait à Doazit avec toute sa famille, et ce fut une ère nouvelle pour la musique, le retard est rattrapé, tous les jeunes passionnés de musique sont recrutés, et le résultat ne se fit pas attendre. Dès 1977 il crée la Batsare, et ce fut l'état de grâce pour la Société Musicale. Depuis cette date Société et Batsare sont sollicitées, par plusieurs communes même hors département, et jusqu'à ce jour le succès est toujours grandissant pour notre société.

Pendant cette période faste, la société musicale a offert à tous les musiciens des sorties d'une semaine très agréables. Les Iles Baléares, l'Andalousie, l'Italie, le Maroc, le Portugal, l'Allemagne, la Suisse, la Bretagne, la Tunisie, l'Autriche dernièrement.

Aujourd'hui la société est en plein essor, avec 64 musiciens exécutants, 35 élèves à l'école de musique, avec 6 professeurs et le chef de musique.

J'en ai terminé de vous raconter la vie de la musique depuis 1900. Si par hasard des oublis ou erreurs ont été observés dans mes narrations, veuillez me le faire connaître, j'essaierai de réparer ces omissions bien involontaires.

G. Broustau


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