Les FOIX-CANDALE
Barons de Doazit en Chalosse

Alain d'ANGLADE.
(publié dans le bull. de la Société de Borda, 1952)

[Sommaire]

" Etiam periere gentes "

        Doazit, commune du canton de Mugron (Landes) dont le bourg se perche au sommet d'une colline du riant pays de Chalosse et dont les blanches métairies s'égaillent parmi les champs de blé et de vigne, les prairies et les maïs, dans le damier des haies vives et des bois, avec pour toile de fond la chaîne des montagnes chantées par Gaston Phébus, fut dès le XIIIe siècle le siège d'une importante seigneurie dépassant largement son territoire actuel.

        Aujourd'hui circonscrit par les communes de Saint-Aubin, Audignon, Dumes, Horsarrieu, Serrelous, Saint-Cricq-Chalosse, Caupenne et Maylis Doazit groupait sous sa juridiction les paroisses de Saint-Martin du Mus, de Notre-Dame du Bourg de Doazit, Saint-Jean d'Aulès, Saint-Jean de Larbey et une partie de celles de Saint-Martin de Caupenne et de Saint-Martin d'Horsarrieu.

        Les premiers seigneurs de Doazit ne font pas l'objet de cette étude, on notera cependant pour fixer l'ancienneté de leur terre, que le 13 mars 1273 " Ottho de Doazit, domicellus " seigneur de Doazit et Brassempouy ayant pour curateur Garcie Arnaud d'Amou, sgr. de Saint-Cricq en Chalosse, reconnut tenir féodalement d'Edouard Ier d'Angleterre, Duc de Guienne, ses châteaux de Doazit et Brassempouy, ainsi que la moitié de la terre de Benquet. (C.Bémont Recogniciones feodorum in Aquitania. p. 33, art. 65, p. 39, art. 92.)

        Le 18 septembre 1316 Edouard II accorda à Guilhem Ramond de Doazit, sgr de Serreslous, la permission de construire une forteresse (domum fortem) à Serrelous. (Catal. des Rolles Gascons, I. p. 48)

        Par la suite la seigneurie semble avoir été démembrée, les Doazit en demeurant les principaux seigneurs et continuant de résider au château qui était alors situé aux abords immédiats, si ce n'est dans le bourg même de Doazit. C'est ainsi que l'on trouve encore le 8 juin 1412 un Jean sgr. de Doazit qui passe un acte avec les habitants de Marquebielle (à Saint-Cricq) et teste en 1430. (Arch.Gde.Arrêts du Parlt. 29 août 1780) et que le 29 juin 1561, noble Gaspard d'Ornezan, prieur d'Albret, archiprêtre de Doazit afferme en qualité de procureur de Blaize de Doazit-Pardaillan, à Jean Devin, la partie de la seigneurie lui appartenant encore, (source citée). Le même arrêt mentionne que le 8 mai 1562 les Doazit avaient aliéné leurs derniers droits sur leur terre patrimoniale.

        La Chesnaye-des-Bois, dans son Dictionnaire de la noblesse, (t.VIII, pages 190-193) dit que la baronnie de Doazit fut acquise par échange du 14 décembre 1429 par Gaston de Foix, captal de Buch. comte de Benauges et de Longueville, de noble homme Louis Despoys qui en avait reçu .donation du roi d'Angleterre. (Cfr. aussi Arch.Gde.C.4181 pièce 243.) Une première erreur s'est glissée dans le travail de la Chesnaye-des-Bois ce ne fut pas la totalité de la baronnie de Doazit qui entra dans le patrimoine des de Foix mais seulement une partie de cette terre. vraisemblablement celle qui fut cédée en 1516 à François de Candale et qui formait originairement la caverie du Mus dont Pierre Arnaud du Mus et Arnaud de Rimbez rendirent hommage au roi d'Angleterre le 25 avril 1274. (C.Bémont, op. cit. p. 21, art. 28.) Ceci est renforcé par le fait que les Doazit n'étaient pas encore éteints, que c'est en l'église du Mus et non en celle du bourg que les Foix Candale se sont de tout temps fait inhumer et aussi par la tradition populaire qui place auprès de cette église leur première résidence à Doazit.

 

        I°) Gaston de Foix était le second fils d'Archambaud de Grailly, vicomte de Benauges, et d'Isabelle comtesse de Foix, auteurs par substitution des comtes de Foix de la seconde race.

        Gaston suivit toute sa vie le parti du roi d'Angleterre en raison des biens qu'il possédait en Guienne. Il fut chevalier de l'ordre de la jarretière, se distingua à la bataille d'Azincourt en 1415 et se retira après la défaite des Anglais dans la petite ville de Meilles en Aragon où il mourut.

        Il avait épousé par contrat du 19 mai 1410 Marguerite d'Albret, fille d'Arnaud Amaujeu sire d'Albret, vicomte de Tartas, et de Marguerite de Bourbon. Son épouse testa à Bordeaux en 1453.

        De ce mariage Gaston de Foix eut pour enfants : Jean qui suit.

        Isabelle, femme de Jacques sire de Pons, vicomte de Turenne.

        Agnès, mariée à Pey Poton de Lamensan.

        Il laissa d'autre part quatre enfants naturels : Un fils. Gaston de Béarn, Abbé de Belleperche, Doyen de Cadillac, et trois filles : Jeannette, Marguerite et Jeanne, de Béarn, toutes trois mariées dans la première moitié du XVe siècle.

        Gaston de Foix portait pour armes : " Ecartelé aux 1 et 4 de Foix ; aux 2 et 3 de Béarn ; brisé sur le tout, d'un lambel à cinq pendants de sable, chargés chacun de cinq coquilles d'argent. " Il avait pour devise : " QUI M'AIMERA JE L'AIMERAI. "

 

        II°) Jean de Foix, comte de Candale et de Benauges, captal de Buch, vicomte de Meilles et de Castillon, chevalier de la Jarretière.

        Ce seigneur suivit le même parti que son père et fut fait prisonnier à la bataille de Castillon en 1453. Il passa en Angleterre, pays de sa femme dont il revint en 1461. Louis XI, le 17 mai 1462, le maintint dans la possession des terres qui lui avaient appartenu ainsi qu'à son père, en Guienne et en Gascogne, et nommément de la baronnie de Doazit. Cet acte fut vérifié, en la chambre des comptes à Paris, le 4 mai 1478, ayant été enregistré au Parlement de Bordeaux, le 18 mars 1477. (Arch. Municip. de Bordeaux, Fonds Léo-Drouyn, tome XIV, p. 40.)

        Jean de Foix fut inhumé en l'église de Castelnau de Médoc, ainsi que sa femme. Il avait épousé Marguerite de la Pole de Suffolk, comtesse de Candale en Angleterre, fille de Richard. duc de Suffolk et de Marie de Sicile, dont il laissa quatre enfants : Gaston de Foix, qui suit.

        Jean de Foix, auteur des ducs de Randan éteints en 1714.

        Catherine, mariée le 26 novembre 1468 à Charles comte d'Armagnac.

        Marguerite, alliée à Louis marquis de Saluces.

        Le père Anselme, dans son " histoire généalogique et chronologique de la maison de France, des Pairs, Grands Officiers de la Couronne... (tome III, p. 390,) donne pour enfants naturels à Jean de Foix : François de Candale, auteur des barons de Doazit et du Lau, et Isabelle de Candale.

 

        III°) Gaston de Foix, IIe du nom succéda à son père dans la possession de la baronnie de Doazit. Comte de Candale, de Benauges, captal de Buch il fonda en 1490 le chapitre de Cadillac. Il avait passé articles de mariage le 16 mars 1460 avec Marguerite de Foix mais épousa seulement la sœur de cette dernière : Catherine de Foix, infante de Navarre, fille puînée de Gaston comte de Foix et d'Eléonore d'Aragon reine de Navarre, par contrat du 5 juin 1479. Il se remaria le 30 janvier 1494 avec Isabelle d'Albret, fille d'Alain sire d'Albret, comte de Dreux, et de Françoise de Blois dite de Bretagne.

        Il testa le 25 mars 1500 et fut enterré aux Augustins, de Bordeaux.

        Du premier lit provinrent :

        1°) Gaston de Foix qui épousa Marthe comtesse d'Astarac qui suit.

        2°) Jean de Foix, élu archevêque de Bordeaux en 1501, mort le 25 juin 1529 et enterré dans l'église des Carmes de Langon (Gde).

        3°) Pierre de Foix, baron de Langon, seigr. du Pont par sa femme Louise de Pont fille de Borion, seigr. de Pont-l'Abbé et de Rostrenem, mort sans enfants.

        4°) Anne, mariée à Bude, le 6 mars 1502, à Ladislas de Pologne, roi de Bohême, de Hongrie et de Pologne, surnommé le Bon.

        Du second lit :

        5°) Alain de Foix, chevalier, vicomte de Castillon, marié à Françoise de Montpezat, dont il n'eut que quatre filles.

        6°) Louise de Foix, femme en 1514 de François de Melun, seigr. d'Epinoy d'Antoings et Boubers, connétable de France.

        7°) Amanieu de Foix, qui fut Abbé de Saint-Ferme et " protonotaire du St-Siège apostolique ". (E. Lamartinie : St-Ferme en Bazadais p. 181).

        et 8°) Marguerite qui épousa en 1540 Louis de Garmain, seigr. de Négrepelisse.

        Gaston II de Foix eut également pour enfants naturels :

        9°) Gaston de Candale, prêtre, reçu chanoine de Saint-André de Bordeaux en 1498. (Arch. Gde. G. 3o8.)

        10°) Lucrèce de Candale, femme du seigneur de Calonges.

        11°) Pierre de Candale, élu chanoine de St-André de Bordeaux en 1495. (d°. G. 3o8.)

 

        IV°) - Gaston de Foix, IIIe du nom, comte de Candale, de Benauges et d'Astarac, qui testa le 31 août 1534 et mourut en 1536. Il avait épousé par contrat du 21 Mai 1505 Marthe comtesse d'Astarac.

        Leur postérité qui compta deux Evêques d'Aire, s'est éteinte dans la maison de Nogaret de la Valette (dont les ducs d'Épernon.)

        Ce fut Gaston de Foix, IIIe du nom qui donna par acte du 14 février 1516 la terre de Doazit à François de Candale qui suit :

 

        V°) - François de Candale, seigneur et baron de Doazit par la donation qui lui fut faite de la moitié de cette terre par Gaston de Foix. La Chesnaye des Bois (op. cit.) prétend que ce personnage était fils de Gaston II de Foix et d'Isabelle d'Albret, opinion qui a été reprise par Cauna dans son Armorial des Landes et que l'on retrouve dans l'" Abrégé de la Généalogie des Vicomtes de Lomagne "., (Paris, Ballard impr. 1757).

        Comment alors n'eut-il qu'un relativement mince apanage ? Comment lui et ses premiers descendants ne portèrent-ils que le seul nom de Candale et non celui de Foix-Candale, qui ne fut adopté que deux siècles plus tard ? L'acte de confirmation de la donation de la terre de Doazit, du 14 avril 1516 tel qu'il est rapporté par la Chesnaye des Bois et dans l'" Abrégé de la Généalogie des vicomtes de Lomagne ", donne bien la qualité de frère de Gaston de Foix à François de Candale, mais cet acte n'est-il pas apocryphe ? Il comporte une assez lourde erreur lorsqu'il fait mention de " la terre, seigneurie et baronnie de Doazit avec toutes et chacunes leurs appartenances et dépendances... " alors que nous savons que les de Foix n'en possédaient que la moitié, que les, Candale en ont étendu l'importance par des acquisitions postérieures et ont eux-mêmes édifié le château actuel. Le Père Anselme est d'une haute autorité en matière généalogique, il est le premier à avoir donné la filiation des barons de Doazit et du Lau. La Chesnaye, pour sa part, a souvent admis sans grand contrôle les dossiers généalogiques qui lui étaient adressés par les familles et les a reproduits tels quels dans son ouvrage. Un autre acte de donation qui a le mérite d'appartenir à un dépôt public. (Arch. Gde. 2 E. Familles, n° 1 234, Foix-Candale) fait ressortir une grande différence de rang social entre Gaston de Foix et François de Candale et ne fait mention d'aucune parenté entre les deux parties, ainsi qu'il est naturel entre un seigneur de haut lignage et l'enfant naturel d'un de ces ascendants dont il aurait voulu favoriser l'établissement. Qu'on en juge : le 21 septembre 1517, " Monseigneur Messire Gaston de Foix, captal de Buch, comte de Candale, d'Estrac, (Astarac,) de Benauges et de Lavaur... " cède et délaisse à " Noble homme François de Candale, seigneur et baron de Doazit ", la maison noble de Carnet (alias Carney) sise à Saint-Laurent de Médoc, pour les bons et loyaux services, courtoisies, bénignités et mérites que ledit François de Candale baron de Doazit, a faits " audit seigneur Monseigneur Gaston de Foix ". moyennant trois cents écus d'or (Gombault, notaire en Médoc). L'acte donné par la Chesnaye des Bois présente par ailleurs diverses étrangetés pour le lecteur averti.

        Pourquoi, d'autre part, Marie de Foix de Candale vicomtesse de Ribérac, dans un acte de cession du 15 février 1598 de la succession de Messire François de Foix de Candale, Evêque de Dax et alors chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, son frère, en faveur de Messire Gaston de Foix de Candale, son neveu, l'aurait-elle qualifié de seul représentant du nom de Foix de Candale si les Candale barons, de Doazit avaient été des descendants légitimes du grand nom de Foix-Candale ? (Cfr. Arch. Gde. Gardenote E. 1. 267, Berangier, notaire).

        Quoi qu'il en soit, les Candale de Doazit et du Lau, fussent-ils issus de la maison de Foix du côté gauche, n'en ont pas moins tenu un rang fort distingué et contracté des alliances notables.

        François de Candale fut chevalier de Saint-Jacques de l'Epée et eut la commanderie de Besaute, au diocèse d'Aire, le 4 mai 1519. Il avait épousé en 1516 Anne de Marsan, Dame du Lau à Duhort (Landes) et de Montgaillard en partie, fille de Jean et de Catherine de Laminsans. Anne de Marsan était veuve en 1533, lui ayant donné cinq enfants :

        François de Candale, pupille de sa mère en 1534, mort sans alliance connue.

        Jean de Candale, qui suit.

        Odet de Candale, vivant en 1533.

        Françoise de Candale dont le mariage n'est pas connu.

        Odette de Candale, épouse de Cardon de Lupé, chev. sgr. d'Arbladé le Couvel.

 

VI°) - Jean de Candale, co-seigneur baron de Doazit, du Lau et de Montgaillard en partie, de Montaut, Brassempouy et Horsarrieu. Il épousa par contrat du 11 avril 1545 Anne de Pardaillan, fille de Blaise, sgr. de la Mothe-Gondrin, capitaine de cinquante hommes d'armes, lieutenant au gouvernement de Dauphiné, gouverneur de Villeneuve et d'Ast, et de Jeanne de Saint-Lary. Jean de Candale testa le 11 juillet 1550-51, et fit un codicille le 17 juillet devant Me. Jean de Lafargue, notaire royal, laissant entre autres legs à M. Me. Bertrand de Pouységur, habitant de Montaut, la moitié de la terre et seigneurie de Montaut, à charge de payer en son nom 4.000 francs bordelais formant le capital d'une rente de 100 écus qu'il devait aux Chanoines et prébendés de la Cathédrale de Bayonne. (Arch. Gde. 2. E. Familles, dossier 2374.) Il mourut avant le 1er décembre 1552 ; son beau père, Blaise de Pardaillan, fut tuteur des deux enfants issus de son alliance :

        Jacques, qui suit, et Hilaire de Candale qui testa le 30 avril 1603 sans avoir été marié.

 

        VII°) - Jacques de Candale, seigneur baron de Doazit, du Lau et de Montgaillard en partie, sgr. de Brassempouy, Henin, le Fort, Renung. Duhort, Sorbets, Bordes, Damoleys et autres lieux. Il échangea la moitié de la seigneurie de Montgaillard contre une partie de la terre de Doazit et la seigneurie de Sorbets avec M. de Pons et Françoise de Marsan, sa tante. Il testa le 9 juillet 1595 et mourut avant décembre 1598.

        Jacques de Candale épousa le 6 juillet 1566 Jeanne de Belcier, fille d'Antoine, chevalier Conseiller du roi Président (et non premier Président ainsi que l'avance la Chesnaye) au Parlement de Bordeaux, et de Anne de Lubersac.

        Ce fut Jeanne de Belcier qui construisit, ou du moins acheva de construire, le château de Candale à Doazit, après 1595. Les Candale ayant jusqu'alors habité, le château du Lau à Duhort et une simple maison noble que la tradition locale indique comme ayant été placée près de l'église du Mus, sur la paroisse de Doazit. Si une demeure peut être qualifiée historique du fait qu'un événement important s'y déroula, ainsi par exemple que la " Maison de l'Infante " où séjourna à Saint-Jean-de-Luz la future épouse de Louis XIV, un château où il est seulement de tradition qu'Henri IV séjourna, peut être considéré comme historique par le type de son architecture, lorsque ce dernier a été intelligemment conservé au cours des âges et qu'aucune fâcheuse addition moderne n'est venue le défigurer. Tel est bien, ce me semble, le cas du château de Candale. Cette belle demeure, d'un plan rectangulaire de vingt cinq mètres sur vingt, flanquée anciennement de quatre pavillons d'angle carrés formant saillie, présente trois façades intéressantes par leur caractère architectural, notamment celle du midi où est située la porte d'entrée, dont les linteaux des fenêtres portent de curieux monogrammes ornés de " fermesses " qui ont exercé la sagacité des chercheurs. (Cfr. sur ces derniers : Bulletin de la Société de Borda, année 1886 pages 285-288). Le corps de logis principal est coiffé, d'un comble en flèche possédant encore sa vieille charpente en forme de carène de vaisseau renversé et sa couverture de tuiles plates.

        La porte d'entrée, munie de curieuses ferrures, est ancienne. Elle était surmontée jadis des armes des Candale qui, martelées sous la Révolution, ont été remplacées par un simple écu de pierre, sans sculptures, tenu par deux lions et orné d'une couronne de marquis. Cette porte ouvre sur un vestibule d'où part un escalier de pierre à balustres coupé de deux paliers. Le plafond de ce vestibule est soutenu par trois maîtresses poutres apparentes.

        Du vestibule on entre dans l'ancienne grande salle, mesurant sept mètres sur onze, aujourd'hui salon, qui possède une belle cheminée Henri IV (2 m. de large) et dont le plafond à poutrelles apparentes d'un joli effet est soutenu par quatre maîtresses poutres.

        Plusieurs autres pièces de cette habitation ont conservé leur caractère ancien.

        Des quatre pavillons flanquant le corps de logis trois subsistent encore, le quatrième, celui du Nord-Ouest, abattu sous la Révolution a été remplacé par une petite tourelle et un corps de bâtiment à terrasse néo-Louis XVI.

        Des douves qui entouraient jadis le château il ne reste que peu de chose à l'Est, en bordure de l'ancien parterre à la Française.

        Le 13 décembre 1598, étant au " château noble du Lau en Marsan.... Demoyselle Jehanne de Belcier, Dame de Doazit, Renung, Duhort, Sorbets, Bordes, Damoleys et autres seigneuries, veufve de feu Messire Jacques de Candale, en son vivant seigneur desdits lieux, " arrenta suivant la coutume d'Aire à Bernard Decapdeville, laboureur, la seigneurie de Sorbets et Bordes, maison, moulin, fiefs, rentes, droits, etc. pour six années, moyennant 150 écus sols par an, payables à Noël chaque année. (Arch. Gde. Série 2 E. Familles, dossier 211, Belcier.)

        Jeanne de Belcier épousa en secondes noces, le 23 février 1604 Jean François de Talassac, sgr. de Bahus, capitaine de la compagnie de Poyanne, veuf de Hiéronyme de Béon, (Abbé Légé : Les Castelnau-Tursan, tome II, pages 271 et 368) dont le fils Philibert devait épouser la même année sa propre fille Isabeau Quitterie de Candale.

        Elle acquit le 22 novembre 1604 quelques fiefs en Doazit du prébendier de la chapelle de Lalanne (Broca, notaire. cfr. Arch. Gde. C. 4. 181. pièce 243).

        De Jacques de Candale et Jeanne de Belcier naquirent neuf enfants dont plusieurs joignirent à diverses reprises le nom de Foix à celui de Candale dans des actes publics :

        1°) Bertrand Jacques de Candale de Foix, mort jeune.

        2°) Sarran de Candale de Foix, qui suit.

        3°) Jean Henry de Candale de Foix, prêtre du diocèse d'Aire, Prieur du doyenné Saint-Martin de Villandraut en Bazadais, en mars 1643, puis de Sanguinet, parrain le 26 août 1658 à Doazit. (Cfr. Arch. Gde. série G. reg. 750, fol. 156).

        4°) Pierre de Candale de Foix, auteur de la branche des barons du Lau, à Duhort-Bachen, qui sera l'objet d'une étude ultérieure.

        5°) Odette de Candale de Foix, femme de Jacques de Méritens, baron de Lago, fils de Raymond et de Marguerite de Navailles.

        6°) Diane de Candale de Foix, mariée à Jacques, baron de Loubie en Béarn.

        7°) Isabeau Quitterie de Candale de Foix, mariée le 9 août 1604 à Philibert Henri de Talassac, seigneur de Bahus en Chalosse, fils de Jean François et de Hieronyme de Béon. Philibert testa le 15 mai 1628 et laissa pour enfants : Henri, Bernard, Bertrand et Diane de Talassac, cette dernière mariée à Jean d'Audijos, écuyer, capitaine au régiment de Gramont, et mère du célèbre Bernard d'Audijos sur lequel le Colonel de Lobit a publié de savantes notes. (Bull. de la Société de Borda, 3e trim.. 1950). (Cfr. Abbé Légé, Op. cit.).

        8°) Léonarde de Candale de Foix, que l'Abbé Légé nomme Hilaire comme sa sœur cadette, et dont il mentionne l'alliance avec Joseph Ogal, sieur d'Aujalis, habitant de la ville d'Aire.

        9°) Hilaire de Candale de Foix, religieuse à Bompillon en Condomois, ordre de Saint-Benoit. Elle fit le 14 août 1650 une donation à Jeanne de Sarraute sa belle-sœur, femme de Pierre de Candale de Foix, baron du Lau.

 

        VIII°) Sarran de Candale de Foix, seigneur baron de Doazit, etc., marié par contrat retenu par Dupin, notaire royal, le 4 août 1606 à Denise d'Aussoles (alias d'Auzolles) fille du seigneur de la Motte et de Saintrailles, près de Saint-Sever-Cap de Gascogne.

        L'âge des seigneurs turbulents étant révolu, celui des procéduriers lui fit suite : " Ayant maltraité une partie des habitants [de la juridiction de Doazit] pour n'avoir voulu le reccognoistre comme leur seul seigneur de fiefs et n'avoir voulu permettre qu'il se fust emparé de leurs landes et padouens et des autres droits et attributions dont ils estoient en possession de jouir ", lesdits habitants représentés Par Jean de Montaugé, notaire royal, leur syndic, en portèrent leur plainte en justice et obtinrent gain de cause devant le Parlement de Toulouse par arrêt du 9 décembre 1625 qui fit défense à Sarran de Candale d'exiger des habitants " aucunes corvées, manœuvres ni autres droits seigneuriaux que ceux dont le sieur de Candale fera apparoir lui estre légitimement dus, par bons et valables titres, ... de les contraindre à aller moudre leurs blés en ses moulins, et le condamnant à remettre les chemins publics qui se, trouveront avoir été pris par luy et appropriés, ou vendus et aliénés, en l'état qu'ils étoient auparavant. " (Arch. Gde. C. 4. 181. Pièce 243 et Arch. Landes H. 28.)

        Un rôle des fiefs de la baronnie de Doazit dressé en 1615-1619 indique qu'elle comptait alors plus de cinq cents tenanciers. (Arch. Landes H. 24.)

        S'il fut quelque peu procédurier, on doit dire à la décharge de Sarran de Candale que lors des troubles de la Fronde " de tout son pouvoir, il épargna fort Doazit. " Délégué à Agen notamment, auprès du comte d'Harcourt qui venait en Chalosse avec des forces considérables, il obtint de lui qu'il ne viendrait point avec ses gens dans tout la ressort de St-Sever, moyennant une contribution de guerre de 45.000 livres. (Relation de Laborde Péboué, citée par le Chanoine Daugé : N.D. de Maylis, p. 34-35.)

        Par acte du 25 mai 1659, retenu par Maître de Vic, notaire à Doazit, Sarran de Candale donna à la communauté des Missionnaires de Notre-Dame de Maylis, à perpétuité en toute justice, un fief de trente journaux de terre situés dans la paroisse de Doazit dont dépendait alors Maylis.

        Le 21 septembre 1660 il assistait avec M. de Lataulade et le marquis de Poyanne, gouverneur de St-Sever et Dax, à la visite des Evêques d'Aire et de Dax au nouveau monastère crée par Hugues Dufaur à Maylis. (Daugé, op. cit. p. 55 et 59.)

        De son union avec Denise d'Aussoles naquirent :

        1°) Jean François de Candale de Foix, qui suit.

        2°) Bertrand de Candale de Foix, sieur de Larroque, qui fut parrain en l'église du Mus le 18 octobre 1648.

        3°) Jeanne de Candale de Foix, marraine à Doazit le 11 février 1648.

        4°) Henri de Candale de Foix, baptisé le 15 avril 1639, prêtre du diocèse d'Aire, Prieur Curé de Caupenne (Landes.) vivant en 1695. Il fut compris dans le jugement de l'année 1667 qui le maintint dans sa noblesse en même temps que son père Sarran de Candale de Foix.

        et 5°) Gilles de Candale de Foix qui fut parrain à Doazit le 15 novembre 1657.

        Sarran. de Candale laissa de plus un fils naturel de Jeanne Pilet : Jean de Candale, baptisé à St-Sever-Cap de Gascogne, le 23 juin 1634.

 

        IX°) - Messire Jean François de Candale, seig. baron de Doazit, (mort avant son père), marié le   164., à Louise de Vidart, de Tartas, née vers 1621, veuve en 1652, morte au château de Candale le 24 décembre 1689, âgée de 68 ans. Il en eut au moins six enfants :

        1°) Joseph Henry de Candale de Foix, qui suit.

        2°) Joseph Sarran de Candale de Foix, dit le chevalier de Doazit, capitaine d'infanterie en 1695, né au château de Candale le 24 avril 1652, baptisé en l'église du Mus le 25. Il eut pour parrain Sarran de Candale, son grand-père et pour marraine Françoise de Vidart.

        3°) Marie de Candale de Foix, mariée le 8 janvier 1674 à Pierre de Lartigue, seig. de Casautes en Chalosse, auquel elle apporta en dot la seigneurie de Sorbets, terre relevant en hommage du comte de Gondrin époux de Jeanne Marie Josèphe de Poyanne. Devenue veuve en 1692, elle obtint le 16 août 1695 du Bureau des Finances de Guienne la levée de la saisie féodale opérée par le fermier du Domaine du Roi sur sa terre de Sorbets. (Arch. Gde. C. 4107.) De son union était provenu un fils : Jean de Lartigue, baron de Sorbets, né à Clèdes, le 21 décembre 1679, marié en 1711 à Magdeleine du Cosso de Baure, dont postérité. (Abbé Légé. op. cit. t. II. p. 466.)

        4°) Françoise de Candale de Foix, née au château de Candale, le 24 octobre 1648.

        5°) Jeanne de Candale de Foix, née à Candale le 5 août 1650.

        et 6°) Isabeau de Candale de Foix qui fut marraine de son frère Joseph Henry de Candale le 10 novembre 1647 en l'église du Mus.

 

        X°) - Messire Joseph Henry de Candale de Foix, seigr. baron de Doazit né au château de Candale le 8 septembre 1647, ondoyé le 9 et baptisé en l'église St-Martin du Mus le 10 novembre 1647, ayant pour parrain Henry de Candale, Doyen de Villandraut, et pour marraine sa sœur Isabeau de Candale.

        Le 17 mars 1680 il soutenait un procès au Bureau des Finances de Guienne contre trois de ses tenanciers. (Arch. Gde. C. 3973, folio 2).

        Il donna procuration le 5 septembre 1684, à Toulouse, à Me René Dutault, maître es arts, pour rendre hommage à Louis XIV de la terre de Doazit (Jean Cousse, notaire.) Cet hommage fut rendu le 13 septembre de la même année à Bordeaux devant les Présidents Trésoriers de France (Arch. Gde. C. reg. 2335, fol. 50.)

        Sa veuve, Marie d'Essenault, tutrice de leurs enfants donna procuration le 7 novembre 1685, au château de Candale, devant Me Brocas, notaire, à Me Philippe Sarrauste, procureur d'office des juridictions d'Issan et Labarde, pour rendre l'hommage de Doazit au roi, ce qui fut fait le 16 novembre 1685 devant les Présidents Trésoriers de France en Guienne. (d°. C. 2335, fol. 134 et C. 4.777.)

        En conséquence de cet hommage, elle rendit le 19 février 1687 l'aveu et dénombrement de la " hore et seigneurie de Doazit... en toute justice, haute moyenne et basse... pour l'exercice de laquelle justice a ladite Dame dans le bourg dudit Doazit une maison avec une plasse à costé, dans le haut estage de laquelle est le parquet pour les audiences, dans le bas une prison et dans l'entre deux une halle ou par sa permission se tiennent les marchés et foires... "

        " Ladite Seigneurie confrontait du costé du levant aux hores de Saint-Girons, Hagetmau, Horsarrieu, du Mus, de nord à celles d'Audignon, Banos, Montaut, Saint-Aubin, Larbey, Poyaler, couchant à celles de Caupenne et de Marquebielle et du midy à celles de Saint-Cricq, Serrelous, Segarret et Arribans. " Cet acte mentionne de nombreux droits féodaux, particulièrement ceux de péage, de boucherie, etc. La seigneurie possédait quatre moulins pour les grains, trois à eau et un à vent, ce dernier se trouvait " situé à Doazit, au lieu ou estoit anciennement de château. " Un pigeonnier était placé à l'entrée du bourg de Doazit, un four à cuire la chaux et les tuiles était proche de Saint-Aubin. Outre la hore noble de Crabessac à Doazit, les métairies de Castets et du Camengé, de Sanguinet et des Landes de Massey, dépendaient du château des Candale. (Arch. Gde. C. 4. 181, pièce 251.)

        Certains de ces droits étaient contestés par les habitants de la juridiction de Doazit qui avaient fait rendre, le 16 février 1680, aveu et dénombrement au roi par Pierre Dulau, leur premier jurat, " pour raison des terres, landes, padouens, bois et autres terres et héritages " qu'ils " jouissaient noblement dans ladite juridiction de Doazit, en icelle, comprenant les parroisses d'Aulés et du Mus ", (Arch. Gde. d° pièce 243.) Ce conflit demeuré latent depuis Sarran de Candale et l'arrêt du Parlement de Toulouse du 9 décembre 1625, ne devait avoir son dénouement que le 29 août 1780 au Parlement de Bordeaux, ainsi qu'on le verra plus loin. (d° Arrêts du Parlement.)

        Messire Joseph Henry de Candale de Foix avait épousé le 5 février 1674, paroisse Saint-Didier de Cantenac (Gironde) Marie d'Essenault, Dame d'Issan en Médoc fille de Sarran, Conseiller du roi en ses Conseils, baron d'Issan, Labarde, Gajac et autres places, et de défunte Jacquette de Lauretan. Furent présents à cette cérémonie : Marie d'Essenault, tante de l'épouse, Pierre d'Essenault Conseiller à la Cour des Aides de Guienne, Simon Pierre de Boucaud, Conseiller au Parlement de Bordeaux. (d°. Reg. parois. de Cantenac.)

        Marie d'Essenault mourut au château de Candale le 29 mars 1729 et fut inhumée le 30 en l'église du Mus à Doazit.

        De ce mariage naquirent cinq fils :

        1°) Léon de Candale de Foix, qui suivra.

        2°) Messire Joseph Sarran de Candale de Foix né au château de Candale le 25 juin 1676, baptisé au Mus le 27, parrain : Joseph Sarran de Candale de Foix, capitaine au régiment d'Albret, marraine : Marie d'Essenault dame de Mouneing, remplacés à la cérémonie.

        Clerc tonsuré en 1724, Prêtre du diocèse d'Aire, Abbé de Doazit, il fut pourvu de la chapelle de Carnet, fondée en l'église Saint-Michel de Bordeaux et de celle de Thomas Rançon, fondée dans l'église St-Didier de Cantenac (Gde), et résigna ces deux bénéfices en 1741 en faveur de son neveu Messire Bernard Henry de Candale de Foix. (Arch. Gde. Roberdeau, notaire 22 nov. 1741.)

        Son frère Léon de Candale de Foix, patron laïque de la chapelle de Lestrade, le présenta en 1724 à l'évêque d'Aire pour être pourvu de cette chapelle vacante par le décès de Me Raymond de Cès. (d°. Roberdeau 11 février 1724.)

        Il testa à Doazit le 1er juin 1741 devant Me Brocas, notaire, et décéda le même jour.

        3°) Henry de Candale de Foix, né au château de Candale le 22 décembre 1678, baptisé au Mus le 24, parrain : Henry de Candale de Foix, docteur en Théologie, curé de Caupenne, marraine : Louise de Vidart.

        4°) Messire Joseph de Candale de Foix, chevalier, seigneur baron de Doazit et d'Issan, auquel le 24 avril 1740, sa belle-sœur, Marie Romaine de Lafaysse, donna procuration pour l'administration de la baronnie de Doazit. Le même jour il investit sa belle-sœur de ses pouvoirs pour celle d'Issan en Médoc. (Arch. Gde. Roberdeau 24 avril 1740.)

        et 5°) Pierre de Candale de Foix, né au château de Candale le 17 mars 1683, baptisé le 18 au Mus, parrain : Pierre d'Essenault, baron d'Issan, marraine : Françoise de Vidart.

        Un incident, provoqué par le seigneur de Doazit, et qui montre bien les mœurs de l'époque, mit en émoi la Chalosse, à l'entrée du XVIIIe siècle :

        " Dans le mois de juillet 1705, [Messire Antoine de Batz,] vicomte d'Aurice, Conseiller au Parlement de Guienne, ayant fait passer la terre de Doazit au décret, envoya une trentaine de sergents et recors pour s'en mettre en possession. M. le chevalier de Candale, dernier garçon de sa famille et encore jeune homme leur fist fermer les portes qu'ils n'osèrent pas forcer, et s'estans mis en chemin pour aller enlever la moisson dans quelque meterie du coté de Larbey, M. le chevalier de Candale monta à cheval en veste, prétextant une chasse, quoy qu'il eût les pistolets, et, aiant ramassé quelques peysants qu'il sçavoit résolus, il courut avec sa troupe après les sergents qui, se voyant poursuivis, se réfugièrent dans la basse-cour d'une métairie appelée au Basque, sur le bord du grand chemin de Larbey : ce fust là le champ de bataille. M. le chevalier menassa d'abord les sergens et leur demanda leurs armes qu'ils refusèrent de rendre, et firent tous la décharge sur luy. Il eut son cheval tué entre ses jambes et luy mesme fort blessé, si cruellement que ce fust un miracle, ou pour mieux dire une chose inespérée de le voir, deux ans après, entièrement remis, ayant eu son bras gauche massacré et ses cuisses rompues. Les peisants, à la veue de ce triste spectacle et voyant leur conducteur terrassé, firent leur décharge et en tuèrent cinq sur la place, et poursuivirent les autres par les taillis, champs et vignes, tuant ceux qu'ils pouvaient joindre, qu'ils jettoient dans les fossés. Ce qu'il y eut de positif c'est que cette troupe des sergens et des recorts se retirèrent chez eux, sans qu'on ait sceu ce qu'ils devinrent à la réserve de cinq qui restèrent sur le champ de bataille que la justice de Saint-Sever et celle de Doazit vinrent visiter successivement. Il est vray que, quelques jours après, les chiens du voisinage du Basque aportèrent des lambeaux de cadavre qu'ils trouvoient dans les fossés. Un des six contrefit le mort jusques à l'arrivée de la justice ; il fut traduit aux prisons de Doazit où il resta deux ans, puis on le laissa échaper. Cette action resta impunie et il ne s'en dit plus rien que si elle avoit esté entre des souverains. M. le chevalier de Candale s'en fut quelques années après au service et moureut de la fièvre, avec un transport au cerveau, à Henin. "

        Ce tragique événement fut consigné par écrit dans plusieurs familles de la région. Une note, trouvée dans les papiers Saint-Martin, assure que deux cadavres turent transportés par les bœufs du Teulé à Saint-Aubin, la maison du Bascou appartenant à cette paroisse, et deux autres à Maylis pour y recevoir la sépulture. les registres paroissiaux de Larbey ne mentionnent l'ensevelissement que d'une seule victime " en l'église de Maylis le 18 juillet 1705, avec consentement de Me. Bernard de Laborde, prêtre et curé de St-Aubin. " La victime " homicidée devant la maison appelée du Basque ", s'appelait " Pierre de Lafitte, dit de Planté, de la paroisse d'Audignon ". " La délivrance " du cadavre fut " faite par Me. Jean Darriet, juge de Doazit, dans la juridiction duquel le meurtre a été commis, et ce par la considération que ledit sieur de Laborde a pour les parents ( ?) dudit homicidé, et pour leur faciliter les voyes et moyens de faire prier Dieu pour ledit feu Lafitte ". Ainsi s'exprime M. Naury, curé de Larbey et Maylis, qui rédige de sa main et signe l'acte de sépulture. (Chronique de Laborde Péboué, citée par Daugé : N.D. de Maylis, pages 106-108.)

 

        XI°) - Messire Léon de Candale de Foix, seig. baron de Doazit et d'Issan, seig. de Cantenac et Labarde en Médoc, dit " post mortem " le Marquis de Candale, né au château de Candale le 19 novembre 1674, baptisé au Mus le 2 février 1675, parrain : Léon de Lalanne, Abbé de Saint-Ferme en Bazadais, marraine : Louise de Vidart.

        Patron laïque de la chapelle de Lestrade, au diocèse d'Aire, et des six prébendes de la Fargue, fondées en la chapelle Notre-Dame du bourg de Doazit, il présenta le 18 septembre 1716 à l'évêque d'Aire la personne de Me. Arnaud Diris, prêtre, vicaire de la paroisse de Doazit, pour être pourvu de la prébende vacante par le décès de Me. Laborde, prêtre, curé de Benquet (Landes). (Arch. Gde. Roberdeau, 18 septembre 1716.)

        Au même titre, il présenta à l'évêque d'Aire Me. Jacques Lavardens, prêtre, bénéficier du chapitre de la Roumieu (Gers), pour être pourvu de celle devenue vacante en la chapelle Notre-Dame du Bourg de Doazit par la démission de Me. Jean Desbats. (d°. Roberdeau, 27 décembre 1723.)

        Le 11 février 1724 il présenta toujours en la même qualité son frère Joseph de Candale de Foix pour être pourvu de la chapelle de Lestrade, fondée en l'église de Larbey, vacante par le décès de M. Raymond de Cès (d° Roberdeau). Enfin le 7 Mai 1728, il consentit à ce que Me François Brocas, clerc tonsuré du diocèse d'Aire, permutât un bénéfice qui était à sa nomination (Arch. Gde. Domaines, reg. B. 75. fol. I34).

        Léon de Candale possédait une maison à St-Sever-Cap-de-Gascogne, vraisemblablement du chef de sa femme. Cet immeuble était loué en 1711-12 au Sénéchal de cette ville, moyennant 200 livres par an (d° C. 4049 et 50).

        Il figure sur les rôles de la Capitation de la noblesse de la Sénéchaussée de St-Sever, en 1711-13, pour une imposition assez modérée de 50 livres, sa mère et son frère cadet étant taxés à 20 livres et leurs quatre domestiques à 6 livres par an (d° C. 2705-2708).

        Louis XIV lui accorda l'office de Conseiller Maire de Doazit dont Jean Dariet s'était démis en sa faveur. Les provisions de cet office assez modeste qui ne comportait que 17 livres, 4 sols, de gages par an, mais accordait en revanche quelques privilèges et exemptions, furent signées à Versailles le 23 janvier 1701. Il prêta serment en cette qualité au Sénéchal de St-Sever le 23 février suivant (d° C. reg. 3854, fol. 49 vo et 350).

        Léon de Candale fut nommé plus tard premier jurat de la ville de Bordeaux pour la noblesse, en août 1724.

        Le 6 mars 1719, il adressa un acte en qualité de donataire de sa mère, Marie d'Essenault, à Dame Pétronille de Largeteau, sa tante, veuve de Messire François Sarran d'Essenault, décédé alors depuis plus de quatre ans, lui déclarant que les deux tiers de la baronnie d'Issan lui revenant en héritage par droit coutumier, elle en détenait les papiers et titres conservés au château d'Issan, offrant à Madame d'Essenault de les lui laisser consulter après l'inventaire qui allait être dressé par Copmartin, notaire à Margaux (d° Roberdeau, notaire).

        Le 28 mars 1729, au même titre et comme fondé de procuration de sa mère, il procéda au partage de la terre d'Issan avec Messire Charles Guillaume d'Alesme, seigr. Abbé de Trémolat, Principal du Collège de Guienne, curateur réel de Messire Léonard Antoine d'Essenault, seigr. baron de Cadillac, coseigr. d'Issan, en qualité d'héritier testamentaire,de Pétronille de Largeteau, veuve de François Sarran d'Essenault, elle-même héritière du tiers desdits biens coutumiers, et avec Dame Anne Magdeleine d'Alesme, veuve de Messire Antoine d'Essenault, seigr. baron de Cadillac, mère dudit Antoine d'Essenault, mineur. Par cet acte, les deux tiers de la baronnie d'Issan furent reconnus appartenir à Mme de Candale de Foix et l'autre tiers à Antoine d'Essenault. (Arch. Gde. Garde-Note. E. 11940-42. Treyssac, notaire).

        Le 14 septembre 1722, Pétronille de Largeteau, veuve de M. d'Essenault, faisant son testament avait légué " à Monsieur d'Essenault, fils unique mâle de feu M. d'Essenault, baron de Cadillac, ancien Lieutenant de Maire de Bordeaux, le tiers de la terre et baronnie d'Issan... à condition qu'il épousera la fille aînée de Mr. de Candale, baron de Doazit, et que ledit sieur de Candale, approuvant le mariage, dote sa fille de la somme de 40.000 livres pour le moins, sans quoi ledit sieur d'Essenault sera libre de se marier ailleurs ". Cette clause testamentaire ne fut pas suivie d'effet. (Arch. Munic. de Bordx. Fonds Léo Drouyn, t. XXV, fol. 314).

        Mme d'Essenault constituait par le même acte à perpétuité une rente de cent livres payable chaque année à une jeune fille pauvre de l'âge de quatorze ans au moins, née dans chacune des paroisses de Cantenac, Labarde et avoisinantes, au nombre de douze, rente qui fut payée jusqu'en 1791. Le nom des bénéficiaires à Labarde de cette libéralité figure aux registres paroissiaux de cette localité.

        Le château d'Issan, demeuré la propriété des Candale, avait remplacé au XVIIe siècle l'ancienne " Motte de Cantenac ", possession des Meyrac, seigneurs de Théobon, puis des Ségur. Construit par les d'Essenault au nord de la commune de Cantenac, au pied d'une croupe et à l'entrée des palus riveraines, il formait un vaste rectangle élevé de plusieurs étages, flanqué de pavillons, couronné, de terrasses et entouré de douves, formant un carré parfait, avec une entrée fortifiée et des tourelles à tous les angles. C'était une des belles habitations girondines du XVIIe siècle ; il possédait de belles cheminées à l'instar des châteaux de Roquetaillade et de Cadillac et Biarnés, dans " Les Vins du Médoc ", lui a consacré ces rimes redondantes :

                        " Cet antique manoir dont les tours contiguës,
                        Elèvent fièrement leurs sept flèches aiguës,
                        Dont la masse ardoisée au pied de ce coteau
                        Comme un sombre géant domine le plateau.
                        C'est le château d'Issan..... "

        L'édifice a été remanié et restauré plusieurs fois depuis sa construction ; une partie est restée intacte. Cette dernière se compose de deux corps de logis formant deux façades en équerre, flanquées de gros pavillons : dans celle du nord s'ouvre la porte principale ornée de colonnettes finement sculptées et surmontée de sa vieille devise vinicole : " REGUM MENSIS ARISQUE DEORUM ". (Pour la table des rois et l'autel des Dieux).

        La chapelle, qui était dans un pavillon, comme à Candale, n'existe plus, et la salle des gardes qui est très vaste et dans laquelle subsiste une immense cheminée richement sculptée est en mauvais état, ainsi d'ailleurs que le château habité seulement en partie depuis le XIXe siècle, et où l'occupation de 1940-44 n'a pas apporté d'améliorations, bien au contraire.

        Messire Léon de Candale décéda à Bordeaux, rue du Chapeau-Rouge, paroisse Notre-Dame de Puy-Paulin, le 30 novembre 1739. L'inventaire des biens d'Issan fut dressé à la requête de sa veuve du 8 au 11 février 1740 par Lalanne, notaire en Guienne. (Arch. Gde. 2. E. Familles, dossier 1234). Celui des biens de Bordeaux fut fait par Me Roberdeau, du 23 février au 17 mars 1740. Ces deux actes font état d'un mobilier important, d'une belle vaisselle plate, mais n'énumèrent que quelques papiers de famille.

        Léon de Candale de Foix avait passé contrat de mariage le 23 avril 1710, à St-Sever, avec sa cousine Marie Romaine de Lafaysse, habitante de cette ville, fille de Pierre de Lafaysse et de Marie Thérèse de Candale du Lau, cette dernière veuve en premières noces de Messire Charles Joseph du Haget, Lieutenant de MM. les Maréchaux de France, relicte dudit Pierre de Lafaysse. Marie Romaine était assistée à la signature de cet acte par son curateur Messire Bernard de Candale, chev. seigr. du Lau, son oncle maternel. Ce contrat reçu par Me Dubosc fut déposé au rang des minutes de Me Barberet, notaire à Bordeaux, le 28 juillet 1724. (Contrôlé et insinué à St-Sever le 18 juillet 1724). La bénédiction nuptiale leur fut donnée à St-Sever le 10 mai 1710.

        Il a été dit par erreur (Bull. Sté de Borda, 1935, p. 78), que les baronnies de Doazit et du Lau, séparées au début du XVIIe siècle, fusionnèrent par ce mariage. Rien n'est moins vrai. Les deux branches de la famille de Candale s'allièrent alors entre elles mais chacune conserva ses domaines respectifs, le Lau étant demeuré jusqu'à ce jour dans la descendance de Pierre de Candale.

        Devenue veuve, Marie Romaine de Lafaysse donna procuration le 24 avril 1740 à son beau-frère, Messire Joseph de Candale de Foix, pour l'administration de la baronnie de Doazit et reçut le même jour les pouvoirs de ce dernier pour celle d'Issan.

        Elle donna le 18 avril 1742 procuration à Bernard Dupuy, escolier de Doazit, pour rendre foi et hommage au roi devant les Présidents Trésoriers de France en la généralité d'Auch pour la terre de Doazit (d° Roberdeau).

        Madame de Candale transigea le 14 juin 1742 avec sa fille, Marie-Thérèse de Candale, épouse de Messire Charles Léonard de Lataulade, au sujet des droits légitimaires de cette dernière dans la succession de son père Léon de Candale de Foix (d° Roberdeau).

        Elle présenta à Mgr. l'Evêque de Dax, le 6 juillet 1743, Me Joseph Pierre de Lartigue, clerc tonsuré du diocèse de Lescar, pour être pourvu de la chapelle de Candale ou du Castel, fondée dans l'église paroissiale St-Martin de Caupenne, au diocèse de Dax, vacante par la démission de son fils, Messire Bernard Henry de Candale de Foix, clerc tonsuré du diocèse de Bordeaux (d° Roberdeau.)

        Comme patronne laïque des six prébendes ou chapellenies fondées par Me André de Lafargue dans la chapelle Notre-Dame du bourg de Doazit, dont l'une était sans titulaire par le décès de Me Laloubère, prêtre, elle présenta à l'Evêque d'Aire Me Antonin Dussault vicaire de Bahus Soubireau, pour y être nommé (d° 29 juillet l744).

        Elle nomma le 3 mai 1743 son neveu, Messire Jean Paul de Candale de Foix du Lau, clerc tonsuré du diocèse d'Aire, alors au Collège de Toulouse, pour être reçu dans le bénéfice de la chapelle de Lestrade, fondée en l'église paroissiale St-Jean de Larbey, dans celui de la chapelle de Jean Dedieu ou de la Bastuque, fondée en celle d'Aulés, et dans celui de la chapelle de la Borde ou Lestourain, fondée en l'église paroissiale St-Martin d'Horsarrieu, vacantes par la démission de son fils Messire Bernard Henry de Candale, clerc tonsuré du diocèse de Bordeaux (d° Roberdeau).

        Madame de Candale vendit les 29 mars 1752 et 19 juin 1752 diverses pièces de bois taillis à Cantenac (Gde) à Messire Jean Collingwood, écuyer, Conseiller Secrétaire du Roi Maison et Couronne de France, contrôleur en la chancellerie près la Cour des Aides de Guienne (d° Guy, notaire à Bx).

        Le 12 février 1754 elle reconnut devoir à Bernard, son fils aîné, la somme de 20.000 livres provenant de la dot de Marie Romaine Françoise de Charrite son épouse, à elle prêtée sans intérêt durant sa vie (d° Roberdeau).

        Le 22 juillet 1769 décéda " dans son château d'Issan, Dame Marie Romaine de La Faysse, veuve de Messire Léon de Foix, Marquis de Candale, seigneur baron de Doazit, Issan, Cantenac et Labarde, âgée de soixante-quatre ans... son corps fut enterré dans l'église Saint-Didier, sous son banc, en présence de MM. Pierre Véron, curé de Labarde, Jean Vincent Métivier, vicaire de Margaux, Pierre Véron, vicaire de Cantenac, Denis Legras sieur d'Angludet, clerc tonsuré du diocèse de Bordeaux ". (Reg. parois. de Cantenac).

        De Léon de Candale de Foix et de Marie Romaine de La Faysse naquirent six enfants, dont quatre furent inscrits aux registres des baptêmes de la paroisse Saint-André de Bordeaux sous le seul nom de Candale :

        1°) Marie-Thérèse de Candale de Foix, née au château de Candale le 22 août 1712, baptisée au Mus le 23, parrain : Sarran d'Essenault, marquis de Castelnau, marraine : Marie-Thérèse de Candale de Foix. Elle épousa à Doazit le 21 septembre 1740 Messire Charles Léonard de Lataulade, écuyer, seigr. du Laas et de Bergoüen, chevalier de St-Louis, capitaine commandant des Grenadiers au régiment de Navarre. (Leur contrat fut reçu la veille par Me Desest).

        Le 14 juin 1742 elle transigea avec sa mère, tutrice de ses frères, au sujet des successions de son père Léon de Candale et de son oncle Messire Joseph de Candale de Foix, Abbé de Doazit (d° Roberdeau).

        De ce mariage provint un fils :

        Messire Bernard de Lataulade, écuyer, seigr. du Laas, Enseigne au régiment des Gardes Françaises, marié à Pau le 18 février 1766 à Marie de Blair, fille de Jacques, Conseiller au Parlement de Navarre et de Marie Françoise Marguerite de Barrère, dont postérité.

        2°) Bernard de Candale de Foix, qui suit.

        3°) Joseph de Candale de Foix, appelé le chevalier de Candale, né à Bordeaux, paroisse St-Projet, le 13 octobre 1721, baptisé le 14 en l'église St-André, parrain : Messire Joseph de Candale, son oncle, marraine Demoiselle Thérèse du Haget, remplacés à la cérémonie.

        Elève du Collège Duplessis de Paris en 1739, officier d'infanterie, chevalier de St-Louis, il était Major en 1775-76 du Prat-de-Mollo, en Roussillon, dont M. de Marcheville était commandant (Arch. Gde. Cl. Laville, notaire, 15 mai 1775), et commandait le fort de la Garde en Roussillon en 1780 (d° Duprat, notaire, 12 janv. 1780). Qualifié ancien capitaine au régiment de Bourbonnais et demeurant à Bordeaux, rue de la Taupe, faubourg St-Seurin, en 1786, il donna procuration pour toucher sa pension militaire de 800 livres par an (d° Duprat, 10 avril 1786).

        4°) Bernard Henri de Candale de Foix, né le 28 décembre 1722, paroisse Ste-Eulalie de Bordeaux, baptisé le 30 en l'église St-André, parrain : Bernard Henri du Haget, " capitaine au régiment du Prince Lambesc-Cavalerie ", remplacé par Bernard de Candale frère du baptisé, marraine : " Dame Marguerite de Saint-Martin, épouse de M. le baron du Lau Candale ", remplacés.

        Il reçut le 15 décembre 1740 un Dimissoire (lettre pour la tonsure) de Mgr. de Maniban, Archevêque de Bordeaux (Arch. Gde, série G. reg. 914, fol. 78).

        Le 22 novembre 1741, M. Me Jean Charles Brunaud, prêtre, docteur en Théologie, vicaire de Margaux, prit possession au nom de Messire Bernard Henri de Candale de Foix, clerc tonsuré du diocèse de Bordeaux, demeurant au Collège Duplessis, rue St-Jacques, paroisse St-Etienne du Mont à Paris, de la chapelle de Carnet, fondée en l'église St-Michel de Bordeaux, et de celle de Thomas Rançon, fondée en celle de St-Didier de Cantenac, dont il avait été pourvu en cour de Rome sur résignation faite en sa faveur par son oncle Messire Joseph de Candale de Foix, Abbé de Doazit (Arch. Gde. Roberdeau).

        Bernard Henri fut également pourvu des chapelles de Lestrade, fondée. en l'église paroissiale St-Jean de Larbey, de Jean Dedieu ou de la Bastuque, en l'église paroissiale de St-Jean d'Aulés, de La Borde ou Lestourain, fondée dans l'église St-Martin d'Horsarrieu et de celle de Candale ou du Castel, fondée en l'église St-Martin de Caupenne, dont la nomination à l'Evêque d'Aire appartenait alors à sa mère Marie Romaine de La Faysse en qualité de veuve de Léon de Candale de Foix. Il se démit de ces derniers bénéfices le 9 avril 1743, devant Me Desmezures, notaire à Paris (d° Roberdeau), et rentra dans le monde n'ayant reçu que la tonsure et non la prêtrise.

        Bernard Henri de Candale mourut au château d'Issan, le 21 novembre 1750, âgé d'environ vingt-huit ans, ayant reçu tous les sacrements. Il fut inhumé le jour suivant dans l'église St-Didier de Cantenac, " en présence de Messieurs Mandavy, curé de Labarde, Brunaud, prieur de Margaux, Frère Marc, Récolet, et Copmartin, vicaire de Cantenac, officiant. " (Reg. parois. Cantenac).

        5°) François Henry de Candale de Foix, dit de Foix Candale, appelé le chevalier de Cantenac (La Chesnaye le titrera même Marquis de Cantenac !), seigneur de Pedepeyran, capitaine aux troupes Gramontoises, né le 10 mai 1724 à Bordeaux, paroisse Sainte-Eulalie, fut tenu le 12 sur les fonts du baptême en l'église St-André, tel Montaigne et le Président de Montesquieu, par deux pauvres : Henry Monereau et Marie Alabert.

        Sa mère, Marie Romaine de Lafaysse, donna le 6 mai 1755 son consentement à son mariage avec Jeanne Marie Darbo de Pedepeyran, de Mugron, fille de Joseph, écuyer, et de Thérèse Donay (Arch. Gde. Roberdeau). La bénédiction leur fut donnée à Mugron le 13 janvier 1756. Aucune pompe ne semble avoir entouré la célébration de cette union. On relève parmi les signatures de l'acte celles de Messire Léonard de Lataulade, beau-frère de l'époux, commandant de bataillon de la Milice de St-Sever, de Messire Bernard du Haget, Lieutenant de Nos Seigneurs les Maréchaux de France, son cousin, de Bernard de Foix Candale, son frère aîné, et du côté de la mariée celles de Bernard de Poyusan, ancien maire de Mugron, et d'Etienne Campet, bourgeois de cette localité.

        Son frère Bernard procéda pour lui le 15 mai 1775, lors de l'acte de licitation, passé avec M. Lecomte de La Tresne et la famille d'Aux (d° Clément Laville, notaire).

        En raison du droit d'aînesse, François Henry de Foix Candale ne semble avoir joui que d'un patrimoine assez modeste. En 1777, il adressait une demande à l'Intendant de Guienne afin d'être autorisé à solliciter un prêt de 4.000 livres pour deux ans, " afin de pouvoir nourrir sa famille et celles des journaliers indigents qu'il emploie à la culture de ses biens... Le défaut de récoltes durant trois ans et l'épizootie l'ont mis hors d'état d'y satisfaire. " Il souscrivit une obligation de805 livres au profit de Jean Dary, de Mugron, sa première demande n'ayant pas été accordée (Arch. Landes, E. 21.) (Arch. Gde. C. 101).

        François Henry mourut à Mugron le 29 juillet 1779, âgé de cinquante cinq ans, son acte de décès porte cette curieuse mention : " ...par les raisons que le sieur Jean Lafaurie, chirurgien-juré, soussigné, nous a apporté, ledit François Henry de Candale, habitant cette ville, a été in humé dans le cimetière de la paroisse, la vingt-unième heure après son décès. "

        Comme les membres des autres familles nobles, " la citoyenne Darbo veuve Candale ", remit le 27 octobre 1793 à la municipalité de Mugron tous les titres qu'elle possédait concernant la seigneurie de Pédepeyran. Ces titres nobiliaires furent brûlés. (Arch. com. de Mugron, liasse 10).

        L'émigration de son fils eut pour elle et ses filles de fâcheuses conséquences. Le 17 septembre 1792, le corps municipal de Mugron assemblé examinait la pétition qu'elle lui avait adressée en vue de sauvegarder ses biens d'une saisie éventuelle, mais le Procureur de la commune conclut à l'incompétence de l'administration locale et renvoya sa demande à celle du district " pour avoir les éclaircissements nécessaires de la juste interprétation de la loy contre les émigrés. "

        En octobre 1793 la séquestration de ses biens semble n'avoir pas encore été opérée, mais le 6 février 1794 c'était chose faite. Sa fille Marie Anne écrivait en effet à cette date : " Me voilà quitte avec la Loi ! Maman ne possède plus rien et moi je me trouve débarrassée d'un grand poids. " (Bull. Sté Borda, 1935, p. 77-87).

        Bien plus, les Représentants du peuple en mission, Pinet et Cavaignac, alertés par la teneur d'une lettre datée de Samadet du 1er mars 1794, signée Dumartin, huissier, et adressée à M. l'Abbé Juncarot, à la frontière espagnole, crurent que la Chalosse était à la veille d'un soulèvement semblable à celui de la Vendée.

        Le 20 mars tout le pays est occupé militairement ; la " Commission Extraordinaire " chargée de juger les suspects s'est transportée de Bayonne à Montadour, ci-devant St-Sever. Le 24 mars, la guillotine est dressée sur la place de la Liberté à Montadour où les têtes commencent à tomber. Des villages et des châteaux on traîne aux prisons de Montadour des nobles de tous âges, des femmes, des enfants qui croient tous à une mort certaine. (Arch. de St-Sever. Abbé Légé, op. cit. t. I, p. P. 262 et suiv.).

        Un mandat de réclusion fut lancé contre les demoiselles de Candale et leur mère qui, avec d'autres habitants de Mugron, furent incarcérées à Montadour. (Meyranx. Monographie de Mugron, p. 184).

        La lettre de Samadet était, paraît-il, une mystification. Cependant, 19 personnes avaient déjà été guillotinées à Montadour lorsque la " Commision Extraordinaire " partit pour Dax, laissant dans des angoisses cruelles les autres prisonniers de Montadour à qui l'on avait fait croire que le bourreau allait revenir.

        Revenue à Mugron en novembre 1794, Madame de Candale obtint le mois suivant une mesure favorable levant provisoirement le séquestre mis sur ses propres biens : " Le 22 frimaire de l'An III (12 décembre 1794)... le Corps municipal de Mugron étant en permanence, un membre a fait lecture de la Pétition de la citoyenne Jeanne Darbo veuve Candale au citoyen Monestier (de la Lozère), Représentant du Peuple dans les départements des Landes, Hautes et Basses-Pyrénées, tendant à la levée du séquestre mis sur ses propres biens, etc. Ensemble de l'arrêté dudit citoyen Représentant portant renvoy à la délibération et avis de la Municipalité etc. Daté de Pau, le 11 du présent mois de frimaire.

        Le Corps municipal après avoir délibéré, " considérant que le citoyen Candale, mari de la pétitionnaire est décédé le 29 juillet 1779 (vieux style) ; qu'à son décès il laissa la pétitionnaire sa veuve avec trois enfants dont un garçon et deux filles en bas âge ; que la pétitionnaire administra leurs trois enfants et biens jusqu'en l'année 1782, que les parents s'étant alors aperçu soit de sa simplicité et soit de son incapacité pour ladite administration, ils se virent soit pour ses intérêts et soit pour ceux des mineurs, forcés de se convoquer pour pourvoir l'un d'entre eux à l'administration des biens et de la famille. "

        Considérant que les biens de ladite Jeanne Darbo consistant en cinq métairies et la maison qu'elle habite sont d'un modique revenu et affectés de plusieurs dettes.

        Arrête, ouï l'Agent National, que les faits exposés dans la dite pétition et cy dessus narrés demeurent attestés, et qu'il est d'avis de la levée du séquestre mis sur les propres biens de la dite citoyenne Jeanne Darbo et qu'elle en jouisse provisoirement. Extrait de la présente lui sera à cet effet délivré... "

        Madame de Candale ne profita pas longtemps de cette mainlevée du séquestre. Le percepteur des deniers publics afferma bientôt ses terres de Pédepeyran, du Bousquet, de la Croust et de l'Eyrole pour la somme de 1.660 livres par an. (Meyranx, op. cit. p. 214).

        Ses filles établies, l'une à Lahosse et l'autre à St-Pandelon, Jeanne Darbo demeura seule à Mugron où elle mourut le 21 Vendémiaire An XI (13 octobre 1802) à l'âge de 72 ans.

        Le contraste est saisissant entre la rédaction de l'acte de mariage de 1756 et le laconique acte de décès de 1802. Il n'y a plus de particules ; il n'y a plus de Pédepeyran, ni aucun titre. L'acte du 21 vendémiaire An XI porte simplement que Jeanne Darbo veuve Candale, ayant la profession de cultivatrice, est décédée dans sa maison de Mugron, fille de feu Joseph Darbo et de feue Thérèse Dauney.

        L'ancien cimetière de Mugron qui entourait l'église fut désaffecté en 1813. On aménagea un nouveau local en dehors de l'agglomération sur une partie du terrain communal appelé " La Lande ". Ceci explique pourquoi on ne trouve pas de sépulture Darbo-Candale dans le cimetière actuel.

        Du mariage de François Henry de Foix Candale et de Jeanne Darbo de Pedepeyran naquirent huit enfants dont trois seulement survécurent à leur père :

        A) Marie Catherine Sylvie de Candale de Foix, née à Mugron le 25 novembre 1756, décédée à Mugron le 15 mai 1783, âgée de 27 ans.

        B) Marie Anne Emilie de Candale de Foix, née à Mugron le 30 octobre 1758, mariée à Mugron le 3e jour complémentaire de l'An V (19 septembre 1797) à Jean-Jacques Ducros, propriétaire cultivateur à St-Pandelon (canton de Dax), né à Saubusse (Landes) le 28 avril 1738.

        Elle avait obtenu en l'an III le certificat de résidence suivant, donnant son signalement : " Nous officiers municipaux de la commune de Mugron, sur l'attestation de... certifions que la citoyenne Marie Anne Candale, domiciliée dans la présente commune, s'est présentée aujourd'hui devant Nous... la dite citoyenne Marie Anne Candale, âgée de 34 ans, taille quatre pieds, huit pouces, cheveux et sourcils châtain clair, front relevé, yeux gris, nez allongé, bouche moyenne, menton rond, visage ovale.

        Fait dans la maison commune de Mugron le 28 brumaire An III de la République... "

        Le Bulletin de la Société de Borda (année 1935, p.p. 77-87) a publié naguère quatre lettres intéressantes de Marie Anne de Candale.

        C) Jeanne Sophie de Candale de Foix, née à Mugron le 31 janvier 1761. Elle eut pour parrain : Bernard Darbo de Pédepeyran, Lieutenant au régiment de Provence, et pour marraine : Jeanne de Vicq Duverger.

        Le nom de Mlle de Candale est lié à un tel point à celui du Conventionnel Arnaud Dartigoeyte que certains ont cru, de très bonne foi, pouvoir avancer qu'elle avait épousé ce dernier vers septembre-octobre 1795, sans doute à Paris. Il ne semble pas cependant qu'en cette période troublée une sanction civile ou religieuse soit venue confirmer l'union de leurs cœurs. Son cadet de deux. ans, Pierre Arnaud Dartigoeyte, né à Mugron le 12 mars 1763 était fils d'Arnaud, notaire royal, et de Marie Lanefranque. Lors de son baptême il avait eu pour parrain Pierre Lanefranque, avocat au Parlement et Juge de Mugron, et pour marraine Dlle Françoise Dartigoeyte. Sa vie publique fournirait la matière d'un livre. (Cfr. Cabannes : Galerie des Landais). Seuls ses rapports avec Jeanne Sophie de Candale nous intéressent. " D'une figure peu agréable, dit l'Abbé Légé dans son étude sur " Le diocèse d'Aire et de Dax sous la Révolution ", (t. I, p. 193), mais beau diseur, Dartigoeyte parlait gras, avec une douceur infinie. Il sut plaire de bonne heure dans les salons de sa ville natale, à ce point qu'il reçut de Sophie de Foix de Candale une promesse que le temps et les événements ne purent jamais ni détruire ni affaiblir.

        Dartigoeyte " aurait régularisé sa situation avec Sophie de Candale à. Paris ". A l'appui de ces dires, Meyranx (op. cit. p. 228) cite un manuscrit laissé par Batistant, juge de paix de Mugron :

        " Quand Dartigoeyte fut mis hors la loi, écrit ce magistrat, Mlle de Foix de Candale partit pour Paris accompagnée de M. Darbo, pour aller épouser son ami. Belle personne et douce, d'excellentes qualités. C'est par suite des liens d'amitié de jeunesse qu'ils s'épousèrent ; l'un et l'autre étaient de Mugron et voisins d'habitation. " Cependant aucune mention de leur mariage ne figure à l'Etat-civil de Mugron, bien plus lors de leur décès à Lahosse aucune mention n'est portée dans les actes permettant de conclure affirmativement à l'hypothèse de leur mariage qui ne fut vraisemblablement jamais célébré.

        En mai 1793, Dartigoeyte écrivait à son père : " je déclare que je veux me marier suivant la loi, c'est-à-dire passer un contrat purement civil. Du reste comme l'opinion religieuse est libre, je ne blâme celle de personne ; que chacun se marie comme il l'entend ; qu'il aille à la messe ou qu'il n'y aille pas ; qu'il soit protestant ou juif, peu m'importe, je regarde ses actions. " (Meyranx, op. cit. p. 293). Mlle de Candale insista-t-elle sans succès pour recevoir la bénédiction d'un prêtre non assermenté et préféra-t-elle une situation fausse à l'acceptation, coupable pour une chrétienne, d'un mariage purement civil ?

        Il n'est pas certain que ce soit Sophie de Candale qui tint à Mugron en 1794 le rôle de la Déesse Raison, lors des fêtes révolutionnaires. Sa liaison n'était sans doute pas un secret dans sa ville natale mais elle ne parut pas s'afficher dans l'intérêt même de Dartigoeyte qui n'ignorait pas que ses relations avec la famille d'un émigré étaient surveillées. D'autre part, il est évident que les deux sœurs avaient le plus grand intérêt à figurer dans les fêtes révolutionnaires si bien que le Corps municipal a pu alors déclarer qu'elles ont " démontré un attachement constant pour la Révolution ".

        On ne saurait passer sous silence que les deux sœurs ont, par leur entremise, sauvé les têtes de nombreux nobles landais menacés.

        Le 28 brumaire An III (19 novembre 1794) Jeanne Sophie avait obtenu un certificat de résidence qui nous donne son signalement : " Nous, officiers municipaux de la Commune de Mugron certifions que la citoyenne Jeanne Candale, domiciliée dans la présente commune, s'est présentée aujourd'huy devant Nous, qu'elle a résidé en France depuis de 9 may 1792 jusqu'à présent sans interruption, qu'elle n'a point émigré et qu'elle n'est point détenue pour cause de suspicion ou de contre-révolution, certifions en outre que ladite citoyenne Jeanne Candale n'a pas été imposée sur le Rolle de, la Contribution mobilière, n'ayant pas de propriété. La dite citoyenne Jeanne Candale, âgée de 32 ans, taille de quatre pieds, sept pouces, cheveux et sourcils châtains, les yeux idem, front ouvert, nez acquilin, bouche petite, menton pointu, visage rond. "

        Après l'amnistie du 4 brumaire An IV (27 octobre 1795), le couple vécut plus de seize ans à Lahosse (Landes) où aucun enfant Dartigoeyte ne fut enregistré.

        L'ancien Conventionnel mourut le 25 novembre 1812 âgé de 49 ans, d'une attaque d'apoplexie, dans l'ancien presbytère de Lahosse qu'il avait acheté lors de la vente des Biens Nationaux. Quelle que soit l'opinion que l'on professe à l'égard de ce jacobin rentré dans la vie privée à l'expiration de son mandat, on doit du moins lui reconnaître le mérite assez rare de ne pas être mort sous la livrée d'un courtisan de l'Empire comme nombre de ses anciens collègues.

        Jeanne Sophie mourut le 12 août 1827 à Lahosse également. Au porche de l'ancienne église de Lahosse on lisait sur une pierre ces simples mots : " Ci-gît Jeanne Sophie de Foix de Candale. décédée le 12 août 1827, à l'âge de 66 ans. L'église et les pauvres de Lahosse béniront à jamais sa mémoire. " Une nouvelle église fut édifiée sur un autre emplacement en 1928 et la pierre tombale est restée dans le cimetière.

        D) Jean Bernard de Candale de Foix, né à Mugron le 12 avril 1762.

        E) Bernard de Candale de Foix, né à Mugron le 30 juin 1764.

        F) Marie de Candale de Foix, née en 1766, décédée à Mugron le 29 septembre 1769, âgée de trois ans, et inhumée dans l'église de Nerbis.

        G) Thérèse de Candale de Foix, née à Mugron le 19 février 1767, décédée avant 1779 époque de la mort de son père (cfr. Mugron, Délibérations municip. 22 frimaire An III).

        H) Bernard Joseph de Candale de Foix, né à Mugron le 1er decembre 1770. - Je n'ai pu retrouver quel est celui des trois fils de François Henry de Candale qui ayant seul survécu à son père rallia les rangs de l'Emigration dont il semble bien n'être jamais revenu, et qui figure sans indication de prénom sur la Liste Générale des Emigrés. Le 2 septembre 1792, le Corps municipal de Mugron, sans plus de précision, déclarait qu'il y avait lieu d'examiner s'il n'était pas convenable de séquestrer les biens du Sieur Candale qui a disparu depuis le 22 mai dernier sous prétexte d'aller à Metz " (Les renseignements concernant le rameau des Candale fixé à Mugron m'ont très obligeamment été communiqués par Mademoiselle Geneviève Lassale et M. Pierre Lassale, propriétaire actuel de Pédepeyran, auxquels j'exprime ici toute ma reconnaissance).

        6°) Léon de Candale de Foix, sixième enfant de Léon et de Marie Romaine de Lafaysse, né à Bordeaux, paroisse Ste-Eulalie, le 21 janvier 1726, baptisé en l'église St-André le 22, parrain : Messire Léon de Candale son cousin, capitaine au régiment d'infanterie du Maine, marraine : Dlle Marie-Thérèse de Candale, sa sœur. Cet enfant décéda paroisse Ste-Eulalie, le 25 janvier 1728, âgé de deux ans, et fut inhumé le, lendemain dans l'église.

 

        XII°) - Messire Bernard de Candale de Foix, dit de Foix-Candale, appelé le Marquis de Candale, seigneur baron de Doazit, Issan, Cantenac, Labarde, etc., patron laïque du monastère de Maylis, des chapelles de Lestrade à Larbey, de Jean Dedieu ou de la Bastuque à Aulés, de la Borde ou Lestourain à Horsarrieu, de la Fargue à Doazit, etc.

        Elève du Collège Duplessis, rue St-Jacques, à Paris en 1739.

        La terre d'Issan étant demeurée indivise entre le marquis de Candale et son cousin Joseph de Castelnau d'Essenault, conseiller en la Grand' Chambre du Parlement de Bordeaux, propriétaire d'un tiers de cette baronnie par sa femme Pétronille d'Essenault, un acte de licitation intervint entre eux le 16 mai 1755, par lequel M. de Castelnau acquit de M. de Candale le tiers des droits seigneuriaux de cette terre, moyennant 15.000 livres (Arch. Gde. Perrens, not.). Le même jour M. de Candale donna procuration générale à M. de Castelnau pour recevoir les hommages et reconnaissances des divers tenanciers de la terre d'Issan (d° Perrens). En vertu de ce pouvoir, M. de Castelnau, tant pour lui que pour le marquis de Candale, transigea le 15 juillet 1760 avec Messire François Teyssier, prêtre, bénéficier de l'église St-André de Bordeaux, chapelain de la chapelle de Blanque Artiguemale, fondée en l'église St-Seurin de Bordeaux, et avec François d'Espeyraux, seigr. de la maison noble de Giscours, à Labarde, en raison de la directe que les barons d'Issan et le sieur chapelain possédaient sur plusieurs terres de la maison de Giscours (d° Lalanne, notaire à Pauillac).

        Le 15 mai 1775, agissant tant pour lui que pour Messire Joseph de Foix de Candale, chevalier de St-Louis, Major du Prat-de-Mollo, et Messire François Henry de Foix de Candale-Cantenac, seigneur de Pedepeyran, ses frères, le marquis de Candale passa un accord sur licitation avec Messire Léonard Casimir Lecomte, captal de La Tresne, Maréchal des camps et armées du roi, Messire François d'Aux, patron laïque du chapitre de La Roumieu, époux de Marie Angélique d'Aux, Messire François d'Aux, seigneur de Lavernède et de Frontignac, chevalier de St-Louis, l'un des deux cents Chevau-légers de la Garde ordinaire du roi, Messire Henri d'Aux, seigr. de Penigo, Romefort, etc., commandant des Gardes Côtes du Bas Médoc, Dame Marie Françoise d'Aux, dame de Lescout, épouse de Messire Antoine François de Thézan, Conseiller à la Cour des Aides de Montauban, Dlle Marguerite d'Aux, fille majeure, Dame Anne d'Aux, veuve de Pierre de Bensse, Dame Jeanne d'Aux, veuve de Jean du Périer, Messire Henri d'Aux, ancien officier de Dragons, tant pour lui que pour ses sœurs, en qualité de descendants de Marguerite de Lalanne, épouse de Sarran François d'Essenault, Conseiller au Parlement de Guienne, leur trisaïeule, fille de Lancelot de Lalanne, Président au même Parlement, au sujet de la succession de Messire Alphonse de Lalanne, également Président au Parlement.

        Comme seigneur de Doazit il eut un procès en 1776 contre les habitants de cette baronnie dont le syndic était Jean Pierre Darcet, au sujet des fossés et clôtures que ces derniers avaient établis sur les landes du Tresqué, de Mouscardin, Cabaniau, Sainguinet, Massey, Lanne Arrerre, Cames, Lanne Gachie, Maylis et Lanne Houssat. Arprès avoir été évoquée devant le Sénéchal de St-Sever, cette affaire fut portée devant le Parlement de Bordeaux où le marquis de Candale fut débouté et condamné aux dépens le 29 août 1780 (Arch. Gde. arrêts du Parlement).

        Né en 1720, le marquis de Candale décéda au château d'Issan, le 21 septembre 1785, et fut inhumé le lendemain en l'église St-Didier de Cantenac ; il était âgé de 65 ans environ.

        Bernard de Foix-Candale avait épousé par contrat du 3 juillet 1749, reçu par Rinchaud, notaire, Marie Romaine Françoise de [Casamajor] Charitte, 9e des seize enfants de Charles, Président à mortier au Parlement de Navarre, et de Marguerite Françoise d'Andouins, arrière petite-nièce de " la Grande Corisande ".

        Le 12 février 1754, sa mère Marie Romaine de Lafaysse, veuve de Léon de Candale de Foix, reconnut avoir reçu de lui à titre de prêt, sans intérêt sa vie durant, la somme de 20.000 livres provenant de la dot de Mlle de Charitte (d° Roberdeau).

        Née vers 1725, Mme de Candale, née de Charitte, décéda au château de Candale à Doazit, le 14 mars 1806, âgée de 81 ans.

        De ce mariage naquirent neuf enfants dont aucun ne contracta d'alliance :

        1°) Catherine de Foix-Candale, née en 1750, décédée au château de Candale et inhumée dans l'église de Doazit le 9 septembre 1752, âgée de deux ans.

        2°) Marguerite Pauline de Foix-Candale, dite en famille Mademoiselle de Candale, née le 15 mars 1752 au château de Candale, baptisée le 18, parrain : Bernard Henri du Haget, Lieutenant des Maréchaux de France, marraine : la Présidente de Charitte, remplacés par Joseph de Tarride, chevalier de St-Louis, capitaine au régiment du Roi-Infanterie, et par Dame Catherine d'Andouins de Lassalle.

        Lors de l'émigration de son frère, elle acquit le 25 thermidor An IV (12 août 1796) les trois quarts du domaine d'Issan saisis par la Nation, moyennant la somme de 131.025 livres. Le quatrième quart d'Issan lui ayant été reconnu en propriété commune avec ses sœurs Marie-Anne et Euphrosine, elle passa un traité, le 4 vendémiaire An V (25 septembre 1796) avec le citoyen Josué Dubernet, négociant, pour la régie de ce domaine durant neuf ans (Arch. Gde. Q. et 1er versement des Domaines reg. B. 267, folio 48).

        Le 24 juin 1824, cent cinquante ans après l'alliance qui avait apporté cette vieille baronnie dans leur famille, Marguerite de Foix-Candale et sa sœur Euphrosine vendirent à Jean-Baptiste Duluc le domaine d'Issan, pour le prix de 114.000 francs, dont dix mille pour le mobilier. Sur cette somme, l'acquéreur versait 33.044 francs, 37 centimes qui furent remis immédiatement en dépôt dans les mains de Me Mathieu, notaire ; il s'engageait à payer 26.955 francs, 63 centimes à divers créanciers et les 50.000 francs formant le reliquat de cette vente demeuraient entre ses mains à titre de fonds perdus, à la charge de servir à Mlles de Foix-Candale une rente annuelle viagère de cinq mille francs réductible de moitié au décès de la première d'entre elles. M. Duluc s'engageait de plus à donner chaque année à Marguerite de Foix-Candale, durant sa vie, deux barriques de vin du cru d'Issan, cette dernière charge étant alors évaluée annuellement à cent francs ! (Lafitte, notaire à Bordeaux, 24 juin 1824).

        Par ce contrat, M. Duluc réalisait une bonne affaire car Marguerite de Foix-Candale décéda à Bordeaux, 10, rue Baubadat, le 20 mai 1825, âgée de 73 ans et deux mois. La déclaration de sa succession faite à Bordeaux le 24 août suivant par M. Leblanc de Mauvezin. au nom de sa sœur Euphrosine, ne fait état que d'un modeste mobilier évalué 1.321 flancs.

        3°) Jean Charles Marie de Foix-Candale, dit Monsieur de Candale, né au château de Candale, le 22 juin 1754, baptisé le 24, parrain : son grand-père Charles de Charitte, Président à mortier au Parlement de Navarre, remplacé par François Michel de Charitte, son fils, marraine : Marie Romaine de Lafaysse de Candale, sa grand'mère, remplacée par Marguerite de Lassalle. Cet enfant décéda sans avoir contracté d'alliance.

        4°) Marie Louise josèphe de Foix-Candale, née au château de Candale, le 1er septembre l755, baptisée le 2 en l'église Notre-Dame du bourg de Doazit, parrain : Joseph de Foix, chevalier de Candale, capitaine au régiment de Bourbonnais-Infanterie, marraine : Marie-Louise de Charitte de Salha, tous deux remplacés. Elle dut mourir en bas-âge.

        5°) François Henry de Foix-Candale, qui suit.

        6°) Marguerite Henriette Victoire de Foix-Candale. née au château de Candale le 23 décembre 1756, baptisée à Doazit le 25 décembre, parrain : François de Charitte, Conseiller au Parlement de Navarre, marraine : Marguerite de Foix-Candale du Lau, vicomtesse de Tarride, cousine de l'enfant. Cette fille mourut également jeune.

        7°) Marie Anne Valentine Abaldine (ou Ubaldine) de Foix-Candale, dite en famille Mademoiselle de Foix, née au château de Candale, le 2 février 1760, baptisée le 3 en l'église du Mus, parrain : Valentin de Charritte, prêtre, docteur en Sorbonne, chanoine de Lescar, vicaire général de ce diocèse, marraine : Marie Anne de Cours. épouse de Bernard Henry du Haget. Elle mourut sans alliance 63, rue des Trois Conils, à Bordeaux, le 12 prairial An VI (31 mai 1798) âgée de trente huit ans.

        8°) Bernardine Henriette Isabelle de Foix-Candale. dite en famille Mademoiselle de Doazit, née au château de Candale le 28 juillet 1763, baptisée le lendemain en la chapelle Notre-Dame du bourg de Doazit, parrain : Jean-Baptiste de Fortisson de Roquefort, marraine : Bernardine Isabelle de Charitte, tous deux remplacés à la cérémonie. Cette enfant mourut également en bas âge.

        9°) Hyppolite Euphrosine (et non Euphrasie) de Foix-Candale, dite en famille Mademoiselle de Maylis, née au château de Candale le 15 mars 1768, baptisée le 16, parrain : Michel François de Charitte, capitaine au régiment du Roi-Infanterie, marraine : Dame Hyppolite Euphrosine de Montillet, épouse de François, marquis de Charitte, remplacée à la Cérémonie.

        Elle acquit le 27 messidor An.IV (15 juillet 1796) le château de Candale, ses dépendances et la métairie de la Plante, à Doazit, saisis révolutionnairement sur son frère alors émigré, moyennant 26.988 francs 48 centimes, dont elle paya à la Nation la somme de 11.232 francs 96 centimes.

        Seule survivante des anciens barons de Doazit, elle vendit le 4 décembre 1838 le château de Candale ainsi que les métairies de la Plante et du Guère, moyennant 22.000 francs, à M. Victor Brocas-Perras. L'acquéreur en plus de ce prix prenait à son compte toutes les dettes de Mlle de Candale (1).

        Euphrosine de Foix-Candale ne mourut à Saint-Girons d'Hagetmau (Landes) que dix-huit ans plus tard, le 19 juillet 1856. Les fonds provenant de la dernière aliénation qu'elle avait souscrite avaient peu à peu été dépensés et elle passa les dernières années de sa vie dans une véritable gêne.

 

        XIII) - François Henry de Foix-Candale, dernier baron de Doazit et d'Issan, né au château de Candale le 2 juin 1758, baptisé le 3, parrain : son oncle François Henry de Candale Cantenac, marraine : Catherine de Charitte, épouse de M. de Borda, remplacés à la cérémonie.

        Il obtint, le 28 février 1776, un certificat de noblesse signé par Denis Louis d'Hozier, généalogiste des Ordres du Roi, pour être admis parmi les Pages de la Grande Ecurie du Roi, et fut reçu le 5 mars suivant sur agrément du Prince de Lambesc, leur Gouverneur. Sorti le 1er janvier 1779, il fut alors nommé Sous-Lieutenant à la suite du régiment de Noailles-Dragons tenant garnison à Metz (Arch. Nat. 0,960 - 28).

        Le baron de Foix-Candale ne semble. pas avoir poursuivi sa carrière militaire avant la Révolution. Il fut présent le 6 décembre 1785 au mariage de Messire Barthélémy d'Aux de Lescout, chev. chevau-léger de la Garde du roi, et de Marie Angélique Lussac, fille de Bernard, avocat au Parlement de Bordeaux, et de Marie Sainte de Beloüan d'Avaugour, Célébré à Avensan, en Médoc, par M. Lassus, chanoine d'Auch, Vicaire-général de Lombez et prieur de Sorréze.

        Il prit. part en 1789 à l'Assemblée de la Noblesse de Guienne pour la nomination des Députés aux Etats-Généraux, en sa qualité de baron d'Issan et comme procureur fondé de ses voisins de campagne, le comte d'Argicourt, baron de Margaux, et le marquis de Saint-Simon, seigneur de Giscours. Il ne semble pas avoir comparu à la réunion de la noblesse des Landes comme baron de Doazit.

        François Henry de Foix-Candale prit part à l'émigration en 1792 (Décret d'émigration du 19 décembre) et on saisit sur lui le château de Candale, à Doazit, et celui d'Issan à Cantenac et Labarde. Issan comprenait alors 115 journaux dont 52 de vignes complantées en 1790, 25 de pré, 28 de terres labourables en palu et sept en graves. Ce domaine était estimé peu avant la Révolution, y compris le tiers des droits féodaux de la seigneurie, à la somme de 100.000 écus ; il fut mis en adjudication au prix de 278.430 livres pour le château, 174.700 livres pour le domaine, et 26.850 livres pour le cheptel et le mobilier.

        Alors que sa sœur Euphrosine se portait acquéreur du château de Candale à Doazit, son autre sœur Marguerite se fit adjuger le 25 thermidor An IV les trois-quarts du domaine et château d'Issan, moyennant 131.025 livres. Le mobilier d'Issan fut vendu le 1er germinal An III à divers pour 16.388 livres.

        Revenu d'Emigration, le baron de Foix-Candale vécut avec sa sœur Euphrosine au château de Candale, fut Maire de la commune de Doazit sous l'Empire, de 1808 et 1813, et fait chevalier de Saint-Louis sous la Restauration.

        Lors de la répartition de l'indemnité accordée aux Emigrés et après sa mort, les droits de François Henry de Foix-Candale furent ainsi fixés : 1°) pour les biens des Landes 3.397 francs,.18 centimes ; 2°) pour ceux du Médoc 42.466 francs, 10 centimes. Les biens saisis en Gironde étaient alors évalués à 109.208 francs, 34 centimes, ceux des Landes 93.452 'francs. Malheureusement M. de Foix Candale avait contracté de nombreuses dettes. Les oppositions de ses créanciers lors de l'indemnité montèrent en Gironde à 66.739 francs et dans les Landes à 151.877 francs, elles absorbaient la totalité de l'actif, laissant un passif de 15.955 francs, 66 centimes. Ce fut sans doute pour faire face aux engagements de leur frère que Marguerite et Euphrosine de Foix-Candale vendirent le 24 juin 1824 le château d'Issan et qu'Euphrosine se dessaisit de celui de Candale le 4 décembre 1838.

        Soit qu'ils aient été détruits à l'époque révolutionnaire, soit qu'ils soient passés dans les mains de collatéraux, rien ne subsiste à Doazit des anciens titres de famille et du château de Candale.

        François Henry de Foix Candale mourut le 6 février 1822 au château de Candale, sans avoir contacté d'alliance. Le droit de banc et de sépulture ayant été aboli sous la Révolution, par une touchante marque d'attachement au sanctuaire où reposaient ses ancêtres et aussi d'humilité chrétienne, le dernier baron de Doazit tint à être inhumé sous l'auvent et sur le seuil même de la petite église du Mus qui, brûlée par les Protestants vers 1570 et en partie renversée par la tempête le 21 février 1647, avait chaque fois était relevée par ses ascendants dont elle constituait le rustique Saint-Denis.

        On peut y voir sa modeste pierre tombale dont l'inscription se distingue encore bien qu'usée par le passage des fidèles. Accompagné par M. Saint-Jean, régisseur actuel du château de Candale, qui m'avait fait espérer une trouvaille plus ancienne, j'en ai relevé les termes :

Mr. Fos. Hry.
DE FOIX CAND.
ALE, Né le 2 juin
1758, Chr. DE L'O.
Rl. Mre. DE St. Ls.
Brn. DE DOAZIT,
DECEDE le 6 Fr. 1822.

        Ce qui se lit bien facilement : " Monsieur François Henry de Foix Candale, né le 2 juin 1758, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, baron de Doazit, décédé le 6 février 1822. "

        Curieux à plus d'un titre le Mus n'est plus aujourd'hui église paroissiale mais, si les habitants de cette section de Doazit n'y entendent plus la messe qu'à l'occasion de leur fête patronale de la Saint-Martin, du moins continuent-ils à se faire inhumer, tel Monsieur de Candale, dans le petit cimetière entourant l'église, tenu en toute saison dans un état de propreté irréprochable.

Alain d'ANGLADE.

NOTE 1.- M. Jean Jacques Victor Brocas-Perras, né à Mont-de-Marsan, le 21-7-1806, fils de Jean, avocat, et de Marie Henriette Baffoigne, fut lui-même avocat, maire de Doazit de 1838 à 1854 et de 1861 à sa mort et Conseiller général du canton de Mugron de 1866 à 1870. Acquéreur du château de Candale le 4 décembre 1838, il décéda dans cette propriété le 15 août 1883, âgé de 78 ans, ne laissant que deux filles, du mariage qu'il avait contracté à Doazit, le 23-1-1839 avec Mlle Marie Joséphine Aminthe de Bordenave, née à Mont-de-Marsan le 28-5-1819 et décédée en la même ville le 5 novembre 1902 :

        1°) Marie Joséphine Amélie, qui suit.

        2°) Marie Berthe Amélie, née à Mont-de-Marsan, le 9-1-1843, mariée au même lieu le 28-12-1863 à M. Arnaud Doat, avocat.

        Marie Joséphine Amélie Brocas-Perras, née à Mont-de-Marsan, le 13 novembre 1840, décédée au château de Candale le 6-12-1926, mariée à Mont-de-Marsan, le 15-5-1861, à M. Fabien Lacaze, fils d'Antoine, notaire, et de Jenny Desblanc, né en 1839, avocat, membre de l'Académie des Quirites (de Rome), chevalier de l'ordre pontifical de St-Sylvestre et de l'Eperon d'Or, décédé accidentellement à Vichy (Allier), le 24-6-1865.

        Par acte sous-seing privé du 26-9-1864, enregistré à Hagetmau le 15 décembre suivant, M. Brocas-Perras avait cédé le château de Candale à son gendre M. Fabien Lacaze.

        L'aîné des fils de ce dernier, M. Gaston Lacaze, né à Mont-de-Marsan le 23 avril 1862, décédé au château de Candale le 11-2-1937, marié à Mont-de-Marsan, le 26-4-1886, à Mlle Thérèse Perreau, fille d'Etienne, Ingénieur en Chef des Landes, grand patron social de l'industrie landaise, regroupa autour du château devenu celui de sa famille un domaine agricole considérable. Reprenant sans ostentation le rôle de ses devanciers, il restaura à diverses reprises l'église du Mus et lors de la loi de Séparation se rendit acquéreur du Monastère de Maylis dont les Foix-Candale avaient été les bienfaiteurs. Il en assura le renouveau. (Cfr. Express du Midi. 15-2-1937. édit. Bordx.-Landes, page 4).

        Par partage d'ascendant du mois de juillet 1936, M. Lacaze donna le château de Candale à l'aînée de ses petites-filles, Mme Louis de Gorostarzu, la jouissance en étant réservée sa vie durant à l'aînée de ses six enfants, Marie Lacaze, épouse de M. Jean-Gabriel Personnaz.

 

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