JEAN CAPDEVIOLLE
alias
CASINO 1er

Ph. DUBEDOUT  

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     Originaire de Doazit, Jean Capdeviolle, devait s'illustrer devant les coursières landaises, sous le nom de Casino 1er (1). Louis Lamaignère, lui aussi originaire de Doazit, le met en scène dans un feuilleton qu'il publie dans le journal La Course Landaise : "...Parmi les garçonnets les plus téméraires, les plus entraînés et les plus endurants, se distinguait le jeune Jean Capdeviolle, devenu plus tard, plus qu'un écarteur, un vrai torero, un toreador de marque, connu sous le nom de Casino 1er." (2)

     Si l’on en croit l’Almanac de la Course Landaise, repris par d’autres publications, l'entrée en scène de Casino, commence par un drame : Casino est mort ! « Blessé en sautant un taureau en 1887 à St-Sébastien ; mort à l'hôpital militaire de Bordeaux » (3). Mais il faut croire qu’il y a erreur sur l’année, ou qu’il ne faille pas faire de relation entre cette blessure et son décès.
     Un écarteur appelé Casino II est mentionné dans un compte rendu taurin en 1886(4). Il faut donc en déduire que notre Casino Ier était déjà en activité à cette date.

     En janvier 1887, Casino participe à une course hispano-landaise à Paris. Fortement roulé et piétiné par Escribana, il a pu se relever seul, mais se tenant difficilement debout tant il avait été étourdi. (5)  A Pau, le lundi de Pâques 1888, Casino a été saisi par une vache, fortement secoué et ressaisi encore, puis rejeté sans mouvement contre les parois de l'amphithéâtre .Il crée une telle émotion que de nombreux assistants quittent le spectacle, sans se douter le moins du monde que l'écarteur Casino n'avait éprouvé que le contre-coup de violentes secousses. Dix minutes après, il reparaissait sur l'arène, rempli d'entrain, avec une magnifique culotte neuve. (6)
          Ses débuts sont difficiles, mais il est plein de volonté et ses efforts commencent à être récompensés. A Peyrehorade : Casino veut décidément arriver. Il a fait un travail extraordinaire, surtout le mardi, a fait des sauts très nombreux et le public a approuvé le jury de lui avoir décerné le 1er prix en concurrence avec le Marin(7) Aux fêtes de Dax : Casino fait décidément de sensibles progrès. Il est du reste très vaillant et nous ne pouvons qu'engager ses partenaires à se bien tenir. (8) Le 9 septembre 1888, à Biarritz, "Casino, bien que gêné par une blessure reçue aux fêtes de Dax, a hautement soutenu la brillante réputation qu'il s'est déjà acquise"(9).

          Temporada bordelaise 1892 : "Casino, que tout le monde connaît et que tous les tauromaches ont surnommé l'Ecarteur bordelais, a juré que dans la course du 28 (février), il sera digne du titre que lui ont donné les citoyens bordelais"(10). Il faut croire qu'il avait déjà brillé plusieurs fois dans les arènes de Bordeaux ou de Talence.
          En 1893, il fait partie du quadrille emmené par Marin 1er, pour se produire dans une grande tournée qui les conduit jusqu'à Alger.

          Cité dans les comptes-rendus sous les noms de "Casino 1er"ou simplement "Casino", il fait partie de l'élite de sa génération. Il pratique l'écart et le saut. Vaillance, audace, sauts élégants, feintes serrées, remarquables écarts, écarts très applaudis, … sont des termes qui reviennent, associés à son nom dans les comptes-rendus des chroniqueurs. "Casino, l'intrépide écarteur qui affronte avec un sang-froid imperturbable les plus terribles sujets de M. Degos".

 

          Qualifié de "jeune" en 1888, dix ans plus tard Casino est sur le déclin, avec quelques sursauts, comme à Orthez en 1898, où il est "redevenu un instant le Casino des beaux jours"(11). Il disparaît des comptes-rendus taurins après la course du 28 août 1898(12).

          Son surnom pourrait être en rapport avec le casino de Biarritz qui était très "branché" course landaise. Ainsi, en 1887, le soir de la seconde journée de courses, le casino de Biarritz tirait un feu d'artifice dont la pièce principale était un écarteur, sautant un taureau avec une pique et tombant sur les cornes. (13)

          Casino est né au Pouric, près de l'église de Doazit, le 13 décembre 1864, fils de Jean Capdeviole, maçon, et de Marie Lafitte. A l'état-civil il est prénommé Dominique, mais il figure dans les recensements de 1872 et 1876 avec le prénom Jean.

            Il est décédé à Bordeaux, dans sa quarantième année, le 21 septembre 1904(14)

 

 

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*1- Pygauchon, par Vin-Cent; la Course Landaise, septième année, n°5; dimanche 9 avril 1911.
*2- A travers les Landes, par Vin-Cent, chapitre II; La Course Landaise, 1914, numéros 7 à 22.
*3- Almanach de la Course Landaise 1911, page 72.
*4- Information communiquée par M. Gérard Laborde de Dax.
*5- Le Dacquois, 19 janvier 1887.
*6- Le Dacquois, 4 mars 1888.
*7- Le Dacquois, 7 juillet 1888.
*8- Le Dacquois, 8 septembre 1888.
*9- La Course Landaise n°33, 27 octobre 1912.
*10- La Course landaise n°29, 1912.
*11- Le Républicain Landais, 27 juillet 1898 ; ou La Course Landaise n°2, février 1926.
*12- Le Républicain Landais, 31 août 1898.
*13- Revue des Pyrénées et des Landes, 1887, p.299.
*14- Archives des Landes en ligne, Recrutement militaire / Bureau : Mont-de-Marsan / Classe : 1884 / Registre matricules : RP 374 / n° matricule 1264 / vue : 271/514. D'après cette fiche, Dominique Capdeviole est domicilié à Mont-de-Marsan en 1890, à Bordeaux en 1891 et 1893, à Arles en 1895, à nouveau à Bordeaux en 1898, puis à Bègles en décembre 1898 et à Gabarret en 1900.