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Archives des Landes : H40(55)
(pièce non signée, ni datée - probablement de 1721)

Douazit
Memoire touchant les biens de la Lheugue

Memoire de l’affaire pendante au senechal de St Sever touchant la directité des biens de la Lheugue

La matiere de ce proces est de sçavoir si la metairie de Lalheugue qui a eté vendue a Dulau march(an)t est de la mouvance du Sr baron de Doasit ou du Sr d’Arimbés.

Sans entrer dans une discussion inutile du fait et formalités de la procedure qui sont asses expliqués dans les req(ue)tes produites au procés, j expose le point de la difficulté qui consiste dans l’intelligence de l’acte de 1328. Cet acte est une vente faite par le seig(neu)r d’Arimbais en faveur des jurats de Doasit et Horsarieu du territoire d’Arimbais Vieil ; En voici les propres termes. Enguitar senhor d’Arimbais donzel borgés de St Sever etc a venut, donnat, quittat etc au fors de Lafargue etc jurats deu loc de Doasit etc tot aquet casau et terres aperat Arimbais Vieil qui es en la paropi de St Martin d’Aoeille Morte enter la terre de Arnaud Lanne de Doasit d’une part, et la terre de la Brouquere et deu Peyrigue d’autre, et la riu aperat d’Arimbais d’autre part, et ab lo riu aperat lo riu de Malebat d’autre part, et lo camin public d’autre part, ab totes las terres coltes et no coltes appartenentes et apartenir deben alsd(its) casau et terres atau cum s’esten de totes parts, et ab tots los albles metches et sauvages nats et a naisser, et ab lors intrades et salides etc et ab tots drets et senhories, et ab totes las raisons et actions et petitions qui far ni mover podé lod(it) Enguitar en lo soberd(it) casau en cort seglari ni de gleise contre qualques persones o persone per rason deud(it) casau et terres per rason deus fructs qui deud(it) casau et terres poyren esser ni avier ni per rason de toute autre senhorie, deuquoau casau et terres sober confrontades lod(it) Enguitard etc se devesti etc et en evesti etc losd(its) jurats de Doasit etc et asso per lo pretz et somme de 45# etc protestat que lo medics Enguitar s y a retengut en lod(it) casau d’Arimbais de volontat deusd(its) jurats de Doasit et Forsariu tot usatge padiven et expleit talh et dalh et tot autri servitud aixi cum a un vesin deud(it) loc de Doasit aissi medix et de las personnes et propi bestiar de son ostau per tots tems, mais de plus que losd(its) jurats de Doasit et Forsarieu qui son ô seran a tots tems deben dar et pagar a mude de senhor d’Arimbés uns goant blancs aud(it) loc d’Arimbais a tots tems une begade a cade senhor per rason deud(it) casau etc.

Cet acte au sentiment de Mr de Doasit n’est autre chose que la caverie d’Arimbais puisqu’il comprend toutes les terres cultes et non cultes, tous arbres nais et a naitre avec les fruits desd(ites) terres et toute seig(neu)rie d’ailheurs cet Arimbais est limité et confronté, et la maitairie de Lalheugue n’est pas dans lesd(its) confronts par consequant le seig(neu)r d’Arimbais n’a aucun droit sur lad(ite) metairie, c’est pourquoy il n y a pas aussi lieu d’opposer la possession et multitude de reconnoiss(an)ce suivant la maxime que nul ne peut prescrire contre son propre titre. Et pour exposer en peu de mots le fort du raisonnem(en)t du Sr de Doasit c’est que la seig(neu)rie d’Arimbais est Il ajoute que par ce titre Arimbais est dans la parroisse de St Martin d’Aoelhe Morte et les biens de Lalheugue sont dans la parroisse de Doasit dont il est le seig(neu)r par consequand lesd(its) biens sont de sa directe.

Sans s’arreter a la contradiction manifeste qui s’ensuit de l’explication que le Sr baron de Doasit donne aud(it) titre de 1328. lorsqu’il veut, que la seig(neu)rie ou caverie d’Arimbais n’a d’autres droits que ce qui est compris dans les confrons dud(it) acte. Il y a un seig(neu)r d’Arimbais il en convient et on ne sçauroit en disconvenir le seig(neu)r d’Arimbais a rendu ses hommages et en dernier lieu son denombrem(en)t etc. par consequant il a une seig(neu)rie c’est sans conteste. Mais a même tems il n’auroit point de seig(neu)rie ni ne seroit pas seig(neu)r puisque cet acte qui comprend dans ses confronds tous les droits et la seig(neu)rie Darimbais est une vente ainsi il seroit seig(neu)r et ne seroit point seig(neu)r. Il seroit seig(neu)r comme il en convient qu’il y a un seig(neu)r d’Arimbais, et il ne seroit pas seig(neu)r puisqu’il a par cet acte vendu sa seigneurie ; Il faut donc que cet acte ne compreine pas toute la seigneurie d’Arimbais, mais seulement la vente d’un tenem(en)t ou territoire dependant de lad(ite) seig(neu)rie d’Arimbais En eff c’est ce qui se voit incontestablem(en)t et par led(it) acte et par d’autres subsequans.

Premierem(en)t dans led(it) acte il est porté que led(it) Enguitar vend auxd(its) jurats tot aquet casau et terres aperat Arimbais vieil ab tots drets et senhories qui sont en lo soberd(it) casau. Il n’est dit pas qu’il vende sa senhorie avec ses terres et appartenances et dependances, mais bien seulem(en)t qu’il vend le casau et terres, ce qu’il auroit mis s’il avoit entendu vendre sa seigneurie d’Arimbais, et mais bien qu’il vend led(it) casau et terres avec toute senhorie terme anciennem(en)t usité dans toute sorte de ventes de champs vignes etc (et qui veut uniquem(en)t dire qu’il vend led(it) casau avec toute proprieté dont il s’en depouille en faveur etc. Mr de Doasit supprime le mot de Vieil qui fait la distinction et denote un autre Arimbais qui est la seig(neu)rie et caverie c’est pourquoy dans un de ses confronts il met que le casau confronte le ruisseau d’Arimbais, ou ce ruisseau est d’Arimbais Vieil ou non s’il est d’Arimbais Vieil mal a propos il auroit dit qu’il le confronte puisque le confront n’est pas la chose confrontée, s’il n’est pas d’Arimbais Vieil il est donc d’un autre Arimbais qui n’est autre que le ruisseau qui prend sa source presque au commancem(en)t de la caverie d’Arimbais et d’ou il prend sa denomination

En 2d lieu il met qu’il se reserve pour les bestiaux de sa maison tout dal, talh explet padiven etc. Il est evident par cet acte que le seig(neu)r d’Arimbais avoit une maison c’est dans cette maison qualifiée de noble que le 19e juillet 1637 que Bernard d’Iris va paier le droit de lods au Sr de Prueret Sr d’Arimbés, c’est aussi au devant de cette maison que plusieurs tenanciers et emphitheotes de la caverie d’Arimbés consignent a Dupoy not(air)e les fiefs et rentes qu’ils doivent aud(it) seig(neu)r cet acte est du 4 nov(embre) 1619. cette maison n’est pas comprise dans les confronts d’Arimbais Vieil vendu auxd(its) jurats, il faut donc que le seig(neu)r d’Arimbais par cet acte de vente n’ait pas vendu sa seig(neu)rie puisqu’il a encore la maison et que dans cette maison les ha(bita)ns de Doasit et Horsarieu lui vont paier le fief et d’Iris lui a paie le droit de lods pour des biens qui ne sont pas compris dans les confronts d’Arimbais Vieil qui n’est qu’un tenem(en)t ou pour mieux dire un padoüen qui etoit anciennem(en)t un bois. Ce qui se voit incontestablem(en)t par l’hommage du 18 août 1499.

Les jurats de Doasit et Horsarieu en consequance dud(it) acte de 1328 le 18 aout 1499 rendent hommage a Dame Jouyne Talence d’Arimbés a son nouvellem(en)t avenem(en)t a la seig(neu)rie d’Arimbais, ce sont les termes (cum cause de l’hommenadge de ung pareil goans blancs que los jurats deus locs de Doazit et de Forsarieu ab antic an accoustumat et son tenguts pagar al noble senhor d’Arimbés a casquedun senhor mudan a son nobet advenimen a cause et per rason deu terrador vulgaramen aperat Arimbes Vieil alias Bosquet de Forsariu et a cause deu deces et mort corporale de la noble Cathaline d’Onés senho d’Arimbés etc ids cum abents exprés poder et facultat de las communitats deusd(its) locs de Doasit et Forsariu an baillat a lad(ite) Dame Jouine de Talance done de Fontanx senhor d’Arimbés un pareil goans blancs acoustumats balhar a senhor mudant en son nobet advenimen et asso a cause et per nom de homenadge que son tenguts far deu susd(it) terrador aperat Arimbés Vieil alias Bosquet de Forsarieu en lo pregan etc protestan lad(ite) Dame a demandar totes autres causes a lui degudes segon les instrumens antiqs asso fo feyt etc.

Pour voir clairement la force de cet acte decisif il n’y a qu’a faire sans prevention une serieuse attention et telle qu’on doit lorsqu’il s’agit d’enlever le bien d’autrui mal a propos et surtout de pauvres mineurs qui sont les plus interessés dans cette affaire ; cette attention se doit faire en 1er lieu sur la nature de l’acte qui est un veritable hommage en 2d lieu par qui est rendu cet hommage, c’est par les jurats de Doasit et Horsariu munis de pouvoir de leurs communautés acquereurs d’Arimbés Vieil, 3° ce que cest que cet Arrimbés Vieil ; C est un territoire qui s’appelle aujourdhui Arimbés Vieil et autrefois et anciennement s’appelloit Le Bousquet d’Horsarieu, 4° a qui est rendu cet hommage : c’est a Jouyne de Talence en qualité et comme seig(neu)r d’Arimbais. 5° Pour quoy est cet hommage ; c’est pour le territoire appellé Arrimbés Vieil Ce que se reserve led(it) seig(neu)r c’est les autres droits qui lui sont deubs par lesd(its) habitans. Par consequant le seig(neu)r d’Arimbés en vendant Arimbés Vieil confronté et limité n’a pas vendu sa seig(neu)rie d’Arimbés mais seulement un tenem(en)t confronté et limité puisque les jurats nonobstant la vente d’Arimbais Vieil le reconnoissent seig(neu)r d’Arimbés et en cette qualité lui rendent hommage et les droits qu’il se reserve ne sont autres que les fiefs que lesd(its) habitans lui vont paier dans sa maison suivant les actes ci dessus mentionnés pour des biens qui ne sont pas dans les limites dud(it) Arimbés Vieil et par consequant Arimbés Vieil n’est le seig(neu)r d’Arimbés par led(it) acte de 1325 n’a pas vendu sa seig(neu)rie mais seulement un territoire dependant d comme le pretend Mr de Doasit, mais seulem(en)t un territoire dependant de lad(ite) seig(neu)rie d’Arimbés. Cela si bien etabli il s’agit presentem(en)t de voir si les biens de Lalheugue sont de la mouvance de seig(neu)r d’Arimbés et le droit qu’a le sindic dans lad(ite) caverie.

Le droit du sindic des Benedictins est fondé sur un arret du parlement de Bordeaux en 1561 par lequel contre les pretendans a la succession d’Arimbés il est maintenu dans la 4e partie de lad(ite) seig(neu)rie d’Arimbés et le Sr de Muret dans les autres trois quarts en paiant cha Il est aussi etabli par plusieurs reconnoissances consenties en faveur du monastere en divers tems.

Pour ce qui est, que lesd(its) biens de Lalheugue sont de la mouvance du seig(neu)r d’Arimbés led(it) Sr l’etablit par une possession de bien prés de deux cens ans. Lesd(its) biens de Lalheugue ont eté reconnus en 1565 devant Lafite not(air)e, En 1595 devant Dupoy not(air)e, En 1618 devant Demarsan not(air)e, En 1558 devant Dejustes not(air)e et 1684 devant Brethous et Mericamp not(air)es outre ces recon(oissan)ces il y a la recon(oissan)ce generale ou consignation de fief de quelques ha(bita)ns de Horsariu et de Doasit parmi lesquels est Lalheugue, Il y a encore le denombrem(en)t de 1679. ensuite de l’hommage rendu par Sabaude de Lavie dans lequel denombrem(en)t les biens de Lalheugue sont exprimés. & toutes ces recon(oissan)ces ont eté collationées parties appellées et mises en deüe fort suivant le collationne du 28 nov(embre) 1714.

Apres tant de si bons et valables titres on ne voit pas comment on peut refuser la directite sur les biens de Lalheugue.