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LE PRESBYTÈRE |
Ph. DUBEDOUT
[
Sommaire DOAZIT] - [Table des articles de Ph. D.]Où résidaient les archiprêtres de Doazit ?. Raphaël Lamaignère*1, nous affirme qu'ils "habitaient à Aulès dans la maison actuellement vide et encore appelée "le presbytère", à quelques pas seulement de l'église". Mais nous ne connaissons pas aujourd'hui de maison ainsi désignée. Le manuscrit de Raphaël Lamaignère comporte une rature, et il avait d'abord écrit "dans la maison actuellement vide appelée "Bénédit"."
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Cadastre de 1847 |
Il y avait deux maisons au nord de l'église d'Aulès, l'une appelée "Bénédit" (actuellement démolie), et l'autre "Aulès", à l'est de la précédente.
La première, qui comme son nom l'indique, abrita la familles des sacristains successifs*2 de l'église d'Aulès, figure sur les registres paroissiaux, depuis 1611, sous différents noms (au Bénédit d'Aulès, au Bénadit, au Benoit), jusqu'en 1761. De 1763 à 1774, elle est appelée simplement à "Aulès", et en 1765, "à l'encien benoit d'Aulès". C'est à dire qu'à cette date, rompant avec une tradition séculaire, le sacristain résidera dans une autre maison, qui lui est immédiatement voisine. La force de l'habitude ayant finalement le dernier mot, cette maison continuera à être désignée par "au Bénédit", ou "au Benoit", dès 1789 dans les registres, et gardera ce nom jusqu'à sa démolition.
On voit par ce qui précède que cette maison n'a jamais servi de presbytère, puisqu'elle fut occupée sans discontinuer par la famille Poységur, qui en était d'ailleurs propriétaire d'après le cadastre de 1810.
La seconde maison, quant à elle, citée pour la première fois en 1660 a porté les noms de "Aulez" (1660), "Petit" (1663), "Janon d'Aulès" (1666), puis "Aulès", "à la maison d'Aulès", "à la maison de l'église d'Aulès", "à l'église" (1680-1810), "à Estribos" (1704), "à St-Jean d'Aulès" (1705), "à Lostau de St-Joan" (1707), puis, "au Benoit d'Aulès"*3, (1776-1792), au Bénédit d'Aulès (1813). Contrairement à la maison précédente, celle-ci, n'a jamais été occupée longtemps par la même famille, et a dû se trouver bien souvent disponible pour abriter quelque prêtre étranger à la paroisse. Cette maison est également appelée "à la maison presbitalle d'Aulès" (1753), "à la maison ci-devant presbytérale d'Aulès" (an VIII), "à la maison ci-devant de l'église d'Aulès" (an XI), "à la maison ci-devant prebytère d'Aulès" (an XII), puis ensuite, "au Benquet d'Aulès" (à partir de 1806).
Plusieurs appellations de cette maison s'expliquent par le fait qu'avant la Révolution, elle appartenait à la fabrique de l'église d'Aulès qui en tirait des revenus. Ceci apparaît dans le livre de comptes*4 de cette fabrique ; ainsi, le 24 juin 1731, l'assemblée composée de l'archiprêtre, du juge et des principaux habitans, charge le marguilier Jean Poysegur, "de faire faire une cheminée dans la mayson de St Jean Daulès et dans l'endroit ou elle étoit anciennement du cotté du levant, avec un four quy sera fait aussy pour la comodité de la mayson dans l'endroit quy sera indiqué par lesdits habitants". Le 31 aout 1736, Pierre Labeyrie, ancien fabriqueur de l'église St-Jean d'Aulès, remet à son successeur Jean Dengoumau dit du Machou, la police d'afferme de la maison Daulès.
Si une maison a servi de presbytère à Aulès, ce ne peut être que cette dernière, encore que ça ne pût être qu'occasionnellement.
Plusieurs des archiprêtres qui se sont succédés étaient originaires de Doazit, et il est fort probable qu'ils résidaient dans leurs familles qui pour la plupart se trouvaient dans le bourg: Bernard Dubroca à Pédaulès; Ramond et Jean-César Decès à la maison que l'on appellera plus tard Caupenne; Raimond de Justes à Espaunic*5.
Daniel Dusault est décédé à Mon, aussi dans le bourg, où il devait résider bien qu'il ne semble pas avoir eu d'attaches familiales dans cette maison. L'archiprêtre Pierre de Mora est décédé à la maison "prebitalle" (1738), ainsi qu'une servante de l'archiprêtre (1773), mais où se trouvait-elle ?*6
La même question se pose pour les vicaires et nombreux "prêtres habitués", qui vivaient à Doazit, mais pour beaucoup avaient également leur famille dans la paroisse.
Il est indiscutable que le centre de la vie sociale se trouvait au bourg ou résidaient la plupart des notables, commerçants et artisans, alors qu'Aulès, contrairement à ce qui à pu être dit, n'a jamais formé un village (c'est certain depuis le XVIe siècle, et très probable auparavant, le bourg de Doazit s'étant peuplé vers 1300). Le Bourg, mieux centré permettait de desservir aussi bien le Mus qu'Aulès. Le presbytère était plus pratique au bourg qu'à Aulès.
Dans le procès verbal de visite de l'église d'Aulès, du 20 septembre 1810, nous relevons: "Il ne se trouve point de presbitaire dépendant de la ditte église par la même raison que nous avons mis en avant pour le Mus qui est que la ditte église étoit desservie par le curé de Doazit dont la demeure ainsy que celle de ses vicaires étoit au Bourg."*7. Voilà qui est sans ambiguïté, mais ne nous renseigne pas précisément.
Le cy-devant presbytère de cette commune ayant été vendu au profit de la République*8, et la commune n'ayant pas les moyens d'en acheter ou construire un, il a été loué une maison, cour et jardin, pour la somme de 100 francs par an. A partir du 1er janvier 1808, le desservant loge dans une partie de la maison de Lèbe, prise au nord et au levant de cette maison, toujours pour la même somme de 100 francs. Mais l'année suivante, La commune ne se chargera plus de loger le curé; en contre partie, elle allouera à ce dernier, une indemnité de logement, en plus de son traitement*9. L'abbé Antoine Nalis, continua alors à louer la maison de Lèbe.
La commune avait toutefois le souci de loger le desservant et son vicaire au bourg. "Personne nig(n)ore que la maison presbitrale de la commune ayant êtée vendue on avoit êté obligé d'indemniser Mr le desservant pour une prestation annuelle en argent, que cellui cy nayant peû se procurer un logement que hors de la portée du Bourg, que cella étoit d'une grande incomodité tant pour lui que pour ses parroissiens quil seroit donc essentiel quon voulut soccuper de lui procurer une maison audit bourg qui est le lieu le plus central de la commune et en meme tems le plus convenable"*10.
En 1811, la commune, dépourvue d'une maison presbitéralle étoit en peine de s'en procurer une au bourg; il y a quelque temps, il lui avoit été offert de faire l'acquisition de celle qui lui avoit appartenu avant la révolution, mais cette maison et dépendances étoient dans un délabrement si considérable, et le prix que l'on en demandoit étoit si peu proportionné à sa juste valeur qu'il n'a pas été possible d'y songer.*11
La commune se rabattra donc sur l'achat de la maison Dupuy, au sieur Arnaud Ferré. Le prix de la maison est fixé à 3000 francs, avec ses dépendances: cour, vivier, jardin, et une prairie pour le cheval qui est absolument nécessaire vu l'étendue de la commune. Une subvention accordée par le gouvernement au diocèse de Bayonne, viendra éponger un tiers de la dette, et pour payer le reste, la commune devra augmenter de 5% les contributions foncières, pendant cinq ans*12. Après quelques réticences de la part du sieur Férré, qui tente de revenir sur sa promesse de vente, l'acte est passé le 5 avril 1813*13.
"En 1816, il fallut aviser déjà aux premières réparations, et jusqu'en 1849, l'entretien seul dévolu à la commune, et qui avait considérablement grevé les budgets annuels, décida les édiles du bourg à prendre une nouvelle mesure. L'immeuble de plus en plus délabré, fut presque complètement démoli, et une maison spacieuse et plus confortable sortit de terre, dès 1850, pour se terminer plus tard à la satisfaction de toute la paroisse.
Pendant que se faisaient les travaux, les abbés Bellocq se retirèrent à la maison dite, de Caupenne, en haut de la grand' rue (propriété de Mme Roby).
Le 12 février 1852, le clergé de l'endroit prit officiellement possession de la cure, toute flambante neuve, à deux pas de l'église."*14
Le presbytère de Doazit est fermé depuis 2005, après le décès de l'abbé Olivier Luquet, dernier curé de la paroisse de Doazit.
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1- Doazit aux trois églises, 1941.
2- Pierre de Lestaige (1611), Pierre de Poysegur (1676), Michel Poységur (1701), Arnaud Poységur (1750), Jean Poységur (1753), benoits ou sacristains de l'église d'Aulès.
3- Le benoit était alors Jean Lagreulet.
4-
Livre de comptes de la fabrique de l'église d'Aulès et de la chapelle du bourg. p.5 et p.17. (Archives du presbytère de Doazit).5- N. D. de Maylis, C. Daugé, p.55. Le 10 novembre 1658, est passé un acte à espaunic, chez l'archiprêtre, acte qui attribue un logement aux "prestres qui seront à servir la dicte dévotion (à N.D. de Maylis), sans que (.....) la dicte maison puisse estre preinse comme maison de la paroisse ou presbytérale".(Histoire de N. D. de Maylis; A. Labarrère, 1864; p.154).
6- Pour ces deux decés, les témoins figurant sur les registres, et qui sont généralement les voisins du défunt, sont: le 28/5/1754, Ambroise Poysegur, de Coudas, Joseph Dulau, de Joandic, et François Lestage, résidant à Lestage du Bourg, maison que l'on appellera ensuite à Ducasse; et le 10/2/1773, Michel Lapeire, résidant au Conte de Pastouret, ou Conte de Mr Justes, et Jean Laborde, résidant à Payros. Nous n'avons pas localisé ces deux dernières maisons, mais nous pensons qu'elles pouvaient se trouver, comme Coudas, Joandic et Ducasse, dans les partie ouest du bourg, avec, par conséquent, la maison presbitalle.
7- Archives de la mairie de Doazit, II D1. 20 septembre 1810.
8- Archives de la mairie de Doazit, II D1. 27 germinal an 11.
9- Archives de la mairie de Doazit, II D 11, 14 novembre 1808.
10- Livre de la fabrique de l'église d'Aulès, scéance du 7 avril 1811. (Archives du presbytère).
11- Archives de la mairie de Doazit, II D11. 31 mai 1811.
12- Archives de la mairie de Doazit, II D 11, 31 mai 1811.
13- Mémoires de J.Bte Barbe, p.5.
14- Raphaël Lamaignère, Doazit aux trois églises, p.20; d'après le mémoire de J.-Baptiste Barbe.